• La société des communicants contre l’économie poétique
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    En matière de politique, notre époque se prévaut d’être celle des communicants. Le rôle de la communication ou de la propagande n’est bien sûr pas nouveau dans les affaires publiques. Barnes, notamment, inaugura la technique de la fabrique du consensus dans la première partie du siècle dernier avec son ouvrage Propaganda. Mais que tout soit devenu « affaire de communication », de l’aveu même des acteurs de la politique, s’opère d’une façon suffisamment déclarative, pour qu’on ne sous-estime pas le nouveau régime de vérité qui s’instaure par là. Un régime des visuels ?, dirait Serge Daney. Car, si la tâche est déjà rude pour y voir clair avec l’efflorescence des politiques oxymoriques dans leur tentative de concilier une chose et son contraire, sans que contradiction n’apparaisse pour autant (mais bien au contraire des harmonisations et des synthèses illusoires telles que développement durable, flexisécurité, maintien de la paix par la guerre... ), il est de plus en plus malaisé de discerner entre des idées et des produits, entre des convictions et des certitudes du moment packagées par le marketing. Que la chose politique aujourd’hui soit essentiellement affaire de communication a au moins le mérité d’être explicite, et marque sans doute un progrès dans une discipline aux atours confus, où Mr de Saussey voisinerait avec Roman Jakobson.

    #politique #communicants