Aujourd’hui l’anarchisme a tendance à ne plus dire son nom
Mathieu Dejean, Les Inrocks, le 31 janvier 2017
▻http://www.lesinrocks.com/2017/01/31/actualite/aujourdhui-lanarchisme-a-tendance-a-ne-plus-dire-nom-11908726
Les Inrocks : Vous mettez en évidence le fait que l’anarchisme a été porté par des figures féminines, et qu’il a donné aux femmes une place importante, à une époque où elles étaient doublement exploitées…
Tancrède Ramonet : Oui, l’anarchisme est un des premiers courants à poser la question de l’intersectionnalité, alors que le mot n’existait pas. Il avait décelé le fait qu’en plus de l’opposition classique entre la bourgeoisie et la classe ouvrière, il y avait des oppositions parmi les travailleurs eux-mêmes. Les anarchistes ont été parmi les premiers à dénoncer l’exploitation des femmes, à dénoncer le pillage des colonies et le racisme systémique, à mettre en lumière les difficultés des “minorités”, comme on dit. A la même époque, les autres courants du socialisme se posaient moins ces questions.
Lucie Parsons, Emma Goldman ou encore Louise Michel sont des anarchistes qui ont porté haut le flambeau de ces luttes non seulement féministes, mais aussi anticoloniales ou antiracistes. Et elles insistaient sur la nécessité de faire le lien entre ces combats pour l’égalité de chacun et la lutte pour l’émancipation de tous. Car il faut comprendre que le capitalisme est un système totalitaire basé sur l’exploitation et que ce système sévit autant au niveau microéconomique du foyer qu’au niveau macroéconomique, on ne pourra pas lutter efficacement contre. D’où la pertinence de cette jolie formule de Nuit debout : la convergence des luttes.
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