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    Présidentielle française - Escrocs politiques
    Lundi 06 février 2017
    Benito Perez

    Le spectacle d’un François Fillon, aux abois, présentant des excuses, tout en défendant l’indéfendable hier à Paris, restera dans les annales. S’il fallait une illustration de la déconnexion de la classe politique française, le candidat des Républicains l’a infligée hier à la presse. Le Père la Rigueur, qui veut mettre les assistés (pas les assistantes !) au travail et les fonctionnaires au régime, peut donc encaisser tranquillement pendant quinze ans un million d’euros d’argent public dans l’opacité la plus absolue, attribuer la grand-croix de la Légion d’honneur à celui qui salarie fictivement épouse et enfants, toucher des chèques d’une caisse noire du Sénat et espérer gagner l’Elysée dans trois mois !

    S’il l’incarne jusqu’à la caricature, ce sentiment d’impunité absolue n’est pas l’apanage du seul Fillon. Seule cette illusion peut expliquer qu’un Jérôme Cahuzac ait pu jouer au ministre des Impôts alors qu’il planquait des sous en Suisse. Qu’un Alain Juppé ait pensé représenter la probité face à Nicolas Sarkozy. Qu’un Manuel Valls ait espéré être le candidat de la gauche après cinq ans passés au gouvernement Hollande. Ou qu’un pervers sexuel comme DSK, réputé dans toute la République, pouvait se rêver en chef de l’Etat.

    Au pays de l’esbroufe, François Fillon n’est pas un nouveau venu. Député depuis trente-six ans, il a vécu dans ce petit monde amidonné des renvois d’ascenseur et de l’omerta. Comment pouvait-il imaginer que ses modestes accommodements financiers allaient faire débat sur la place publique, au pays des époux Balkany, de Serge Dassault et du maître d’entre tous les bonimenteurs et autres accros aux frais de bouche, Jacques Chirac.

    Même le petit dernier arrivé, l’énarque et banquier « antisystème » Emmanuel Macron, s’y est adonné, préparant le lancement de son mouvement En Marche sur les frais de représentation de son ex-Ministère de l’économie1. Sans oublier le Front national, largement exclu des institutions françaises pour cause de système majoritaire, mais qui sait s’adapter au « système » et à ses prébendes quand il y parvient. Comme au parlement européen, où le parti d’extrême droite faisait salarier ses permanents en les camouflant en assistants fictifs.

    Fillon, Macron, Le Pen, trois pourfendeurs des « assistés », pris la main dans le porte-monnaie de l’Etat… En Suisse, on connaît la chanson : les plus durs partisans du libéralisme ne siègent-ils pas dans les conseils d’administration des caisses maladie aux frais des assurés sociaux ?

    Alors, tous pourris ? Certainement pas ! Mais la tolérance trop longtemps affichée par l’électorat devant ces compromissions pourrait être en train de s’éroder. Et c’est tant mieux ! Sans jouer les moralistes, comment imaginer que des gens se prêtant à des manipulations financières, à des renvois d’ascenseur occultes, à tous les arrangements possibles avec la loi ne fassent pas de même avec leur programme ? Et avec l’intérêt public ?

    « Chez ces gens-là, disait Jacques Brel, on ne vit pas, on triche. »

    1Dans l’Enfer de Bercy, Frédéric Says, Marion L’Hour, J.-C. Lattès, Paris, 2017

    #France #Elections_Présidentielles #Fillon #Macron #LePen #caricature

    • Même si ce texte, une fois de plus, enfonce une porte ouverte (il n’y a qu’à relire Reclus, Pouget, Zo d’Axa et tant d’autres !), il l’enfonce avec talent et avec grandeur.
      Tant mieux si ce système électoral part en sucette ; sous réserve que l’on contrôle ce qui va le remplacer et c’est pas gagner...
      Ceux qui défendent le vote à tout prix « parce que tant de gens sont morts pour l’avoir » devraient s’interroger et se demander si ce sont simplement des salopards qui en ont fait ça ou si le système de délégation n’est pas vicié dès le départ...