• Les provinces arabes de l’Empire ottoman à la fin du XIXe siècle (1/13 : 25.01.2017 ) : Jeu d’influences vers 1880
    par Henry Laurens
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-cours-du-college-de-france

    Dans son prochain ouvrage, intitulé, Les crises d’Orient, qui va paraître chez Fayard le 13 février 2017, Henry Laurens note en introduction :

    "En 2016, on n’a jamais autant parlé d’un Empire ottoman pourtant disparu il y a près d’un siècle" (p.11).

    L’historien évoque

    "la charge mémorielle que comprend cette question d’Orient. Si, pour les Occidentaux, cette dernière appartient à un temps passé, tout aussi exotique que celui de la colonisation, pour les États et les peuples concernés elle reste vivante parce qu’elle a laissé d’innombrables traces alimentant meurtrissures, souffrances et ressentiments. La question d’Orient, et son corollaire le Grand Jeu, cette configuration spécifique des rapports internationaux dans une zone géographique déterminée, écrit-il encore, demeure toujours présente aujourd’hui alors qu’elle a plus de deux siècles d’existence. » (p.11)

    Et nous voici confrontés à un jeu très vivant d’influences et de manoeuvres, avec sa part de calcul et d’irrationnel, qu’Henry Laurens nous présente aux lendemains de la guerre russo-turque de 1877-78 où l’on peut se demander qui craint qui et qui manipule qui.

    Aujourd’hui, trois personnages émergent en particulier : le capitaine français, de Torcy, perçu comme, « l’expert conseil numéro un sur la Syrie », Midhat Pacha, le gouverneur de Syrie, à la réputation de « réformateur ottoman énergique », mais sur lequel « pèse le soupçon par les Français de vouloir établir à son profit une vice royauté syrienne qui serait sous protection britannique ». Quant à notre 3e personnage, le sultan Abdülhamid, celui-ci partage les mêmes soupçons que les Français "mais n’ose pas se débarrasser de Midhat Pacha du fait du soutien supposé des Anglais au nouveau gouverneur" (p. 213). Le sultan instrumentalise la rivalité anglo-française, tandis que Français et Anglais essaient de gagner leur part dans l’empire ottoman.

    Les impérialismes s’affirment sur fond de pression russe. Des financiers britanniques, sans grand capital, rodent autour des possibles concessions de chemin de fer en Syrie qui leur permettraient de s’enrichir vite et bien tandis qu’émerge un premier nationalisme arabe.

    • C’est exactement la réflexion que je me faisais, autant le travail d’Henry Laurens est passionnant, autant l’écouter demande beaucoup de concentration. De plus il lit lui-même de longs documents, là il pourrait passer la voix à un orateur professionnel.