• L’art de la fugue | « Fugitif, où cours-tu ? », de Dénètem Touam Bona | Un Philosophe
    https://unphilosophe.com/2016/03/21/lart-de-la-fugue-fugitif-ou-cours-tu-de-denetem-touam-bona/#note5

    De l’insoumission à la révolte. Dans l’optique de penser la révolte par l’insoumission, Dénètem Touam Bona réactive la pensée du marronnage[2]. Le marronnage est issu de la souffrance liée à la domination, à la captivité contrainte et forcée, autrement dit à l’exploitation extrême hiérarchisée par la race. C’est en quelques sortes une porte de sortie, une issue de secours qui montre que la souffrance coloniale n’était pas un destin fatal et létal. « Une situation de domination, quelle qu’elle soit, recèle toujours des possibilités de résistance, d’action, de création[3] » permettant de s’exclure d’un monde qui décide de nous y inclure par la force et la violence. Marronner c’est fuir sa condition sociale, c’est se faire transfuge de la classe dans laquelle le colon veut cloisonner le colonisé : un outil déshumanisé qui sert la domination. Ainsi, la puissance du marnage consiste dans le fait qu’il « ne se réduit pas à un simple refus de la « civilisation », à une simple réaction contre le système esclavagiste […] ; le marronnage est avant tout un savoir incorporé[4] ». Dénètem Touam Bona développe avec passion et admiration les grands marronnages de l’Histoire, ceux qui ont marqué à jamais un savoir-faire mué en savoir-(re)vivre.

    #marronnage

  • « La pensée, plus que jamais, n’existe que dans la confrontation »
    https://unphilosophe.com/2018/10/22/entretien-avec-serge-quadruppani-la-pensee-plus-que-jamais-nexiste-que

    Entretien avec Serge Quadruppani sur le site Un Philosophe à propos de son livre « Le monde des grans projets et ses ennemis »

    Je n’ai aucune idée de ce que sont les « penseurs de métier ». Aujourd’hui, on a des personnages médiatiques qui prennent des poses de penseurs, qui sont complètement déconsidérés, que plus personne ne prend au sérieux mais que les médias continuent à promouvoir. Leur fonction n’est évidemment pas d’aider leurs contemporains à penser, mais de les distraire de l’effort de penser, en leur fournissant des banalités de comptoir machinalement répétées (l’obsession du « c’était mieux avant » chez Finkelkraut ou Debray) ou des énormités tonitruantes (comme l’équation « Freud=nazi » chère à Onfray), ou pour s’offrir comme cibles à sarcasmes et dis-penser de prendre quoi que ce soit au sérieux (la dérision généralisée, arme de soumission massive). Parce que la pensée, plus que jamais, n’existe que dans la confrontation. On ne pense pas le monde suivant qu’on s’y soumet à travers les dispositifs spectaculaires et les parcours fléchés du discours dominant, ou qu’on s’y affronte sur le terrain, avec les zadistes, les soutiens aux migrants, les travailleurs en grève. S’il existe bien des chercheurs qui trouvent (comme Grégoire Chamayou, au hasard), c’est-à-dire des gens payés (plutôt chichement, en général) pour accumuler des données, rares sont les données qui donnent quelque chose à la lutte, mais celles-là sont évidemment précieuses. C’est aux gens qui luttent de construire un contre-savoir et un contre-imaginaire. Sur la Zad ou dans la vallée de Susa, et en bien d’autres lieux qui résistent au saccage de la planète, des gens s’y emploient. Ils ne font pas métier de penser, mais ils pensent.

    #grands_projets #grands_projets_inutiles #ZAD #NDDL #Val_Souza #autonomie #communs

  • Quand Geoffroy de Lagasnerie s’en prend à Macron sur France Culture.

    Suite aux propos christiques de Macron faisant appel à la ferveur :

    « la politique c’est mystique, c’est un style, c’est une magie ... La transcendance doit s’ancrer dans de l’immanence... » voici l’analyse du philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie qui s’interroge sur les formes de la pensée et du savoir.

    Macron est un personnage extrêmement inquiétant, qui manie des affects problématiques dans une démocratie rationnelle et qui doit être dénoncé comme tel.

    En effet, par les thèmes qu’il aborde :
    – l’absence de clivage droite-gauche
    – se penser comme faisant la révolution
    – la question du leader charismatique
    – l’idée d’une critique radicale de l’égalitarisme (" La France souffre de trop d’égalitarisme" dixit Macron)

    et en faisant l’éloge de l’enracinement, de la hiérarchie, de l’obéissance et de l’autorité Macron participerait à une acclimatation au climat fasciste ambiant.

    source : le journal de 12h30 de France culture Antoine Mercier 13/02/2017

    Geoffroy de Lagasnerie est philosophe et sociologue. Professeur à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, il est l’auteur notamment de L’Art de la révolte. Snowden, Assange, Manning (Fayard, 2015), Logique de la création (Fayard, 2011). Il dirige la collection « à venir » aux éditions Fayard. En 2016, il a publié Juger. L’Etat pénal face à la sociologie (Fayard). En janvier 2017, il publie Penser dans un monde mauvais (PUF)

    https://unphilosophe.com/2017/02/09/dialogue-entre-sandra-laugier-et-geoffroy-de-lagasnerie-notre-role-est

    http://www.lejdd.fr/Politique/Macron-La-politique-c-est-mystique-846614

    « La politique, c’est mystique. » [...] « C’est tout mon combat. C’est une erreur de penser que le programme est le cœur d’une campagne. Les médias passent du commentaire d’un point de détail mineur du programme aux pires polémiques, et ainsi de suite . »

    « Comment se construit le pouvoir charismatique ? C’est un mélange de choses sensibles et de choses intellectuelles. J’ai toujours assumé la dimension de verticalité, de transcendance, mais en même temps elle doit s’ancrer dans de l’immanence complète, de la matérialité. Je ne crois pas à la transcendance éthérée. Il faut tresser les deux, l’intelligence et la spiritualité. Sinon l’intelligence est toujours malheureuse. Sinon les gens n’éprouvent de sensations que vers les passions tristes, le ressentiment, la jalousie, etc. Il faut donner une intensité aux passions heureuses . »

    « La dimension christique, je ne la renie pas ; je ne la revendique pas. Je ne cherche pas à être un prédicateur christique. »

    https://seenthis.net/messages/569234 via Loutre

    http://www.alainlasverne.fr/mc-ronds-ou-la-culture-c-est-ce-qui-reste-quand-on-a-rien-programme-a1