L’art de la fugue | « Fugitif, où cours-tu ? », de Dénètem Touam Bona | Un Philosophe
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De l’insoumission à la révolte. Dans l’optique de penser la révolte par l’insoumission, Dénètem Touam Bona réactive la pensée du marronnage[2]. Le marronnage est issu de la souffrance liée à la domination, à la captivité contrainte et forcée, autrement dit à l’exploitation extrême hiérarchisée par la race. C’est en quelques sortes une porte de sortie, une issue de secours qui montre que la souffrance coloniale n’était pas un destin fatal et létal. « Une situation de domination, quelle qu’elle soit, recèle toujours des possibilités de résistance, d’action, de création[3] » permettant de s’exclure d’un monde qui décide de nous y inclure par la force et la violence. Marronner c’est fuir sa condition sociale, c’est se faire transfuge de la classe dans laquelle le colon veut cloisonner le colonisé : un outil déshumanisé qui sert la domination. Ainsi, la puissance du marnage consiste dans le fait qu’il « ne se réduit pas à un simple refus de la « civilisation », à une simple réaction contre le système esclavagiste […] ; le marronnage est avant tout un savoir incorporé[4] ». Dénètem Touam Bona développe avec passion et admiration les grands marronnages de l’Histoire, ceux qui ont marqué à jamais un savoir-faire mué en savoir-(re)vivre.