• Un chef d’entreprise sur cinq serait psychopathe.
    http://www.books.fr/psychopathe-cest-moi

    Un chef d’entreprise sur cinq serait psychopathe, selon une étude présentée la semaine dernière au Congrès annuel de la société australienne de psychologie. Soit la même proportion qu’au sein de la population carcérale. Les psychopathes présentent des troubles asociaux, sont égocentriques, dépourvus de morale et manipulateurs. Mais ils ne sont pas tous meurtriers. L’Américain James Fallon, neuroscientifique, entrepreneur et conseiller auprès du Département de la Défense, s’est ainsi autodiagnostiqué psychopathe, comme il le raconte dans The Psychopath Inside. C’est par hasard, en comparant des scanners de son cerveau (sans savoir qu’il s’agissait du sien) à ceux de psychopathes avérés, qu’il a découvert… les mêmes traits. La suite de ses recherches lui a appris qu’il possédait toutes les caractéristiques génétiques liées aux propensions à l’agressivité, à la violence et au manque d’empathie. Une enquête généalogique a également révélé l’existence de sept meurtriers parmi ses ancêtres.

    S’il a d’abord eu du mal à accepter le diagnostic, James Fallon s’est vite rendu à l’évidence : il se reconnaît assoiffé de pouvoir, manipulateur et imperméable aux sentiments de ses proches (y compris sa femme et ses enfants). Mais le chercheur a eu plus de mal à renoncer au déterminisme génétique dont il se réclamait : si les gènes sont tout puissants, il aurait dû faire une carrière de meurtrier. Il met cet échec à la biologie au crédit de sa mère, dont l’attention et l’amour auraient permis de domestiquer sa nature. Fallon appartient à la catégorie que lui et d’autres appellent les « psychopathes pro-sociaux », dont l’agressivité est sublimée, par exemple dans la compétition intellectuelle. Pour le reste, les psychopathes ont des raisons d’aimer leur condition, assure-t-il. « Ils peuvent travailler très vite et ont un QI apparent plus élevé qu’il ne l’est réellement, car ils ne sont pas inhibés par des questions morales », explique-t-il. Fallon essaie aujourd’hui de se montrer plus empathique envers les siens, pas par gentillesse, mais simplement par fierté et désir de prouver qu’il peut se rendre maître de lui-même.

    • Je viens de tomber là-dessus @blevaldu :

      Patrons fraudeurs et tueurs fous, par Denis Duclos (août 2002)
      http://www.monde-diplomatique.fr/2002/08/DUCLOS/9202

      La crise de 1929 fut alimentée, comme l’a rappelé John K. Galbraith, par les investissements les plus déraisonnables. A l’époque déjà, les banquiers se jetaient par les fenêtres des tours de Wall Street, ce qui avait intrigué les psychanalystes : se suicidaient-ils par dépit, ou au contraire — comme les joueurs invétérés qui ruinent leur entourage avant de se détruire — était-ce l’achèvement d’une folie dans laquelle ils se plaisaient à entraîner le maximum de crédules, à la façon des gourous de sectes suicidantes ?

    • Ça n’a pas de rapport direct mais sur la relation entre crise et folie collective, je suis tombé sur cet extrait d’un manuscrit de Thomas Mann, daté d’août 1942 (à propos de l’hyperinflation allemande de 1922-23) :

      [...] Que précisément la chute du cours du mark n’en soit pas restée à 10 ou 100% mais ait atteint le billion, cela ne s’explique pas par des raisons purement économiques, mais aussi politiques et psychologiques. La tendance allemande à la démesure, son penchant pour le déraisonnable et le catastrophique, dont le monde a fait depuis l’expérience effroyable, est devenue manifeste dès ce moment-là. Tout comme la passivité avec laquelle le peuple allemand accepte de subir ce que ses dirigeants ont considéré comme opportun, et peu importe de quoi il s’agit. Pour au moins une partie de ses dirigeants, pour nombre de très puissants industriels à coup sûr, l’inflation fut une bonne affaire à laquelle ils n’avaient pas intérêt à mettre fin prématurément. [...]
      La folie du Troisième Reich s’inscrit dans le droit fil de la folie de l’inflation allemande. De la même façon que les Allemands virent leur monnaie enfler jusqu’au million, au milliard et au billion pour exploser au bout du compte, de la même façon ils virent plus tard leur État enfler pour devenir le Reich de tous les Allemands, l’espace vital, l’ordre européen, l’hégémonie mondiale, et le verront encore éclater au bout du compte. La crémière qui réclamait « cent billions » pour un œuf a perdu alors l’habitude de s’étonner ; et rien depuis n’a été trop fou ou trop cruel pour qu’elle s’en étonne.

      (Thomas Mann, Être écrivain allemand à notre époque , Paris, Gallimard, 1996, p 289 s.).

      On trouve le même type de raisonnement chez Elias Canetti dans _Masse et puissance_, publié en 1960. Celui-ci va jusqu’à établir un lien direct entre la dévaluation de la vie humaine représentée par l’Holocauste et l’inflation allemande. L’expérience de l’absurdité des chiffres aurait conduit à traiter les calculs de vies humaines avec la même désinvolture que se faisaient les calculs quotidiens du temps de l’inflation.


      Je précise que la thèse, si elle donne à penser, est discutable car elle pousse à l’essentialisation, c’est-à-dire qu’elle opte pour la théorie qui veut que le nazisme soit dû à une « exceptionnalité » de la société allemande, à un caractère spécifique de la germanité qui aurait un rapport différent à la vie humaine (voir ce qu’on appelle la théorie du « Sonderweg », c’est-à-dire de la « voie particulière allemande », qui expliquerait le nazisme et les camps d’extermination).

    • Power Causes Brain Damage - The Atlantic
      https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2017/07/power-causes-brain-damage/528711

      When various lawmakers lit into John Stumpf at a congressional hearing last fall, each seemed to find a fresh way to flay the now-former CEO of Wells Fargo for failing to stop some 5,000 employees from setting up phony accounts for customers. But it was Stumpf’s performance that stood out. Here was a man who had risen to the top of the world’s most valuable bank, yet he seemed utterly unable to read a room. Although he apologized, he didn’t appear chastened or remorseful. Nor did he seem defiant or smug or even insincere. He looked disoriented, like a jet-lagged space traveler just arrived from Planet Stumpf, where deference to him is a natural law and 5,000 a commendably small number. Even the most direct barbs—“You have got to be kidding me” (Sean Duffy of Wisconsin); “I can’t believe some of what I’m hearing here” (Gregory Meeks of New York)—failed to shake him awake.

      What was going through Stumpf’s head? New research suggests that the better question may be: What wasn’t going through it?