• Il y a 40 ans, le premier clash Solidaire - Han Soete - Jonathan Lefèvre - 10 Avril 2017
    http://solidaire.org/articles/il-y-40-ans-le-premier-clash

    8 avril 1977, Angleterre. Un album débarque dans les bacs. Son titre est explicite : The Clash. C’est le premier album du groupe du même nom, qui débarquait de manière fracassante pour changer la musique et le monde. 
    Les Sex Pistols ont été le premier groupe punk a savoir sortir des squats pour affronter les studios de TV de la BBC. Leur slogan : « No future ». Sur tout le continent européen, le chômage sévit chez les jeunes. Beaucoup se reconnaissent dans le nihilisme des Sex Pistols, d’Iggy Pop, des Ramones et autres groupes punk de cette époque. 

    The Clash , fondé en 1976, a emprunté une autre voie, celle de l’engagement dans la musique. « Je crois dans le socialisme, parce qu’il est plus humain, affirmait le chanteur Joe Strummer dans une interview. Il faut choisir au-delà du chacun pour soi, de l’égoïsme ou de ces salauds d’hommes d’affaires qui vont ramasser du pognon à la pelle. J’ai décidé pour ma part de considérer la société sous cet angle et de prendre mes décisions sur base de cela. C’est pourquoi je crois dans le socialisme. » Outre Strummer au chant et à la guitare, les Clash sont composés de Paul Simonon à la basse, Mick Jones à la guitare et Topper Headon à la batterie.

    Appel à la révolte


    En mars 1977 sort le premier morceau du groupe : White Riot (Émeute blanche). La chanson parle des émeutes du carnaval de Notting Hill de l’été 1976 où des jeunes Noirs ont affronté la police. Joe Strummer, qui a participé à la révolte des jeunes avec le guitariste Mick Jones, appelle les jeunes de la classe ouvrière à se révolter aussi contre le pouvoir.

    Un mois plus tard sort leur premier album, The Clash. Sur Career opportunities, ils parlent de la situation socioéconomique en Angleterre, du chômage des jeunes et du manque d’emplois corrects. En guise d’alternative, tout ce qu’on fait miroiter aux jeunes, c’est une carrière dans l’armée ou dans la police. La petite phrase « I won’t open letter bombs for you » (Je ne vais pas ouvrir des lettres piégées pour vous) renvoie à un boulot que le guitariste Mick Jones avait eu auprès de l’État britannique. Il devait ouvrir des lettres pour voir si celles-ci n’étaient pas piégées. 

    La bande sonore des années Thatcher et Reagan


    Les Clash connaissent sa grande percée avec son troisième album, London Calling, qui ne contient pas un, mais deux disques. Ils exigent cependant de leur maison de disques que le prix de ce double album soit le même que pour un simple. Enregistré en 1979, soit l’année où Margaret Thatcher est arrivée au pouvoir, « l’appel de Londres » va asseoir la popularité du groupe.

    Aujourd’hui encore, l’album, sorti dans les bacs en janvier 1980, est considéré par la revue Rolling Stone comme le meilleur album de cette décennie. 

    Dans London Calling, les Clash explorent des voies musicales plus larges. Le groupe s’essaie au reggae, à la pop, au rockabilly, au blues… Et presque chaque chanson a, comme dans les albums précédents, un sens politique. 


    L’album suivant, Sandinista !, un triple LP de 36 morceaux, est leur album le plus diversifié, mais aussi le plus difficile d’accès, le plus bordélique. Peut-être le plus riche aussi. Les Clash poursuivent leur voyage musical et politique et découvre le hip-hop, un genre qui a vu le jour quelque temps auparavant à New York, qu’ils intègrent à leur catalogue d’influence. Sur le plan musical, l’album annonce longtemps à l’avance la percée de la musique du monde et de son métissage avec la pop et le rock, qui se popularisera vers la fin des années 1980. L’accueil de la presse spécialisée est glacial, mais Sandinista ! allait finir par acquérir le statut de disque culte.

    Sandinista ! sort à une époque où, dans bien des pays – en Belgique notmamment – des gens de gauche et des syndicalistes se rendent au Nicaragua pendant leurs congés pour contribuer la révolution. Aussi la révolution sandiniste (le mouvement socialiste au Nicaragua) et l’anti-impérialisme (Washington Bullets) occupent-ils une position centrale.

    Combat rock


    En 1982 sort Combat Rock, le cinquième album du quartet. Le disque fait du groupe le plus grand groupe de rock du moment. Pendant 61 semaines, il ne quittera pas les charts américains.

    Entre-temps, les membres des Clash continuent en tant que militants politiques à participer à chaque combat de leur époque. Lors de la montée du Front national britannique (extrême droite), ils participent à la campagne « Rock Against Racism ». Et quand les mineurs entament leur grève historique contre Thatcher, les Clash vont jouer aux piquets de grève. 


    Lors de leurs tournées, sans argent en poche, ils vont parfois passer la nuit chez des fans. Une manière pour eux de rester connectés au monde, aux problèmes économiques, à l’injustice, au racisme… Le groupe se dissout en 1984 en raison de frictions internes et des problèmes de drogue du batteur Topper Headon. Il n’aura pas existé pendant dix ans mais aura changé la musique et inspiré des millions des jeunes dans le monde entier. En guise d’épitaphe du groupe, Joe Strummer résumera : « On est venu, on a dit ce qu’on avait à dire, on s’est cassé. »

    Et aussi https://seenthis.net/messages/574340 (Articles repérés par Hervé Le Crosnier)
    #The_Clash #rock #punk #musique_et_politique #Angleterre #margaret_thatcher #Nicaragua #Rock_Against_Racism

  • Kery James sur Théo : « Le Combat commence » | Solidaire 13 Février 2017 Kery_James
    http://solidaire.org/articles/kery-james-sur-theo-le-combat-commence

    Le 2 février, Théo, 22 ans, se fait violenter par la police. Qui va jusqu’à le violer avec une matraque. Cet énième « dérapage » de la police française suscite la colère de nombreux citoyens. Parmi eux, le rappeur Kery James. Voici ce qu’il écrit sur son compte Facebook.

    « En soutien avec le jeune Théo qui a subi une agression honteuse et perverse de la part de gens qui considèrent qu’il est "convenable" d’appeler un homme noir "bamboula", je partage avec vous ce lien qui permet de soutenir financièrement la famille dans cette épreuve qui sera sans aucun doute longue et douloureuse.

    J’avais pour habitude de signer "Le Combat Continue". Je vous le dis aujourd’hui " Le Combat Commence"...

    Le Combat Commence et il continuera tant que mes enfants, mes neveux et nièces, mes frères et sœurs, mes concitoyens et moi-même ne seront pas à l’abri de ce genre d’exaction perpétrée par des pervers, protégés par des lois, parfois votées par des Racailles.
    Je fais référence ici au projet de loi précipité connu sous l’appellation de "Réforme de la sécurité publique" contre lequel s’élève déjà le syndicat de la magistrature.

    Ce projet de loi dont très peu de gens parlent, vise à changer le statut de la police en lui octroyant un statut semblable à celui de la gendarmerie concernant l’usage des armes à feu.
    Les conditions d’usage des armes seront donc élargies au-delà des cas de légitime défense et les policiers pourront désormais tirer sur un individu après sommation.

    Avec cette loi, Adama Traoré ne serait peut-être pas mort asphyxié, il aurait suffi de le "descendre" après sommations... ou pas.
    Tout comme je n’accepte pas qu’on stigmatise l’ensemble des banlieusards à cause des agissements d’une poignée d’entre eux, je ne jette pas l’opprobre sur tous ces policiers qui ne se sentent pas une obligation de solidarité face à l’indéfendable, face à l’inacceptable.

    Je terminerai par rappeler que ce combat n’est pas seulement celui des quartiers populaires ni des noirs et des Arabes. Il n’appartient pas qu’à ces derniers de se mobiliser, ni qu’aux personnalités publiques qui en sont issues. Il serait appréciable que chanteurs, acteurs, footballers, journalistes, intellectuels et élus de tout bord, toute origine et couleur manifestent leur indignation et se mobilisent.

    Car ce qui s’est passé avec Théo laisse présager que la répression des éventuels mouvements sociaux dans le futur sera terrible, voire barbare. Et il est certain qu’il va y avoir matière à organiser des mouvements sociaux dans les années à venir...

    Le Combat pour que cette sauvagerie qui s’exprime en toute impunité cesse est celui de tout être humain sensible et sensé car l’un ne s’oppose pas à l’autre. C’est celui de tous les Français qui désapprouvent l’injustice.

    Kery James »❞
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