Le boum de l’aquaculture et des farines de poisson aux dépens de l’alimentation des pays du sud
►http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/02/14/la-face-sombre-de-l-aquaculture_5079708_3244.html
Près du marché au poisson de Joal-Fadiouth, sur les côtes du Sénégal, les femmes qui achetaient chinchards, anchois, maquereaux et sardinelles pour les fumer se sont retrouvées au chômage. Ces petits pélagiques, moins nobles que le thon ou la daurade, constituent la base de la cuisine jusque dans l’arrière-pays. Mais depuis quelques années, des fabricants de farine de poissons coréens, russes, chinois se sont installés sur place et raflent tout en offrant quelques centimes de plus par caisse débarquée des pirogues de pêche artisanale.
C’est l’un des effets du boum de l’aquaculture.
La pêche minotière, largement pratiquée par les grandes flottilles asiatiques dans les eaux des pays du Sud, contribue à mettre en péril la ressource alimentaire des populations littorales, déjà mise à mal par la surexploitation des grands poissons prédateurs au large.
Or les auteurs estiment que 90 % des poissons devenus farine étaient parfaitement comestibles, ce qui va à l’encontre du code de conduite pour une pêche responsable établi par l’Agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Celle-ci préconise au contraire de ne transformer que les poissons qui ne sont pas consommés par les humains (comme les lançons ou les tacauds), afin de ne pas menacer la sécurité alimentaire de tous.