• “Si le gouvernement veut vraiment dialoguer, qu’il vienne lui-même dans les quartiers”
    Bondy Blog | mardi 14 février 2017
    Par Leïla Khouiel @LeilaKhl
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    (...) “SOS Racisme et compagnie étaient placés en face du Premier ministre alors que nous, nous étions aux extrémités de la table”

    Ces mêmes associations de banlieue parisienne évoquent également un décalage entre les “grosses structures nationales”, comme SOS Racisme, la Ligue des Droits de l’Homme, le MRAP, le CRAN, la Licra assises aussi autour de la table et les problématiques rencontrées par les populations des quartiers. “Ce sont des grosses machines, ils ont des moyens mais ne font pas de terrain, contrairement à nous. On n’est pas sur la même dimension”, précise Yazid Kherfi. SOS Racisme et compagnie étaient placés en face du Premier ministre alors que nous, nous étions aux extrémités de la table”. Et d’ajouter : “Les associations locales sont restées très polies alors que les grosses structures nous ont coupé la parole et l’ont monopolisée”. Un constat partagé par Aïssa Sago. “Les grandes associations nationales et antiracistes qu’on ne voit qu’à la télé ont pris la parole et l’ont monopolisée. Les associations de quartier n’ont quasiment pas eu le temps de parler. On repart un petit peu frustré de cette rencontre”, se désespère-t-elle.

    “Ces associations antiracistes nationales ne sont pas dignes de représenter les quartiers”

    “On ne va pas se mentir, on vit sur le terrain, c’est ce qui nous différencie de ces associations nationales qui ne sont pas dignes de représenter les quartiers”, fait savoir Niaki Camara. “Nous, on est en phase avec la réalité, on est en première ligne parce qu’on fait partie des habitants des quartiers. Moi aussi, j’ai été confronté à des interpellations musclées. C’est une réalité que l’on a vécue et que l’on vit quotidiennement”. Avec son association Tendre la Main, le jeune Niaki Camara a conscience de réaliser un travail de fourmi aux Mureaux. “On propose de la prévention de rue, on crée du lien entre les habitants et les policiers. On essaye du moins. Ce qui s’est passé à Théo à Aulnay démolit des années d’investissement et de mobilisation auprès des jeunes. Aujourd’hui dans mon quartier, ils courent toujours quand ils voient la police même s’ils n’ont rien fait”.

    Yazid Kherfi a le sentiment d’avoir dit ce qu’il devait dire au Premier ministre mais regrette que cette rencontre d’à peu près trois heures n’ait lieu qu’à la fin du quinquennat de François Hollande. “Dans deux mois, on repartira à zéro avec un nouveau gouvernement. Cette discussion sur les banlieues aurait dû être organisée dès l’arrivée du Président au pouvoir”. “S’ils veulent vraiment dialoguer, il vaut mieux qu’ils viennent eux-mêmes dans les quartiers pour discuter avec les associations de terrain”, conclut Aïssa Sago.

    Leïla KHOUIEL