« Sur le plan théorique, je suis partisan d’un travail de bricolage » – Société de Géographie

/guy-di-meo-sur-le-plan-theorique-je-sui

  • Guy Di Méo : « Sur le plan théorique, je suis partisan d’un travail de bricolage » – Société de Géographie
    https://socgeo.com/2017/01/31/guy-di-meo-sur-le-plan-theorique-je-suis-partisan-dun-travail-de-bricolage

    Comme beaucoup de personnes de mon âge (71 ans), la découverte de la géographie remonte aux temps de mon enfance et de ma vie d’écolier. Ce sont les cartes murales des salles de classes, les livres scolaires et leurs gravures montrant la variété des paysages, des activités et des populations de la France comme de l’Outremer (à l’époque français) qui ont éveillé, chez moi, un intérêt à vrai dire aussi profond que mystérieux pour la géographie. C’est qu’il y avait, dans ces représentations, un incontestable exotisme, une source d’émerveillement : schlitte des forêts vosgiennes, cigognes et coiffes enrubannées d’Alsace, masures du pays de Caux et pommiers de Normandie, chevalements des mines de charbon du Nord ou de Lorraine, riches plaines agricoles des confluents de la Garonne avec le Tarn ou le Lot, terres tout aussi maraîchères et fruitières du Comtat et du Roussillon, déchaînement de la mer bretonne, troupeaux et bergers des Pyrénées ou des Alpes, vignobles de Bordeaux et de Bourgogne, côte de Champagne, étendues céréalières de la Beauce et de la Brie… Les villes, moins présentes dans cette imagerie scolaire figuraient en revanche, avec une accentuation portée sur leurs vieilles bâtisses et sur leurs monuments pittoresques, en première page des calendriers de la poste comme sur quelques séries de timbres que je collectionnais avec ferveur et que nous échangions, entre écoliers, aux récréations. Ainsi, les images du vieil Annecy, celles des cathédrales de Quimper, de Strasbourg, de Rouen, de Reims, d’Albi ceintes de leurs quartiers anciens, incitaient à découvrir la France. Il faut dire qu’en ces années 1950, nous n’avions ni télévision, ni beaucoup de livres dans les foyers modestes où l’on voyageait très peu… Dans ces conditions, notre imaginaire se déployait à partir de signaux plutôt modestes. Sa dérive géographique, tissant des liens de curiosité entre les lieux, ceux de la France d’abord, puis plus tard (avec l’enseignement secondaire) ceux du vaste monde, nourrissait une part appréciable de nos rêves.

    #géographie #bricolage