• Le houille, une usine à gaz
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    À la fosse d’Oignies, le 20 décembre 1990, les mineurs effectuent une dernière extraction de houille. Elle marque la fin de l’exploitation charbonnière du Nord-Pas de Calais. Ces deux siècles d’exploitation minière ont laissé un paysage indéniablement remodelé, des taux de maladies et de cancers largement supérieurs à la moyenne nationale et un chômage record. On pensait que cette histoire d’exploitation du sol et des hommes était bel et bien enterrée, que les leçons du drame avaient été tirées. Mais c’était sans compter sur quelques têtes dures aux dents longues pour rouvrir, outre nos cicatrices, les sous-sols.


    Le gaz de couche est aussi appelé gaz de houille. Contenant essentiellement du méthane, il est piégé jusqu’à 2000 mètres de profondeur dans la roche de charbon. Il fait partie des gaz naturels « non conventionnels » – c’est-à-dire qu’on ne le trouve pas sous forme de poche – prisonnier dans les couches de charbon. Le gaz de couche n’a rien à voir avec le gaz de mine qui s’échappe naturellement dans les anciennes galeries, le fameux « grisou ». De nos jours, l’extraction de celui-ci est nécessaire pour purger le sol et éviter les explosions et les contaminations. Dans le Nord, cette gestion de l’après-mine est assurée par l’entreprise Gazonor, spécialement créée à cet effet après la fin de l’exploitation charbonnière.

    Un puits sans fonds

    Inspirés des expériences nord-américaines des années 2000, une série d’investisseurs cible l’industrialisation massive du gaz de couche dans les anciennes régions minières, y voyant une manne potentielle. Le hic, c’est que l’exploitation industrielle de notre sous-sol implique de faire appel à la fracturation hydraulique. Le procédé consiste à envoyer de l’eau pressurisée dans les sous-sols, ainsi qu’une série de produits chimiques, dont les plus nocifs sont l’arsenic, le chrome, le lithium, le mercure, le radium, le strontium, le baryum, etc. Après les mines en plat de résistance, vous reprendrez bien un cocktail de souche ?

    Dans le bassin minier, du côté d’Avion et de Divion, l’exploitation minière des deux derniers siècles a déjà causé des mouvements de terrains, des infiltrations, des affaissements, des tassements, des inondations et des coulées de boues Les maladies liées aux activités de l’époque minière sont toujours plus importantes : cancers, maladies pulmonaires... C’est ici, dans ces terres marquées par le charbon, que la Française de l’énergie (voir encadré) s’est implantée, souhaitant y faire son beurre. En forant toujours plus profondément, l’entreprise augmente les risques de contaminations, et donc de maladies pour les habitant.es.

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