Trump, le Pape et l’empathie.

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    Il est intéressant d’observer que l’on commence à parler en termes d’#empathie ou d’hostilité pour expliquer des phénomènes politiques basés sur des mécanismes enracinés dans la psyché de millions de personnes et qui vont dans le sens de la nécessité de se débarrasser de l’Autre à n’importe quel prix et à considérer l’Autre comme une menace. Pour atteindre leurs objectifs, et ils y parviennent, ils doivent rompre tout élan d’empathie dans leur public. Avec leurs grands dispositifs, ils parviennent à cloîtrer un élément vital chez ceux qui acceptent qu’on leur détruise leur capacité à entrer en empathie avec ceux qui les entourent. L’empathie est précisément l’émotion de base qui ouvre la brèche mondiale. La fascination que suscite Trump dans de larges couches racistes, homophobes, patriarcales, violentes, c’est précisément cette exhibition obscène de sa carence d’empathie. Ce n’est pas que son électorat ne s’en était pas rendu compte : il l’a choisi pour ça.

    En plus de croire, comme je le disais au début, que l’analyse de Trump fournie dans cette lettre est un acte courageux mais tardif, il est aussi politiquement court. C’est pourquoi j’ai donné l’exemple des munitions à l’uranium appauvri employées contre des civils, ce qu’Obama niait et qui aujourd’hui est confirmé par les Etats-Unis. Parce que si l’on veut parler d’empathie, il faut aller jusqu’au bout. Voyons voir. L’empathie c’est ce que ressent l’ami pour l’ami, les amoureux entre eux, les membres d’une même famille. Mais il s’agit là de faire en sorte que ce substrat émotionnel de contention et de rapprochement hospitalier serve à faire battre le pouls des relations sociales. Nous avons besoin comme de l’air de sociétés plus empathiques et de personnes qui soit capables de se mettre à la place non seulement de quelqu’un qu’il connaît, mais aussi de quelqu’un qui souffre au loin, de se mettre à la place de tout un chacun qui souffre. L’empathie est une résistance à la douleur de l’autre et une pulsion pour la modifier et faire en sorte qu’elle cesse.

    Ce n’est pas seulement Trump, ce symptôme étrange, ce grain de sable visible, qui manque d’empathie. Il y a là tout un système qui a échoué. Un système capable de faire ce qu’il faut pour maintenir son #hégémonie. Un système complexe, parce qu’à l’intérieur de lui-même se produisent des faits qui évoquent une force contraire, l’impérieuse nécessité d’empathie dont nous, êtres humains, avons besoin pour la survie de notre planète et pour que nos propres vies soient meilleures. Des dizaines de vétérans de toutes les guerres états-uniennes ont décidé de s’unir pour servir de bouclier aux Sioux de la Reserva Standing Rock, au Dakota, afin de défendre ce peuple des agents armés des entreprises pétrolières qui ont déjà reçu l’accord de Trump. Certains de ces ex-soldats qui ont combattu en Irak ou en Afghanistan ont déclaré que cette décision était une sorte de « rétablissement » puisque « enfin des militaires états-uniens arrivent sur le territoire des Sioux pour les aider et non pas pour les attaquer ».