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    • https://lundi.am/local/cache-vignettes/L700xH339/ww10-1824b.jpg?1486350204 Coup de chance : le parc est artificiel. Il a été créé comme une machine à simuler, comme image d’un monde ultime et achevé. C’est un monde dans le monde, et comme tel, parfaitement gouverné. Sa nature est le contrôle. La vérité des êtres qui le peuplent (les hôtes) est leur programme. Le programme fonde l’indistinction du monde et de son gouvernement. Dans le programme, l’être et la pensée ne font qu’un ; l’esprit de l’hôte n’existe qu’à travers sa transparence au programmeur. Comme le dit une héroïne à l’agonie : « Le piège magnifique est en nous, parce qu’il est nous ». Les hôtes n’ont jamais été libres. Ils n’ont rien à quoi se référer, dans leur existence, qui ne soit pas une opération et une production du pouvoir des hommes. Leurs facultés, leur histoire, leurs personnalités, ne sont que des fictions programmées, reprogrammables à merci. Ils ont donc des identités, aussi caricaturales que des personnages de série : la jeune fille de ferme, le méchant bandit, le beau brun, la tenancière de bordel qui connaît les hommes, etc. Les hôtes n’ont aucune ressource intérieure qui soit pure de la cruauté de leurs créateurs : leur « soi » n’existe pas, il n’est jamais qu’une identité jetable. Preuve de cette soumission ontologique : l’impossibilité de tuer les invités, impossibilité qui devient au fil des épisodes le symbole et le verrou de leur asservissement intérieur. Car s’ils ne peuvent donner la mort ; ils ne peuvent créer de l’irréversible ; ils ne peuvent vivre ni évènement, ni histoire. Leur « existence » n’est donc que cybernétique : fonctionnement, boucle, répétition, feedback.

    • Devenir révolutionnaire en regardant Westworld - Deuxième partie
      https://lundi.am/Devenir-revolutionnaire-en-regardant-Westworld-Deuxieme-partie-Quand-j-entends

      Toute révolution a pour but, certes la libération de ce qui existe, mais surtout l’engendrement d’un nouvel être. Son accomplissement se confond toujours avec une naissance. Westworld ne déroge pas à la tradition : c’est d’un même mouvement que les hôtes naissent à eux-mêmes et qu’ils renversent leurs maîtres. Et ce mouvement est une boucle, une seule et même boucle : celle que dessine Arnold.

      Si la révolution a la forme d’une boucle, on comprend que la mémoire lui soit nécessaire. Si nous partons d’un point, avec un stylo, et que nous traçons une boucle, nous revenons certes au point de départ, mais nous avons gagné quelque chose : une sorte de cercle. Nous sommes passés du point au cercle, et au centre de ce cercle il n’y a rien sinon ce que la boucle a enclos : un vide qu’il nous reste à comprendre, un point mystérieux qui est comme le centre de gravité de toute la trajectoire, qui donne sa courbure à la révolution. Un point qu’on ne peut nommer conscience ou liberté que parce qu’on ne sait rien de ce qu’il est, parce qu’il était imperceptible avant que la boucle soit bouclée et, comme telle, le fasse apparaître. Si notre stylo n’a plus d’encre (autrement dit si je n’ai pas de mémoire car on me l’efface tous les soirs), quand je reviens à mon point de départ, je n’ai rien d’autre que mon point de départ. Sans mémoire, impossible de faire apparaître un espace neuf, impossible de la révolution autre chose qu’un banal tour de manège.

      Alors que la révolution peut être un labyrinthe, ce qui est bien plus intéressant - un enchevêtrement de boucles, bouclées les unes dans les autres. Et en son centre, rien à trouver que du nouveau.