« Fake news », la contre-attaque - Le Temps

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    https://www.letemps.ch/economie/2017/02/20/fake-news-contreattaque

    La désinformation a parasité la campagne américaine et menace les élections françaises et allemandes. Sous pression, Facebook et Google s’allient à plusieurs médias européens pour démêler le faux du vrai. Mais l’efficacité de cette lutte anti-intox est critiquée

    En France, le projet porté par Google auquel participe Facebook s’intitule « CrossCheck » : 16 rédactions dont Le Monde et l’Agence France Presse travailleront de concert pour vérifier les rumeurs durant la présidentielle. En parallèle, Facebook a développé son propre outil pour labelliser les fausses informations publiées sur le fil de ses abonnés, un projet déjà expérimenté aux Etats-Unis et désormais déployé en France et en Allemagne. Lorsqu’une publication est décrite comme relevant de la désinformation par deux médias, elle sera identifiée par un drapeau rouge et sa visibilité sur le réseau social amoindri.

    Certaines critiques s’interrogent sur le rôle des journalistes en gardiens du « vrai ». Sous la pression économique, les médias ont souvent été les caisses de résonance pour les « fake news », comme le notait un rapport du Tow Center, dénonçant la tyrannie du clic : « Le potentiel d’audience d’une rumeur nouvelle est important. Du coup, les journalistes se jettent dessus pour avoir davantage de trafic. » Il y a quelques jours, Bild, le tabloïd allemand, avait fait son mea culpa pour avoir relayé des violences sexuelles imaginaires commises par des migrants.

    Cet algorithme de Facebook, qui contrôle la visibilité des contenus, est au cœur du problème. Facebook a fait du « like », de la personnalisation (la fameuse bulle) et de l’émotionnel le principal levier de son audience. Adrian Bangerter : « La fonction des rumeurs, dont font partie les « fake news », est d’alléger une incertitude intellectuelle et de soulager des tensions émotionnelles, que cela soit durant des élections ou lors de situations de crise. Les gens anxieux par nature sont davantage portés à croire et à partager ce genre de fausses histoires qui circulent. » Facebook a fait depuis quelques ajustements sur son algorithme. Une nécessité impérieuse, jugent de nombreux experts : lutter au coup par coup contre les « fakes news » sans se préoccuper de la main invisible qui les rend si populaires reviendrait à vider un énorme tuyau d’eau à la pipette.

    Lutter contre la désinformation, combat ordinaire des Wikipédiens

    En plus de quinze ans, l’encyclopédie collaborative a acquis une expertise précieuse dans la lutte contre la désinformation

    Les wikipédiens ont un joli mot pour cela : le vandalisme. Pour y faire face, Wikipédia peut compter sur le nombre et l’expertise des membres de sa communauté, plusieurs dizaines de wikipédiens bénévoles, devenus au fil des années des fact-checkeurs avertis. « Devenir contributeur Wikipédia, c’est quasiment comme recevoir un cours accéléré en droit d’auteur, en recherche de sources… A la fin, tu as un fort esprit critique qui fait que tu ne fais plus confiance à personne a priori », plaisante Frédéric Schütz.

    #fake_news #post_truth #decodex #crosscheck