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    Dans les arbres, le seul gropupe de musique improvisée avec trois Norvégiens et un Français

    Et pour clore cette semaine fort musicale, quand on y pense trois concerts dans la même semaine, il doit être possible pour un mélomane de passer des semaines plus arides, je suis invité par Sophie Agnel (qui a bien aimé ma chornique de son concert avec Phil Minton, du coup on s’écrit un peu) au concert de la formation Dans les arbres à l’Atelier du tampon .

    Dans les arbres , d’habitude ils sont quatre, un Dromois égaré à la clarinette pas prête parmi trois musiciens norvégiens, au piano préparé, guitare préparée et aux percussions en cours de préparation. Et d’habitude Christian Wallumrød joue du piano préparé et non du synthétiseur hérissé de fiches, et donc il sont quatre, il y a Ivar Grydeland à la guitare préparée qui ce soir s’est fait porter pâle comme on dit au rugby, mais sans doute pas dans le milieu de la musique contemporaine improvisée qui n’a sans doute pas les mêmes codes.

    Le concert était en deux parties à la fois semblables et très différentes, dans la première partie j’ai aimé la seconde partie et dans la seconde partie j’ai aimé la seconde partie, moins la première partie de la seconde partie et moins encore la première partie de la première partie. Dit comme ça cela ne vous dit pas grand chose mais j’ai été très surpris qu’échangeant avec Sophie Agnel , elle pensait pareil à propos des parties et des sous parties qu’elle appelait aussi des parties et des premières et secondes parties des parties, un peu comme on fait au rugby finalement en parlant de la première et de la deuxième partie de la première mi-temps et de la première et de la deuxième partie de la seconde mi-temps, la seconde partie de la seconde mi-temps, on appelle cela aussi money time , qui est généralement suivi de la troisième mi-temps, c’est là qu’on prend l’avantage sur les musiciens de musique contemporaine improvisée. Encore que. Pas sûr.

    La première partie de la première partie m’a fait redouter que Dans les arbres soit une formation de musique qui mise beaucoup sur la répétition, parce qu’ils ont été un peu longs à installer ce qu’ils voulaient mettre en place et là je ne suis pas nécessairement un très bon juge de savoir si c’était suffisamment bien installé ou pas assez quand ils se sont vraiment mis à jouer ce qu’ils jouent et que je trouve vraiment très beau.

    Dans Dans les arbres , il y a d’abord ce très beau set de percussions, un immense tome sur la membrane duquel Ingar Zach s’évertue à produire de toutes petites sonorités, minuscules pour un tel instrument, puis petit à petit ajoute des éléments à même cette membrane, tandis que Christian Wallumrød installe lui aussi des touches très ténues de synthétiseur, mais un peu a contrario de ce que l’on demande habituellement à cet instrument maléable de produire, des nappes et des grooves que sais-je encore, non, Christian Wallumrød produit plutôt de petites allusions, percussives presque, tandis que ces deux Norvégiens-là laissent la ponctuation au clarinettiste qui serait bien du genre à tout faire pour s’étrangler avec sa clarinette sans que cette dernière ne rende la moindre note, une manière de clarinette paradoxale.

    L’ensemble joué par ces trois admirables musiciens paraît admirablement fragile et pourtant brique à brique il semble bien que ce soit non pas un simple mur que l’on monte mais bien une de ces merveilleuses petites chapelles gothiques au milieu d’une lande battue par les vents. C’est une musique à la fois enveloppante et envoûtante qui ne semble exister qu’en songe, qu’elle cesse à la fin de la première partie ou à la fin de la seconde partie, et elle disparaît entièrement et nous rend à nos rumeurs et au bruit de la ville, mais alors rumeurs et bruit deviennent étrangement supportables, Dans les arbres c’est une sorte de yoga sonore, on ne pourrait pas mettre le doigt dessus mais après on se sent mieux, terriblement mieux, entièrement délassé et maître de soi.

    Et j’ai été bien heureux de pouvoir échanger avec Sophie Agnel à propos de son très beau concert avec Phil Minton et Audrey Chen. Je peine à croire que ce dernier concert, de Dans les arbres , était une manière de bonus sur la longue liste de dates que j’avais repérées en janvier dernier, Fred Van Rohe avec Roger Turner, être mon préféré, Jonas Kocher avec Joke Lanz et le magnifique travail spectacle de Johanny Melloul avec Ogrob et Annie Lam, Phil Minton avec Sophie Agnel, Jean-Luc Guionnet avec Seijiro Murayama et Olivier Benoit, Fred Frith et Dans les arbres . Et encore j’ai manqué deux dates, Phil Minton avec Isabelle Duthoit et Mark Charig, Michel Pilz, Quentin Rollet, Marcio Mattos et Jean-Noël Cognard, mais je n’avais plus de crédits pour ma téléporteuse.

    #qui_ca