Le moment de vérité (2/2)

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  • Le moment de vérité

    http://petrole.blog.lemonde.fr/2017/01/03/le-moment-de-verite-22/#more-12622

    L’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans le langage toujours policé de son dernier rapport annuel, publié en novembre, met plus ouvertement que jamais les points sur les « I ». Voici quelques-uns des points d’alerte les plus significatifs :

    – plus de 50 % des champs pétroliers mondiaux ont franchi leur pic de production, et déclineront à l’avenir ;

    – les investissements dans le développement de la production d’hydrocarbures devraient tomber à 450 milliards de dollars en 2016, contre un montant record de plus de 700 milliards avant la chute des cours ;

    – les découvertes annuelles sont au plus bas niveau depuis 70 ans ;

    – en 2025, il devrait manquer environ 16 Mb/j, l’équivalent de la production de l’Arabie Saoudite et de l’Iran, pour combler l’écart entre le niveau de production attendu et le déclin de la production actuelle (94,5 Mb/j en 2015) ou en cours de développement ;

    – cet écart peut être comblé par des ressources nouvelles, à condition que les investissements remontent rapidement à plus de 700 milliards de dollars, leur niveau record d’avant la chute des cours (hypothèse du « New Policies Scenario », voir ci-dessous) ;

    – « plus les investissements restent bas, plus une contrainte sur les approvisionnements [futurs] devient probable » ;

    – le potentiel futur du pétrole de schiste américain, tributaire de l’évolution du prix du brut, reste très incertain, et 90 % de ses opérateurs avaient un cash flow négatif même lorsque les cours du brut étaient au plus haut.

    Plus alarmiste, la banque HSBC (qui avait déjà montré son inquiétude à l’égard du pic pétrolier), souligne les faits suivants dans un rapport paru en septembre intitulé « Le déclin des champs matures conduira-t-il à la prochaine crise pétrolière ? » :

    – au moins 64 % de la production mondiale est en déclin ;

    – d’ici à 2040, il faudra développer plus de 40 Mb/j de ressources nouvelles (soit près de la moitié de la production mondiale, ou l’équivalent de quatre Arabie saoudite) ne serait-ce que pour maintenir ladite production à son niveau actuel ;

    – les petits champs pétroliers entrent en déclin généralement 2 fois plus vite que les grands, or la production mondiale de brut dépend de plus en plus de petits champs ;

    – « les importantes améliorations dans la production et l’efficacité des forages intervenues en réponse à la chute des cours ont masqué les taux de déclin sous-jacents que connaissent bon nombre de compagnies, mais le degré auquel ces améliorations peut se poursuivre devient beaucoup plus limité ».

    Il faut que les cours du baril remontent, et vite, afin de relancer les investissements, sinon le pic pétrolier risque fort d’être pour tout de suite, préviennent en somme l’AIE et HSBC.