• L’art de la mémoire est-il à l’origine du fantastique ? | InternetActu
    http://internetactu.blog.lemonde.fr/2017/12/10/lart-de-la-memoire-est-il-a-lorigine-du-fantastique

    Ce qui caractérise un grand nombre de civilisations traditionnelles, explique-t-elle, est la prodigieuse mémoire possédée par leurs Anciens. Ainsi, nous rappelle-t-elle, les Navajos sont-ils capables de se remémorer jusqu’à 700 insectes avec leur aspect, habitat, leur comportement… et les Mangyans des Philippines seraient en mesure de reconnaître 1625 plantes différentes, dont certaines inconnues de la science occidentale.

    Et bien entendu, leurs connaissances vont bien au-delà des insectes ou des plantes. Les Anciens de ces peuples seraient capables d’accomplir les mêmes exploits de mémoire dans tous les domaines de leur environnement…

    Mais l’#art_de_la_mémoire des peuples premiers est assez différent – et plus complexe – que celui des orateurs de l’Antiquité ou des penseurs de la Renaissance. D’abord, il est multimédia : il implique chant, danses et histoires mythiques variées. Ensuite, le « #palais_de_mémoire » n’est autre que l’environnement dans lequel vivent ces populations. C’est en se déplaçant au sein de leur milieu naturel que les « anciens » de ces tribus sont capables de réactiver leurs connaissances liées à des lieux précis. C’est ainsi que procèdent les #aborigènes avec leurs « #pistes_de_chant ».

    « Une piste de chants, nous dit Kelly, est une séquence d’emplacements, pouvant, par exemple, inclure les roches qui fournissent les meilleurs matériaux pour les outils, ou un arbre important ou un trou d’eau. Ces pistes sont beaucoup plus qu’une aide à la navigation. À chaque emplacement, un chant, une histoire, une danse ou une cérémonie sont exécutés, et seront toujours associés à cet emplacement particulier, physiquement et en mémoire. Une piste de chants constitue donc une table des matières pour l’ensemble d’un système de connaissances, qui peut être consultée en mémoire et physiquement. »
    Certaines de ces pistes de chant peuvent couvrir des distances de plus de 800 kilomètres…

    un peu de la #cartographie

    This ancient mnemonic technique builds a palace of memory
    https://aeon.co/ideas/this-ancient-mnemonic-technique-builds-a-palace-of-memory

  • Réinventer la programmation ? | InternetActu
    http://internetactu.blog.lemonde.fr/2017/11/25/reinventer-la-programmation

    Les programmeurs doivent s’améliorer

    Il n’empêche que bien des logiciels restent fabriqués à l’ancienne. Les ingénieurs écrivent leurs exigences en prose et les programmeurs les codent. Il faut dire que les programmeurs aiment écrire du code. Les outils qui écrivent du code et vérifient son exactitude semblent encore ésotériques à beaucoup, pour ne pas dire trop beaux pour être vrais. Tant et si bien, souligne Somers, qu’il faudrait surtout étudier pourquoi les développeurs sont encore si réfractaires à ces nouvelles méthodes.

    En 2011, Chris Newcombe est déjà chez Amazon depuis 7 ans. Ingénieur principal, il a travaillé sur certains des systèmes parmi les plus critiques de l’entreprise, comme le catalogue des produits, l’infrastructure de gestion des Kindle ou encore Amazon Web Services, l’infrastructure de traitement et de stockage à la demande… La complexité des systèmes rend les événements censés être extrêmement rare peut-être plus probable qu’on ne le pense. Pour lui, les algorithmes des systèmes critiques sont souvent parfaits, mais les bugs se révèlent plus difficiles à trouver quand les algorithmes deviennent plus complexes. Et la démultiplication des tests ne suffit pas toujours à les repérer. D’où son excitation quand il a entendu parler de TLA+, un mélange de code et de mathématique pour écrire des algorithmes « parfaits ».

    TLA+, qui signifie « Logique temporelle des actions », est similaire en esprit à la conception basée sur le modèle : c’est un langage pour écrire les exigences – TLA+ les appelle « spécifications » – des programmes d’ordinateur. C’est lui aussi un système de méthode formelle. Ces spécifications peuvent ensuite être entièrement vérifiées par un ordinateur. C’est-à-dire, avant d’écrire un code, vous écrivez un bref aperçu de la logique de votre programme, avec les contraintes dont vous avez besoin pour y répondre (par exemple, si vous programmez un guichet automatique, une contrainte pourrait être que vous ne pouvez jamais retirer le même argent deux fois d’un compte chèque). TLA+ vérifie alors de manière exhaustive que votre logique réponde bien à ces contraintes. Sinon, il vous montrera exactement comment ils pourraient être détournés.

  • La personnalisation : un mythe ? | InternetActu
    http://internetactu.blog.lemonde.fr/2017/11/11/la-personnalisation-un-mythe

    Mais où est passée la personnalisation ?

    Pourtant, quand on regarde un peu le fonctionnement des services en ligne, force est de constater qu’à mesure qu’elle nous est assénée comme notre avenir le plus certain, la personnalisation ressemble chaque jour un peu plus à une illusion. En fait, ce qu’on tente d’adapter, ce n’est pas notre unicité à un service, mais les caractéristiques d’un service à de grands ensembles d’utilisateurs auxquels les systèmes tentent de nous faire correspondre peu ou prou. La publicité en ligne ne nous cherche plus nous, internautes uniques dans l’océan des logs, elle cible les cohortes auxquels nous correspondons : cohortes d’âges, de revenu, de résidences, d’intérêts… Hormis quand nous revenons d’un magasin en ligne, où elle s’affole pour nous montrer les produits qu’on a le plus souvent déjà acheté, la publicité nous montre, au mieux ce qu’ont vus nos cohortes d’amis, ce qu’ont vus des cohortes de gens censés nous ressembler, au pire ce que voit n’importe qui.

    Après avoir longtemps cherché à découvrir nos singularités, les grandes machineries du web semblent même avoir fait machine arrière sur la question de la personnalisation. Le moteur de recommandation de YouTube en fournit une très bonne illustration : les outils de personnalisation comme l’historique où les abonnements à des chaînes ont été peu à peu abandonné au profit d’outils qui produisent du consensus, de l’adhésion, de l’engagement. Le Time Watch, le temps passé des autres utilisateurs, et la fraîcheur des contenus, sont devenus les critères principaux de la recommandation. On vous recommande ce que les autres ont vu, viennent de voir, ce qu’ils sont censés avoir le plus apprécié seulement parce qu’ils y ont passé du temps. On en revient – ou on ne sort pas – au plus lu, au plus vu, au plus recommandé… La personnalisation semble en passe de devenir rien d’autre qu’un prétexte pour adapter les contenus les plus vus à notre réceptivité. Elle ressemble de plus en plus à une optimisation de l’audience qu’à une personnalisation.

    La catégorisation est finalement bien plus simple que la personnalisation. Gérer des catégories, des familles, des groupes, de larges pans d’utilisateurs est bien plus commode. Cela permet de créer quelques profils types… et depuis eux, quelques routines qui suffises pour gérer des millions d’utilisateurs. L’identification des schémas ne consiste pas à identifier chacun, mais seulement des caractéristiques qui se prêteront à l’exploitation. Or, l’enjeu de la catégorisation est bien de rendre les profils productifs, ce que ne permet pas en fait l’individualisation.

    En fait, force est de constater que servir le plus vu, le plus partagé, le plus écouté… fonctionne bien mieux qu’un matching – qu’un appariement – qui serait taillé sur mesure pour chacun. Certes, en étant au croisement de multiples catégories publicitaires, chacun est unique. Mais cette unicité, tout le monde s’en fout. Ceux qui cherchent à nous atteindre ne regardent au mieux que les catégories, les communautés, les groupes auxquels on appartient… Si nous n’entrons dans aucune, au pire, ils feront ce qu’ils ont toujours fait : ils déverseront ce qui marche le mieux, ce qui marche pour le plus grand nombre.

    Si les données personnelles s’avèrent ne plus être le pétrole des grandes machineries du web, alors la collecte sans fin de la moindre de nos données n’a plus d’intérêt. Cela signifie que si l’on reconnaissait que la personnalisation est un échec et qu’elle ne mène nulle part, nous pourrions enfin nous attaquer à réduire l’hypersurveillance organisée.

    Pour autant, personne ne semble être prêt à céder. Même si elle est un leurre pour entretenir notre consentement à l’utilisation de nos données, nulle ne souhaite reconnaitre que la personnalisation est un mythe, de plus en plus délaissé par ceux-là mêmes qui la portaient aux nues. Tous les business models de demain continuent à reposer sur l’analyse de toujours plus de données. Même si dans la réalité, les services commencent à se rendre compte que cette perspective hypercroissantiste ne mène nulle part…

    #Recommandation #Algorithmes #Personnalisation #Plateformes

  • La justice prédictive (1/3) : l’enjeu de l’ouverture des données | InternetActu
    http://internetactu.blog.lemonde.fr/2017/09/09/la-justice-predictive-13-lenjeu-de-louverture-des-donnees

    Dans un amphithéâtre un peu surchauffé de l’École militaire à Paris se tenait fin juin une journée d’étude sur la question des algorithmes appliqués à la justice et à la police organisée par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice et le projet de recherche Innox qui s’intéresse à la gouvernance prédictive. L’occasion d’interroger les enjeux de l’ouverture annoncée des données de justice inscrites dans la loi pour une République numérique qui a promis la publication en open data des décisions judiciaires.

    (pas encore lu)

  • « La Singularité, ça ne tient pas la route ! » par @hubertguillaud @iactu
    http://internetactu.blog.lemonde.fr/2017/06/25/la-singularite-ca-ne-tient-pas-la-route

    les #IA ne savent pas rêver de moutons électriques.

    sniff

    En fait, le catastrophisme des singularitariens assure surtout leur notoriété. L’inéluctabilité de leur prophétisme fait oublier que bien souvent, le vrai danger vient plutôt de l’inconnu. Le vrai problème, insiste Ganascia, c’est que le scénario de la Singularité, en fait, opacifie le futur en concentrant l’attention vers un seul #scénario au détriment de tous les autres.

    repéré par @laurent (#merci)

    #singularité #disruption #intelligence_artificielle #mythes #science-fiction

    • #Critique_techno sans #catastrophisme

      Bref, « l’observation de la loi de #Moore sur les cinquante dernières années ne garantit nullement sa validité dans le futur ». Comme il le souligne encore « l’examen rétrospectif des études prospectives montre que le futur obéit rarement aux prévisions. Le progrès est convulsif ! Il n’existe pas de déterminisme technologique. » Mais surtout, souligne Ganascia, il y a un paradoxe logique à la Singularité : comment une rupture technologique pourrait-elle se déduire d’une loi reposant sur la régularité du cours de la technologie ?

      (…) Pour la philosophe et historienne Bernadette Bensaude-Vincent, les promesses visent non pas à prédire, mais à rendre inéluctable la trajectoire technologique, à installer un #déterminisme, à faciliter l’acceptation sociale des technologies. *Les schémas à l’oeuvre pour la Singularité semblent se répéter dans les promesses des nanotechnologies, de la biologie de synthèse comme dans celles de la convergence #NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives). Le possible devient un horizon hors de tout horizon temporel : une simple propagande. « La réalisation des promesses dans un avenir proche ou lointain n’est pas primordiale. » Les promesses n’ont pas pour but de refléter le réel, mais d’élargir les possibles, quand bien même ils ne rencontrent jamais de confirmation. « Même si les réalisations se font attendre les concepts ne sont pas remis en question. » Le futur qu’incarne les promesses fonctionne surtout comme un outil de gouvernance pour la compétition économique. Elles permettent de fédérer et mobiliser les infrastructures de recherche et les inscrire dans la culture sociotechnique ambiante. Pour elle, l’avenir est confisqué par la promesse technoscientifique, et la politique reléguée à un seul espace de régulation.

      Pour le sociologue Olivier Glassey, qui pointe dans l’ouvrage combien le social, plus que la technique est devenu l’horizon des technologies de l’information, l’ensemble des discours performatifs sur l’avènement du web social, contribue surtout à instaurer la croyance dans l’inéluctabilité des changements annoncés, que ce soit ceux promouvant l’empowerment ou l’inclusion de tous, comme ceux qui prédisent pouvoir bientôt « capturer techniquement le social ». « Le social n’est plus uniquement l’horizon de la promesse, il est son carburant » : les big data réalisent leurs propres accomplissements !

      Dans l’avant dernier paragraphe @hubertguillaud y a « or » au lieu de « hors » si je comprends bien. Autrement merci de lire tous ces livres pour nous !

    • Mouais, beaucoup d’effort pour saper la démocratie, et notamment pas mal de plus ou moins fausses allégations pour dire « la démocratie c’est ça » (par ex que le consensus absolu) pour ensuite venir le casser et proposer un truc qui ne va surtout pas à l’encontre des hiérarchies. En gros pour faire vite, en disant que la démocratie c’est la recherche de l’égalité abstraite (tout le monde pareil)…

      Soit c’est un manque total de culture des luttes et notamment entre autre des théories anarchistes ou des théories sur les différentes formes de démocraties directes, soit c’est du mensonge ou de la mise de côté exprès.

      Ce n’est pas comme si c’était un sujet nouveau de chercher à être efficient tout en n’évoluant pas dans un milieu hiérarchisé. Comme si il n’y avait jamais eu de débats et de propositions sur les mandats temporaires et révocables (le fait de mandater une personne ou un groupe de personne sur un sujet précis + pour un temps donné), par exemple…

      On peut très bien être anarchiste tout en disant « je reconnais l’autorité du cordonnier à savoir fabriquer des chaussures ».

      Bon, je n’ai pas fini de lire, mais déjà le début m’énerve pas mal, je vais continuer jusqu’au bout…

      cc @aude_v pour la démocratie (ici à l’intérieur des organisations)

    • C’est marrant les croisements, je vois un lien avec ça :
      https://seenthis.net/messages/583067

      Critique de Lordon par Baschet, un historien libertaire proche du zapatisme, et qui critique justement sa propension à inventer un adversaire naïf qui croit à une horizontalité absolue et abstraite…

      Décidément très proche.

      À l’adversaire qu’il se donne — la « pensée libertaire » —, F. Lordon prête quatre caractéristiques : un idéal d’horizontalisme absolu, la croyance en une nature humaine idéalement bonne, le caractère innécessaire de l’État, un internationalisme universaliste. Imperium a pour objectif de saper ces positions. De les dégriser. Dégriser l’horizontalisme : le social est nécessairement vertical. Dégriser l’antiétatisme : il y aura toujours de l’État. Dégriser l’universalisme : il y a et il y aura toujours des appartenances particulières. Dégriser le « rousseauisme » : il y a et il y aura de la servitude passionnelle, de sorte que l’émancipation ne pourra être qu’incomplète.

  • La #ville_intelligente n’aime pas les #pauvres ! | InternetActu
    http://internetactu.blog.lemonde.fr/2017/02/25/la-ville-intelligente-naime-pas-les-pauvres

    « Mais si on parle beaucoup de la Smart City, force est de constater qu’on parle assez peu des pauvres », rappelle Paul Citron. A qui sont réservées ces solutions technologiques ? En ville, les réseaux concernent-ils tout le monde, même les plus pauvres… Quels vecteurs de démocratisation proposent ces nouveaux outils ?

    Dominique Alba se fait un peu mordante, en soulignant que le réseau de fibre optique se déploie à l’Ouest de Paris, mais pas à l’Est, hormis notamment autour de Plaine Commune. Les opérateurs ne s’intéressent pas aux gens qui n’ont pas les moyens de se raccorder. Le risque, c’est le développement d’#inégalités_territoriales au regard de l’accès lui-même. La Smart City n’aime pas la #pauvreté sociale. Qu’offre-t-on comme services au bout de la fibre aux gens, à part d’être chez eux avec leur bouquet de chaîne télé ? On propose des produits finis à des habitants qui n’ont pas d’espace pour bricoler. Ouvrir une capacité de résistance, de résilience, dans un monde qui semble en proposer de moins en moins, c’est certainement ce qui explique le succès de l’#urbanisme transitoire que propose le plateau urbain. Reste que si elle ouvre des possibilités, elle ne résout pas le risque de développement et de renforcement de l’inégalité territoriale.