On a failli attendre ...
L’ombre de Donald Trump, ainsi que de l’affrontement entre Israël et l’Iran, planait sur le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), organisé lundi en Arabie saoudite.
Ce double sommet rassemblait les dirigeants des vingt-deux pays de la Ligue, soit notamment tous ceux du golfe Persique, du Maghreb et du Machrek, ainsi que ceux de l’OCI, forte de 57 membres parmi lesquels, outre les pays arabes, on compte l’Iran, la Turquie, une partie de l’Afrique noire et de l’Asie du Sud-Est. Il se tenait cette année à Riyad, la capitale du poids lourd régional, dans des conditions très particulières.
A la fois en raison de l’élection de Donald Trump, soutien inconditionnel d’Israël et ennemi juré de Téhéran, et du conflit qui fait rage entre l’Etat hébreu, le Hamas et le Hezbollah. Alors que le mouvement palestinien comme la milice chiite libanaise sont des alliés clés de Téhéran.
Les participants au sommet ont d’ailleurs serré les rangs sur ce dossier sensible, aussi bien ceux qui entretiennent des relations diplomatiques avec Israël (Turquie, Egypte, Jordanie, ainsi que Maroc, Emirats arabes unis, Bahreïn et Soudan en vertu des accords d’Abraham de 2020 pilotés par… l’administration Trump), ceux qui n’en ont pas mais dont la coopération avec l’Etat hébreu est un secret de polichinelle, telle l’Arabie saoudite, ou ceux qui jugent carrément illégitime l’existence d’Israël, au premier chef l’Iran, l’Algérie, etc.
Le communiqué final a appelé à l’unanimité Israël à cesser ses opérations militaires contre le Hamas et le Hezbollah, et souligné qu’une paix juste et globale dans la région passait par le retrait d’Israël de la totalité des territoires arabes qu’il occupe depuis 1967, Cisjordanie, Jérusalem-Est et Golan syrien.
Signe de ce durcissement envers Israël, à deux mois du retour au pouvoir d’un Donald Trump dont les principales nominations à son cabinet portent sur des personnalités connues pour leur soutien sans faille à l’Etat hébreu, le prince héritier et maître de facto de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a pour la première fois qualifié de « génocide » l’action de l’armée israélienne à Gaza. Elle a, selon lui, « coûté la vie à 150.000 martyrs, blessés et disparus, dont la plupart sont des femmes et des enfants ». Il a aussi qualifié l’Iran de « république soeur », signe du réchauffement entre les deux puissances rivales régionales, qui ont mis fin en mars 2023 à une brouille de sept ans, sous l’égide de la Chine, après deux ans de négociations secrètes.
Le chef d’état-major de l’armée saoudienne, Fayyad Al Ruwaili, a d’ailleurs rencontré des responsables iraniens à Téhéran, à l’occasion d’une rare visite d’un militaire de haut rang de son pays en Iran. Quelques semaines auparavant, Riyad avait organisé des jeux de guerre avec l’Iran et d’autres pays dans la mer d’Oman. On est encore loin d’une alliance militaire ou économique (le commerce entre les deux pays ne dépasse pas… 1 million de dollars par an), tant les rivalités restent fortes entre ces deux puissances dominant le golfe Persique sur le plan démographique, économique et religieux. Mais il est clair que les deux pays estiment avoir besoin de calmer le jeu entre eux.
L’Arabie saoudite parce que sa politique étrangère n’est pas un franc succès, comme l’illustre son enlisement au Yémen, ou l’échec de son blocus contre le Qatar. Et l’Iran parce qu’à force d’essayer de déstabiliser et intimider tous ses voisins via des relais d’influence, Hamas, Hezbollah et rebelles houthis, il agace tout le monde. Téhéran traverse en outre une mauvaise passe en ce moment, du fait qu’Israël porte de rudes coups au Hamas et au Hezbollah et a démontré l’inanité de sa défense antiaérienne lors des récents échanges de raids. Israël a ainsi affirmé que les sites nucléaires iraniens étaient « plus vulnérables que jamais ».
« Il est clair que Riyad et Téhéran réchauffent leurs relations, ce qui crée un environnement régional bien différent » de celui du premier mandat de Donald Trump, explique H.A. Hellyer, expert du Moyen-Orient à l’institut Royal United Services de Londres, cité par les agences de presse, ajoutant que le nouveau locataire de la Maison-Blanche devra en tenir compte à partir de janvier prochain.
Du coup, l’UE va continuer à renifler le fion de l’oncle Donald et accélérer la décarbonation ou bien ?