Voyage à l’intérieur du FN
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uand il a découvert le slogan de campagne de Marine Le Pen - « Au nom du peuple » - Patrice Hainy a eu envie de crier au « mensonge ». A quarante ans, ce cuisinier au régiment de Thionville, ex-adjoint du maire FN d’Hayange, a tiré de cette expérience une conclusion sans appel : « La gauche et la droite n’écoutent pas le peuple. Au Front national, on passe au stade supérieur : le peuple doit obéir. » Chaque fois qu’elle entend un responsable de son ancien parti dresser un réquisitoire contre le « système », Elisabeth Philippe, élue ex-FN à Marseille, rit jaune : « Le FN se dit hors système, alors qu’il profite du système. C’est un parti comme les autres... et même pire. » A priori, il n’y a rien de commun entre ce Lorrain issu de la CFDT et cette infirmière libérale de cinquante-sept ans, qui s’est longtemps définie comme une « pure et dure » du FN. Rien sauf qu’après avoir vécu l’exercice du pouvoir par ce parti, ils font désormais tout ce qu’ils peuvent pour dissuader les électeurs de voter Marine Le Pen le 23 avril prochain. Ils ne sont pas les seuls.
« On va réussir à démontrer que les Français pourront nous faire confiance demain pour nous confier le pays », avait déclaré la présidente du FN, juste après la conquête de onze villes par son parti. Selon un comptage fait par l’AFP en septembre dernier, quelque 28 % des conseillers municipaux frontistes élus en mars 2014 ont démissionné, soit plus de 400 défections. C’est beaucoup. Bien sûr, les causes sont multiples : déménagements, rivalités politiques et amateurisme persistant dans la constitution des listes. Mais il y aussi des repentis du FN. Et quelques constantes frappent dans leurs témoignages : au début, l’impossibilité de faire leur travail et l’omniprésence des questions d’argent les troublent, puis ils posent des questions et deviennent alors suspects. La rupture est au bout du chemin.