«  La démocratie américaine n’est plus qu’une façade  »

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  • « La guerre est une force qui nous octroie du sens », de Chris Hedges (Actes sud) — Par Sébastien Lapaque
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/12/LAPAQUE/56945

    Il y a ceux qui prétendent faire la guerre sans l’aimer… et ceux qui ne l’aiment plus après l’avoir faite. Engagé sur le théâtre des opérations au Salvador, au Koweït, dans l’ancienne Yougoslavie, en Algérie et en Afghanistan, l’écrivain et reporter américain Chris Hedges ne portait pas d’armes. Cela ne l’a pas empêché de voir la mort de près et de revenir de ces campagnes avec une conviction énoncée dans ce livre publié aux États-Unis en 2002 et traduit aujourd’hui par Nancy Huston : « Pour servir la cause de la guerre, on démantèle notre univers moral. Et, une fois démantelé, il est presque impossible de le reconstituer. » Son plaidoyer pour la paix ne rejette pas la raison — et notamment l’ultima ratio regum dont parlaient les Anciens — ni ne met en question la nécessité de défendre ses amis contre ses ennemis. Cela ne l’empêche pas d’observer avec effroi que la guerre, aujourd’hui comme hier, peut faire office de stimulant destiné à « divertir une société au bord de la faillite ». Courageux et surprenant.

    Chris Hedges : «  La démocratie américaine n’est plus qu’une façade  »
    http://lemonde.fr/international/article/2017/01/03/chris-hedges-la-democratie-americaine-n-est-plus-qu-une-facade_5056866_3210.

    Par rapport à la guerre du Vietnam, comment la société américaine vit-elle la guerre en cours ?

    Le conflit au Vietnam était contenu là-bas, alors que celui qui est en cours se traduit par des actes de terrorisme sur le sol américain ou européen. L’autre différence, c’est qu’il n’y a plus de service militaire ni de conscription. La guerre actuelle est menée par les pauvres. Seule une assez petite partie de la population est touchée, contrairement à l’époque du Vietnam. Les gens n’ont pas vu leurs enfants partir ou leurs impôts augmenter. Il n’y a pas d’effet majeur, les Américains peuvent faire comme si la guerre n’existait pas. La preuve, c’est que la presse ne la couvre presque plus, et pas seulement pour des raisons économiques.

    (…)

    Trump va-t-il inaugurer une ère de repli sur soi et d’isolationnisme ?

    C’est ce qu’il dit, mais on verra. C’est le problème des empires : ils s’étendent au-delà de leurs capacités et finissent par s’écrouler de l’intérieur. Traversez les Etats-Unis : c’est une épave, une ruine. Allez à Cleveland, quittez le centre-ville, c’est le tiers-monde ! Pour survivre, l’empire doit alors rapatrier sur le territoire national ses forces répressives : notre police se militarise, s’équipe de drones, use de la force létale sans discernement. Nous déclinons, comme Rome, qui ne parvenait plus à mobiliser ses citoyens pour se défendre et a dû, à la fin de la république, faire appel à des mercenaires qui ont fini par désigner un empereur. Nous avons la même élite gouvernante corrompue et dévoyée. Notre démocratie n’est plus qu’une façade.

    via @opironet #conflit #guerre #États-Unis