Non-candidature indigène - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales

/Non-candidature-indigene-contre

  • Mexique
    Non-candidature indigène
    par Louise Wailly & TomJo
    paru dans CQFD n°152 (mars 2017)
    http://cqfd-journal.org/Non-candidature-indigene-contre

    Ceci n’est pas une candidature zapatiste
    C’est celle de milliers de communautés indigènes qui, contrairement à l’image qu’on voudrait bien garder d’elles, n’ont pas besoin d’être manipulées par une obscure avant-garde pour penser stratégie. Certes, l’idée vient de l’EZLN, mais elle a été discutée pendant trois mois dans tout le Mexique par des communautés qui n’ont rien à envier aux zapatistes.

    C’est ainsi que nous le raconte le compañero Siete Nubes, du Comité de soutien aux peuples du Chiapas en lutte (CSPCL) : « Le CNI a une longue histoire de vingt ans, et il regroupe de nombreuses communautés indiennes de tout le pays, avec des expériences de lutte extrêmement fortes, et totalement autonomes dans leur mode d’organisation par rapport à l’EZLN : les Yaquis, Cherán, Ostula, Xochistlahuaca, Amilcingo, les Chinantèques, les Mayas du Yucatán, Tila, les communautés du Guerrero et beaucoup d’autres... Chacune avec ses combats, ses morts, ses disparus, son histoire de récupération des terres, d’organisation communautaire autonome, ses propres langues, usages, traditions… » Cette candidature dépasse donc le seul Chiapas et se différencie de tout parti politique.

    En effet, ceci n’est pas une promesse de changement comme le ferait n’importe quel sauveur charismatique de la gauche, du genre de ceux qu’on trouve au Mexique ou en Europe. Quand ils prétendent « démonter le pouvoir d’en haut pour le reconstruire d’en bas », ce n’est pas un programme mais une réalité qui veut se faire connaître à travers toute la géographie américaine, des Sioux du Dakota aux Mapuche du Chili. Comme l’affirme Jérôme Baschet, rencontré à San Cristóbal, « cette candidature ne signifie aucun renoncement à l’autonomie, elle est un moyen de trouver un biais offensif et défensif pour permettre aux communautés attaquées par l’État et les narcotrafiquants de se retrouver et de tisser des liens. Le but n’est pas d’être élu mais de continuer à inventer une autre réalité ». Passer par un village zapatiste, c’est croiser une école et une clinique autonomes, mais aussi une junta de buen gobierno dans laquelle « le peuple commande et le gouvernement obéit ». Pour programme, il y a donc 23 ans de rébellion zapatiste, 500 ans de résistance indigène. La campagne aura pour enjeu principal de faire connaître ceux qui s’organisent déjà, et de sortir de la marginalisation médiatique et politique.

    #Chiapas #Élection #Mexique #Non-candidature #CQFD