• Athènes, 22 décembre 2017, pour mémoire – ou la vie sauvage via @kaparia
    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2017/12/22/athenes-22-decembre-2017-pour-memoire

    Aujourd’hui, un par un, les députés de l’ancienne “gauche radicale” grecque, au pouvoir depuis bientôt trois ans, votent en faveur de l’incarcération des militants du mouvement social qui se seront opposés à la saisie (pour dettes ou défaut de paiement) d’une résidence principale et à l’expulsion locative qu’elle entraîne.
    (Se seront opposés de leurs corps ; se seront interposés entre les expulsables et les agents chargés d’appliquer la sentence, de les virer de chez eux, de les mettre à la rue ; auront donc dans le langage néo-libéral fait “violence” à des dépositaires de la force publique. Existe-t-il aujourd’hui, dans la solidarité avec les réfugiés, dans la défense des droits sociaux les plus élémentaires, d’autre forme d’opposition que celle qui engage le corps et se trouve ainsi automatiquement dénoncée comme “violence” par les gouvernements européens ?)
    Aujourd’hui, un par un, les députés de l’ancienne “gauche radicale” grecque votent en faveur de l’incarcération des activistes de ce mouvement social qui, à partir des assemblées de 2011, les a portés au pouvoir. (Pour mémoire : en 2010, encore, Syriza était une coalition à bout de souffle, privée de dynamique, de forces vives, de direction, au bord de la scission). Le fait que cette même formation ait pu moins de deux ans plus tard se retrouver à quelques voix du pouvoir (et ait fini par l’emporter en janvier 2015) doit tout à la dynamique impulsée en 2011 par les collectifs de base apparus dans les quartiers populaires d’Athènes (ou en province, en particulier dans des luttes liées à la défense du territoire), et qui étaient très largement indépendants (et pour cause) de tout appareil préexistant.
    De l’instrumentalisation du mouvement social grec par la gauche de gouvernement à sa répression pure et simple, un pas semble donc être franchi.

    #dette #logement #expulsion #luttes #gauche #répression

  • à bientôt j’espère

    Comment échapper à la dialectique de la forme parti, qui rassemble en même temps qu’elle divise et exclue ? Comment ne pas voir que le relatif insuccès de FI est largement dû, autant que son succès, à cette contradiction ? De quelle façon penser, collectivement, une autre dialectique entre société et politique, une dialectique reflétant l’horizontalité effective du débat politique en cours et à la faveur de laquelle le niveau de la décision politique serait soumis à la société, et non l’inverse ?

    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2017/05/05/a-bientot-jespere

    #ElectionsPresidentielles2017 #gauche #mouvement #néolibéralisme #fascisme

  • Étrangers et intellectuels: les deux cibles de l’extrême-droite

    Le débat est ouvert, mais l’objectif de recomposition sociologique, politique et culturelle en question pourrait peut-être être résumé comme suit : celui d’une nouvelle politique du commun. Une politique du temps partageable, de l’échange, de la vie sociale, une politique de la pensée, du droit à la pensée, du droit de chacun à la dignité politique — une politique des formes de vie sociale permettant à chacun de vivre, d’échanger et de partager son savoir : de faire société. Une politique ne s’articulant pas sur la séparation entre intellectuels et manuels, sur un « nouveau rôle » ou une « nouvelle mission » des intellectuels ne faisant au final que reproduire des cloisonnements sociologiques périmés, mais revendiquant au contraire l’accès de tous au temps de la réflexion, de l’échange et de la culture. More time , chantait Linton Kwesi Johnson, we need more time . Reste notamment à savoir si cette revendication touchant au temps n’implique pas nécessairement, aussi, une nouvelle conception du revenu, conçu comme un droit et comme une garantie analogue à celle que la Sécurité sociale a permis d’instaurer, en France, au sortir de la deuxième guerre.

    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2017/05/02/etrangers-et-intellectuels-les-deux-cibles-de-lextreme-dro

    #ANTIFASCISME #AUSTÉRITÉ #AUTOGESTION #ÉLECTIONS #CULTURE #DETTE #EXTRÊME_DROITE #FASCISME #FRONT_NATIONAL #GRÈCE #HAMON #JUSTICE #LUTTES #MACRON #MÉLENCHON #MOUVEMENT #MOUVEMENTS #NÉO_FASCISME #NÉO-LIBÉRALISME #OCCUPATION #PARTI_SOCIALISTE #POLITIQUE #PRODUCTION #revenu

  • Face au chantage : à propos du 7 mai 2017

    Je sais que l’alternative qui nous est aujourd’hui proposée (entre la finance ou le fascisme) est une forme particulièrement viciée, particulièrement perverse de reconduction de ce pacte passé dès les premières années du gouvernement socialiste (1983) entre ces mêmes classes moyennes, les professions libérales et le patronat, sur le dos de ceux qui ne possèdent pas de capital et, en particulier, pas de capital culturel.

    Je sais que, par rupture avec toute une partie du mouvement ayant suivi Mai 68, l’écrasante majorité des intellectuels « de gauche » a, à un moment crucial, pris le parti ou décidé de se retirer du jeu, de la construction de solidarités entre les classes, de l’organisation de transferts et d’échanges réciproques de savoir permettant de bâtir des luttes entre pratiques ouvrières, agricoles et savoir livresque, théorie, réflexion collective, création d’espaces pour un discours et une expérience politique en commun entre l’usine, les champs et l’université : de cesser d’incarner un point de connexion, de jonction, entre classes populaires et classes passées par l’université (et cela vaut autant pour le monde de la production industrielle que pour le monde rural ; mais aussi, de manière chaque jour plus aiguë, de la solidarité en acte avec les migrants).

    Je sais que la reconduction de ce pacte marqué par l’égoïsme bourgeois le plus étroit ne peut plus aujourd’hui se prévaloir, s’il l’a jamais pu, de cette caution morale qu’était jusqu’à présent censée lui apporter l’injonction du « tous ensemble contre le fascisme », en premier lieu parce que la gauche de gouvernement a transformé l’antiracisme en serpillière de ses opportunismes et de ses reniements, en second lieu parce qu’aucune réflexion sociale n’a jamais accompagné aucun « sursaut républicain ». Privé de toute véritable réflexion sur les causes sociales de la montée de l’extrême-droite, cet antiracisme-là (celui de SOS Racisme comme des grandes manifestations unitaires des années 90 — mais certainement pas celui, dans notre enfance, de la belle marche pour l’égalité) n’a jamais été qu’une passoire, qu’un crible ne faisant dans le fond barrage à rien — la preuve en est apportée aujourd’hui, de la façon la plus critique, la plus criante et, au vrai, la plus dramatique qui soit.

    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2017/04/29/face-au-chantage-a-propos-du-7-mai-2017

    #ANTIFASCISME #AUSTÉRITÉ #ÉLECTIONS #EXTRÊME-DROITE #FASCISME #FRONT_NATIONAL #LUTTES #MACRON #MÉLENCHON, #MOUVEMENT #MOUVEMENTS #NÉO-LIBÉRALISME #OCCUPATION #POLITIQUE #RÉSISTANCES #RUES #SYNTAGMA

    • écho (pas si lointain) retrouvé par @colporteur :

      Un nouveau « style Libé », fait de renoncement, de torpeur et fréquemment de cynisme, n’a cessé de gagner du terrain [parmi les composantes intellectuelles dites de gauche]. (...) Sans qu’on y ait pris garde, une restauration de valeurs traditionnelles s’est instaurée. Elle a fait le lit de la révolution de droite en train de s’affermir. Et toute cette affaire, ce qui ne manque de piment, s’est développée dans le contexte sirupeux d’un pouvoir socialiste bon chic bon genre, lui-même très soucieux d’assurer son image de marque auprès des milieux financiers et des oligarchies traditionnelles. Le résultat est là : une masse considérable d’abstentions (...), une force fasciste en voie de constitution, l’émiettement de la capacité collective de résistance au conservatisme, la montée du racisme et de l’entropie mortifère. (...)
      Force est de constater que les socialistes français ont perdu la mémoire du peuple. La plupart d’entre eux ne donnent plus à la polarité droite-gauche un autre sens que circonstanciel. Qui mise encore, parmi eux, que les opprimés, en France comme dans le reste du monde, sont porteurs d’un avenir, de potentialités créatrices ? Qui mise encore sur la démocratie comme levier de transformation (pour autant qu’elle donnerait une prise sur les réalités contemporaines) ? Faute d’avoir œuvré à temps à la cristallisation des nouveaux modes de socialité articulés aux « révolutions moléculaires » qui traversent les sciences, les techniques, la communication, la sensibilité collective, la gauche a laissé passer l’occasion historique qui lui était offerte. Elle s’est engagée dans une surenchère absurde avec la droite sur le terrain de la sécurité, de l’austérité et du conservatisme.

      (Félix Guattari, Les Années d’hiver, 1980-1985 )

    • @kaparia a aussi publié Étrangers et intellectuels: les deux cibles de l’extrême-droite
      https://oulaviesauvage.wordpress.com/2017/05/02/etrangers-et-intellectuels-les-deux-cibles-de-lextreme-dro

      en souvenir de Sadek Aïssat

      1

      Constitution d’un corps national ou racial opposé à celui de l’étranger et se définissant par son opposition à lui, le fascisme est aussi, et peut-être surtout, le nom d’une politique contre la #pensée, d’un discours érigeant la haine de la culture (de la critique, des livres, de la solitude de l’étude comme de la vie sociale, des discussions du dimanche, au marché, dans les quartiers où les gens parlent, de la parole elle-même, de la discussion libre) en principe d’organisation politique. Le fascisme contemporain tend ainsi, quels que soient les pays où il prend racine, à réduire la figure des possédants à ceux qui détiennent un capital symbolique. Par l’effet d’un glissement aussi pervers qu’efficace, le #possédant devient celui qui possède des livres, des mots, un savoir : celui qui a le temps et le loisir d’exercer sa pensée, de réfléchir, d’avoir une vie sociale et une vie politique nourrie du commerce et de la pensée des autres. Sous cet angle, l’extrême-droite peut apparaître comme la conjugaison de deux haines, de deux cibles proposées à la vindicte du plus grand nombre en guise de discours unificateur : la haine des intellectuels et la haine des étrangers, de ceux que l’on présente comme ne faisant pas partie du peuple, comme détachés du corps social — un corps préalablement identifié à la Nation, ou à la Race.

  • S’il te plaît, dessine-moi un silence

    Ne bougeons pas.

    Surtout.

    Ne bougeons surtout pas.

    Organisons dès maintenant, par notre inertie même, ce grand mouvement contre la jeunesse, les arbres, les ressources naturelles, les banquises, la pensée, que notre époque appelle.

    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2017/04/28/sil-te-plait-dessine-moi-un-silence

    #ANTIFASCISME #AUSTÉRITÉ #ÉLECTIONS #EXTRÊME-DROITE #FASCISME #FRONT_NATIONAL #LUTTES #MACRON #MÉLENCHON, #MOUVEMENT #MOUVEMENTS #NÉO-LIBÉRALISME #OCCUPATION #POLITIQUE #RÉSISTANCES #RUES #SYNTAGMA

  • En cage

    Pourquoi accepter aujourd’hui les termes d’un débat piégé ? Pourquoi accepter, face à la gravité des enjeux, de maintenir nos réflexions, nos débats, nos échanges dans un cadre ne remettant pas en cause le calendrier électoral et, au-delà, les contraintes de la forme parti, de la parcellisation et de l’aliénation de notre temps et de notre vie politiques, de la « représentation », du pouvoir ascendant, des consultations en interne ? Indépendamment du choix final, l’enjeu, dit Myrto Reiss sur un forum de discussion, est de « maintenir le débat à un niveau autre que celui que ce système électoral nous impose », celui d’une « pensée binaire et compulsive » : système à deux tours conçu « pour rendre les débats inopérants ». Le choix (entre banque ou fascisme) est faussé, l’alternative est un piège (ce qui ne signifie pas qu’elle puisse être facilement contournée : un piège n’est pas un simulacre) et le dilemme du second tour peut apparaître comme une nouvelle manifestation du dogme thatchérien selon lequel il n’est pas d’alternative : avec des modalités différentes, selon un processus autre, la France du mois d’avril 2017 se retrouve en définitive aussi profondément piégée que la Grèce de juillet 2015. Dans ces conditions, l’urgence n’est-elle pas de parvenir à formuler et faire entendre, malgré tout, un discours autre ? À marquer que le scénario confirmé par les résultats de dimanche est celui-même qu’annoncent, qu’anticipent et que préparent depuis des mois les grands groupes de presse, et qu’il est conforme aux vœux de l’élite néo-libérale ? Qu’En Marche ! et le Front National sont les deux pièces d’une même tenaille ? Que néo-fascisme et néo-libéralisme sont en France comme ailleurs, singulièrement aux Etats-Unis, et de façon de plus en plus nette à mesure que nous nous avançons dans les suites de la crise de 2008, les deux faces d’une même monnaie ?

    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2017/04/26/combien-de-temps-encore

    #ANTIFASCISME #AUSTÉRITÉ #ÉLECTIONS #EXTRÊME-DROITE #FASCISME #FRONT_NATIONAL #LUTTES #MACRON #MÉLENCHON, #MOUVEMENT #MOUVEMENTS #NÉO-LIBÉRALISME #OCCUPATION #POLITIQUE #RÉSISTANCES #RUES #SYNTAGMA

  • Fleurs de ruines : lieux de création alternatifs dans la Grèce des mémorandums

    À partir de 2010, des dizaines de lieux de création alternatifs commencent à apparaître dans les ruines laissées par le retrait et la faillite de l’État grec. Dans le même temps, des fondations privées aux moyens colossaux ouvrent leurs portes ou sont mises en chantier. À partir de notre expérience propre (la création d’un espace culturel alternatif, l’Atelier de réparation de télévisions, par Fotiní Banou et moi-même en novembre 2012), ce texte a pour objet d’esquisser un tableau du paysage culturel apparu à Athènes dans le contexte de crise, d’offensive néo-libérale et de « résistance créatrice » que connaît le pays depuis 2008.

    #austérité #autogestion #culture #dette #Grèce #invention #mouvements #politique #production #résistances #théâtre #fondations #LVMH

    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2017/03/08/fleurs-de-ruines-lieux-de-creation-alternatifs-dans-la-gre