Les petits maires rechignent à parrainer les candidats
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(article du 24/02/17, j’avais pas vu)
Pierre Méry est en colère. Le maire de Fournols, un village du Puy-de-Dôme, a « l’habitude de dire les choses crûment, comme [il] les pense ». Depuis des semaines, il a été « beaucoup sollicité » par des « petits candidats » qui cherchaient à obtenir son parrainage pour pouvoir espérer se présenter l’élection présidentielle. A chacun, l’élu a donné la même réponse : un « non », clair, net et définitif.
Il y a cinq ans, M. Méry avait parrainé Marine Le Pen, « pour une question civique » car il ne trouvait pas juste que « quelqu’un qui fait 20 % aux autres élections ne puisse pas se présenter à la présidentielle ». Alors pourquoi, cette année, une telle désaffection ? « C’est vraiment la chienlit, les candidats ne sont que des guignols ! », s’emporte-t-il. Le maire invoque pêle-mêle le manque de considération des politiques nationaux à l’égard des maires ruraux, l’ambition personnelle qui passe avant l’intérêt général. Pierre Méry est tellement énervé qu’il a pris quinze jours de vacances au moment de la présidentielle et ne votera pas.
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Vanik Berberian, le président de l’association des maires ruraux de France (AMRF), voit cette année apparaître « quelque chose de nouveau » chez ses pairs : « une saturation, une grande lassitude ». Il évoque une sorte de « grève des parrainages » des élus ruraux, lesquels « ne veulent pas s’immiscer dans un jeu politique national qui les navre ».
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Pour la première fois, cette année, les noms de tous les « parrains » seront publiés, au fur et à mesure de l’arrivée des formulaires au Conseil constitutionnel. Or « les maires ont peur d’être assimilés aux candidats, ils n’ont pas envie d’être interpellés par leurs administrés, de se voir poser une étiquette », explique Sylvie Najotte, élue de Montigny-les-Vaucouleurs (Meuse) et présidente de l’association des maires ruraux dans ce département. Elle a choisi de parrainer la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud mais voit beaucoup de ses collègues déboussolés, dégoûtés, en proie « à un certain ras-le-bol des politiques ».
Christophe Petit, maire de Lestards (Corrèze), a été « échaudé » par une précédente expérience. « En 2002, j’ai parrainé Corinne Lepage. J’aurais aimé avoir une lettre de remerciement, un coup de fil. Mais rien. » Jusqu’à ce que, cinq ans plus tard, des membres de l’équipe de la même candidate le sollicitent à nouveau. « Ils n’ont pas été déçus du voyage, je les ai gentiment renvoyés dans leurs buts. »