2017 - asile.ch

/2017

  • Première étape dans la mise en œuvre graduelle du #Pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile : mode opératoire d’un mécanisme de #solidarité_volontaire

    Nous, les ministres chargés des questions migratoires d’Allemagne, de Belgique, de Bulgarie, de Chypre, de Croatie, d’Espagne, de Finlande, de France, de Grèce, d’Irlande, d’Italie, de Lituanie, du Luxembourg, de Malte, des Pays-Bas, du Portugal, de République tchèque, de Roumanie, de Norvège de Suisse et du Liechtenstein, en présence de la Commission européenne :

    conscients de la nécessité de mettre en place, dans le cadre de la première étape de la mise en œuvre graduelle du Pacte européen sur la migration et l’asile et parallèlement à l’adoption d’approches générales ou de mandats de négociations sur les règlements « filtrage » et « Eurodac », un mécanisme temporaire de solidarité visant à apporter une réponse concrète aux difficultés migratoires que rencontrent les États membres de première entrée du bassin méditerranéen ;

    conscients du fait que les défis migratoires auxquels fait face l’UE ont été exacerbés par l’agression de la Russie contre l’Ukraine qui a provoqué, ces derniers mois, un afflux massif de populations sur le territoire de l’Union, justifiant la mise en place d’une solidarité européenne sans précédent ;

    admettant que certains États membres signataires puissent estimer qu’ils ne sont temporairement pas en capacité de contribuer audit mécanisme en raison de la pression disproportionnée à laquelle ils sont soumis ;

    soulignant que ce mécanisme, quoique temporaire et non-législatif, peut apporter des enseignements utiles à l’établissement du mécanisme permanent prévu par le règlement sur la gestion de l’asile et de la migration proposé par la Commission européenne, et que les leçons ainsi tirées seront prises en compte dans les négociations en cours sur cet instrument ;

    pleinement conscients de la place centrale du principe de solidarité dans le projet européen et, en particulier, dans la politique commune en matière d’asile, d’immigration et de contrôle des frontières extérieures, dont l’application du règlement de Dublin fait partie ;

    nous engageons à mettre en œuvre un mécanisme de solidarité volontaire, simple et prévisible destiné à fournir aux États membres les plus touchés par les flux migratoires du bassin méditerranéen et les plus sous pression, y compris sur la route atlantique occidentale, une assistance adaptée à leurs besoins provenant d’autres États membres en complément du soutien européen, en proposant des relocalisations (méthode privilégiée de solidarité) et des contributions financières sans préjudice du droit de l’Union et en particulier du règlement n° 604/2013 ;

    soulignons, tout en reconnaissant que le caractère volontaire de ce mécanisme permet aux États membres d’émettre des préférences quant à la nature et au montant de leurs contributions, par exemple en ce qui concerne les populations admissibles aux relocalisations (nationalité, vulnérabilité, etc.) ou les États membres bénéficiant de leur solidarité, que les critères communs suivants devront être respectés afin de garantir la prévisibilité du mécanisme :

    – les relocalisations doivent s’appliquer en priorité aux États membres confrontés aux débarquements de migrants consécutifs à des opérations de recherche et de sauvetage en mer sur la route méditerranéenne et atlantique occidentale, ainsi qu’à d’autres situations pour prendre en compte la situation actuelle de Chypre ou d’éventuelles évolutions dans les îles grecques ;
    – les relocalisations doivent être proposées en priorité aux personnes en besoin de protection internationale, à commencer par les plus vulnérables ;
    - un volume de relocalisations annuel total sera défini afin de garantir la prévisibilité du mécanisme ;
    – chaque État membre contributeur devrait présenter un engagement en matière de relocalisation avec une cible indicative de relocalisations établi sur la base de sa population et de son PIB[1], tout en conservant la possibilité de dépasser cette part ;
    – en cas de pression disproportionnée sur un État membre et son système d’accueil résultant de flux secondaires, compte tenu de la coopération prévue par le système de Dublin, cet État membre devrait pouvoir invoquer cette situation pour revoir temporairement son engagement en matière de relocalisation ;

    nous engageons, lorsqu’un État membre fait volontairement le choix de participer à la solidarité collective non par une relocalisation mais par une contribution financière à un État membre bénéficiaire ou à des projets dans des pays tiers pouvant avoir une incidence directe sur les flux aux frontières extérieures de l’UE, à respecter les modalités suivantes :

    – les principes énoncés ci-dessus, concernant le calcul de la contribution indicative de chaque État membre ainsi que la possibilité de revoir temporairement celle-ci en cas de pression migratoire disproportionnée, devraient s’appliquer ;
    – une contribution indicative minimale sera prévue pour chaque État membre participant, afin que la contribution totale cible ne soit pas excessivement réduite si un petit nombre d’États membres participent à la relocalisation, et pour affirmer la priorité de la relocalisation sur les contributions financières dans le cadre de ce mécanisme de solidarité ;
    - des transferts financiers directs seront réalisés entre États membres, par souci de simplicité budgétaire ;
    - la Commission sera appelée, après consultation des États membres contributeurs et bénéficiaires, à déterminer les États membres qui devraient recevoir cette aide financière ;

    appelons la Commission européenne, en collaboration étroite avec les États membres et avec le soutien des agences, à garantir la bonne coordination du mécanisme et à veiller au respect des engagements pris par les parties signataires ; ce rôle de coordination implique également la réalisation d’un recensement complet des besoins des États membres de première entrée, y compris les besoins de financement de projets dans des pays tiers ; la Commission évaluera les transferts financiers à réaliser afin de répondre à ces besoins et contrôlera leur utilisation ;

    convenons que, sur la base des besoins exprimés par les États membres de première entrée, les États membres qui souhaitent participer peuvent leur fournir des aides en matière de services, de personnel, d’infrastructures (dans des domaines comme l’accueil, la surveillance des frontières, le contrôle, la rétention et le retour) ; cette solidarité matérielle sera comptabilisée comme une solidarité financière, conformément aux besoins évalués par la Commission ;

    précisons que l’ensemble du mécanisme de solidarité est ouvert aux États associés ;

    convenons que le mécanisme de solidarité sera applicable à compter de la signature de la présente déclaration, mais que les contributions de solidarité commenceront, sous réserve que le recensement des besoins ait été réalisé par la Commission, dès le moment où le Conseil aura convenu de mandats de négociations ou d’approches générales sur les propositions de règlements « filtrage » et « Eurodac » ; néanmoins, des personnes arrivées sur le territoire de l’UE avant cette date pourraient être relocalisées, et des personnes arrivées après cette date pourraient faire l’objet d’un engagement de relocalisation ; les relocalisations devraient bénéficier d’un financement de l’UE et de l’assistance de l’AUEA, conformément au mandat de cette dernière, sur demande des États membres concernés ;

    convenons d’évaluer la mise en œuvre de ces engagements avant l’expiration du mécanisme, un an après son entrée en vigueur, afin de décider de son éventuelle prolongation, en tenant compte des avancées réalisées dans l’adoption et la mise en œuvre des règlements « filtrage » et « Eurodac », de l’évolution des flux migratoires primaires et de l’efficacité de la prévention des flux secondaires (notamment par le règlement de Dublin) ; un examen préliminaire sera réalisé six mois après l’adoption des approches générales de ces règlements et le début des opérations de solidarité ; les répercussions possibles de ce mécanisme sur les flux migratoires seront étudiées, et l’extension de la portée du mécanisme sera envisagée ;

    nous engageons à renforcer la coopération autant que possible pour ralentir les flux migratoires secondaires en accélérant les transferts organisés en vertu du règlement de Dublin, tout en reconnaissant qu’il est primordial de veiller à ce que les personnes bénéficiant d’une protection internationale disposent d’une mobilité légale entre États membres et que les dispositions pertinentes du Pacte devraient être examinées dans ce contexte ;

    affirmons notre volonté de conclure rapidement cette première étape de la négociation du Pacte européen sur la migration et l’asile, dont la présente déclaration constitue un élément essentiel, et de poursuivre dès que possible les négociations relatives à tous les éléments du Pacte, au sein du Conseil et avec le Parlement, afin de doter l’Union du cadre législatif stable dont elle a besoin pour répondre aux défis futurs en matière d’asile et de migration.

    [1]. Cette part est calculée en multipliant le nombre total de relocalisations pour l’État membre par la moyenne de son PIB par rapport au PIB total des États membres de relocalisation et de sa population par rapport à la population totale des États membres de relocalisation.

    https://presidence-francaise.consilium.europa.eu/fr/actualites/premiere-etape-dans-la-mise-en-oeuvre-progress

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    Pour rappel, la relocalisation version #2015 (un #échec) :
    Relocalisation : des annonces à la réalité, une comptabilité en trompe-l’œil

    Dans un euphémisme dont les fonctionnaires européens ont le secret, le douzième rapport de la Commission européenne sur les relocalisations publié le 16 mai souligne que la « tendance positive » se poursuit. Concrètement, cela signifie que 2078 opérations supplémentaires ont eu lieu depuis le rapport du 12 avril, portant à 18’418 le nombre total de personnes relocalisées depuis septembre 2015 (5711 pour l’Italie et 12’707 pour la Grèce).

    –-> pour rappel, l’UE avait promis 160’000 relocalisations dans le cadre de ce mécanisme...

    https://asile.ch/2017/06/10/aedh-relocalisation-annonces-a-realite-comptabilite-trompe-loeil

    #asile #migrations #réfugiés #relocalisations #relocalisation (#relocalisation_bis) #EU #Europe #UE #filtrage #eurodac #pression #mécanisme #Dublin #règlement_Dublin #mécanisme_de_solidarité_volontaire #assistance #contributions_financières #tri #catégorisation #vulnérabilité #flux_secondaires #mouvements_secondaires #pacte_européen #2022 #Europe #EU #UE #demandeurs_d'asile #voluntary_solidarity_mechanism

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    ajouté à la métaliste sur le pacte :
    https://seenthis.net/messages/1019088

    ping @karine4 @isskein

    • Croatia announced that it would receive about 60 refugees through relocations from Greece, Italy and Cyprus initiated by France
      Hrvatska pomaže u preseljenju, prihvatit će oko 60 azilanata

      Ova inicijativa o relokaciji azilanata dolazi baš iz Francuske, koja do kraja mjeseca predsjeda Vijećem EU, i potpuno je na dobrovoljnoj bazi, s ciljem da se privremeno odterete najpogođenije države.

      Tek nekoliko europskih država ponudilo je pomoć za relokaciju tražitelja azila koji stižu na obale Mediterana, prije svega u Italiju, Grčku i na Cipar. Hrvatska je jedna od tih država i prihvatit će 60-ak azilanata, doznajemo. Ostale države koje su im ponudile mjesta su Francuska, Njemačka, Portugal i Irska.

      Dobrovoljne prijave za relokaciju tražitelja azila još traju, a one su pravi znak da proklamirana solidarnost unutar EU izgleda na djelu – rubne države, i prije početka migrantske krize, trpe najveći migrantski pritisak i cilj i ove inicijative jest da se podijeli teret. Hrvatska, osim te važne komponente solidarnosti, ovim podržava i Francusku i njezinu širu inicijativu reformiranja sustava azila, o kojem se pregovara, što opet ide u korist hrvatskom cilju – ulasku u Schengen. Ta deklaracija o pomoći državama i tražiteljima azila usvojena je na zadnjem sastanku ministara unutarnjih poslova u Luxembourgu.

      Prihvat ili novčana pomoć Ova inicijativa o relokaciji azilanata dolazi baš iz Francuske, koja do kraja mjeseca predsjeda Vijećem EU, i potpuno je na dobrovoljnoj bazi, s ciljem da se privremeno odterete najpogođenije države. Ni jedna ponuda ne znači obvezu. EU države imaju opciju preuzeti migrante ili dati financijsku pomoć, o čemu je postignut dogovor na nedavnom sastanku ministara unutarnjih poslova u Luxembourgu. Ta usvojena politička deklaracija, kako se i pretpostavljalo, podijelila je europske države na dva dijela: one koje nikako ne žele migrante i platit će da ih ne uzmu, i one koje se solidariziraju s državama koje su najviše na udaru migrantske krize. Do sad je, prema zadnjim aplikacijama, iz EU država došlo između 7000 i 8000 potvrda da bi preuzeli migrante. U tomu prednjače Njemačka i Francuska s njih oko 3000, dok ostale države nude primiti gotovo simboličan broj ljudi. Privremeni plan je godišnje razmjestiti 10.000 ljudi, sve do stvaranje stalnog europskog sustava relokacije. Ovo nije prvi put da se europska proklamirana solidarnost stavlja na stol i da države dobrovoljno preuzimaju teret. Hrvatska je jedna od država koja su se do sada pokazale solidarnima. U ožujku 2020. odlučila je odgovoriti na poziv Grčke te prihvatiti djecu bez pratnje – djecu koja su sama, bez roditelja, rođaka ili skrbnika – iz izbjegličkih kampova na grčkim otocima, koji su zadnjih tih dana bili zasuti dolaskom migranata. Djeca su najranjivija skupina u svakom sukobu, posebice ona koja su iz nekog razloga sama u izbjeglištvu, bilo da su im roditelji stradali ili nestali, bilo da su žrtve krijumčara ljudi pa je pomoć njima ponajprije humanitarno i civilizacijsko pitanje. I tada je samo 14 država odlučilo učiniti isto. Hrvatska je trebala preuzeti 12 djevojčica i jedno novorođenče, obavljene su sve pripreme, djeca su prošla i sigurnosnu provjeru, pripremljeni su kapaciteti i sustav psihosocijalne pomoći da bi se naposljetku dogodio obrat te su djevojčice, pred sam polazak s grčkih otoka, odbile doći u Hrvatsku i odabrale zapadnu Europu. Tada se špekuliralo da su na to bile nagovorene.

      Istovremeno, Hrvatska i dalje štiti vanjsku granicu EU. Pritisak ilegalnih migracija na vanjske granice Europske unije ne staje, a najteža je situacija na tzv. zapadnobalkanskoj ruti, koja vodi i do Hrvatske. Uz najveći broj pokušaja ilegalnog prijelaza EU granica, posebnost na toj ruti je ta što migranti, jednom kad stignu, ostaju u području uz granicu tako da se njihov broj više nego udvostručio u odnosu na lani i sada njih 12.088 blizu Hrvatske čeka da nekako uđe u EU. Za razliku od drugih ruta, migranti na ovoj ruti neprestano pokušavaju prijeći granicu. Budu li vraćeni, jednostavno će pokušati ponovno, kažu iz Agencije za europsku graničnu i obalnu stražu (Frontex). Pomoć na terenu Napredak u reformi migracijske politike i schengenskog zakonika pomoći će Hrvatskoj, kako na terenu, tako i za ulazak u Schengen, jer je riječ o dva procesa koji idu zajedno. Posebice je važno što je impuls za konačan dogovor, o potrebi kojeg se govori godinama, došao iz Francuske te je i toj državi važno imati podršku od članica EU, što ima od Hrvatske. S druge strane, politička pomoć Francuske za ulazak u Schengen među ključnim je momentima procesa. Na zadnjem sastanku ministara unutarnjih poslova postignut je napredak kad je usvojeno zajedničko pregovaračko stajalište o prijedlozima uredbi o registriranju migranata i Eurodacu, europskom sustavu za usporedbu otisaka prstiju podnositelja zahtjeva za azil te uspostavi mehanizma solidarnosti za rasterećivanje država članica na vanjskim granicama koje su najviše pod pritiskom migranata s Mediterana.

      https://m.vecernji.hr/vijesti/hrvatska-pomaze-u-preseljenju-prihvatit-ce-oko-60-azilanata-1596400

      #Croatie

    • First asylum seekers relocated from Italy to France via new EU mechanism

      A group of 38 asylum seekers left Italy for #France last week. They are the first to be relocated under the EU’s new ’voluntary solidarity mechanism.’

      The asylum seekers left Italy for France on Thursday (August 25), according to the Italian interior ministry. France and Italy are among the countries that agreed to take in migrants and refugees from European countries that experience a large number of arrivals. France agreed to take in 3,000 people per year through the EU’s new ’solidarity mechanism’, according to reports from news agency ANSA.

      Before the 38 asylum seekers could leave for France, Italian authorities carried out identification and health checks. The EU asylum agency also registered their international protection applications, while French authorities analyzed individual files, and interviewed asylum seekers. French officials had visited a center for asylum seekers in Bari, southern Italy between July 28 and August 2.

      The EU and the International Organisation for Migration (IOM) reportedly helped in organizing the transfers.
      What is the ’voluntary solidarity mechanism’?

      In June, 21 European countries agreed to take part in a ’voluntary solidarity mechanism’ at a meeting of the European Home Affairs Council in Luxembourg.

      The mechanism seeks to provide EU members states “most affected by migratory flows” with help from other states through the relocation of refugees and financial contributions. The states set to benefit from the agreement are primarily southern European countries bordering on the Mediterranean (like Italy and Greece) and on the Atlantic (namely Spain).
      Italian officials: 10,000 refugees relocated per year

      Through the mechanism, 10,000 people are supposed to be relocated every year, according to Italian officials. The people selected for relocation should primarily be “persons in need of international protection, giving priority to the most vulnerable ones,” the agreement reached by the countries’ interior ministers reads.

      The countries which agreed to participate in the mechanism are:

      - 18 of the 27 member states of the European Union (namely Belgium, Bulgaria, Cyprus, the Czech Republic, Germany, Greece, Spain, Finland, France, Croatia, Ireland, Italy, Lithuania, Luxembourg, Malta, the Netherlands, Portugal, Romania)
      - Three countries not part of the EU but part of the Schengen Area — a mostly border control free area in Europe (Norway, Switzerland, Liechtenstein).

      Germany to take in 3,500 asylum seekers per year

      Germany — the most populous EU country — has agreed to take in the largest number of refugees, followed by France. A total 3,500 people per year will be relocated to Germany, according to the German interior ministry. A delegation of German officials is expected to be visiting Italy in late August to carry out checks on a group of people slated to be relocated to Germany.

      Italy — located across the Central Mediterranean from Libya and Tunisia — is the main destination for migrants and refugees hoping to reach Europe from Africa. Last week, well over 1,000 of people arrived on Italy’s shores. In 2021, more than 67,000 people arrived in the country via sea alone.

      https://www.infomigrants.net/en/post/42929/first-asylum-seekers-relocated-from-italy-to-france-via-new-eu-mechani

      #Italie

  • La France devient le « premier pays » d’Europe pour les demandes d’asile

    VIDÉO. La France dépasse l’Allemagne avec 120 900 demandes d’asile en 2019 contre 119 900 de l’autre côté du Rhin. Une inversion radicale par rapport à 2018.

    https://www.lepoint.fr/societe/la-france-devient-le-premier-pays-d-europe-pour-les-demandes-d-asile-21-11-2
    #statistiques #asile #migrations #réfugiés #chiffres #France

    ping @karine4 @simplicissimus

    Une discussion autour de ces chiffres a lieu via la mailing-list de Migreurop. Je reproduis ici les discussions, car, comme vous le savez maintenant, j’aime beaucoup déconstruire les statistiques sur l’asile...

    • Premier commentaire de ces chiffres :

      Vous avez du le voir, depuis hier la plupart des médias reprennent une dépêche #AFP indiquant que la France deviendrait « le premier pays de demandes d’asile », passant devant l’Allemagne.
      https://www.lepoint.fr/societe/la-france-devient-le-premier-pays-d-europe-pour-les-demandes-d-asile-21-11-2

      D’après Place Beauvau : 120 900 demandes enregistrées en France depuis le début de l’année, contre 119 900 en Allemagne.

      Mais les chiffres #Eurostat sont très différents.

      Quelques heures après...

      Un contact au gouvernement me dit que ce sont bien des chiffres d’EASO, mais pas encore public…
      Mais c’est quand même bizarre qu’ils soient si différents de ceux d’Eurostat.

    • Deuxième commentaire :

      En France, les demandes d’asile peuvent durer plusieurs années et donc être décomptées plusieurs fois (une fois chaque année) avant une acceptation ou un refus. En est-il de même en Allemagne ? Il faudrait connaître le chiffre des demandes d’asile déposées pendant l’année en cours.

    • Troisième commentaire :

      ‘The data shared with EASO by the EU+ countries are provisional and unvalidated, and therefore may differ from validated data submitted to Eurostat (according to Regulation (EC) No 862/2007). In line with the dissemination guide on EPS data, EASO cannot publish data disaggregated per EU+ country.’

    • 4e commentaire :

      j’ai regardé les tableaux d’Eurostat, on y trouve le nombre de demandeurs d’asile (une famille compte pour 1) sur 7 mois (la France n’a pas donné les deux derniers mois) :
      Allemagne : 83 000
      France : 59 000
      Ce sont bien des premières demandes, pas la totalité des demandes déposées l’an dernier encore en cours d’examen.

    • 5e commentaire :

      Cette question des statistiques européennes est un vrai casse-tête…
      Pour ce que j’ai compris, le souci est déjà que les différentes sources de chiffres ne partent pas tous des mêmes critères : avec ou sans les mineurs accompagnants, primo-demandeurs ou pas, etc.
      Et pour couronner le tout, certains pays, dont la France, ne donneraient pas forcément les bons chiffres à Eurostat…

      Par exemple, ici : https://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/show.do?dataset=migr_asyappctzm&lang=en
      Si j’ai bien compris ce que m’a dit la Cimade, les chiffres seraient faussés parce que tous les pays, sauf la France et la Roumanie, fournissent à Eurostat le nombre d’enregistrement de demande d’asile, Y COMPRIS les demandes d’asile en procédure Dublin.
      Donc les chiffres de la France seraient faussement diminués.

      On peut avoir les bons chiffres via les stats de l’OFII, qui les diffusent maintenant mensuellement.

      Mais est-ce vraiment juste de comptabiliser les demandes d’asile Dublin dedans ?
      Il me semble que non, justement… parce qu’une personne en Dublin passe souvent ensuite en procédure normale après quelques mois ou années, donc elle va être comptabilisé 2 fois.

      Il me semble que le plus juste serait de ne comptabiliser que les demandes d’asile normales et accélérées, en enlevant les dublin.
      Mais pour avoir ce chiffre, il faudrait prendre les stats globales et en retrancher les requêtes de prise ou reprise en charge.
      Mais pour ces requêtes, il n’y à pas, sur Eurostat, de stats mensuelles, à ma connaissance.
      Les chiffres 2019 ne seront connus que début 2020.
      Donc pour l’instant, on parle plus ou moins dans le vide…

    • 6e commentaire, de Vivre Ensemble :

      En ce qui concerne les demandes d’asile et les « cas Dublin », dans la mesure où une personne dépose une demande d’asile en France, il me semble que les Etats doivent doit l’enregistrer comme telle. C’est l’Etat qui choisit ensuite de rejeter sa demande au prétexte du Règlement de Dublin (elle peut parfaitement décider d’examiner sa demande dans le cadre d’une procédure nationale). Normalement, Eurostat fixe les règles à suivre par les Etats en ce qui concerne les données à lui transmettre.

      C’est d’ailleurs dans les données relatives aux décisions, à savoir dans le calcul du taux de protection accordés par les Etats européens, qu’Eurostat a inscrit comme règle de ne pas compter les personnes relevant du règlement Dublin, pour éviter justement le double comptage :
      Eurostat indique : “Since reference year 2014, asylum applicants rejected on the basis that another EU Member State accepted responsibility to examine their asylum application under ’Dublin’ Regulation No 604/2013 are not included in data on negative decisions. This has lowered the number of rejections. Consequently, the proportion of positive decisions in the total number of first instance decisions is estimated to have increased by around 5 percentage points.” Référence : “Statistics Explained, Final decisions taken in appeal, note 3″ (https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/Asylum_statistics#cite_ref-3, consulté la dernière fois le 27.07.18)

      J’avais écris un décryptage sur cette question concernant la Suisse, car celle-ci « camouflait » dans ces décisions celles relevant de Dublin malgré les directives eurostat pour faire baisser son taux de décisions positives. Et notre intervention a conduit Eurostat à demander aux autorités suisses de corriger leurs données. Lors de notre analyse, nous avions pu mesurer l’absence de contrôle « qualité » par Eurostat des données transmises par les Etats, Eurostat nous indiquant avoir une marge de manoeuvre restreinte en la matière : ce n’est que lorsque nous avions obtenu la confirmation de l’agence suisse écrite noir sur blanc qu’Eurostat s’était bougée… Bref, je pense que dans chaque Etat, il devrait y avoir un regard critique sur la façon dont les chiffres sont transmis à Eurostat.

      Voici le lien vers les décryptages statistiques publiés par Vivre Ensemble :

      - Statistiques | En Suisse, quelle reconnaissance du besoin de protection en 2017 ? https://asile.ch/2018/08/20/statistiques-en-2017-quelle-reconnaissance-du-besoin-de-protection-en-suisse
      - Carte | La loterie de l’asile 2017 https://asile.ch/2018/07/25/carte-la-loterie-de-lasile-2017
      - Statistiques : À quoi servent-elles ? https://asile.ch/2017/08/08/decryptage-statistiques-a-quoi-servent
      - Eurostat et statistiques suisses : brouillage de pistes https://asile.ch/2017/08/09/eurostat-statistiques-suisses-brouillage-de-pistes

      A noter aussi que l’association ECRE fait aussi un travail critique à l’échelle européenne (voir ECRE, « Making asylum numbers count », Policy note #10, janvier 2018. ) Peut-être ont-ils aussi un point-de-vue sur la question.

    • Demandes d’asile : #Eurostat épingle la France pour avoir tronqué des statistiques

      En contradiction avec les consignes de l’office statistique européen, la France ne comptabilise pas dans les données qu’elle a transmises les demandeurs d’asile sous procédure de #Dublin. Ce qui a pour effet de minorer les chiffres.
      La France priée de corriger sa copie. Selon nos informations, Eurostat a récemment pris contact avec les autorités françaises, en raison de statistiques tronquées fournies par Paris quant au nombre de demandeurs d’asile. L’office statistique européen s’est en effet rendu compte que la France, depuis plusieurs années, ne comptabilisait pas dans ses chiffres les demandeurs sous procédure de Dublin (personnes demandant l’asile mais qui doivent en théorie être prises en charge par le pays dans lequel elles sont entrées dans l’UE). Ce qui a pour effet de minorer chaque mois de plusieurs milliers de demandeurs, et de biaiser toute comparaison. Ce qui est pourtant l’objet d’Eurostat.

      https://www.liberation.fr/checknews/2020/01/20/demandes-d-asile-eurostat-epingle-la-france-pour-avoir-tronque-des-statis
      #paywall

    • Jurisprudence | Âge osseux et arbitraire

      « Aucune méthode scientifique ne permet d’établir précisément l’âge d’un jeune qui se situerait entre 15 et 20 ans afin de définir avec certitude s’il est majeur ou mineur ». La prise de position de la Société suisse de pédiatrie, relayée en mai par la faîtière des médecins suisses [1], vient confirmer les critiques à l’égard d’une méthode utilisée par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) pour contester la minorité de demandeurs d’asile, et donc pour dénier à des enfants les droits associés à leurs besoins. En témoigne le cas [2] publié par l’Observatoire romand du droit d’asile (ODAE romand), où l’on mesure combien les marges d’interprétation laissées aux fonctionnaires du SEM ont des conséquences concrètes sur la vie d’un enfant. Conséquences qui auraient pu être dramatiques, sans l’intervention d’une juriste de l’association Elisa.


      https://asile.ch/2017/08/29/jurisprudence-age-osseux-arbitraire

    • Des enfants et adolescents en quête de protection

      Un mineur non-accompagné (MNA) est un enfant de moins de dix-huit ans qui a été séparé de sa famille et n’est pas pris en charge par un adulte investi de cette responsabilité par la loi ou la coutume. L’absence de protection pour ces mineurs particulièrement vulnérables constitue une atteinte grave à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

      En cas de doute, alors même que certains de ces jeunes possèdent des papiers d’identité authentiques, les autorités ont recours à des tests osseux, pourtant reconnus par la communauté scientifique4 comme non fiables, dont la marge d’erreur s’élève à 18 mois et basés sur un protocole établi dans les années 30.

      http://www.medecinsdumonde.org/fr/actualites/dossier/2017/08/16/des-enfants-et-adolescents-en-quete-de-protection

    • Quand les médecins se font juges : la détermination de l’âge des adolescents migrants

      En france, les juges font régulièrement appel aux médecins légistes pour déterminer l’âge des adolescents migrants. Le journal Le Monde (14 mai 2008) rappelait qu’à Marseille, un garçon venu d’Algérie, déclarant avoir 17 ans, ce que confirmait son acte de naissance, a été considéré comme majeur sur la foi d’une radiographie de sa main et d’une estimation de son âge osseux. De mineur isolé, il est devenu étranger clandestin, avec renvoi du foyer qui l’hébergeait et obligation de quitter le territoire français.

      Les estimations d’âge physiologique, appelées couramment détermination d’âge ou « âge osseux », en raison de la pratique habituelle de radiographies de la main et du poignet, sont fréquemment demandées par les magistrats du parquet ou les juges des enfants pour estimer l’âge d’un adolescent dont l’état-civil est incertain. Si l’adolescent est mineur, sa prise en charge judiciaire est plus clémente que s’il ne l’est pas. Dans le cas des étrangers, un adolescent mineur n’est pas expulsable. L’expertise médicale en matière d’âge joue donc un rôle clé pour les justiciables et pour les professionnels de la justice. Ces derniers attendent une réponse rapide, précise et juste, pour éviter de commettre une erreur. Les décisions des experts ont des conséquences lourdes au plan individuel et des enjeux importants sur le plan moral, social et politique.

      Plus de 600 demandes similaires sont adressées chaque année à l’unité médico-judiciaire de Seine-Saint-Denis. En #France, on peut estimer de 3000 à 4000 demandes par an les demandes judiciaires actuelles dans ce domaine. Certains médecins légistes sont mal à l’aise vis-à-vis de ces demandes judiciaires et s’interrogent sur la base scientifique de leur expertise. La méthode la plus utilisée, considérée comme méthode de référence, consiste à comparer la radiographie du poignet et de la main gauche de l’adolescent au cliché le plus proche issu d’un atlas, dit de Greulich et Pyle, du nom des deux médecins américains qui l’ont publié dans les années 50 . Cet atlas a été conçu pour détecter, chez des enfants d’âge connu, un trouble de croissance ou de maturation osseuse. Les radiographies utilisées dans l’atlas datent des années 1930 et proviennent d’enfants et adolescents américains blancs issus des classes moyennes.

      https://www.cairn.info/revue-chimeres-2010-3-page-103.htm

    • Scafisti per forza
      Cinzia Pecoraro, avvocato :

      «Spesso i trafficanti utilizzano come scafisti dei minori. Nel caso di un ragazzo che sto seguendo, che è stato arrestato come presunto scafista, ha dichiarato la sua data di nascita, settembre 1999, però in Italia vi è un metodo utilizzato per stabilire l’età anagrafica di un soggetto: radiografia del polso. E’ stata effettuata la radiografia del posto di Joof Alfusainey ed è risultato avere più di 18 anni. Joof è stato detenuto per quasi un anno presso il carcere di Palermo, quindi tra soggetti maggiorenni. Joof all’epoca aveva 15 anni»

      Joof Alfusainey, presunto scafista

      «Mi chiamo Alfusainey Joof, vengo dal Gambia et ho 17 anni. Sono arrivato in Italia l’11 giugno 2016, un sabato. Ho attraversato Senegal, Mali, Burkina Faso, Nigeria. Poi sono arrivato in Libia. Questa era la mia tessera di studente quando vivevo in Gambia. Perché in Gambia, se sei minorenne, non puoi avere documenti come il passaporto.»

      –-> après recours de l’avocate, Joof a été considéré mineur.

      La suite du témoignage de Joof :

      «Arrivati in Italia, mi hanno fatto scendere dalla nave soccorso per primo caricandomi su un’ambulanza e portandomi in ospedale. Arrivato in ospedale ho visto la polizia, a quel punto ho scoperto di essere accusato di aver guidato la barca. Ho provato molte volte a dirgli che non ero stato io a guidare la barca, ma a loro non interessava. Non mi hanno neanche dato la possibilità di parlare, anche se era un mio diritto. Ma a loro non interessava e continuavano a dire che ero stato io. Mi stavano accusando senza prove. Non avevano nulla, nessuna foto, nessun video che mi incriminassero. Solo parole.»

      https://www.internazionale.it/video/2018/04/11/scafisti-per-forza

    • Jeunes et Mineurs en Mobilité | Des évolutions législatives françaises ?

      Au-delà des débats sémantiques et de la définition essentielle d’une catégorie administrative, il convient de s’intéresser à la procédure d’évaluation de l’âge et de l’isolement, qui conditionne le bénéfice du droit à la protection et sur laquelle le législateur s’est récemment concentré. Le 31 mai 2013, l’Etat et l’Assemblée des Départements de France signaient un protocole suivi par la parution de deux circulaires ministérielles (Circulaire du ministère de la justice de 31 mai 2013 et Circulaire interministérielle de 25 janvier 2016) visant à définir une procédure harmonisée pour s’assurer de la minorité et l’isolement des jeunes se présentant mineurs isolés étrangers. Cette année, la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant, suivie du décret du 24 juin 2016 puis de l’arrêté du 17 novembre 2016 précité, sont venus apporter une base légale au dispositif d’accueil, d’évaluation et de répartition territoriale des mineurs non accompagnés. Malgré les évolutions notables s’agissant des conditions d’orientation des mineurs sur le territoire (par l’instauration d’une nouvelle clé de répartition) et celles relatives à l’usage des examens radiologiques aux fins de détermination de l’âge, la loi ne modifie pas fondamentalement les conditions d’évaluation de la situation des mineurs non accompagnés définies antérieurement par les circulaires. Le nouvel article R221-11 du Code d’Action Sociale et des Familles rappelle les trois éléments permettant l’évaluation de la situation des mineurs non accompagnés : une évaluation sociale par le biais d’entretiens, la vérification de l’authenticité des documents d’identité détenus par la personne, la possibilité de l’utilisation des examens radiologiques osseux.

      http://migrinter.labo.univ-poitiers.fr/wp-content/uploads/sites/150/2017/01/JMM-2016-2.pdf

    • Montre-moi ton poignet et je te dirai quel âge tu as. Vraiment ?

      En 2015, plus de 2’700 mineurs non accompagnés ont demandé l’asile en Suisse, dix fois plus qu’il y a dix ans. Dépourvus de documents valables, ces jeunes sont souvent soumis à des tests médicaux, comme la radiographie du poignet ou même l’examen des organes sexuels pour vérifier leur âge. Cette pratique invasive et sans fondement scientifique viole le principe de protection des mineurs, dénoncent médecins et juristes.

      https://www.swissinfo.ch/fre/r%C3%A9fugi%C3%A9s-mineurs_montre-moi-ton-poignet-et-je-te-dirai-quel-%C3%A2ge-tu-as--vraiment-/42652578

    • « Comment vous faites pour savoir l’âge du jeune ? »

      Pour les réfugiés, l’estimation de l’âge a une importance capitale. Mais les tests d’âge ne sont pas des plus fiables. La chronique de Rozenn Le Berre.

      « Mais comment vous faites pour savoir l’âge du jeune ? » Dès que je parle de mon travail, cette question, innocente et fondamentale, revient. Je n’ai pas vraiment de réponse. Personne n’en a, d’ailleurs. Rien ne permet d’établir de manière fiable l’âge d’une personne. Au niveau biologique, un os situé au niveau du poignet est censé arriver à maturité à 18 ans. Une radiographie permettrait donc d’évaluer l’âge d’une personne. La marge d’erreur ? Plus ou moins dix-huit mois. La population sur laquelle est basée le référentiel ? Des enfants blancs bien nourris, en 1930.

      Une pratique douteuse

      Nombreux sont les médecins qui, à raison, ont élevé la voix pour s’indigner contre cette pratique douteuse où la science qui soigne devient un outil qui expulse. En théorie, le recours à cet examen n’est possible que « si les entretiens ne permettent pas une appréciation fondée de la minorité »1.

      Au niveau des papiers d’état civil, la fiabilité est fragile. La plupart sont émis dans des pays où la corruption est une discipline nationale, où l’on peut acheter un acte de naissance au marché, où les enfants ne sont pas forcément enregistrés à la naissance, où les registres d’état civil brûlent ou disparaissent. Au niveau de l’apparence physique, peu d’éléments crédibles sur lesquels se baser.

      « Qui suis-je pour affirmer que Soheib ’fait jeune’ ? »

      Certes, la distinction entre un trentenaire et un préado ne pose a priori que peu de difficultés. Mais pour les autres ? Ceux à qui on donnerait 16 ans comme 25 ? Ceux qui « font plus grands » ou « plus petits » que leur âge ? Sans oublier l’œuvre de la souffrance, la fatigue ou la peur qui labourent les visages, étirent les traits et percent des rides… Qui suis-je pour affirmer que Soheib « fait jeune » alors que Mustafa « fait vieux » ?

      Au niveau du récit de vie, on est chargés d’observer si l’histoire est « cohérente ». Mais là encore, quelle fiabilité ? Le jeune éduqué saura jongler sans problèmes avec les dates et les âges, calculer, trouver la réponse attendue, là où l’analphabète n’y arrivera pas. Rien de fiable. Donc les textes régissant l’accueil des MIE, et notamment la circulaire Taubira, recommandent l’utilisation d’un « faisceau d’indices »2, merveille juridique permettant de piocher des éléments qui, seuls, ne prouvent pas grand-chose, mais combinés à d’autres, commencent à peser.

      Une tambouille intellectuelle : on regarde les papiers, les déclarations, l’apparence physique, l’attitude. On fournit tous ces éléments au département dans un rapport chargé de faciliter la décision. C’est donc lui, le département, institution sans visage ayant la capacité de trancher des destins dans le vif, qui est le décideur final. Ça nous protège. On essaie de se convaincre que ce n’est pas notre impression subjective qui joue.

      « Il y a des Français qui sont Noirs ? »

      Abdoulaye entre dans le bureau et me sort de mes pensées maussades. Abdoulaye n’a plus peur, il a eu une réponse positive du département et attend d’être accueilli dans un foyer. Il est rigolo, ce gamin. Il pose toujours des questions aux réponses impossibles – « Pourquoi t’es pas musulmane toi ? ». Il fait croire aux filles qu’il est Américain pour les draguer. Abdoulaye ne parle pas un mot d’anglais et s’exprime avec un accent malien à couper au couteau, mais c’est pas grave, avec un peu de chance, elles y croiront.

      Il me fait écouter du rap malien sur YouTube. Echange de bons procédés, je lui fais écouter du rap français : Sexion d’Assaut. Abdoulaye regarde l’écran, fronce les sourcils, et me présente un sourire très dubitatif. Puis : « Mais c’est pas des Français ça ! Regarde, ils sont tous Noirs ! »
      – …
      – Il y a des Français qui sont Noirs ?
      – Je ris. Je lui explique qu’il y a des Français qui sont Noirs. Et qu’un jour lui aussi, je l’espère, il sera Français. Même s’il est Noir.

      https://lecourrier.ch/2016/08/10/comment-vous-faites-pour-savoir-lage-du-jeune

    • Peut-on établir scientifiquement l’âge des jeunes requérant-e-s d’asile ?

      Plus en plus d’enfants et de jeunes arrivent en Suisse sans leurs parents pour y demander l’asile. Souvent ils ne peuvent pas prouver leur âge. Lorsque le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) doute de la minorité, l’autorité fait procéder à des expertises médicales. Mais ces méthodes ne sont pas prévues pour déterminer l’âge chronologique d’une personne.

      https://www.osar.ch/assets/fakten-statt-mythen/33-age-refugies.pdf

    • Le Conseil constitutionnel saisi d’un recours sur les examens osseux des migrants mineurs

      Les « sages » doivent statuer dans les trois mois sur ces examens décriés. Ils ont été saisis du cas d’un jeune Guinéen assurant avoir 15 ans à son arrivée en France. Le Conseil constitutionnel s’apprête à statuer sur les examens osseux effectués pour déterminer l’âge des mineurs étrangers isolés. Les « sages » doivent se prononcer dans les trois mois sur la conformité à la Constitution de ces tests. Cette question prioritaire de constitutionnalité (QPC) leur a été transmise par la Cour de cassation, vendredi 21 décembre.

      La QPC a été soulevée par la défense d’un jeune Guinéen qui avait assuré avoir 15 ans à son arrivée en France, en 2016. Renvoyé vers le conseil départemental de l’Ain, il avait refusé de se soumettre à ces examens radiologiques censés permettre de déterminer son âge, mais dont la fiabilité est vivement critiquée médicalement et judiciairement. Un juge des enfants en avait déduit en 2017 qu’il n’était pas mineur et avait levé son placement auprès de l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

      Radio de la main ou du poignet

      Le jeune homme avait fait appel en acceptant cette fois les tests osseux. En juillet, la cour d’appel de Lyon avait estimé son âge entre 20 et 30 ans, confirmant qu’il ne bénéficierait pas de l’ASE. Il avait formé un pourvoi en cassation. A l’appui de ce pourvoi, qui a été examiné mardi par la Cour de cassation, sa défense a déposé une QPC visant l’article 388 du code civil, qui encadre depuis 2016 le recours à ces examens radiologiques – souvent de la main ou du poignet – pour déterminer l’âge d’un jeune.

      Utilisés dans de nombreux pays européens pour déterminer l’âge des jeunes migrants lorsqu’un doute subsiste, ces examens de maturité osseuse sont très critiqués, notamment par les associations d’aide aux migrants et certains médecins et professionnels de la justice. Une circulaire de 2013 de la garde des sceaux Christiane Taubira préconisait que ces examens devaient intervenir en dernier recours ; pourtant l’examen médical reste souvent pratiqué aujourd’hui. En décembre 2017, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, affirmait encore y être « fermement opposé », et demandait à ce qu’il soit proscrit.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/le-conseil-constitutionnel-saisi-d-un-recours-sur-les-examens-osseux-des-mig

    • Mineur∙e∙s non accompagné∙e∙s : les examens osseux doivent être déclarés contraires aux droits fondamentaux des enfants

      Le 21 décembre dernier, une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) a été transmise au Conseil Constitutionnel par la Cour de Cassation, afin de déterminer si les examens radiologiques utilisés pour déterminer la minorité des jeunes se présentant comme mineur∙e∙s non accompagné∙e∙s sont conformes à la Constitution. 9 organisations se portent intervenants volontaires à l’appui de cette QPC.

      En amont de l’audience qui aura lieu le 14 mars prochain, elles dénoncent l’absence de pertinence scientifique et éthique de ces tests et leur caractère attentatoire aux droits de l’enfant.

      Pour nous, organisations œuvrant au quotidien auprès de mineur-e-s non accompagné.e.s, la détermination de l’âge à travers des examens radiologiques osseux est inacceptable, tant sur le plan scientifique qu’éthique.

      L’ensemble de la communauté scientifique dénonce depuis plusieurs années cette méthode dépourvue de toute pertinence et valeur scientifiques. D’une part, elle repose sur une identification du développement de la maturation osseuse correspondant à des fourchettes d’âge. D’autre part, elle est basée sur une comparaison des radiographies avec des référentiels établis dans les années 30 à partir de jeunes caucasiens aux Etats-Unis. Cette méthode est donc nécessairement soumise à une marge d’erreur importante, comprise entre 18 mois et 3 ans. Cette marge s’accentue après la puberté et particulièrement entre l’âge de 16 à 18 ans. Nos organisations rappellent par ailleurs que l’exposition d’enfants à des rayons irradiants, potentiellement dangereux pour la santé, sans aucune finalité thérapeutique, ainsi que le fait de les soumettre à des tests sans obtenir leur consentement libre et éclairé posent des questions éthiques suffisamment graves pour que certains pays aient abandonné ces tests.

      Compte tenu des conséquences graves de l’utilisation de ces tests sur les personnes vulnérables sollicitant une protection en tant que mineur∙e∙s en danger, nos organisations, à l’instar de nombreuses instances scientifiques, éthiques et déontologiques, tant au niveau national, européen qu’international, demandent l’interdiction de ces examens contraires à la dignité humaine et qui constituent une atteinte grave aux droits fondamentaux de ces enfants et adolescents.

      Alors que le Conseil Constitutionnel examinera cette question, le 14 mars prochain, nos organisations souhaitent rappeler avec vigueur que les mineur.e.s non accompagné∙e∙s sont avant tout des enfants et adolescent.e.s en danger et doivent bénéficier de toutes les mesures de protection en tant qu’enfants.

      https://www.gisti.org/spip.php?article6091

    • Switzerland – Federal Administrative Tribunal rules in a case regarding evidentiary assessment in age determination procedures

      On 4 March, the Federal Administrative Tribunal of Switzerland overturned a decision on an asylum request due to lack of proper reasoning and evidentiary assessment of the applicant’s age claim.

      The applicant, an Eritrean national, applied for asylum as an unaccompanied minor in Switzerland and the State Secretariat for Migration (SEM) ordered a bone test to assess his age. According to the results of the test, the applicant was found to be 18 years old. The applicant had stated that he did not possess an identity document but he had a baptism certificate and his student card in support of his argument. The authorities rejected his claim due to lack of identification, the test results and his physical appearance, and proceeded to issue a take charge request to Italy, as they had received a Eurodac hit.

      After Italy refused the request, the SEM examined the applicant’s asylum claim and rejected the application noting the lack of identity documents and his late mention of draft evasion-related claims. On appeal, the Tribunal first cited the scientific sources documenting the margin of error and individual variability of age assessment medical examinations. Due to inevitable deviations after the age of 16, the bone analysis alone cannot prove the applicant’s age when it comes to the age of 18, the latter being the threshold of majority.

      According to the consistent jurisprudence of the Committee of Appeals in asylum matters, the former competent body, this test cannot call into question the statements of an asylum applicant regarding his age unless the difference between the alleged age and the test result was more than three years. The results can be used to establish that the person is attempting to mislead the authorities regarding their identity but it could not be used to officially determine whether the applicant is a minor or not. The Tribunal found no reason to depart from this line and stated that the SEM is not entitled to conclude that the applicant is an adult without carrying out an overall assessment of the evidence, including the reasons for the absence of identity documents.

      The Tribunal went on to examine, inter alia, whether the SEM had rightly considered the appellant to be of age before hearing his asylum case and whether the procedure was properly conducted. In this connection, it noted that the decision does not contain any reasoning with respect to the applicant’s declared age. Moreover, the conclusions of the officers conducting the hearing are not in conformity with the aforementioned jurisprudence. Conversely, their assessment was arbitrary in considering the bone tests decisive despite their admittedly low probative value.

      The contested decision was annulled and the case was remitted back to the SEM for a second and properly motivated decision.

      https://mailchi.mp/ecre/elena-weekly-legal-update-5-april-2019#10
      #harcèlement #TAF

  • La détention d’enfants demandeurs d’asile dénoncée par une commission

    Lorsqu’une famille de requérants d’asile est incarcérée en vue de son renvoi, il peut arriver que des mineurs de moins de 15 ans soient mis en détention. Une pratique dénoncée jeudi par la commission de gestion du National.

    https://www.rts.ch/info/suisse/9681850-la-detention-d-enfants-demandeurs-d-asile-denoncee-par-une-commission.ht
    #Suisse #mineurs #enfants #enfance #détention_administrative #rétention #asile #migrations #réfugiés #familles

    • A mettre en lien avec :

      Statistiques | Mineurs en détention

      Début mai, Terre des hommes (TdH) relevait le « manque total de traçabilité » des mineurs détenus par la Suisse dans le cadre de mesures d’expulsion. Les chiffres publiés par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) concernant le nombre de mineurs en détention ont été revus et divisés par trois après que TdH ait publié un rapport sur la question. Selon le SEM, ce ne sont plus 142 mais 51 mineurs âgés de 15 à 18 ans qui auraient été privés de liberté en 2015.

      Une différence de taille que le SEM explique par des erreurs dans l’enregistrement des données par les cantons, notamment liées au calcul de l’âge : soit les personnes sont devenues majeures entre l’enregistrement de leur demande d’asile et la détention ; soit elles « se sont déclarées mineures mais s’avèrent majeures », explique son porte-parole. Sur la base de calculs douteux de l’âge osseux ? (voir article)

      « Que s’est-il passé avec presque 100 jeunes qui disparaissent du système ? Ce changement dans les données engendre un manque total de traçabilité de ces mineurs. Cela pose des questions sur l’objectivité et la clarté des statistiques », critique TdH. Qui rappelle que « le manque de données fiables et ventilées en Suisse a déjà été soulevé par le Comité [de l’ONU] des droits de l’enfant comme un obstacle au respect de [leurs] droits. » De fait, si on ne sait combien de mineurs sont détenus, comment s’assurer que leurs droits sont respectés ?

      https://asile.ch/2017/08/12/mineurs-en-detention

      Et avec le #rapport de Terre des Hommes (2016) :
      Détention illégale de mineurs migrants en Suisse : un état des lieux.
      https://www.tdh.ch/sites/default/files/tdh_plaidoyer-ch_fr_web_0.pdf
      –-> avec ce commentaire sur le site de @vivre :
      https://asile.ch/2016/06/17/terre-hommes-detention-illegale-de-mineurs-migrants-suisse-etat-lieux

    • Des enfants migrants enfermés : en Suisse aussi

      Des enfants sont emprisonnés alors qu’ils n’ont commis aucun délit. Ce qui nous semble humainement insupportable aux États-Unis ne l’est pas davantage sous nos latitudes. Au moment où vous lisez ces lignes, plusieurs cantons suisses enferment des mineurs au seul motif qu’ils sont migrants, dans la perspective d’un renvoi. Vous imaginez-vous, à l’âge où vous appreniez à lire, être retenu en détention ? Et votre adolescent qui pianote sur son smartphone, dans quel état reviendrait-il d’un enfermement qui peut aller jusqu’à douze mois ?

      https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/Des-enfants-migrants-enfermes-en-Suisse-aussi/story/14918172

  • Disparition de mineurs : la responsabilité de l’Europe

    “On ne sait pas où ils sont, ce qu’ils sont en train de faire ou avec qui ils sont”. C’est ainsi que Brian Donald, chef de cabinet d’Europol, l’office de police criminelle de l’Union européenne, commente le chiffre de 10’000 enfants disparus annoncé par son agence à The Observer en janvier 2016. Un chiffre-choc qui ne s’appuie sur aucune étude, rapport ou communiqué de presse sur le sujet, tout en pointant du doigt « des bandes criminelles pan-européennes [ciblant] les mineurs à des fins d’exploitations sexuelles et esclavage » (The Observer, 30.01.2016) (1).


    https://asile.ch/2017/01/24/decryptage-disparition-de-mineurs-responsabilite-de-leurope
    #disparitions #asile #migrations #réfugiés #enfants #enfance #MNA #Europe #responsabilité

    Ce texte que j’ai écrit il y a plus d’une année a été publié sur @vivre, mais bizarrement je ne l’ai pas mis sur seenthis... Du coup, je le signale maintenant, une année après sa publication...
    Il y a pas mal de liens vers d’autres articles et rapports qui traite de la question, qui est d’ailleurs aussi pas mal couverte sur seenthis : https://seenthis.net/recherche?recherche=%23disparitions+%23mna

    • Enfants migrants disparus : la vérité sur un scandale humanitaire

      Selon #Europol, ils seraient au moins 10 000 en Europe. Isolés, plusieurs d’entre eux seraient tombés dans les filets des réseaux criminels et des trafiquants en tous genres. Des chiffres et des faits alarmants, qui restent pourtant largement imprécis. Et occultent la véritable cause des « disparitions » : la faillite de l’Union européenne dans la gestion des mineurs non accompagnés.

      « Une infrastructure criminelle entière s’est développée dans les dix-huit derniers mois, exploitant le flux des migrants. » Le 30 janvier dernier, dans une tonitruante interview à The Observer, version dominicale du quotidien anglais The Guardian, Brian Donald, un responsable d’Europol, « révèle » qu’au moins 10 000 mineurs migrants non accompagnés (MNA) auraient disparu en Europe pendant les deux dernières années, dont la moitié en Italie et environ mille en Suède. Fait alarmant, selon l’agence européenne de police, nombre d’entre eux auraient été happés par des réseaux criminels et des trafiquants. Ils seraient victimes d’exploitation sexuelle et d’esclavage. « Les criminels actifs dans le trafic d’êtres humains apparaissent maintenant dans nos fichiers du trafic de migrants », alerte Brian Donald dans le dominical britannique.

      Ces déclarations, relayées par la majorité des grands médias européens, ont effrayé et choqué. Mais si la menace des réseaux criminels est réelle, le chiffre d’Europol de 10 000 enfants disparus demeure largement imprécis, pour ne pas dire erroné, selon l’Unicef. « Nous n’avons pas de preuves. Nous ne savons rien sur les chiffres. Europol parle d’enfants disparus : cela ne veut pas dire qu’ils sont perdus, ce sont des enfants qui ne sont pas enregistrés dans un système de données », nous explique Sarah Crowe, porte-parole de l’organisation. « Le chiffre d’Europol provient des signalements à la police. C’est une info brute qui ne prend pas en compte les jeunes non identifiés. Et il n’y a pas d’investigation pour connaître les causes car il n’y a personne pour réclamer une enquête, contrairement aux enfants disparus de parents français », ajoute Laurent Delbos, responsable du plaidoyer à l’association française Forum réfugiés-Cosi, et coordinateur d’un rapport européen sur « Le droit d’asile des mineurs isolés étrangers dans l’Union européenne » (2012).

      DES STATISTIQUES MYOPES

      Les données officielles sur les mineurs isolés restent aléatoires. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’Unicef, plus de cent mille enfants migrants non accompagnés ont été enregistrés en 2015 en Europe, dont 35 000 ont demandé l’asile uniquement en Suède, plus de 60 000 ont été enregistrés en Allemagne et 9000 en France. La plupart auraient entre 14 et 17 ans. Du fait de la mobilité du parcours migratoire et des réalités différentes dans chaque État, il est difficile de disposer de statistiques fiables et, donc, crédibles. Un problème que critiquait déjà sévèrement le Parlement européen dans une retentissante résolution du 12 septembre 2013, déplorant « le manque de statistiques officielles fiables concernant les mineurs non accompagnés ». Afin de mieux appréhender la situation de ces jeunes et d’assurer leur protection de manière plus efficace, le parlement de Strasbourg a réclamé des États membres et de la Commission européenne qu’ils améliorent la collecte des statistiques, notamment en utilisant les outils déjà disponibles sur le plan européen, à savoir Eurostat, Frontex, le Bureau européen d’appui en matière d’asile (BEAA) et le Réseau européen des migrations.

      Si le trafic d’êtres humains s’est indéniablement développé avec l’augmentation du nombre de réfugiés en Europe, en particulier sur la route des Balkans, les principales raisons de la disparition des enfants migrants semblent se situer ailleurs. Sur le média Open Democracy, Nando Sigona et Jennifer Allsopp, chercheurs aux universités de Birmingham et d’Oxford, affirment que la principale cause de disparition a peu de lien avec les infrastructures criminelles pan-européennes. Elle aurait plutôt pour origine le fossé qui sépare, d’une part, la gestion des mineurs non accompagnés par les autorités étatiques et, d’autre part, la façon dont ces jeunes envisagent leur migration. En effet, de nombreux mineurs isolés sont enregistrés dans un pays de transit, comme la Grèce, l’Italie ou les pays des Balkans, avant de continuer leur chemin vers un pays de destination différent, souvent l’Allemagne, la Suède ou l’Angleterre, pour rejoindre des membres de leur famille ou des amis. Il n’est pas rare que les enfants s’enfuient des centres, frustrés par de longues procédures d’asile.

      « Les enfants ont peur d’être enfermés dans un centre trop longtemps, comme cela arrive par exemple en Italie et en Grèce. Ils fuient les centres quand le processus de détermination s’éternise », confirme Sarah Crowe de l’Unicef. « Les disparitions, ce sont avant tout les poursuites du parcours migratoire. Europol parle de 5000 mineurs en Italie sur les 10 000 disparus. Normal, car l’Italie est avant tout un pays de transit », explique Laurent Delbos de Forum réfugiés-Cosi. Comme le rappellent les chercheurs Nando Sigona et Jennifer Allsopp, « le compte des ‘disparus’ est moins simple que les informations d’Europol veulent nous le faire croire ».

      NON ASSISTANCE À PERSONNES VULNÉRABLES

      En Angleterre, les cas d’enfants disparus rapportés par les autorités locales varient d’une absence de quelques heures à une disparition permanente. En Italie, un enfant évaporé dans la nature, mais qui réapparait dans un autre État, peut rester enregistré dans le registre des personnes disparues. Il n’est également pas rare, toujours en Italie, qu’un mineur soit comptabilisé deux fois, par des autorités différentes. Il arrive même aux enfants de mentir sur leur âge. « Les enfants qui voyagent seuls cachent parfois leur âge, parce qu’ils ont peur de se retrouver bloqués dans des centres », confirme Sarah Crowe.

      Aujourd’hui, la disparition des radars de milliers d’enfants migrants non accompagnés résulte donc avant tout des failles du système, d’une débâcle de Bruxelles et des Etats européens dans leur gestion de la « crise » des réfugiés. « S’il y a un risque de traite par des réseaux criminels, c’est d’abord un constat de faillite de prise en charge de ces jeunes par les États », déplore Laurent Delbos. En France, certaines collectivités territoriales, comme le département de Loire-Atlantique, peuvent même se retrouver hors-la-loi à cause de la mauvaise gestion des centres d’accueil. Ainsi, le 12 août 2015, le Tribunal administratif de Nantes a-t-il condamné le département à héberger un mineur non accompagné, le neuvième depuis que la collectivité a refusé d’accueillir des jeunes demandeurs d’asile, pour cause de saturation de ses centres.
      En Bulgarie, le HCR alerte sur le cas de mineurs non accompagnés pris en charge dans les centres d’accueil dans l’attente de leur procédure d’asile ; ils sont toujours déscolarisés dans cet Etat de transit : « Le gouvernement nous a rapporté trente cas d’enfants non accompagnés ou séparés, âgés de moins de 18 ans », nous confie Kitty McKinsey, porte-parole du HCR à Sofia. « Aucun de ces jeunes ne fréquente l’école. » En Grèce, face à l’afflux de réfugiés sur les îles, le manque de protection juridique des mineurs non accompagnés est criant. Cette non-assistance à personnes vulnérables forme le terreau sur lequel prospèrent les organisations criminelles, ce que redoute Europol.

      Dans un reportage paru dans Le Monde du 11 février 2016 — titré « La jeunesse sacrifiée des réfugiés mineurs » — une psychologue d’un centre d’accueil à Lesbos se dit préoccupée par Fatima, une Somalienne de 16 ans : « Je suis certaine à 90% qu’elle est victime d’un trafic humain et qu’elle a déjà subi des horreurs (...) Deux hommes étranges la recherchent sur l’île. Il va falloir redoubler de vigilance à son égard ; et de patience. Rien ne sert d’ouvrir des blessures que l’on ne pourra pas soigner ici... »

      Pour pallier l’absence de protection et les risques d’exploitation des enfants, le HCR et l’Unicef ont lancé, fin février, un programme destiné aux femmes et aux mineurs réfugiés. L’ouverture de vingt « Blue Dots » — centres d’aides, assurant les services pratiques, l’identification des personnes, le soutien psychosocial ou les conseils juridiques — a été prévue en Grèce et dans les Balkans. « Cependant, ces centres ne remplacent pas la responsabilité et l’obligation des États de faire leur possible pour fournir un soutien et une protection aux personnes fuyant la guerre et la violence, en particulier celles qui ont des besoins spécifiques », assure le HCR.

      La résolution du Parlement européen du 12 septembre 2013 est pourtant sans appel. Elle condamne vivement « les lacunes existant en matière de protection des mineurs non accompagnés au sein de l’Union européenne » et elle dénonce « les conditions d’accueil souvent déplorables de ces mineurs ainsi que les nombreuses violations de leurs droits fondamentaux dans certains États membres ».

      Mais l’autre « péril » pour les mineurs migrants non accompagnés est d’atteindre l’âge adulte. Face à une politique européenne de moins en moins tolérante vis-à-vis des réfugiés, ils risquent à tout moment le renvoi, même après des années d’intégration. En février 2016, le Bureau of Investigative Journalism, une ONG anglaise indépendante qui travaille en collaboration avec la BBC, le Guardian et Mediapart, a révélé que 2 748 jeunes ont été expulsés du Royaume-Uni entre 2007 et 2015 vers des pays instables ou en guerre comme l’Afghanistan, l’Irak, l’Iran, la Libye ou la Syrie.

      MULTIPLICATION DES RENVOIS ET... DES NOYADES

      En Norvège, le Parti du progrès (FrP), formation populiste entrée au gouvernement en octobre 2013 aux côtés des conservateurs, a imprimé progressivement son empreinte dans la société. Alors que la règle tacite était de ne pas renvoyer des mineurs étrangers ayant vécu pendant des années dans le pays, la Norvège a expulsé 528 enfants étrangers en 2015. Pour le magazine du Monde, la photographe norvégienne Andrea Gjestvang a suivi quatre d’entre eux pendant trois mois. « Ils parlent de paix, mais ils ne la construiront pas en envoyant des enfants au Yémen ou en Afghanistan. Ils donnent le prix Nobel de la paix à Malala Yousafzai, mais ils ne font pas la paix dans leur vie », déplore Joséphine, une adolescente nigériane expulsée, suivie par la photographe.

      Sans oublier que de nombreux enfants meurent tragiquement aux portes de l’Europe, avant de risquer d’être pris dans les filets de la criminalité ou d’essuyer l’humiliation du renvoi. La photo du petit Aylan, un enfant syrien de 3 ans mort sur une plage de Bodrum en Turquie en septembre 2015, a ému le monde entier et suscité une prise de conscience. Mais selon le HCR, depuis septembre, deux Aylan seraient morts chaque jour en tentant de rejoindre les côtes européennes.

      Les enfants forment la population la plus vulnérable et la plus exposée aux noyades en mer. Ainsi, 340 enfants, souvent des bébés ou des bambins, ont trouvé la mort en Méditerranée entre septembre 2015 et février 2016. Dans un communiqué conjoint, en date du 19 février, le HCR, l’Unicef et l’Office international des migrations (OIM) estiment même que « le nombre total des enfants décédés pourrait être encore plus grand, avec leurs corps perdus en mer et jamais retrouvés ».


      https://www.lacite.info/politiquetxt/2016/4/19/enfants-migrants-disparus?rq=disparus

    • Et la solution préconisée par l’UE face à ce problème ?
      Prendre de force les #empreintes_digitales des MNA

      Activists slam EU plan to force migrant kids to give fingerprints

      Activists have raised concerns about new EU plans to allow police to force migrant children to have their fingerprints taken. The aim is to prevent unaccompanied minors from going missing or ending up in the hands of criminal gangs. Critics say coercion is not the answer.

      “We have been pushing for lowering the age of taking fingerprints of migrant children from 14 to 6,” Anna-Maria Corazza Bildt, an MEP with the right-wing European People’s Party told RFI. “It’s extremely difficult for law enforcement authorities to find them, to identify them and to protect them if they’re not fingerprinted.”

      http://en.rfi.fr/europe/20180426-eu-sparks-row-plan-force-migrant-children-be-fingerprinted
      #coercition #Eurodac

    • "L’esercito dei bambini fantasma" cresce sempre di più: 5.526 minorenni spariti solo nel #2017

      Negli ultimi sei anni i minori stranieri non accompagnati giunti in Italia sono 62.672.
      Tra i censiti, però, uno su quattro scappa dalla rete dei sistemi di accoglienza: per raggiungere familiari in altri paesi europei, perché troppo frustrante aspettare i tempi dell’iter per la protezione internazionale.

      http://www.meltingpot.org/SOS-Minori-Stranieri-Non-Accompagnati.html
      #Italie

  • Fact-checking. La réponse fallacieuse des autorités à l’Appel Dublin
    https://asile.ch/2018/03/07/fact-checking-reponse-fallacieuse-autorites-a-lappel-dublin

    Le 20 novembre 2017, les signataires de l’Appel de Dublin ont demandé au Conseil fédéral d’appliquer davantage la clause de souveraineté, prévue par les accords de Dublin III, qui permet de renoncer à des renvois pour des motifs humanitaires et de compassion. L’Appel dénonçait une application mécanique des renvois Dublin, séparant des familles ou compromettant […]

  • CSDM | Les obstacles au regroupement familial des réfugiés freinent leur intégration
    https://asile.ch/2017/12/28/csdm-obstacles-regroupement-familial-refugies-freinent-integration

    Un rapport juridique publié par le Centre suisse pour la défense des droits des migrants (CSDM) et le HCR présente quelques recommandations à prendre en compte dans le cadre de litiges stratégiques sur le regroupement familial des réfugiés, écrit la présidente du CSDM, Jasmine Caye

  • OSAR | Dailly est trop isolé pour un centre fédéral
    https://asile.ch/2017/12/28/osar-dailly-isole-centre-federal

    Situé à 1250 m d’altitude, le site militaire de Dailly dans le canton de Vaud (commune de Lavey-Morcles) est trop isolé pour accueillir un centre fédéral destiné au traitement des procédures d’asile accélérées. Installer les requérant-e-s d’asile dans cet endroit non desservi par les transports publics reviendrait à les isoler complètement. Il serait nettement préférable […]

  • Migreurop | City Plaza Hôtel : un exemple emblématique de la solidarité à Athènes
    https://asile.ch/2017/12/28/migreurop-city-plaza-hotel-exemple-emblematique-de-solidarite-a-athenes

    Dès la fermeture du « corridor migratoire » (printemps 2016), la capitale grecque a vu ses rues se peupler de plus de 25’000 de personnes sans abri. Les squats, ouverts par des collectifs militants locaux s’opposent à la « politique d’encampement » appliquée par le gouvernement grec. Ces modes d’accueil alternatifs font écho à d’autres mobilisations organisées par des […]

    • « City Plaza Hotel will become your home in Athens » / Entre lieu de vie et espace politique, les enjeux d’appropriation d’un squat athénien

      « Que vous soyez à Athènes pour affaires ou pour votre loisir, vous serez comme chez vous au City Plaza. »1 Cet extrait du site internet de l’hôtel City Plaza d’Athènes, non actualisé depuis sa fermeture en 2010, est une présentation à l’attention des touristes qui s’apprêtent à y séjourner quelques jours. Rénové grâce à des fonds de l’État octroyés à l’occasion des Jeux Olympiques de 2004 puis fermé après sa faillite sans indemnisation de ses employés, cet hôtel trois étoiles fait figure de symbole de la crise grecque. Huit ans plus tard, c’est un « chez-soi » (home) dénué de toute valeur marchande que le Refugee Accommodation and Solidarity Space City Plaza, propose à ses nouveaux habitants. Le 22 avril 2016, une centaine de militants grecs et un groupe de réfugiés2 squattent le bâtiment pour fournir sur sept étages un logement à environ 350 réfugiés. Leur objectif est de montrer par un exemple concret et de grande envergure qu’une politique d’accueil solidaire au centre d’Athènes est possible. Ils placent en effet au cœur de leurs actions la critique « en pratique » (expression d’un local) de la politique migratoire de l’Union Européenne et du gouvernement grec, des conditions de vie dans les camps et des hotspots3. Pour cela, ils proposent en miroir un modèle incarné par l’appropriation d’un lieu commun et autogéré.

      http://www.revue-urbanites.fr/city-plaza-athenes-squat

    • Greece’s Tower of Babel: An unusual place

      City Plaza functions collectively with refugees and activists cooking, cleaning, and making decisions together.

      From the outside, City Plaza Hotel might not look like much, just another shabby building in the Greek capital of Athens, neglected during the years of the economic crisis. Step inside its doors to find a unique space for hundreds of people from all over the world: refugees.

      Their plan was never to stay in Greece. They had hopes of reaching northern Europe. But, once the “Balkan Route” closed in March 2016, those who had made the dangerous trip in rubber dinghies from Turkey had nowhere else to go.

      That’s when activists in Athens intervened and occupied spaces such as City Plaza, a hotel that had been abandoned years earlier, to prevent the weary travellers from sleeping in overcrowded camps or, even worse, in the streets of Athens, as many who could not find shelter were forced to do.

      Since it was occupied, City Plaza has become home to some 400 refugees and migrants from Syria, Afghanistan, Iraq, Nigeria, Pakistan, Iran and elsewhere. Unlike most refugee accommodations in Europe, City Plaza affords its guests a level of dignity they wouldn’t find elsewhere.

      People have private rooms and their own bathrooms. It’s an unusual space - where most asylum centres are hierarchical and segregated based on nationality, City Plaza functions collectively, with refugees and activists cooking, cleaning, living and making decisions together.

      In such a diverse space, things can easily get lost in translation. But people find a way to communicate, and when they can’t there are people such as Rabea, himself a refugee from Damascus, to make sure that Greek and international activists can communicate with the refugees and migrants living in City Plaza.


      http://www.migreurop.org/article2852.html

    • City Plaza, la #fin...
      Message reçu le 12.07.2019 de Vicky Skoumbi via la mailing-list de Migreurop:

      Après 39 mois de fonctionnement l’occupation City Plaza, un hôtel athénien transformé en lieu de vie et d’hébergement pour réfugiés a fermé. City Plaza avait accueilli 2.500 réfugiés dans un espace exemplaire, géré collectivement par les solidaires et par les réfugiés eux-mêmes. L’évacuation a été programmée par le collectif Solidarity 2 refugees qui a été à l’origine de l’occupation. La décision de ne plus continuer l’occupation fut prise en mai 2018 et depuis juin de la même année City Plaza n’acceptait plus de nouveaux arrivants. D’après le communiqué mise en ligne sur FB, la décision fut prise pour trois raisons :

      A) le refus de normaliser/légaliser une occupation qui s’est voulue un acte militant tandis que deux ordres successives d’évacuation du procureur restaient en attente.

      B) Un manque grandissant des moyens et de forces vives ; il fallait que chaque nuit un service de sécurité de huit personnes soit de garde afin d’assurer la sécurité des réfugiés qui pouvaient à n’importe quel moment devenir la cible d’une attaque de l’Aube Dorée ou d’autres groupuscules d’extrême droite, la possibilité d’une intrusion de la propriétaire accompagnée de ses sbires étant toujours en ligne de mire.

      C) Les élections et la formation d’un gouvernent de droite qui a déjà annoncé son intention d’y envoyer les CRS pour évacuer de force l’hôtel et en finir avec la soi-disant « anomie » de l’occupation ; ont précipité l’évacuation : il fallait protéger les migrants sans-papiers d’une arrestation qui pourrait être suivi d’un internement et d’une expulsion

      Tous les résidents de City Plaza ont été relogés dans des bonnes conditions, soit à d’autres occupations, soit à des appartements.

      Le collectif remercie tous ceux et celles ont soutenu d’une façon ou d’une autre et leur donne rendez-vous pour des nouveaux combats en commun

      Voir leur communiqué en anglais
      https://www.facebook.com/sol2refugeesen/posts/2117692658523066?__tn__=K-R

      39 months City Plaza: the end of an era, the beginning of a new one. (here is the text in Greek https://urlzs.com/dtFsv)

      Yesterday, on 10th July 2019, the keys of squatted City Plaza were handed back to the former employees of the hotel, to whom the mobile equipment in the building belongs. All refugees living at City Plaza have been moved to safe housing within the city.

      On 22 April 2016, the Economic and Political Refugee Solidarity Initiative squatted the empty City Plaza building with a two-fold goal: to create, on the one hand, a space of safety and dignity in which to house refugees in the centre of the city and, on the other, to create a centre of struggle against racism, borders, and social exclusion. For the freedom of movement and for the right to stay.

      The decision to squat was taken at a critical political juncture. On 18th March 2016, one month before the squat opened, the EU-Turkey deal to restrict the movement of refugees to Europe was signed. It was the deal that marked the end of the “summer of migration” - the period which began in July 2015 when, under pressure from approximately one million people, the European borders “opened”. This was the deal that turned the islands of the Aegean into a sort of prison for migrants, and which turned mainland Greece into a trap for over 60,000 people. The SYRIZA-ANEL government, following its capitulation to the neoliberal management of the economic crisis, took on the the implementation of a policy of control, deterrence and discouragement of migration. With Frontex and NATO patrolling the Aegean, with detention centres such as Moria on the islands, with awful camps as the only policy for housing refugees on the mainland, by punishing solidarity and the struggle of refugees. During that time, the housing issue was very pressing. The refugees who had arrived in Athens were either homeless or were being housed in the awful camps of Elliniko, Malakasa, or the port of Piraeus, while hundreds of people slept in tents or cardboard boxes in city streets and squares.

      It was while these were happening that a discussion began within the Economic and Political Refugee Solidarity Initiative, which led to the decision to squat City Plaza, a hotel on Acharnon street which remained shut for seven years. The decision had certain features of voluntarism, and was not justified by the forces in our disposal, nor by the state of the anti-authoritarian movement at the time. Yet it was a move which addressed the political situation and the great struggle of the refugees who had, over the previous months, opened the borders of Fortress Europe and thus won their right to freedom of movement. It also matched the massive and spontaneous social solidarity movement which developed along the length of the migration route.

      City Plaza as an example of dignified housing, space for social solidarity and cooperation between locals and migrants.

      From its inception, City Plaza was organized around two key goals:
      – to create a space for safe and dignified housing for migrants in the centre of the city, a space of solidarity and cooperation between locals and migrants.
      – to function as a centre of struggle in which political and social demands by migrants and locals will interweave and complement each other.

      CP proved in practice that the state policy of “hospitality” towards refugees is a mixture of harshness, incompetence, and political expediency. Where the solidarity movement, without any funding from formal institutions, without any “experts” or employees, managed to create one of the best housing spaces in the centre of the city, the state continued to abide by the trapping of refugees in makeshift camps and tents in the mainland, and by imposing a regime of refuting the rights of refugees and detaining them in hot spots on the islands, at the threat of deportation.
      This contrast was the key element which led to mass support for CP at the beginning of its operation, by individual activists, organizations/collectives of the left, as well as by people who joined the movement for the first time there. Of course, because of the ownership status of the hotel, there were several attacks “from the left” which, fully aligned with the narrative of the owner and the petty bourgeois rhetoric on the “supreme human right to property”, attempt to belittle the effort, by spreading conspiracy theories (ranging from claims that we’re being funded by Soros, SYRIZA, the German State, to claims that we traffic drugs, firearms, children, and sex workers), slandering the collective and the activists who are part of it.

      City Plaza proved in practice that refugees and locals can live together when, instead of isolation, punishment, and hatred, there is solidarity, struggle, and community. At the opposite pole from the camps, located outside the cities and in awful conditions, CP managed, in a difficult neighbourhood, until recently patrolled by neonazis, to brighten the formerly dark corner between Acharnon and Katrivanou, by giving it the character of security truly valued by those from below: the security of dignified housing, community, solidarity, and vitality of the people selflessly fighting for better lives.

      At the same time, dozens of people showed their solidarity around the world. Through their daily presence, their participation in shifts, positive attitude and a large-scale international campaign for the financial support of the project. Dozens of crates of food and other essentials were sent to Plaza, thousands of people and groups made donations to support the project, which relied solely on donations for its survival.

      City Plaza also served as a centre for struggle. Aiming to internationally denounce the anti-refugee policies of the SYRIZA-ANEL government and the EU, we brought to the fore topics such as criminal responsibility for shipwrecks and loss of human life, the delay or obstruction of sea rescue, the practice of illegal pushbacks in Evros and the Aegean, the conditions of imprisonment in hotspots. City Plaza hosted dozens of open discussions on the border regime, racism, the struggle for rights, often featuring contributions by well-known intellectuals from around the world, such as Judith Butler, Angela Davis, David Harvey, Alain Badiou, Sandro Mezzandra, among others. Yet the goal was not just to highlight issues relating to migrant struggles, but also to link them to the struggles of locals. In the rallies for International Worker’s Day, the Polytechnic Uprising, antifascist and feminist protests, the City Plaza block was present throughout the three years.

      The City Plaza community: Practices, Rights, Cooperation.

      The answer to the question of what City Plaza is is known to the thousands of people who passed through its doors: CP is a project for the realisation of a conception of everyday life which aims to empower those “from below”, in the constitution of a space of freedom, which practically realises an aspect of the society we envision.

      Its mode of operation expressed a politics of everyday life which is in opposition to the dominant model of managing migration, especially to its “NGOisation”. At the core of this voluntary contribution of time, effort, and emotion was not the “provision of services” to “the vulnerable” but the attempt to combat insecurity and fear, to empower and encourage confidence and trust in the collective. Help to refugees was re-politicised - and became solidarity and common struggle. Self-organisation, shared responsibility and decision making were central, as was a constant reflection on the inequalities permeating relations within the project: localisation, class, gender, language, education, etc.

      Despite the inherent contradictions and difficulties, the collective experience of organising everyday life was the foundation for building a strong community of solidarity. At the same time, in this context, and in contrast to dominant victimising narratives, refugees and migrants became dynamic subjects with an active role on social and political life.

      Daily life at CP was based on the principle of participatory organisation and collective decision making and operations, processes particularly complex in a community of 350 people speaking different languages, and with different ethnic, class, and social backgrounds, and different plans for the future. Regular coordination meetings became the space in which equal discussion took place on issues of operation and organisation, while House meetings were - especially in the beginning - a real lesson in how we can and should discuss, operate, and co-implement, as refugees and as locals. The organisation of residents and solidarians into working groups was a component of organising the project but also an essential basis for developing personal and political relationships amongst ourselves. The working groups were: Reception, Education, Children’s Activities, Health Centre, Kitchen, Security, Economics, Cleaning, Communications, as well as a self-organized Women’s Space.

      In its 36 months of operation, City Plaza hosted over 2,500 refugees from 13 different countries. About 100 of the 126 rooms of the hotel hosted 350 refugees at any one time, while the remaining 26 either served as communal spaces (classrooms, women’s space, storage space) or to host solidarians from around the world. It was, after all, City Plaza’s political choice to not serve as a housing space “for” refugees but as a space of cohabitation and shared everyday life.

      Yet we will not provide statistics referring to countries of origin, ages or ‘vulnerable” cases. In contrast, we will provide “statistics” on the enormous amount of resources that the movement was able to mobilise in order to keep City Plaza going:

      812,250 hot meals were prepared by the kitchen team

      74,500 work hours on security shifts

      28,630 hours of shifts at reception

      5,100 hours of language teaching and creative educational activities

      * 69,050 rolls of toilet paper

      However, the most important things cannot be counted. They have to do with human relationships, mutual respect and solidarity, emotions and experiences, optimism born out of common struggle.

      The end of an era, the beginning of a new one

      Such a project demands enormous resources. It is not a political squat which can stay closed for a couple of days in August without any problems. It is a space which demands a daily commitment, responsibility, and presence. Besides, the way we see it, self-organization is not automatic. To the contrary, it requires many hours of work, often endless processes of shared decision making, and interminable difficulties. In other words, self-organization and solidarity are not theory. They are action in the here and now. Action full of contradictions and life’s problems. In a society in which authoritarianism, war, capitalism, and competition between the subjugated is considered normal, while multiple divisions and hierarchies permeate us all, because of our origins, genders, and class backgrounds, self-organisation is not a slogan. It is a struggle.

      Unfortunately, as often happens in many self-organized projects, enthusiasm, commitment, and participation dwindle over time - especially when circumstances are so demanding. The fact that the overwhelming majority of City Plaza residents are in transit made it impossible to hand the operation of the squat completely over to the refugees as most of them, sooner or later, left for Europe. At the same time, the material resources required for a project of such size - for food, hygiene products, medications, building maintenance - became harder to come by, despite the fact that comrades throughout Europe have demonstrated extraordinary commitment.

      On the basis of all of the above, shortly before City Plaza celebrated its two-year anniversary, and following calls to collectives and spaces which supported the project from its inception, there opened a difficult and contradictory discussion on how long City Plaza can carry on, or whether and how it should adapt, given that we did not wish to see the project decline. There was a dilemma on whether we would move towards the direction of “normalising/ legalising” the squat or towards completing the project, while also looking for new ways to keep the community it created alive in a different context.
      The first option was found to be politically undesirable, as it clashes with City Plaza’s character as a political alternative to NGOisation, and leads to a disconnect between the issues of safe housing and collective struggle and rights demands more generally.

      We decided that, despite it being a difficult choice, City Plaza should rightly close the way it began and operated: as a political project, by protecting the central element which turned it into a example, that is organisation from below, safe and dignified living, community of struggle, and addressed to society as a whole.

      During the House meeting of 26th May 2018, we jointly decided on this direction - not without contradictions and disagreements - and there was an extensive discussion about how to implement such a decision. Beginning in June 2018, City Plaza did not accept new residents, while there was a collective commitment that the project would not wind down until every resident had found acceptable accommodation. This commitment was not at all simple to implement. The wider circumstances of dealing with the refugee question - both from the point of view of the SYRIZA-ANEL government and from the point of view of NGOs, did not provide an opportunity to provide institutionally guaranteed housing to residents, while other spaces and squats could not house such a large number of refugees, despite positive attempts to support this.

      One year on, and while the project was winding down, the expected change in the political landscape, with the imminent re-election of New Democracy, made it imperative to once more address the pace at which the project is progressing towards its close, taking into account the fact that, over the past several months, several refugees had gradually moved to safe housing. Plaza has two pending court orders for its evacuation, while high-ranking New Democracy members made daily references to the “destruction of private property” and the “lawlessness” at City Plaza. In this respect, evacuation could be used as a deterrent, while many refugees, especially those with no fixed legal status, could face disproportionate consequences (deportation, detention, etc.). Even though, for some, an evacuation by New Democracy could be seen as a “heroic exit”, for which few political explanations would need to be given, nevertheless most City Plaza residents would be put in danger, especially in view of their already vulnerable and unstable status.

      This reconfirmed the decision to bring City Plaza to a close, on a collective basis and in our own terms. All refugees found safe housing. In the almost eighteen months between the decision to shut down and its implementation, most refugees moved on towards Northern Europe. Out of those who remained at City Plaza, some had the opportunity to rent their own place, as they had since found employment, while others still resorted to collective solutions. Through shared spaces and other housing projects which we have already put in place, along with the impossibly persistent network of all the people who actively participated in the project (refugees and solidarians), the community will continue to exist long after the building has been abandoned.

      City Plaza’s closure is linked to the wider movement’s inability to develop effective forms of organization, mobilisation, and discourse on the refugee questions, which match the demands of the time. It is true that many parts of the wider social movement decided on different degrees of involvement, being unable to support the project and/or develop similar ones, which would galvanise our efforts through a new dynamic. This position is not apportioning blame, but highlights the project as part of a wider social and political process, reflecting the ideological-political and organisational crisis within the movement, with which we will have to deal in the next phase.

      City Plaza was an invaluable political experience for all who took part, but also a political event far greater than the sum of its parts. Without exaggeration, CP was the pan-European symbol which concentrated resistance to the racist and repressive migration regime of the EU, following the closure of the borders after the EU-Turkey deal was signed. Equally, it served as a strong counter-example at a time of pessimism and demobilisation for the left, and a time of resurgence for the far right.

      City Plaza was a great struggle which, like all great struggles, cannot be counted as a clear victory or a clear defeat. It is a chapter in antiracist and migration struggles and, at the same time, an experiment in social movements, an unexpected mix of different needs, sociopolitical, gendered, and class experiences. This meeting, like every mixture, needs some time for the multiple experiences to settle and leave their trace on our individual and collective consciousness.In this milieu, new forms of resistance, struggle, and relationships of cooperation and solidarity will form - in Athens as well as in the dozens of cities at which City Plaza residents will arrive, as well as in the daily struggles against the barbarism or racism and repressive policies. Σ

      The City Plaza collective was, from the beginning, aware of its contradictory makeup. The alternative it proposed could not but me incomplete, dependent on the circumstances in which it was born and the subjective capacities of the movement and its people, with their brains, hearts, and bodies. Yet it was also restricted, like every struggle for rights and equal participation, which impinges on the power of capitalist exploitation, the imposition and reproduction of nationalist, racist, and gendered hierarchies and divisions.

      City Plaza is a link in a chain of struggles for social emancipation. A peculiar struggle, as it began from the small and the everyday, from how to cook the food and how to clean the building, and extended to resistance to the border regime and to multiple levels of discrimination. For those of us who took part in it, CP was an opportunity to redefine and to reflect on political thought and practice, relations of power, everyday life, cohabitation and its terms, self-organisation and its contradictions. We say goodbye to S(p)iti Plaza with one promise: to transfer this rich experience, to continue to enrich and broaden the ways and the places of common struggle.

      Solidarity will win!

  • L’édito’ – À propos de “Après l’arrivée”
    https://asile.ch/2017/12/26/ledito-a-propos-de-apres-larrivee

    Vivre Ensemble est toujours à la recherche de nouvelles façons de parler d’exil, de migrations forcées, d’intégration, de solidarité. Lorsque Herji, jeune dessinateur avec lequel nous collaborons depuis 2014, nous a parlé de son envie de réaliser une BD en marge de son stage à Vivre Ensemble, et qui plus est autour de l’accueil d’un […]

  • HCR | Crise syrienne : Tortures sexuelles et viols généralisés à l’égard des hommes et jeunes garçons
    https://asile.ch/2017/12/27/hcr-crise-syrienne-tortures-sexuelles-viols-generalises-a-legard-hommes-jeunes

    Selon une étude du HCR, le viol, la torture et l’exploitation sexuelle à l’égard des hommes et des jeunes garçons en Syrie et dans d’autres pays pourraient être nettement plus répandus qu’on ne l’estimait auparavant.

  • Sortie de Suisse interdite pour les permis F ? Une punition collective
    https://asile.ch/2017/12/27/sortie-de-suisse-interdite-permis-f-punition-collective

    Le Conseil national veut restreindre la liberté de mouvement de tous les demandeurs d’asile et personnes admises à titre provisoire. Le Conseil des Etats devra se prononcer sur cette décision incompréhensible. Extrait d’une opinion publiée par Aldo Brina, chargé d’information et de projet au CSP Genève, publiée le 8 juin 2017 dans le quotidien Le […]

  • Tribunal fédéral | Avances de frais auprès des requérants MNA
    https://asile.ch/2017/12/26/communique-tribunal-federal-renonciation-a-percevoir-avances-de-frais-aupres-r

    Dans un arrêt du 16 octobre 2017 le Tribunal fédéral enjoint le Tribunal administratif fédéral de renoncer en règle générale à percevoir des avances de frais dans le cadre de recours déposés par des requérants d’asile mineurs non accompagnés. La pratique actuelle consistant à exiger des avances de frais dans de telles situations restreint de […]

  • L’Obs | “On ne peut pas accepter qu’il y ait des gens qui meurent dans nos montagnes”
    https://asile.ch/2017/12/25/lobs-on-ne-accepter-quil-y-ait-gens-meurent-nos-montagnes

    Parce qu’ils ne veulent pas laisser des personnes mourir de froid en traversant la frontière franco-italienne, collectifs et associations, dont “Tous Migrants”, ont organisé ce week-end une cordée solidaire. Lors de cette cordée symbolique, ils ont secouru un jeune homme transi de froid, bloqué dans un couloir d’avalanche. Etienne Trautmann, qui a appelé les secours […]

  • Appel d’elles | Un cas révoltant à Zurich!
    https://asile.ch/2017/12/24/appel-delles-cas-revoltant-a-zurich

    Une femme érythréenne a été renvoyée pour la 2ème fois en Italie, enceinte de 8 mois avec une petite fille d’un an, alors que son mari et sa sœur résident en Suisse avec un permis F. Comble de la procédure : cette dame avait une attestation médicale qui certifiait qu’elle ne pouvait pas voyager. 7 Policiers […]

  • HCR | Première évacuation de 162 réfugiés vulnérables depuis la Libye vers l’Italie
    https://asile.ch/2017/12/24/hcr-premiere-evacuation-de-162-refugies-vulnerables-libye-vers-litalie

    Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a annoncé aujourd’hui l’évacuation de 162 réfugiés très vulnérables depuis la Libye vers l’Italie, y compris des enfants non accompagnés et des femmes qui avaient été retenus en captivité pendant de longues périodes.

  • Migreurop | Niger : ingérence et néocolonialisme, au nom du développement
    https://asile.ch/2017/12/23/migreurop-niger-ingerence-neocolonialisme-nom-developpement

    Le 10 octobre 2016, la chancelière allemande Angela Merkel était reçue en grande pompe à Niamey. Elle ne faisait pas mystère que ses deux préoccupations étaient la « sécurité » et « l’immigration ». Il s’agissait de mettre en œuvre des « recommandations » répétées à l’envi : le Niger, « pays de transit », devait être accompagné afin de jouer le rôle de […]