Sébastien Villemot : « Sortir de l’euro par la gauche, c’est possible ! »

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  • Sébastien Villemot : « Sortir de l’euro par la gauche, c’est possible ! »
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    Le nouveau « sommet du plan B » s’est tenu les 10 et 11 mars à Rome. Nous longeons un quai parisien, par une matinée pluvieuse comme en réservent les printemps mal dégrossis. On dépasse l’ambassade du Qatar, celle d’Afrique du Sud, l‘Église américaine, La Boudeuse amarrée près d’un pont. Nous voici presque arrivés au rendez-vous. Nous rencontrons Sébastien Villemot, économiste et spécialiste de la crise de la zone euro, pour un échange qui se veut d’abord de clarification et de vulgarisation. L’économie, surtout quand elle se fait « déconnomie » — selon le terme de Jacques Généreux —, passe pour inabordable : tâchons ici de nous porter en faux. Qu’est-ce vraiment qu’une dette publique ? Faut-il avoir peur d’une sortie de l’euro ? La gauche abandonne-t-elle ce sujet au Front national ? Quelles leçons tirer de la crise grecque ? Bref, ce « plan B » serait-il l’une des portes de sortie pour relancer la machine à penser la politique ?

    Il peut donc y avoir des raisons de gauche de sortir de l’euro, et une manière de gauche de penser la sortie…
    Oui, il y a en effet différentes manières d’envisager cette sortie. Tout dépend du projet politique qui est derrière : repli national ou refondation de l’Europe  ? L’idée du plan B, c’est d’imaginer une sortie coopérative, c’est-à-dire qui ne débouche pas sur de nouvelles guerres monétaires, avec des dévaluations compétitives de chacun des pays qui recommenceraient à s’affronter dans une logique néomercantiliste. Mais en même temps, on voit bien que l’euro tel qu’il existe n’empêche pas les dévaluations compétitives (elles prennent juste une forme différente, en forçant les salaires à la baisse) et qu’il favorise la montée des ressentiments nationaux et des extrêmes droites. Le statu quo n’est donc pas non plus une option : en un sens, l’euro est en train de tuer l’idéal européen  ! Le plan B, c’est penser un moment de rupture avec le carcan institutionnel, mais qui débouche sur une re-construction commune, tout en tenant compte de la diversité des situations nationales aux plans économique, social et institutionnel. Penser une sortie de gauche, ce n’est pas fouler aux pieds l’Europe, c’est justement rendre aux valeurs européennes leur vrai sens, en retrouvant les moyens de faire une politique enfin conforme à l’idéal de solidarité censé avoir présidé à sa création !