Le blog de Christine Delphy – Nouvelles questions féministes

https://christinedelphy.wordpress.com

    • « L’évaluation a montré que cette loi protège bien les personnes prostituées et qu’elle est efficace si elle est portée par le Gouvernement. Si les ministères de la Justice et de l’Intérieur ainsi que le secrétariat d’État en charge des droits des femmes ne sont pas actifs, ce sont les personnes prostituées qui en font les frais. Il faut donc davantage de volontarisme politique et de moyens financiers pour garantir l’effectivité de la position abolitionniste de la France… »

      Cependant si on regroupe les clients mis en cause depuis 2017, on atteint 5000 personnes en 2020. Et l’obligation de suivre un stage pour les clients poursuivis dépend des juges.

      J’ai appris que la menace horrible qui pèse sur les prostitueurs et oblige les prostitué·es à se cacher et à se mettre en danger, ce serait un stage de sensibilisation. Horreur ! C’est Queutard qu’on assassine !

      L’accord d’admission dans le parcours de sortie permet à la personne de bénéficier, sous réserve de l’approbation du Préfet, d’une autorisation provisoire de séjour (APS) de 6 mois, renouvelable 3 fois, ainsi que d’une allocation financière d’insertion sociale (AFIS) de 330€/mois pour une personne seule (+132€/enfant), si elle n’a pas d’autre revenu. Ce parcours de sortie de prostitution PSP) ne constitue pas la seule voie de sortie de la prostitution, – l’Amicale du Nid accompagne plus de 3 000 personnes par an vers une insertion socio professionnelle – mais il représente un levier puissant pour les personnes qui sont prêtes à s’y impliquer. C’est un signal fort de reconnaissance.

      J’aurais tendance à dire qu’en effet, c’est plus de la reconnaissance qu’une aide matérielle.

      L’implication des associations abolitionnistes dans la prévention auprès des jeunes et l’éducation à la vie affective et sexuelle devrait être une priorité. Nous retenons particulièrement la lutte contre la prostitution des mineur·es contre laquelle nous sommes mobilisés depuis 2011. Elle est une priorité de notre action. Et nous insistons sur la priorité donnée à l’accès aux soins pour les personnes en situation de prostitution et de sortie de la prostitution, sur l’augmentation du montant financier de l’allocation et de la durée de l’autorisation provisoire de séjour et sur la mise à disposition d’hébergements et de logements.

      Et la pauvreté généralisée, dont sont victimes plus souvent les femmes et les enfants et ados ?

  • Onfray : fin de partie - Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2020/07/01/onfray-fin-de-partie

    Oui, je rejoins l’approche d’Élisabeth Roudinesco. L’érudition, la précision des connaissances, ne sont pas des détails dans les différends qui nous opposent à Onfray et aux autres falsificateurs. De mon côté, je suis intervenu sur une petite chose, Charlotte Corday, parce qu’elle relevait de ma spécialité, mais aussi parce qu’elle me permettait de poser une question infiniment plus large : au fond, il s’agissait de démontrer par la preuve qu’Onfray, qui se présentait comme un démythificateur, était en réalité un falsificateur qui, au lieu d’émanciper son public comme il prétendait le faire, le manipulait en réalité. Dans un livre paru chez Galilée en 20094, Onfray se travestissait en historien, pour proposer un éloge de la meurtrière de Marat, Charlotte Corday. Au cours de ma thèse, j’avais identifié Corday comme une des figures importantes de la droite conservatrice et royaliste du XIXe siècle, puis de l’extrême droite du XXème siècle. Une figure dont il faut rappeler qu’elle a assassiné un journaliste et député. Quoiqu’on pense de Marat, faire l’éloge de Charlotte Corday, censée représenter « tous ceux qui, aujourd’hui, opposent la vertu à la corruption politique » (p. 81), est d’une violence innommable. Comme Élisabeth Roudinesco, j’ai par ailleurs été surpris par la même tendance à la falsification et à la mystification. Dans son livre, Onfray inventait de toutes pièces des citations de Marat, semblait croire sérieusement que le cannibalisme était une pratique fréquente sous la Révolution… La liste des erreurs et manipulations est interminable. En tant qu’historien de la Révolution française, je possédais les outils pour comprendre immédiatement que rien de ce qu’Onfray écrivait ne provenait d’aucune source ni d’aucune archive, mais qu’il avait puisé dans toute la tradition de la contre-révolution catholique et royaliste, surtout la tradition utilisée par l’extrême droite du XXème siècle, y compris par Drieu la Rochelle. En vérité la Charlotte Corday dont Onfray faisait l’éloge n’a jamais existé que sous la plume des hommes proches de la droite fascisante ! C’est ce dur labeur du métier d’historien, l’érudition dont parlait Élisabeth Roudinesco, qui nous permettait de détecter l’origine de cette pensée, et de dénoncer son caractère profondément dangereux et réactionnaire. Car dans ce projet fondé sur la destruction du régime de la preuve, sur la falsification et le travestissement des sources, c’est tout l’outillage scientifique issu des Lumières qui se trouve balayé : tous les outils et procédés qui nous permettent de débattre en commun à partir des mêmes critères, était radicalement remis en cause.

  • MERES SOLOS : reconnaître le #travail gratuit des #femmes – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2020/05/29/meres-solos-reconnaitre-le-travail-gratuit-des-femmes

    Dans ce roman, il s’agit d’un premier enfant, et d’un enfant en bas âge. Et bien sûr qu’il y a des risques pour la #santé de la mère. Le problème, c’est que ces mères n’ont même pas la possibilité, le temps de prendre soin d’elles et de leur santé, en particulier dans certaines circonstances. Automatiquement, le fait qu’elles doivent travailler pour gagner leur vie et s’occuper de cet enfant quand elles sont seules, avec des projets et des objectifs personnels à mener, quand on ajoute à ça le fait qu’il y a une #violence patriarcale à laquelle toutes les femmes sont confrontées, dans le cadre du travail, dans le cadre d’une vie citoyenne, quand il faut assumer cette charge mentale et la charge très concrète du soin de l’enfant, je me disais que dans cette situation, la femme est soumise à plusieurs rythmes ou vitesses extérieures. C’est-à-dire qu’à la fois, elle subit une forme d’accélération du temps, une demande de productivité, professionnellement elle doit travailler dans la rapidité, elle est soumise à cette temporalité-là. Et puis il y a la #lenteur et l’espace-temps qu’exige un enfant. Il faut réussir à jouer dans plusieurs espaces-temps. Donc, dans le roman, ce que je voulais montrer, c’est comment une femme, la narratrice, au moment où elle se retrouve seule avec un enfant, va réaliser ce qu’on attend de la femme contemporaine. D’abord assurer dans la sphère privée, dans la sphère domestique en priorité, et en plus d’agir dans la sphère publique, avoir un métier, avoir un travail, etc. Toutes les femmes doivent assumer plusieurs vies, et même si c’est masqué par la conjugalité, pour la femme seule, c’est vraiment patent. Elle nous révèle cette réalité que d’autres femmes, même si elles sont en couple, vivent aussi. C’est mis à nu, c’est violent, c’est clair.

  • Communication du ministère des Solidarités et de la Vérité – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2020/05/19/communication-du-ministere-des-solidarites-et-de-la-verit

    Et cependant, nous sommes de plus en plus pressés par les impératifs économiques : nous savons que les profits n’attendront encore pas bien longtemps sur notre sol, et que si nous ne nous décidons pas à agir, ils s’en iront ailleurs…

    Aussi avons-nous décidé de pousser le seul curseur à notre disposition, celui de l’immunité de troupeau et, pour cette guerre si particulière que la nation rassemblée mène, de substituer à l’impôt du sang, l’impôt du virus. Toutefois, si les balles et les mines antipersonnel frappent aveuglément, nous pouvons, dans la solidarité, rendre plus consciente, plus efficace, et peut-être moins dure économiquement, la propagation du virus.

    Cette nouvelle doctrine, que nous assumons totalement, nous la déclinerons sur deux axes.

    D’abord, nous appelons tous nos citoyens à participer à l’effort national, dans ce grand élan de fraternité dont nous les savons capables, en sacrifiant quelques personnes de leur entourage, notamment des improductifs et des personnes âgées qui ne résident pas en EHPAD, et dont la contamination permettra d’atteindre plus rapidement ce libérateur seuil des 70% de covidés dans la population. Dès maintenant, nous devons, ensemble, faire la part du feu : sur le site Santé publique France, nous vous invitons à communiquer, de manière anonyme si vous le souhaitez, le nom des personnes qui vous semblent susceptibles d’être sacrifiées au bien national, ainsi que les raisons de vos choix honorifiques, car il est beau de mourir, même sans le savoir, pour la préservation de la nation. Afin que des motifs personnels ne viennent entacher la désignation, que seul le bien collectif doit légitimer, une enquête sera, pour chaque cas, diligentée et, sitôt avérée l’exactitude des déclarations, des équipes spécialisées procéderont à la contamination.

  • Dominique Méda : « Les plus forts taux de surmortalité concernent les “travailleurs essentiels” »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/23/dominique-meda-les-plus-forts-taux-de-surmortalite-concernent-les-travailleu

    En revanche, l’équivalent britannique de l’Insee, l’Office for National Statistics (ONS), a exploité les données de mortalité par le Covid-19 (« Coronavirus (Covid-19) Roundup ») sous l’angle socioprofessionnel. L’une de ses études analyse les 2 494 décès impliquant le coronavirus intervenus entre le 9 mars et le 20 avril dans la population en âge de travailler (20-64 ans) en Angleterre et au Pays de Galles. La profession étant indiquée sur le certificat de décès, on peut comparer la composition socioprofessionnelle des personnes décédées du Covid-19 à celle de l’ensemble des personnes décédées du même âge et du même sexe.

    Les plus forts taux de surmortalité concernent en premier lieu les travailleurs des métiers du soin à la personne (hors travailleurs de la santé, car les médecins et infirmières n’ont pas enregistré de surmortalité), suivis des chauffeurs de taxi et d’autobus, des chefs cuisiniers et des assistants de vente et de détail ; autrement dit, ceux que l’ONS décrits comme les « key workers », les « travailleurs essentiels ». L’ONS a aussi montré la plus forte probabilité pour les non-Blancs de décéder du coronavirus, en partie explicable par des facteurs socio-économiques.

    L’étude :
    https://www.ons.gov.uk/peoplepopulationandcommunity/healthandsocialcare/conditionsanddiseases/articles/coronaviruscovid19roundup/2020-03-26

  • Eliane Viennot : Le Covid-19 s’attaquerait-il aussi à la langue française ?
    https://christinedelphy.wordpress.com/2020/05/12/eliane-viennot-le-covid-19-sattaquerait-il-aussi-a-la-lan
    https://theconversation.com/debat-le-covid-19-sattaquerait-il-aussi-a-la-langue-francaise-13781

    Car pourquoi le masculin serait-il générique, et pas le féminin ? La réponse existe : parce que ses pouvoirs ont été accrus aux dépens du féminin, de manière délibérée, depuis qu’il existe des gens qui s’autorisent à dire le droit en matière de grammaire et de vocabulaire. Des hommes, jusqu’au beau milieu du XXe siècle.

    Précisons : aucun théoricien n’aurait soutenu, jusqu’en avril 1944, que les femmes sont incluses dans les discours au masculin, car cela aurait impliqué que les droits élaborés pour les hommes étaient valables pour elles aussi. Dans cette phrase, par exemple, qui parle de la loi : « Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation » (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, art. 6). On sait que pour exercer ce droit, les femmes ont dû attendre la décision du Conseil national de la Résistance. C’est après seulement qu’on a pu prétendre qu’elles étaient incluses dans les mots « citoyen » et « représentant ». C’est donc après seulement que de bonnes âmes ont mis au point la théorie du « masculin générique ».

    Pourquoi cette Une de Corse-Matin, le 12 avril, avec une quarantaine de visages féminins accompagnés de la manchette « On est avec eux » ? Pourquoi ces titres sur « nos héros » ? Pourquoi cette insistance, chez tant de journalistes, à camper sur « Bonjour à tous » ? Et pourquoi cet acharnement à parler du virus qui s’attaque à « l’homme », comme si les femmes étaient épargnées, comme si le mot « humain » n’existait pas depuis des siècles ?

    Deux ans après #MeToo, ces gens savent tout cela, et il est à parier qu’ils n’ont pas digéré ce que visent ces campagnes, à savoir le recul de la domination masculine. On peut parier qu’ils trouvent « autrice » et « maitresse de conférences » ridicules. Et que pour eux le « monde d’après » peut bien continuer d’être dirigé par des hommes, comme l’avouait si bien, le 5 avril, la Une du Parisien. Cependant, contrairement aux femmes qui sont mortes, tuées par le Covid-19 ou par leurs compagnons – puisque le massacre continue, et même s’amplifie à l’occasion du confinement le féminin se relèvera de cette crise, et il poursuivra sa (re)conquête du terrain. La crise aura été, aussi, celle d’une masculinite aiguë difficile à soigner – mais dont on connaît le remède : l’égalité.

    #langue #féminisation #femmes #travailleuses #égalité #domination_masculine

  • Breaking News – Le gouvernement débloque 1 milliard pour combattre les #ViolencesMasculines – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2020/04/02/breaking-news-le-gouvernement-debloque-1-milliard-pour-co

    En 2020, l’égalité entre les femmes et les hommes est la grande cause du quinquennat et nous constatons qu’il y a véritablement eu un avant et un après Grenelle des violences. Tout a changé ! Non, en 2020, il ne peut y avoir une hausse de plus de 30% des signalements de violences conjugales, auprès de la gendarmerie et de la police, après une semaine de confinement, cela n’est plus possible…

    #poisson_d'avril #violences_masculines #confinement #violences_conjugales

  • Violences masculines en période de confinement : « Personne ne viendra m’aider » | Camille Wernaers
    https://www.axellemag.be/violences-masculines-confinement

    Avec le confinement, les femmes ont moins d’échappatoires face à un conjoint violent. La crise sanitaire rappelle que l’espace privé n’est pas sécurisé pour les femmes. Sur le terrain, les associations adaptent leurs services pour rester au plus près de celles qui en ont plus que jamais besoin. Source : Axelle Mag

    • Delphy a publié cet article avec d’autres encore.

      https://christinedelphy.wordpress.com/2020/04/04/coronavirus-et-confinement-vie-feminine-appelle-a-des-mes

      Avec le confinement, c’est l’explosion des violences intrafamiliales - regards.fr
      http://www.regards.fr/politique/a-l-heure-du-covid-19-chroniques-de-clementine-autain/article/avec-le-confinement-c-est-l-explosion-des-violences-intrafamiliales

      En temps normal, si j’ose dire, un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de l’un de ses parents, selon un rapport de l’IGAS (Inspection générale de l’action sociale) remis en avril 2019. Un chiffre sans doute sous-estimé puisqu’il ne tient pas compte des meurtres non révélés, des nouveaux nés tués à la naissance. On constate toujours, avant le geste létal, des violences antérieures répétées. Le coup fatal n’arrive pas du jour au lendemain, il s’inscrit dans un processus d’humiliations psychologiques et d’agressions physiques. Les parents violents, à égalité entre les pères et les mères (en particulier dans les familles monoparentales), souffrent souvent de troubles psychiatriques ou d’addictions. Et les violences conjugales constituent un environnement favorable à l’enfance maltraitée.

      En période de confinement, tout s’accélère. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a révélé, lors d’une émission spéciale de France 2 sur la crise sanitaire (si spéciale d’ailleurs qu’aucun membre de l’opposition n’a eu le droit de s’exprimer, comme si la démocratie était elle-même confinée !), que les violences conjugales ont augmenté de 36% en une semaine dans la zone de la préfecture de police de Paris et de 32% en zone gendarmerie. À vrai dire, je n’avais pas imaginé un tel niveau de carnage. On observe d’importantes variations en fonction des territoires, le Nord étant plus touché que l’Ouest par exemple. À Reims, je lisais hier dans Le Parisien que ces violences ont représenté 40% des gardes à vue la semaine dernière !

      Autant vous dire que le milliard que nous n’avons pas réussi à arracher au gouvernement après tant de mobilisation grâce à la vague #MeToo contre les violences conjugales me fait plus mal au bide que jamais.

      Les bonnes nouvelles ne viennent pas du gouvernement mais de la mobilisation sociale et citoyenne.

      Soins et féminisme en temps de pandémie - Autres Brésils
      https://www.autresbresils.net/Soins-et-feminisme-en-temps-de-pandemie

      Au Brésil, bien que la maladie soit arrivée par l’intermédiaire de gens riches venant de l’étranger, les deux premières victimes sont des femmes pauvres qui ont été contaminées parce qu’elles travaillaient. En temps de démantèlement de l’État, il est toujours bon de rappeler que c’est l’État lui-même qui est en mesure de garantir la protection et l’assistance économique en cas de calamité. L’isolement peut paraître une option ou un privilège individuel, mais c’est une question politique qui exige des réponses collectives [1]. Le manque de protection est une imposition systémique - patriarcale, raciste et de classe, et par conséquent son contraire (la protection contre la pandémie) est un droit inaccessible.

      L’émergence de la pandémie appelle avec insistance à la redéfinition de la place des hommes dans le maintien de la vie reproductive, des liens affectifs et des soins, une tâche qui n’est pas considérée comme essentielle ou positive dans nos sociétés, et donc exercée de manière inégale par les femmes.

      Et si nous avions des politiques publiques telles que des écoles à plein temps, des laveries et des restaurants communautaires pour ces activités dans notre vie quotidienne ? Et si les soins aux enfants, aux personnes âgées et à ceux qui ne peuvent se prendre en charge n’étaient pas la responsabilité exclusive des familles – c.à.d. des femmes et des filles - mais plutôt discutés et partagés par toute la société ; les hommes et les entreprises aussi. Il s’agit de propositions que les mouvements féministes brésiliens ont formulées et exigées des gouvernements au cours des dernières années, défendues en conférences et dans les programmes de politiques en faveur des femmes, mais qui n’ont guère avancé. Il suffit de se souvenir de la longue lutte pour l’universalisation des crèches et de l’école maternelle, autre revendication insuffisamment satisfaite.

      « Le coronavirus met plus que jamais en danger les Néo-Zélandaises de l’industrie du sexe ; pourquoi est-ce que le lobby pro-décriminalisation ne les aide pas ? »
      https://seenthis.net/messages/838522

      De nombreux Néo-Zélandais sont fiers de l’esprit de leadership de Mme Ardern. Le gouvernement a préparé des mesures de compensation financière pour les employés, les entreprises et les entrepreneurs individuels afin de réduire leur fardeau financier, car il est demandé aux gens de s’isoler pour empêcher le virus de se propager. Elle en a présenté les détails sur un site web intitulé Unite Against COVID-19.

      Women’s Refuge, une organisation qui coordonne un réseau de refuges pour les victimes de violence conjugale dans toute la Nouvelle-Zélande, a reconnu que l’une des plus grandes préoccupations de cette mise en quarantaine est que de nombreuses femmes et de nombreux enfants ne sont pas en sécurité à la maison. La directrice générale de l’organisation, la Dre Ang Jury, a expliqué que « bien que cela soit clairement très nécessaire, l’auto-isolement signifiera probablement une escalade de la violence pour de nombreuses femmes ».

      L’alternative pour de nombreuses femmes serait de rejoindre les 34 000 Néo-Zélandais-es et plus qui souffrent d’une grave pénurie de logement. Or, les femmes sans-abri sont plus vulnérables que leurs homologues masculins, notamment en raison du risque élevé de violence sexuelle. Pour les femmes, les menaces de violence conjugale, de sans-abrisme et de prostitution sont liées, et bon nombre des femmes en prostitution ont connu la violence conjugale, ainsi que le sans-abrisme et l’itinérance.

      (...)

      Les adeptes d’une dépénalisation intégrale de la prostitution affirment souvent qu’il n’est pas possible d’éliminer complètement le risque de violence et de maladie lié à la prostitution, parce que la prostitution est inévitable et ne peut être arrêtée, et parce qu’elle est essentielle — certains hommes ne pouvant tout simplement pas survivre sans avoir accès à des femmes sur le plan sexuel. Ainsi, offrir aux femmes des brochures et des préservatifs, et normaliser la prostitution en la légitimant au plan juridique serait le mieux que l’on pourrait faire.

      Pourtant, après l’annonce de la quarantaine liée à la COVID-19, le NZPC a mis à jour la page d’accueil de son site web pour annoncer que la prostitution devait être stoppée avant minuit mercredi. Cette page se lit maintenant comme suit :

      « INFORMATION SUR LA COVID-19 : DIRECTIVES POUR L’ARRÊT DU TRAVAIL SEXUEL PAR CONTACT PHYSIQUE AVANT MINUIT MERCREDI 25 MARS 2020

      La NZPC reconnaît que le travail du sexe est un travail et constitue la principale forme de revenu pour un certain nombre de personnes.

      Cependant, comme la Nouvelle-Zélande passe au niveau d’alerte 4, les travailleuses du sexe sont priées de se conformer à l’obligation de rester chez elles pendant la période d’isolement de quatre semaines indiquée par le gouvernement. Seuls les travailleurs des services essentiels seront autorisés à travailler. Le travail du sexe n’est pas classé parmi les services essentiels (médecins, pharmaciens, police, ambulance, pompiers, vétérinaires, production alimentaire et supermarchés).

      C’est pourquoi la NZPC souhaite que toutes les travailleuses du sexe respectent l’interruption de quatre semaines.

      En cas de non-respect, des fonctionnaires pourraient se rendre sur votre lieu de travail pour faire respecter cette directive ».

      Le message se termine par un lien vers le site web Work and Income New Zealand (WINZ) et vers le site gouvernemental Unite Against COVID-19.

      Cette notification sur le site web de la NZPC comporte quelques concessions. La première est que la prostitution peut être arrêtée — et immédiatement — si la volonté politique est présente et si le besoin est considéré comme urgent. Le fait que le taux de violence sexuelle contre les femmes dans la prostitution soit plus élevé que celui commis dans tout autre contexte n’a tout simplement jamais constitué une menace suffisamment urgente à leurs yeux. La deuxième concession est que les hommes n’ont pas réellement besoin de la prostitution – celle-ci n’est ni essentielle, ni un besoin humain, ni un droit. C’est une chose dont les hommes peuvent se passer.

  • Francine Sporenda : LES FISSURES DE « LA MAISON » ou les contradictions d’Emma Becker – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2020/03/23/francine-sporenda-les-fissures-de-la-maison-ou-les-contra

    Excellent article !

    Les féministes connaissent le concept d’« identification masculine » : dire qu’une une femme est « male identified » signifie qu’elle tend à systématiquement prendre le parti des hommes, les considère comme plus importants, plus intéressants et plus fiables que les femmes et voit toutes choses d’un point de vue masculin. Ayant une faible estime de soi, elle a besoin de l’approbation masculine pour valider son existence. Kathleen Barry précise qu’elle a « internalisé les valeurs du colonisateur et participe activement à la colonisation de soi et de son sexe » (52) ? D’après ce qu’on apprend d’elle dans ses livres et ses interviews, l’autrice de « La Maison » semble assez bien correspondre à ce schéma, mais peut-être est-il insuffisant pour expliquer certains aspects de sa personnalité.

    D’elle, une journaliste observe que « plusieurs personnes l’habitent » (53). Au niveau de son discours, on remarque qu’il y en a au moins deux : d’une part, la « putain respectueuse », celle qui recycle avec révérence un discours social consensuel, le topo de sens commun véhiculant les « vérités éternelles » sur la prostitution, et de l’autre l’observatrice sagace et attentive qu’elle peut être, capable de percevoir avec acuité et de penser de façon autonome. Un des slogans du féminisme historique américain est « trust your perceptions » (faites confiance à votre ressenti). Emma Becker est ballottée entre le gaslighting patriarcal qu’elle a introjecté, et ses propres perceptions qui entrent en conflit avec celui-ci et viennent régulièrement fissurer la chape d’idées reçues qui l’emprisonne : tantôt elle récite le logiciel pirate installé dans sa tête, tantôt elle le rejette au bénéfice d’un discours critique auto-produit.

    Comment expliquer ces contradictions, ce conflit interne permanent ? Il est intéressant pour le comprendre de relire ce que dit Ferenczi (un des rares psychanalystes qui aient pleinement reconnu l’effet traumatique produit par les agressions sexuelles commises sur les enfants) : la victime de ce genre d’agression, suite à la peur éprouvée, internalise l’agresseur, ses paroles et ses comportements, par moments elle parle comme lui, agit comme lui. Elle est clivée psychiquement entre une partie d’elle-même, ce qui subsiste de sa personnalité antérieure, et une autre qui a internalisé la volonté de l’agresseur, qui la parasite et existe en elle de façon intra-psychique. Cette peur l’oblige à se soumettre à sa volonté en s’oubliant complètement elle-même, à lui obéir, à devenir lui, et à prévenir le moindre de ses désirs pour éviter ses agressions, cette stratégie visant à « anticiper une répétition de l’agression pour se protéger contre elle » (54).

    Le livre d’Emma Becker, de pair avec la couverture importante et les éloges dithyrambiques qu’il a reçu des médias, s’inscrit dans un discours largement diffusé de re-légitimation de la prostitution, à l’heure où les axiomes séculaires du système patriarcal sur cette activité sont battus en brèche par les analyses féministes et où plusieurs pays, dont la France, viennent de passer au modèle nordique. On peut parler actuellement d’une véritable contre-offensive des lobbies pro-prostitution, qui se déroule au niveau législatif avec les attaques de diverses associations pro-prostitution contre la loi de 2016 (avec la QPC en particulier), mais plus encore au niveau culturel, avec une série de livres, BDs, articles, émissions de télé, séries et films présentant une image favorable de la prostitution.

    #prostitution #Emma_Becker #patriarcat

    • Emma Becker considère qu’il y a un droit masculin fondamental à l’accès sexuel aux femmes, et qu’une classe de femmes doit être sacrifiée à la satisfaction de ce droit, en quelque sorte vouées au service du pénis comme les religieuses étaient vouées au service de Dieu (en patriarcat, c’est à peu près la même chose). Selon elle, tous les hommes, aussi laids, vieux, désagréables et misogynes qu’ils soient, doivent absolument être préservés de toute frustration sexuelle et pouvoir disposer à volonté de corps de femmes, jeunes et jolies évidemment. Sensible à la « misère sexuelle » des clients–une des justifications rituelles de la prostitution–l’autrice s’étend complaisamment sur leur détresse, évoque leur pathétique solitude, s’attendrit sur ces timides en mal d’affection qui voudraient être aimés des pensionnaires de la Maison. Par contre, que la sexualité soit, pour les femmes infiniment plus que pour les hommes, source de frustration, d’insatisfaction, voire de contrainte et de violences ne la préoccupe pas : seules les souffrances masculines l’émeuvent.

      Toute limitation de ce droit masculin millénaire, pourtant à peine écorné par 150 ans de mouvement féministe, est à ses yeux déplorable, elle réprouve les quelques récentes législations le restreignant très partiellement : altruiste, Emma Becker s’engage pour la cause des hommes et veut qu’on leur restitue l’intégralité de leurs droits sexuels tels qu’ils existaient au bon temps des colonies et de l’hégémonie masculine incontestée, quand ils pouvaient visiter tous les soirs les « maisons à numéro » sans susciter aucune réprobation ou sanction légale ; pour elle, l’antique norme patriarcale qui veut que partout, à toute heure du jour où de la nuit, un homme doit pouvoir trouver un orifice féminin où éjaculer ne se discute pas. En conséquence, il faut donc -et ce serait une mesure d’urgence sociale—rouvrir les bordels et légaliser la prostitution. Et c’est une urgence sociale parce que :

  • L’épidémie n’a pas de vertus - Perspectives Printanières
    https://perspectives-printanieres.info/index.php/2020/03/10/lepidemie-na-pas-de-vertus

    Des « bénéfices » écologiques évoqués ces derniers jours, des enseignements écologistes peuvent néanmoins être tirés. Tout d’abord, retarder l’émergence de nouveaux virus s’ajoute à la longue liste d’arguments pour stopper la destruction des milieux « sauvages ». Les écologistes ne peuvent ainsi vanter les très maigres effets écologiques de l’épidémie puisque ceux-ci sont le résultat d’une trajectoire écocidaire des sociétés. C’est bien cette orientation générale qu’il faut infléchir, voire renverser. Ce n’est un secret pour personne : la réduction des émissions de CO2 en Chine n’est pas directement corrélée à la diffusion du coronavirus lui-même, mais bien à la baisse de l’activité productive du pays que la maladie qu’il provoque a entraînée, c’est-à-dire directement aux corps contaminés. Si les capitalistes n’avaient pas besoin d’humain-es et de leurs corps pour poursuivre leurs objectifs de profits, la propagation du virus n’aurait a priori pas d’effets économiques (du point de vue de la production), donc pas d’effets climatiques. L’impossibilité de fonctionnement du capitalisme quand les corps qu’il soumet ne sont plus fonctionnels (au sens capitaliste) révèle le darwinisme social sur lequel il s’appuie en permanence. Rappeler ces éléments semble extrêmement futile, alors que cela permet d’empiéter sur les récits hégémoniques qui gomment consciemment certains enjeux politiques fondamentaux de l’épidémie. Cette réintroduction de la dimension humaine dans la production de biens et services éclaire ce qu’il faut entraver si l’on se soucie vraiment de la « planète » : les intérêts du capitalisme fossile et de l’habiter colonial de la Terre qu’il perpétue. Ainsi, plutôt que de se reposer sur des épidémies qui viendraient « naturellement » réguler le développement des sociétés, il ne reste plus qu’à trouver d’autres moyens pour reproduire ce blocage tout en épargnant les humain-es !

    Toujours pas passé ici, cet excellent texte de Twoinou ?

    Petite sélection de textes sur #épidémie #santé_publique #écologie #coronavirus

  • Des femmes, des survivantes de la prostitution, agressées lors des manifestations du 8 mars ! – Osez le feminisme !
    http://osezlefeminisme.fr/des-femmes-des-survivantes-de-la-prostitution-agressees-lors-des-man

    Osez le Féminisme ! dénonce fermement les violences contre des militantes féministes dont 3 survivantes de la prostitution, au sein même des manifestations le 8 mars pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Menaces de mort, violences physiques, arrachage de pancartes et de banderoles… les “pro-prostitution” redoublent de violences, pour confisquer la parole des survivantes qui témoignent héroïquement des violences prostitutionnelles subies.

    À Toulouse, une survivante d’inceste et de prostitution, a été attaquée par 3 personnes pour lui arracher sa pancarte abolitionniste.
    A Paris, 15 personnes organisées ont arraché et volé une banderole, et ont frappé violemment des militantes féministes abolitionnistes, dont une survivante de la prostitution et de viols pédocriminels. Elles ont déposé plainte et passé la nuit aux urgences.

    Donc voilà, à des manifs féministes il y a des meufs qui expliquent qui a le droit d’exister et qui pas, et le fait que leurs cibles soient des #personnes_les_premières_concernées, le fait qu’elles aient les meilleures raisons du monde de considérer la prostitution comme une violence de plus faite aux femmes n’empêche pas certaines de se sentir hyper légitimes en s’attaquant à des corps de femmes.
    #prostitution #abolitionnisme #violence_en_milieu_féministe

    • même si je suis loin d’être en première ligne, pas question de m’habituer. Je vais plutôt sonder autour de moi... c’est pas compliqué, je ne connais personne qui a lu dworkin, et celles et ceux qui connaissent son nom sont en mode « ah ouais le truc puritain là... ». J’en veux beaucoup à despentes (et ardisson qui l’invitait) pour la domination des arguments pseudo prosexe dans le débat général. Cette histoire est consternante et elle n’a fait presqu’aucun bruit...

    • Je trouve facile et particulièrement méprisant le fait de tenter de disqualifier des débats réels et cruciaux qui existent depuis les débuts du féminisme en balançant (avec une morgue bien masculine) des phrases comme « il va falloir s’habituer à ce nouveau féminisme où celles qui savent mieux que les autres leur tapent dessus pour leur faire passer la malcomprenance... »
      Je ne tente plus de répondre aux vannes de ce genre (on se doute duquel), mais je mets en ligne des analyses qui prennent au sérieux ces débats. À chacune d’en juger. De plus en plus de gens se dégagent des tentatives d’intimidation grossière, et je suis optimiste quant à un avenir où la prétention commode d’être « non binaire » ou même « une femme » si on veut paraître tel deviendra moins crédible du fait d’être soumise à une analyse politique collective, plutôt qu’à l’occupation de plate-formes médiatiques.

    • Je crois que t’as rien compris à cette phrase. Le première commentaire du seen lui-même, et plein d’autres messages ailleurs, montre parfaitement que @antonin1 n’aime pas ce comportement et le critique à chaque fois. Bref… C’est surtout que t’arrives pas à comprendre qu’on peut à la fois essayer d’être contre ces comportements masculinistes, individualistes, contre l’identité définie uniquement soi-même ET être contre les stigmatisations transphobes, les petites phrases perfides, comme il y en a tant (de plus en plus au fil des mois) dans les textes choisis par tradfem. Et qu’on peut argumenter, et faire des textes qui critiquent le genre sans être insultant pour d’autres, et aussi réfléchir à des solutions concrètes (les toilettes etc) pas juste théoriques qui soient à la fois réellement féministes, anti-prostitution, anti-individualiste, mais aussi transinclusives, sans mettre personne sur le carreau (voire en danger de violence ou de mort). Mais pour ça faut se casser la tête un peu, c’est moins dans la facilité que mettre les femmes contre les trans ou ce genre de conflit… binaire.

    • « mettre les femmes contre les trans »... Cette inversion est inqualifiable. Libre à vous de tenter de convaincre les transactivistes de cesser de mener la guerre aux femmes, mais un peu de perspective SVP. Vous me rendez de plus en plus difficile de croire en votre bonne foi. Je sais que antonin1 critique régulièrement les outrances antiféministes mais j’ai trouvé malheureux son renvoi dos à dos de féministes alors que c’est un antiféminisme qui fait rage.

    • Merci @rastapopoulos, je plussoie.

      @martin4, mon truc sur « faire passer la malcomprenance » est évidemment ironique, je condamne la violence que subissent, et que j’ai pas mal documentée ici, les féministes radicales. Et avec cette ironie je condamne cette certitude de mieux valoir moralement, d’être plus open, plus généreux, plus jeune (!) de beaucoup de monde dans cette sphère « antiTERF ». Mais vous n’aidez pas et Rastapopoulos le dit très bien. Le discours naturalisant et désormais « critique du genre » (que reste-t-il du féminisme sans ça ?), méprisant envers des personnes trans qui sont ou pourraient être des alliées... Votre attitude à vous Martin ici même a fait fuir une femme qui ne supporte pas votre faible capacité au dialogue (et doit avoir quelque chose contre les chevaliers blancs qu’aucun doute n’assaille, visiblement). Oui, des fois j’aurais envie de renvoyer les deux camps dos à dos. Mais je dois bien constater que les féministes trans-exclusives sont traitées comme aucune féministe ne devrait jamais être traitée pour ses engagements. Que c’est grave. Et que c’est compliqué de prendre votre défense en public, quand l’intransigeance des féministes trans-exclusives n’est rien face à la violence inouïe des transactivisites anti-TERF... Misère !

  • Césars : « Désormais on se lève et on se barre » | Virginie Despentes
    https://www.liberation.fr/debats/2020/03/01/cesars-desormais-on-se-leve-et-on-se-barre_1780212

    Je vais commencer comme ça : soyez rassurés, les puissants, les boss, les chefs, les gros bonnets : ça fait mal. On a beau le savoir, on a beau vous connaître, on a beau l’avoir pris des dizaines de fois votre gros pouvoir en travers de la gueule, ça fait toujours aussi mal. Tout ce week-end à vous écouter geindre et chialer, vous plaindre de ce qu’on vous oblige à passer vos lois à coups de 49.3 et qu’on ne vous laisse pas célébrer Polanski tranquilles et que ça vous gâche la fête mais derrière vos jérémiades, ne vous en faites pas : on vous entend jouir de ce que vous êtes les vrais patrons, les gros caïds, et le message passe cinq sur cinq : cette notion de consentement, vous ne comptez pas la laisser passer. Source : (...)

    • Et vous savez très bien ce que vous faites - que l’humiliation subie par toute une partie du public qui a très bien compris le message s’étendra jusqu’au prix d’après, celui des Misérables, quand vous convoquez sur la scène les corps les plus vulnérables de la salle, ceux dont on sait qu’ils risquent leur peau au moindre contrôle de police, et que si ça manque de meufs parmi eux, on voit bien que ça ne manque pas d’intelligence et on sait qu’ils savent à quel point le lien est direct entre l’impunité du violeur célébré ce soir-là et la situation du quartier où ils vivent.

    • https://medias.liberation.fr/photo/1297226-adele-haenel-walked-out-of-the-cesars-paris.jpg?modified_a

      oui on est les connasses, on est les humiliées, oui on n’a qu’à fermer nos gueules et manger vos coups, vous êtes les boss, vous avez le pouvoir et l’arrogance qui va avec mais on ne restera pas assis sans rien dire. Vous n’aurez pas notre respect. On se casse. Faites vos conneries entre vous. Célébrez-vous, humiliez-vous les uns les autres tuez, violez, exploitez, défoncez tout ce qui vous passe sous la main. On se lève et on se casse. C’est probablement une image annonciatrice des jours à venir. La différence ne se situe pas entre les hommes et les femmes, mais entre dominés et dominants, entre ceux qui entendent confisquer la narration et imposer leurs décisions et ceux qui vont se lever et se casser en gueulant. C’est la seule réponse possible à vos politiques. Quand ça ne va pas, quand ça va trop loin ; on se lève on se casse et on gueule et on vous insulte et même si on est ceux d’en bas, même si on le prend pleine face votre pouvoir de merde, on vous méprise on vous dégueule. Nous n’avons aucun respect pour votre mascarade de respectabilité. Votre monde est dégueulasse. Votre amour du plus fort est morbide. Votre puissance est une puissance sinistre. Vous êtes une bande d’imbéciles funestes. Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable. On se lève et on se casse. C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde.

    • Il n’y a rien de surprenant à ce que vous ayez couronné Polanski : c’est toujours l’argent qu’on célèbre, dans ces cérémonies, le cinéma on s’en fout. Le public on s’en fout.

      Le public a été voire en masse le dernier Polansky, la cérémonie ne se foute pas du tout du public. C’est le public qui se fout des violé·es. Le public se branle sur du porno plusieurs fois par semaine et il est aussi misogyne et violophile que le jury des césars.
      Le public ce qu’il a préféré du cinéma franças c’est « Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ? » qui à la 4eme place au Box office, Polansky est 32eme un peu derrière Nicky Lason, autre fleuron du ciné français.
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      On se casse, Ok, c’est bien mais ou on va si on quitte la Macronie avec nos talons hauts et notre robe de soirée de femmes-cis-non-dominée ? on va en Trumpie, en Poutinie, ou en Sevrerinie ? Ou il est ce pays sans viol et sans violophiles ou on irait si on se casse ? Il n’existe même pas en rêve !

    • Césars : « Désormais on se lève et on se barre », par #Virginie_Despentes

      Que ça soit à l’Assemblée nationale ou dans la culture, vous, les puissants, vous exigez le #respect entier et constant. Ça vaut pour le #viol, les exactions de votre #police, les #césars, votre #réforme des #retraites. En prime, il vous faut le #silence de #victimes.

      Je vais commencer comme ça : soyez rassurés, les puissants, les boss, les chefs, les gros bonnets : ça fait mal. On a beau le savoir, on a beau vous connaître, on a beau l’avoir pris des dizaines de fois votre gros pouvoir en travers de la gueule, ça fait toujours aussi #mal. Tout ce week-end à vous écouter geindre et chialer, vous plaindre de ce qu’on vous oblige à passer vos lois à coups de #49-3 et qu’on ne vous laisse pas célébrer #Polanski tranquilles et que ça vous gâche la fête mais derrière vos jérémiades, ne vous en faites pas : on vous entend jouir de ce que vous êtes les vrais #patrons, les gros #caïds, et le message passe cinq sur cinq : cette notion de #consentement, vous ne comptez pas la laisser passer. Où serait le fun d’appartenir au clan des #puissants s’il fallait tenir compte du consentement des #dominés ? Et je ne suis certainement pas la seule à avoir envie de chialer de #rage et d’#impuissance depuis votre belle #démonstration_de_force, certainement pas la seule à me sentir salie par le spectacle de votre orgie d’#impunité.

      Il n’y a rien de surprenant à ce que l’académie des césars élise #Roman_Polanski meilleur réalisateur de l’année 2020. C’est #grotesque, c’est #insultant, c’est #ignoble, mais ce n’est pas surprenant. Quand tu confies un budget de plus de 25 millions à un mec pour faire un téléfilm, le message est dans le budget. Si la lutte contre la montée de l’antisémitisme intéressait le cinéma français, ça se verrait. Par contre, la voix des opprimés qui prennent en charge le récit de leur calvaire, on a compris que ça vous soûlait. Alors quand vous avez entendu parler de cette subtile comparaison entre la problématique d’un cinéaste chahuté par une centaine de féministes devant trois salles de cinéma et Dreyfus, victime de l’antisémitisme français de la fin du siècle dernier, vous avez sauté sur l’occasion. Vingt-cinq millions pour ce parallèle. Superbe. On applaudit les investisseurs, puisque pour rassembler un tel budget il a fallu que tout le monde joue le jeu : Gaumont Distribution, les crédits d’impôts, France 2, France 3, OCS, Canal +, la RAI… la main à la poche, et généreux, pour une fois. Vous serrez les rangs, vous défendez l’un des vôtres. Les plus puissants entendent défendre leurs #prérogatives : ça fait partie de votre élégance, le viol est même ce qui fonde votre style. La loi vous couvre, les tribunaux sont votre domaine, les médias vous appartiennent. Et c’est exactement à cela que ça sert, la #puissance de vos grosses fortunes : avoir le #contrôle_des_corps déclarés #subalternes. Les #corps qui se taisent, qui ne racontent pas l’histoire de leur point de vue. Le temps est venu pour les plus riches de faire passer ce beau message : le #respect qu’on leur doit s’étendra désormais jusqu’à leurs bites tachées du sang et de la merde des enfants qu’ils violent. Que ça soit à l’#Assemblée_nationale ou dans la #culture - marre de se cacher, de simuler la gêne. Vous exigez le respect entier et constant. Ça vaut pour le viol, ça vaut pour les exactions de votre #police, ça vaut pour les césars, ça vaut pour votre réforme des retraites. C’est votre politique : exiger le silence des victimes. Ça fait partie du territoire, et s’il faut nous transmettre le message par la #terreur vous ne voyez pas où est le problème. Votre #jouissance_morbide, avant tout. Et vous ne tolérez autour de vous que les valets les plus dociles. Il n’y a rien de surprenant à ce que vous ayez couronné Polanski : c’est toujours l’#argent qu’on célèbre, dans ces cérémonies, le #cinéma on s’en fout. Le public on s’en fout. C’est votre propre puissance de frappe monétaire que vous venez aduler. C’est le gros budget que vous lui avez octroyé en signe de soutien que vous saluez - à travers lui c’est votre puissance qu’on doit respecter.

      Il serait inutile et déplacé, dans un commentaire sur cette cérémonie, de séparer les corps de cis mecs aux corps de cis meufs. Je ne vois aucune différence de comportements. Il est entendu que les grands prix continuent d’être exclusivement le domaine des #hommes, puisque le message de fond est : #rien_ne_doit_changer. Les choses sont très bien telles qu’elles sont. Quand #Foresti se permet de quitter la fête et de se déclarer « écœurée », elle ne le fait pas en tant que meuf - elle le fait en tant qu’individu qui prend le risque de se mettre la profession à dos. Elle le fait en tant qu’individu qui n’est pas entièrement assujetti à l’#industrie_cinématographique, parce qu’elle sait que votre #pouvoir n’ira pas jusqu’à vider ses salles. Elle est la seule à oser faire une blague sur l’éléphant au milieu de la pièce, tous les autres botteront en touche. Pas un mot sur Polanski, pas un mot sur #Adèle_Haenel. On dîne tous ensemble, dans ce milieu, on connaît les mots d’ordre : ça fait des mois que vous vous agacez de ce qu’une partie du public se fasse entendre et ça fait des mois que vous souffrez de ce qu’Adèle Haenel ait pris la parole pour raconter son histoire d’enfant actrice, de son point de vue.

      Alors tous les corps assis ce soir-là dans la salle sont convoqués dans un seul but : vérifier le #pouvoir_absolu des puissants. Et les puissants aiment les violeurs. Enfin, ceux qui leur ressemblent, ceux qui sont puissants. On ne les aime pas malgré le viol et parce qu’ils ont du talent. On leur trouve du #talent et du style parce qu’ils sont des violeurs. On les aime pour ça. Pour le courage qu’ils ont de réclamer la #morbidité de leur #plaisir, leur #pulsion débile et systématique de destruction de l’autre, de #destruction de tout ce qu’ils touchent en vérité. Votre plaisir réside dans la #prédation, c’est votre seule compréhension du style. Vous savez très bien ce que vous faites quand vous défendez Polanski : vous exigez qu’on vous admire jusque dans votre #délinquance. C’est cette exigence qui fait que lors de la cérémonie tous les corps sont soumis à une même #loi_du_silence. On accuse le #politiquement_correct et les réseaux sociaux, comme si cette #omerta datait d’hier et que c’était la faute des féministes mais ça fait des décennies que ça se goupille comme ça : pendant les cérémonies de cinéma français, on ne blague jamais avec la susceptibilité des patrons. Alors tout le monde se tait, tout le monde sourit. Si le violeur d’enfant c’était l’homme de ménage alors là pas de quartier : police, prison, déclarations tonitruantes, défense de la victime et condamnation générale. Mais si le violeur est un puissant : #respect et #solidarité. Ne jamais parler en public de ce qui se passe pendant les #castings ni pendant les prépas ni sur les tournages ni pendant les promos. Ça se raconte, ça se sait. Tout le monde sait. C’est toujours la loi du silence qui prévaut. C’est au respect de cette consigne qu’on sélectionne les employés.

      Et bien qu’on sache tout ça depuis des années, la #vérité c’est qu’on est toujours surpris par l’outrecuidance du pouvoir. C’est ça qui est beau, finalement, c’est que ça marche à tous les coups, vos saletés. Ça reste #humiliant de voir les participants se succéder au pupitre, que ce soit pour annoncer ou pour recevoir un prix. On s’identifie forcément - pas seulement moi qui fais partie de ce sérail mais n’importe qui regardant la cérémonie, on s’identifie et on est humilié par procuration. Tant de silence, tant de #soumission, tant d’empressement dans la #servitude. On se reconnaît. On a envie de crever. Parce qu’à la fin de l’exercice, on sait qu’on est tous les employés de ce grand merdier. On est humilié par procuration quand on les regarde se taire alors qu’ils savent que si Portrait de la jeune fille en feu ne reçoit aucun des grands prix de la fin, c’est uniquement parce qu’Adèle Haenel a parlé et qu’il s’agit de bien faire comprendre aux victimes qui pourraient avoir envie de raconter leur histoire qu’elles feraient bien de réfléchir avant de rompre la loi du silence. Humilié par procuration que vous ayez osé convoquer deux réalisatrices qui n’ont jamais reçu et ne recevront probablement jamais le prix de la meilleure réalisation pour remettre le prix à Roman fucking Polanski. Himself. Dans nos gueules. Vous n’avez décidément #honte de rien. Vingt-cinq millions, c’est-à-dire plus de quatorze fois le budget des Misérables, et le mec n’est même pas foutu de classer son film dans le box-office des cinq films les plus vus dans l’année. Et vous le récompensez. Et vous savez très bien ce que vous faites - que l’#humiliation subie par toute une partie du public qui a très bien compris le message s’étendra jusqu’au prix d’après, celui des Misérables, quand vous convoquez sur la scène les corps les plus vulnérables de la salle, ceux dont on sait qu’ils risquent leur peau au moindre contrôle de police, et que si ça manque de meufs parmi eux, on voit bien que ça ne manque pas d’intelligence et on sait qu’ils savent à quel point le lien est direct entre l’impunité du violeur célébré ce soir-là et la situation du quartier où ils vivent. Les réalisatrices qui décernent le prix de votre impunité, les réalisateurs dont le #prix est taché par votre #ignominie - même combat. Les uns les autres savent qu’en tant qu’employés de l’#industrie_du_cinéma, s’ils veulent bosser demain, ils doivent se taire. Même pas une blague, même pas une vanne. Ça, c’est le #spectacle des césars. Et les hasards du calendrier font que le message vaut sur tous les tableaux : trois mois de grève pour protester contre une réforme des retraites dont on ne veut pas et que vous allez faire passer en force. C’est le même message venu des mêmes milieux adressé au même peuple : « Ta gueule, tu la fermes, ton consentement tu te le carres dans ton cul, et tu souris quand tu me croises parce que je suis puissant, parce que j’ai toute la thune, parce que c’est moi le boss. »

      Alors quand Adèle Haenel s’est levée, c’était le sacrilège en marche. Une employée récidiviste, qui ne se force pas à sourire quand on l’éclabousse en public, qui ne se force pas à applaudir au spectacle de sa propre humiliation. Adèle se lève comme elle s’est déjà levée pour dire voilà comment je la vois votre histoire du réalisateur et son actrice adolescente, voilà comment je l’ai vécue, voilà comment je la porte, voilà comment ça me colle à la peau. Parce que vous pouvez nous la décliner sur tous les tons, votre imbécillité de séparation entre l’homme et l’artiste - toutes les victimes de viol d’artistes savent qu’il n’y a pas de division miraculeuse entre le #corps_violé et le #corps_créateur. On trimballe ce qu’on est et c’est tout. Venez m’expliquer comment je devrais m’y prendre pour laisser la fille violée devant la porte de mon bureau avant de me mettre à écrire, bande de bouffons.

      Adèle se lève et elle se casse. Ce soir du 28 février on n’a pas appris grand-chose qu’on ignorait sur la belle industrie du cinéma français par contre on a appris comment ça se porte, la robe de soirée. A la guerrière. Comme on marche sur des talons hauts : comme si on allait démolir le bâtiment entier, comment on avance le dos droit et la nuque raidie de #colère et les épaules ouvertes. La plus belle image en quarante-cinq ans de cérémonie - Adèle Haenel quand elle descend les escaliers pour sortir et qu’elle vous applaudit et désormais on sait comment ça marche, quelqu’un qui se casse et vous dit merde. Je donne 80 % de ma bibliothèque féministe pour cette image-là. Cette leçon-là. Adèle je sais pas si je te male gaze ou si je te female gaze mais je te love gaze en boucle sur mon téléphone pour cette sortie-là. Ton corps, tes yeux, ton dos, ta voix, tes gestes tout disait : oui on est les connasses, on est les humiliées, oui on n’a qu’à fermer nos gueules et manger vos coups, vous êtes les boss, vous avez le pouvoir et l’#arrogance qui va avec mais on ne restera pas assis sans rien dire. Vous n’aurez pas notre #respect. #On_se_casse. Faites vos conneries entre vous. Célébrez-vous, humiliez-vous les uns les autres tuez, violez, exploitez, défoncez tout ce qui vous passe sous la main. On se lève et on se casse. C’est probablement une image annonciatrice des jours à venir. La différence ne se situe pas entre les hommes et les femmes, mais entre dominés et dominants, entre ceux qui entendent confisquer la narration et imposer leurs décisions et ceux qui vont se lever et se casser en gueulant. C’est la seule réponse possible à vos politiques. Quand ça ne va pas, quand ça va trop loin ; on se lève on se casse et on gueule et on vous insulte et même si on est ceux d’en bas, même si on le prend pleine face votre pouvoir de merde, on vous méprise on vous dégueule. Nous n’avons aucun respect pour votre #mascarade_de_respectabilité. Votre monde est dégueulasse. Votre amour du plus fort est morbide. Votre puissance est une puissance sinistre. Vous êtes une bande d’#imbéciles_funestes. Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable. On se lève et on se casse. C’est terminé. On se lève. On se casse. On gueule. On vous emmerde.

      https://www.liberation.fr/debats/2020/03/01/cesars-desormais-on-se-leve-et-on-se-barre_1780212

    • Il y a une sorte de dimension religieuse dans ces cérémonies cinéphiles. Comme chez les Aztèques dans leur rites sacrificiels où l’on droguait les prisonnier·ères avant de les allonger sur un autel pour leur ouvrir la poitrine et en extirper leur cœur palpitant. Les « dieux » aiment le sang et si si on se laisse convaincre par leurs prêtres qu’on va gagner l’éternité en se soumettant à leurs fantasmes, on se fera fatalement arracher le cœur. C’est à dire déposséder de notre part la plus intime d’êtres vivants et pensants et donc nous briser. Les aristocrates, de quelque obédience soient-ils, exigent avant toute chose la soumission de leurs subordonné·es. Et ils ont même poussé leur perversité sans limite à faire accepter au langage commun le qualificatif de « nobles ».
      Et si toutes ces célébrations dilatoires n’étaient qu’une mise en abyme du mauvais scénario que nous subissons depuis 2016, année précédant la dernière élection présidentielle en date ?

      #aristocratie_guerrière #théocratie #nos_bons_maîtres #R.A.G.E.

    • Césars : ce que veut dire #quitter_la_salle

      La « #honte » exprimée par Adèle Haenel vendredi, lors de la cérémonie, est une expérience morale et politique qui permet de sortir du statut de victime pour construire une résistance collective.

      De la 45e cérémonie des césars, il ne faudra retenir que l’« exit » de plusieurs femmes dont Adèle Haenel qui quitte la salle en se fendant d’un « c’est une honte », Florence Foresti qui refuse de venir clôturer la soirée et qui écrira ce mot sur Instagram : « écœurée ». Ce sont des mots de l’émotion et aussi du discernement. De la honte à l’écœurement se déploie une contre-scène à la masculinité affirmée des césars : une même puissance de nommer le mal, de faire jaillir l’indécence d’une situation.

      Généralement la honte est du côté de la personne vulnérable qui, non seulement, est victime d’une violence mais ne parvient pas à s’extirper de la honte d’être violentée. La honte s’y affirme alors en honte d’avoir honte. Une personne agressée est traversée par les souffrances dont elle est l’objet mais elle est aussi saisie par l’incapacité de s’extirper de cette scène de violence qui se met à vivre dans la vie psychique sous forme de rumination mélancolique ou d’état de paralysie hypothéquant l’avenir.
      Un dispositif masculiniste

      La honte peut cependant avoir une autre signification : dans le jugement « c’est une honte », le terme de honte est renvoyé au lauréat du césar, Polanski, mais plus profondément encore au dispositif masculiniste des césars comme dispositif de pouvoir qui maintient les femmes à leur place et annule les scandales de genre. Surtout, la phrase d’Adèle Haenel contribue à désingulariser la situation des césars pour la projeter sur toutes les autres situations de ce type. La honte est alors une expérience morale et politique qui permet de sortir de la singularité de la victime pour construire une résistance collective et politique. Elle est le discernement du juste à même la perception d’une injustice typique d’un état des rapports de pouvoir.

      Le terme d’écœurement parachève cette forme de résistance. Il indique l’écart entre ce qui aurait dû être (tout sauf Polanski meilleur réalisateur) et ce qui est ; il le dénonce pour construire la possibilité d’une voix collective du refus. Albert Hirschman, dans un livre important, Exit, Voice and Loyalty avait, en 1970, souligné que, face aux défaillances des institutions, les individus ont le choix entre trois comportements : prendre la porte de sortie (exit), prendre la parole (voice) ou se résigner (loyalty). Adèle Haenel, Cécile Sciamma, Florence Foresti et toutes les personnes qui sont sorties de la salle ont montré que l’« exit » était bien le commencement de la voix.

      Face au courage de celles qui partent, il y a le cynisme de ceux qui verrouillent toutes les positions et se cramponnent pour que rien ne change. Le débat sur l’indépendance de l’œuvre face à l’artiste risque alors fort d’être un leurre. Tout d’abord, Roman Polanski a toujours affirmé jusqu’à J’accuse (en se comparant à Dreyfus à travers les rouages de persécution qu’il affirme lui-même vivre) que son cinéma était en lien avec sa vie, ce qui est le cas de bien des artistes d’ailleurs. Ensuite, il n’est pas sûr que le terme d’œuvre soit le plus adéquat pour évoquer un film tant l’industrie culturelle y est présente. L’Académie des césars elle-même incarne cette industrie puisque les quelque 4 700 votants, dont la liste est confidentielle, appartiennent aux différents métiers du cinéma. Pas plus que l’œuvre, la défense de l’artiste en être d’exception ne tient.
      De la reconnaissance des « grands hommes »

      Et les femmes ? On sait combien elles ont du mal à convaincre dès qu’elles souhaitent faire un film ; elles ne disposent jamais des mêmes budgets que les hommes. La remise du prix de meilleur réalisateur à Roman Polanski relève du maintien d’un ordre des grandeurs, lequel impose la reconnaissance des « grands hommes » envers et contre tout ; le film qui coûte cher et mérite d’être honoré est masculin. Tout ceci a été rappelé au milieu du cinéma qui s’y est largement plié, hormis la sortie d’Adèle Haenel, de Cécile Sciamma, de l’équipe du film et d’une centaine de personnes. Malgré les sketches de Florence Foresti et le discours d’Aïssa Maïga sur la diversité, il a été réaffirmé que le monde du cinéma appartient aux hommes hétérosexuels et qu’à ce titre, il repose sur un schéma précis quant aux positions les plus visibles : les hommes comme metteurs en chef ou acteurs, les femmes comme actrices.

      Dans le milieu des réalisateurs, les « grandes femmes » n’existent pas et il n’est pas d’actualité qu’elles commencent à apparaître. On se souvient qu’en 1979, Ariane Mnouchkine fut nommée pour « le meilleur réalisateur » et pour le meilleur film. Elle n’obtint aucun des deux prix ; ils furent attribués à Christian de Chalonge et à son film l’Argent des autres. Molière est resté dans notre imaginaire culturel mais qui se souvient encore de l’Argent des autres ? Une seule femme a pu tenir dans ses bras la fameuse statuette pour la réalisation, Tonie Marshall en 2000 pour Vénus Beauté (Institut), un film qui semble porter sur des questions de femmes ! Roman Polanski l’avait déjà obtenu quatre fois (en 1980, 2003, 2011 et 2014). J’accuse avait déjà tout eu : un battage médiatique exceptionnel, un succès dans les salles. Ce prix du réalisateur, attribué pour la cinquième fois, a servi à rappeler aux femmes leur place dans le milieu du cinéma comme dans la société : elles sont le deuxième sexe et destinées à le rester, ce qui autorise tous les abus de pouvoir, et bien évidemment les faveurs sexuelles pour ceux qui détiennent un pouvoir qui est aussi symbolique. Non seulement les violences faites aux femmes ne doivent pas compter mais les femmes qui sont dans le milieu du cinéma ont intérêt à ne pas sortir des places que l’on a définies pour elles : rester dans l’ombre des hommes quitte à les faire rêver.

      https://www.liberation.fr/debats/2020/03/02/cesars-2020-ce-que-veut-dire-quitter-la-salle_1780305

    • Dommage, pas un mot sur #Aissa_Maiga qui va prendre cher. #Nadine_Morano lui a déjà dit de rentrer en Afrique si elle n’était pas contente...

      Aux César 2020, Aïssa Maïga livre un plaidoyer pour plus de diversité au cinéma
      Huffington Post, le 28 février 2020
      https://www.huffingtonpost.fr/entry/aissa-maiga-plaidoyer-cesar-2020-diversite_fr_5e598d41c5b6450a30be6f7

      On a survécu au whitewashing, au blackface, aux tonnes de rôles de dealers, de femmes de ménages à l’accent bwana, on a survécu aux rôles de terroristes, à tous les rôles de filles hypersexualisées... Et en fait, on voudrait vous dire, on ne va pas laisser le cinéma français tranquille.

      César 2020 : Nadine Morano somme l’actrice Aïssa Maïga de « repartir en Afrique »
      BERTRAND GUAY, La Dépêche, le 2 mars 2020
      https://www.ladepeche.fr/2020/03/02/cesar-2020-nadine-morano-somme-a-aissa-maiga-de-repartir-en-afrique,876904

      #Césars

    • Cinéma français : la nuit du déshonneur
      Camille Polloni et Marine Turchi, Médiapart, le 29 février 2020
      https://seenthis.net/messages/828230

      À Mediapart, Adèle Haenel explique qu’« alors que la cérémonie avait plutôt bien débuté, qu’il se passait quelque chose », avec plusieurs prises de parole fortes « comme Lyna Khoudri [meilleur espoir féminin – ndlr], Aïssa Maïga, l’équipe du film Papicha [de Mounia Meddour, qui traite du combat des femmes en Algérie – ndlr], et le numéro d’équilibriste réussi de Florence Foresti », la soirée s’est ensuite « affaissée dans les remerciements ». « Comme si, cette année, il n’y avait pas autre chose à dire : sur les violences sexuelles, sur le cinéma qui traverse actuellement une crise, sur les violences policières qui s’intensifient, sur l’hôpital public qu’on délite, etc. » « Ils voulaient séparer l’homme de l’artiste, ils séparent aujourd’hui les artistes du monde », résume l’actrice à Mediapart.

      (...)

      Comme quelques autres, l’actrice Aïssa Maïga a quitté la salle après l’annonce de l’attribution du César du meilleur réalisateur à Roman Polanski. « J’étais d’abord un peu clouée sur place. Et puis une minute après, je n’étais pas bien, je suis partie, réagit-elle auprès de Mediapart en sortant. J’ai été terrassée, effrayée, dégoûtée, à titre vraiment personnel, dans mes tripes. J’ai vu la réaction d’Adèle Haenel, très forte, et honnêtement, j’ai pensé à toutes ces femmes. Toutes ces femmes qui voient cet homme plébiscité et je pense, au-delà de ces femmes, à toutes les autres, toutes les personnes victimes de viols, de violences sexuelles. J’imagine quel symbole cela peut revêtir pour elles. Et pour moi l’art n’est pas plus important que tout. L’humain d’abord. »

      L’actrice marque une pause, puis reprend : « Vous savez, c’est comme dans une famille : on croit se connaître un petit peu et puis, parfois, à la faveur d’une extrême révélation, on découvre qui sont les gens, ce qui est important pour eux, et parfois on constate avec un peu d’amertume qu’on n’a pas tout à fait les mêmes valeurs. » « Ce n’est pas grave, il faut le savoir et pouvoir avancer avec ça. Et moi, là, j’ai envie d’aller rejoindre les manifestantes dehors, c’est tout. J’aime beaucoup le cinéma, les tapis rouges, les films, les cinéastes, j’aime tout ça, mais moi je suis une fille qui n’a pas été éduquée dans l’élite, ni dans un esprit d’élitisme, je me sens une citoyenne comme les autres et là je vais aller les rejoindre », conclut-elle en se dirigeant vers le rassemblement des féministes face à la salle Pleyel. À quelques mètres du tapis rouge, les cris des militantes, parquées derrière les barrières, redoublent : « Polanski violeur, César complices ! » ; « Mais vous n’avez pas honte ? ».

      (...)

      Remettant le César du meilleur espoir féminin, l’actrice Aïssa Maïga, membre du collectif Noire n’est pas mon métier, a elle jeté un pavé dans la marre avec sa longue intervention sur l’invisibilisation des personnes non blanches dans le monde du cinéma.

      « Je peux pas m’empêcher de compter le nombre de Noirs dans la salle, a-t-elle ironisé à la tribune. Je sais qu’on est en France et qu’on n’a pas le droit de compter. C’est douze ce soir, le chiffre magique ? [...] On a survécu au whitewashing, aux blackface, aux tonnes de rôles de dealers, de femmes de ménage à l’accent bwana, aux rôles de terroristes, de filles hypersexualisées... On refuse d’être les bons Noirs. On est une famille, non ? On se dit tout. L’inclusion, elle ne va pas se faire toute seule. Ça ne va pas se faire sans vous. Pensez inclusion. […] Faisons une maison qui soit fière d’inclure toutes les différences. »

      À Mediapart, après la cérémonie, elle relate « l’effroi dans la salle » qu’elle a constaté au moment de sa prise de parole. « Je ne savais pas très bien comment l’interpréter. J’avais l’impression de plonger dans un bain de glaçons, de dire des choses qui pourtant me paraissent assez évidentes et audibles. J’ai eu l’impression que chez certains, il y a une sorte de ras-le-bol, comme si on les gavait avec la question de la diversité, qui n’est autre qu’une question de justice sociale. Et on a une responsabilité qui est énorme. Je ne pense pas que les artistes ou les décideurs ou les techniciens puissent se soustraire à cette question de l’identification du public aux films qu’on fait. Ça me paraît totalement aberrant. » Et la comédienne d’« assumer pleinement » ses propos : « J’avais besoin de dire ce que j’avais à dire. Aucun des mots que j’ai choisis n’était un accident. Je me sens aussi portée par une lame de fond. »

    • « À propos de l’impunité des artistes criminels, réflexions autour du cas de Roman Polanski en France. »
      https://lisefeeministe.wordpress.com/2020/02/15/a-propos-de-limpunite-des-artistes-criminels-reflexions-au
      source : #Christine_Delphy
      https://christinedelphy.wordpress.com/2020/03/02/lise-bouvet-a-propos-de-limpunite-des-artistes-criminels-
      je l’ai pas encore lu mais comme je suis abonné au blog de Delphy, je transmets. Abonné aussi à @tradfem et Seenthis, ça commence à faire beaucoup et j’ai pas que ça à foutre, j’ai aussi ma #tenue_de_soirée à repriser, entre autres !

    • Pour le texte de libé sur la honte l’accroche est mal fichu. j’ai l’impression qu’elle n’a pas été faite par une personne qui n’a pas compris le texte car elle réintroduit de blâme sur la victime en sous entendant que la victime ne peut pas être résistante, ce que le texte ne fait pas.
      #phallosophe #victime_blaming #victimophobie #grand_homme #grands_hommes

      La « honte » exprimée par Adèle Haenel vendredi, lors de la cérémonie, est une expérience morale et politique qui permet de sortir du statut de victime pour construire une résistance collective.

      https://www.liberation.fr/debats/2020/03/02/cesars-2020-ce-que-veut-dire-quitter-la-salle_1780305

    • Interessant le texte sur le site de C.Delphy

      Patrizia Romito classe en premier lieu ce qu’elle appelle les tactiques d’occultation : euphémisation (notamment dans le langage) des faits, déshumanisation de la victime, culpabilisation de la victime, inversion victime-agresseur, accusation de mensonge (ou d’exagération), psychologisation de l’affaire (réduction à des passions individuelles hors champ d’analyse sociale ou politique), naturalisation des actes (invocation de « pulsions » notamment), tactique de distinction- séparation (relativisation, enfouissement de l’acte criminel dans une masse d’autres considérations futiles).

      En second lieu, P. Romito présente ce qu’elle nomme des stratégies d’occultation : légitimations de la violence, négation des faits, discours pédophile sur la prétendue sexualité consentie des enfants et jeunes adolescentes, disparition de l’agresseur dans le récit journalistique et social, concentration de l’attention médiatique sur les victimes et/ou ce qu’elles auraient fait ou mal fait (dérivation de l’attention qui protège l’agresseur). Ce classement s’applique parfaitement à l’analyse de nos quatre dossiers, même si tous les éléments n’y figurent pas à chaque fois en même temps. Typiquement, il est difficile de remettre en cause la matérialité des faits dans le dossier Marie Trintignant qui a été tuée par Bertrand Cantat ni même dans celui de Samantha Geimer puisque Roman Polanski a plaidé coupable. On montre que les tactiques et les stratégies du « discours agresseur » varient et s’adaptent en fonction des violences dont il est question. Ce discours n’est d’ailleurs pas forcément conscient, il est énoncé par un certain nombre de locuteurs, puis repris, ou non, par les médias. Cependant, nous le verrons, on observe au fur et à mesure des affaires une véritable évolution du discours médiatique et une prise de conscience grandissante par certains journalistes des travers de ce discours, notamment grâce à la mobilisation et aux dénonciations d’acteurs sociaux tels que les associations ou personnalités féministes.

      Malheureusement je n’ai qu’un temps limité ici et je ne pourrai pas parler de tout aujourd’hui, à ce titre je vous renvoie à notre ouvrage. Pour résumer le propos très rapidement je dirais que l’impunité se déploie sur trois niveaux . C’est d’abord celle de tous les agresseurs en France et c’est ce que nous avons découvert dans l’analyse statistique qui a révélé ceci : l’impunité est quasi totale et la justice ne fonctionne quasiment pas. Le deuxième niveau d’impunité c’est celle d’hommes célèbres et puissants qui ont les moyens financiers d’organiser non seulement leurs défenses mais aussi la destruction des plaignantes. Ici encore faute de temps je vous renvoie à notre ouvrage et ma co·autrice qui est juriste en parle beaucoup mieux que moi. C’est du troisième niveau d’impunité dont je vais parler aujourd’hui, qui est celui du différentiel artiste – politique.

      En effet, en analysant a posteriori nos quatre dossiers nous avons réalisé que les plus intouchables des intouchables ce sont les artistes , contrairement aux hommes politiques qui, si ils arrivent à échapper à une condamnation judiciaire, ne peuvent pas esquiver l’opprobre sociale.

      Le papier à été écrit avent l’affaire Matzneff, et l’affaire Adèle Haenel, il manque donc l’info que l’artiste est protégé selon son degrès de notoriété, car si Polansky, Cantat, Besson et tant d’autres trouvent toujours des soutiens, c’est pas le cas pour les « has been » qui servent de cache-sexe aux complices des violeurs par exemple Matzneff, Ruggia, Brisseau ne sont pas autant soutenus car ils sont moins connus ou moins puissants que leur victimes.

      –----
      Question du « génie » de l’artiste, statut qui le place au niveau du divin, du surnaturel =

      Dans un essai passionnant (1), De l’humanisation de la création divine à la divinisation de la création humaine, l’historienne de l’art Lucile Roche analyse avec brio ce thème du dieu-artiste dans la théorie esthétique moderne Occidentale. Elle écrit : « C’est alors dans son éloignement du modèle divin au profit d’un recentrement de l’artiste, soumis au seul caprice de ses vues et exigences téléologiques, focalisé sur ses propres aptitudes créatrices – l’originalité, l’imagination – que se referme l’analogie Artiste-Dieu et Dieu-Artiste. Source inépuisable d’une créativité dont il est l’unique source, l’artiste romantique relève du divin (avec lequel il partage le ex-nihilo) sans pour autant s’y soumettre. Dans son humanité, l’artiste est alors, paradoxalement, divinisé ». Tout est dit : les jusqu’au-boutistes dans la défense d’auteurs tels que Polanski sont pris dans une représentation sociale surannée qui porte une vision profondément romantique de l’artiste, que l’on illustrera par cette phrase de Victor Hugo : « L’art est à l’homme ce que la nature est à Dieu ». Si ces hommes sont au niveau des dieux alors ils échappent à la justice des hommes, voilà l’impensé fondamental des défenseurs de Polanski, et autres artistes criminels, non seulement gardiens de leurs castes sociales et de ses corollaires impunités, mais surtout, selon nous, enlisés dans des conceptions de l’art dépassées, qui sont mises au service de l’impunité.

      La théoricienne de l’art Carole Talon-Hugon (2) dans une récente interview a éclairé ces impensés autour de l’artiste : « Un viol commis par un anonyme et un viol commis par un artiste, c’est à la fois la même chose – parce que le crime est tout autant répréhensible – et pas la même chose. Parce qu’il fait notamment figure d’exemple, l’artiste bénéficie d’un statut particulier dans la société. En tout cas, depuis le XVIIIe siècle. À cette époque-là, on va commencer à considérer l’art comme un domaine à part, totalement distinct, soumis à la seule règle de la beauté et indépendant de la question du bien. Ainsi, pour Diderot, « il y a une morale propre aux artistes qui peut être à rebours de la morale usuelle ». On retrouve cette idée chez Oscar Wilde (XIXe siècle) ou André Breton (XXe siècle). L’artiste devient alors une individualité sauvage et singulière, en rupture, en opposition et totalement indépendante de la morale ordinaire. Cette image-là, construite sur plus de 200 ans, nous empêche de regarder la réalité de ces agressions en face. »

      C’est ici que, selon nous, le roi apparait nu : en contradiction profonde avec nos valeurs démocratiques, les artistes sont devenus la nouvelle aristocratie au-dessus des lois. Non seulement, en consacrant les uns au détriment des autres on abdique la communauté des citoyens et l’on dit qu’il y a des valeurs supérieures à la vie humaine, mais en outre, l’on comprend désormais la thèse sous jacente des « amis de Polanski » qui est que le talent exceptionnel de cet homme devrait pouvoir se transcrire dans un statut politique dérogatoire exceptionnel. On fera remarquer avec ironie que ces gens là se réclament souvent de gauche, alors qu’ils portent la vision féodale d’une société où le talent et le statut des uns leur accorderait des droits particuliers sur les autres, et leur corps, a fortiori des personnes mineures. Position d’autant plus fragile quand on a compris que les demandes d’exceptionnalité de traitement pour le cinéaste Roman Polanski ne reposent finalement que sur des conceptions discutées comme discutables de théories de l’art. Et après tout, les amis de Polanski ont bien le droit de s’attacher à une théorie particulière que nous ne partageons pas. Ce qui est en revanche indiscutable, c’est que nous vivons dans un régime politique où les artistes, aussi doués soient-ils, sont des citoyens et des justiciables comme les autres.
      ...
      L’impunité de ces hommes repose en grande partie sur une conception non seulement de l’artiste démiurge, mais d’un public passif et docile dans sa réception d’une œuvre vue comme sacrée, et, comme par hasard ces qualités recouvrent les valeurs traditionnellement associées au masculin et au féminin… On voit là qu’on se trouve en plein dans une pensée religieuse et réactionnaire, paradoxalement portée par des « gens de gauche » .

      La dernière phrase fait écho à ta remarque sur la religiosité de tout ca @sombre

      #talent #génie #surhomme #caste #privilège #démiurge #virilité #mâle-alphisme #mérite #star #lumière

      Le comble selon nous est que par exemple, China Town est une oeuvre remarquable sur l’inceste et le viol… Peut-être que nous effleurons ici la plus grande injustice sociale et le plus grand privilège masculin : ces hommes, non seulement violent en toute impunité, mais ensuite, de ces viols, font des chefs-d’oeuvre, acclamés, primés et applaudis. Et, à jamais c’est le chef-d’oeuvre du violeur qui restera gravé dans l’histoire de l’art, alors que, poussière, la vie dévastée des victimes retournera à la poussière. Ceci nous amène à un point important à propos des films de ces réalisateurs notamment pédocriminels. Parmi les injonctions dont on nous accable, il y a l’interdiction corollaire de ne pas juger les films de l’homme, qu’on nous conjure de ne pas condamner (particulièrement en France comme l’a dénoncé le critique de cinéma Paul Rigouste (6). Or la critique de genre, c.a.d en terme d’analyse de rapports sociaux de sexe, s’est développée comme champ théorique universitaire autonome depuis bien longtemps, y compris en France grâce aux travaux de Geneviève Sellier, et bien entendu ce qui chagrine nos fans, qui sont dans la dévotion, c’est que l’on puisse mener une critique cinématographique impertinente des œuvres de ces hommes. Par exemple, un visionnage attentif des films de Woody Allen permet de repérer son obsession pédophile pour les très jeunes filles, de même qu’il me semble que Polanski affronte sans détour dans son œuvre des problématiques très personnelles de crimes et culpabilités, et ce, de manière quasi systématique. Par définition, le travail de la pensée et de l’analyse ne peut être limité, la critique doit adresser l’ensemble de l’oeuvre et il semble aussi invraisemblable que contre productif de limiter le champ des études cinématographiques par des interdictions sous peine de « lèse génie ». Il faut dénoncer cette double injonction sur laquelle repose la défense de ces criminels : non seulement l’institution judiciaire n’aurait pas son mot à dire sous prétexte qu’ils sont des artistes, mais leurs œuvres elles-mêmes seraient comme immunisées de toute lecture en lien avec leurs crimes , lecture qui pourtant me semble très intéressante d’un point de vue de théorie de l’art. Nous avons là l’occasion inouïe d’analyser des œuvres de criminels qui précisément n’hésitent pas à créer à partir de leur propre criminalité, donc au nom de quoi se priver de ces recherches ? On voit là qu’on doit aller frontalement à contre sens de l’opinion commune : Non seulement on ne peut pas séparer l’homme de l’artiste comme on vient de le voir, mais il est spécifiquement ici pertinent de rattacher l’artiste à ses crimes afin d’étudier son œuvre à partir de son activité criminelle, sans pour autant l’y réduire bien entendu.

      .
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      Enfin, un aspect qui me semble également important et à prendre en compte dans l’analyse de ces discours de défense des cinéastes criminels, c’est le phénomène de la fascination du grand public pour ces agresseurs. Fascination dont ils jouent pour faire valoir leur défense, qui bien entendu ne peut que bénéficier de sentiments confus, qu’il faut déconstruire.

      Dans La Photographie, le théoricien de l’art André Rouillé fait une analyse remarquable de ce qu’est une « star » dans nos sociétés contemporaines. Star en anglais signifie étoile, c’est-à-dire un objet qui brille même dans la nuit, à l’image de cette aura qui repose sur l’exposition médiatique, véritable machine optique d’exposition. Les stars sont des êtres à part, des êtres de lumière, qui scintillent, éclairées en réalité par la machine « people » qui selon nous fonctionne sur une ambivalence fondamentale : ces gens nous sont familiers, ils nous ressemblent mais ils sont différents, ils vivent dans une sphère sociale supérieure qui suscite crainte et respect. Ce jeu de reflets permet des identifications-évasions, des phénomènes confusants mais gratifiants, et surtout, profondément duels. Le public est saisi dans des positions contradictoires : entre l’admiration et la dévotion pour ces stars mais aussi le sentiment d’injustice que leur inspire le fait que contrairement à lui, elles échappent à un système judiciaire qui frappe plus durement les modestes et les anonymes. De plus, comme le note la philosophe Michela Marzano, les hommes et les femmes ne sont pas affectés de la même façon dans ce phénomène : dans un contexte patriarcal les hommes sont tentés de s’identifier aux accusés célèbres et puissants, quand les femmes sont piégées dans plusieurs conflits d’allégeance.

      ...

      La chercheuse Judith Herman nous met en garde que « C’est très tentant de prendre le parti de l’agresseur. La seule chose qu’il demande au témoin est de ne rien faire. Il en appelle à notre désir universel de rester neutre et ne pas condamner. La victime au contraire nous demande de prendre part à sa douleur. La victime nous demande d’agir, de nous engager et de nous rappeler pour elle. »

      On l’observe en chacun de nous dans ces cas précis : il existe un conflit entre le citoyen et le spectateur. Le citoyen condamne les crimes de l’artiste mais le spectateur veut continuer à jouir de l’oeuvre de l’artiste criminel. Parce que nous avons aimé ces œuvres, parce qu’elles font partie de notre vie désormais, de notre culture. Parce que l’oeuvre d’art est considérée comme unique et qu’on voue un quasi culte à son auteur, parce que les créateurs sont les nouveaux dieux de notre société sécularisée. Cette résistance autour de l’artiste tient selon nous à une imprégnation puissante d’un télescopage de conceptions de l’art des siècles derniers et de mythes néolibéraux ultra contemporains ; l’artiste incarnant dans notre mythologie capitaliste, à la fois l’individu exceptionnel, la liberté, la transgression, l’exception morale et une forme de sacré archaïque.

      #art #artiste

    • « Les César 2020 consacrent l’extraordinaire impunité de Roman Polanski »

      « À ce jour, le cinéaste Roman Polanski est accusé de viols et d’agressions sexuelles par 12 femmes, notamment alors qu’elles étaient mineures. Le réalisateur a reconnu avoir drogué puis violé l’une d’entre elles, une jeune fille âgée de 13 ans en Californie, puis a fui la justice.

      Il a ensuite tourné librement de nombreux films, reçu tous les grands honneurs et récompenses de sa profession, ainsi que le soutien de la quasi-totalité de l’establishment, pouvoirs publics compris, au point qu’il a obtenu les financements pour tourner en 2019 un film sur le capitaine Dreyfus, dont il prétend – par un renversement qui laisse pantois – que leurs destins sont similaires. Ce film a obtenu 12 nominations aux César, c’est-à-dire autant que le nombre de femmes accusant le réalisateur de « J’accuse ».

      publié par l’Express le 28/02/2020, en intégralité sur le blog de Lise’s B.
      https://lisefeeministe.wordpress.com/2020/03/02/les-cesar-2020-consacrent-lextraordinaire-impunite-de-roma

      « L’impunité repose sur une conception de l’artiste démiurge et d’un public passif », estiment Yael Mellul et Lise Bouvet , coautrices de Intouchables ? People, Justice et impunité, ouvrage dédié notamment aux affaires Polanski, Cantat, DSK et Tron.

      Juriste et ex-avocate, Yael Mellul est coordinatrice juridique du pôle d’aide aux victimes de violences du centre Monceau. Politiste et philosophe de formation, Lise Bouvet est traductrice de textes féministes anglophones et autrice.

    • Je recommande ce texte qui pointe certains défauts du texte de Despentes en particulier le féminisme blanc mais ne parle pas de l’aspect misogyne de l’idéologie trans et proxénète qui s’y est glissé. https://seenthis.net/messages/828705

      Sur le texte de Lise B pointé par @vanderling

      « Les amis de Polanski » nous disent, entre autres, qu’il n’est pas un justiciable ordinaire car c’est un auteur accompli, un grand artiste, créateur d’une œuvre sublime. On peut tout d’abord relever un lien logique suspect entre son talent (qui est indéniable) et le rapport de ce dernier avec la justice criminelle. A écouter ces gens-là, ce talent aurait pour conséquence qu’il serait hors de question de porter un quelconque jugement sur sa consécration ni qu’il perde une journée de plus de sa vie en prison. Mais qui décide de cette utilité sociale extra-ordinaire ?

      Prenons un exemple particulièrement saillant en ce moment : en plein mois de février, quand nous avons froid et que notre chaudière tombe en panne, qui peut se passer d’un bon plombier-chauffagiste ? Nous serions sûrement très fâchées que notre excellent chauffagiste, lui aussi nommé Roman Polanski, aille en prison pour le viol d’une jeune fille de 13 ans précisément en plein hiver, mais la loi est ainsi faite en démocratie que même les professionnels exceptionnels et indispensables sont comme tous les autres citoyens, passibles des mêmes peines pour les mêmes crimes.

      Personne ne parle du talent perdu de ces 12 victimes de Polanski. Si Polanski avait été arrêté pour les 12 viols qu’il a commis, ces films n’auraient pas été fait et on ne s’en serait pas plus mal sorti. Mais le talent (qui est indéniable) de Polanski c’est un talent qui compte car on ne dénie pas le talent des phallopores qu’ils soient cis ou femmes-trans. Le talent qui ne compte pas c’est celui des femmes cis et des hommes-trans, car personne ne parle du talent perdu de ces 12 femmes (et peut être plus) qui s’est peut être perdu à cause de Polanski. Ca me fait pensé à la sœur de Sheakspear dont parle Virginia Woolf. Qui pleur le talent perdu de toutes ces filles et femmes que les hommes détruisent à coup de bite ? Combien de génie au féminin avons nous perdus à cause des violences masculines ? aucune en fait car contrairement au talent de Polanski qui est INDENIABLE, le talent des femmes cis et des hommes-trans est toujours DENIABLE. Les Césars l’ont montré très clairement à Adèle Haenel et à Sciamma et illes le montrent jours après jours aux femmes d’Alice Guy à aujourd’hui.

      Il y a aussi cet exemple du talent du plombier chauffagiste ou du boulanger qui serait non reconnu au pretexte qu’il violerait. Ca me fait pensé que pour le talent d’une boulangère ou d’une plombière-chauffagiste on ne se pose même pas la question. Elle n’aura pas besoin de commetre des crimes pour se voire dénier son talent, il suffit qu’elle ne sois pas belle, qu’elle ne sois pas mère, qu’elle ne sois pas douce, et son « talent » de boulangère-plombière,chauffagiste ne vaudra pas tripette.
      #déni #talent

    • « Seul le bras de Lambert Wilson fait de la résistance, seul ce bras sait s’il tremble de peur ou de colère, ou des deux ».
      https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/et-le-bras-du-general-trembla

      Un bras tremble, ce matin, sur mon Twitter. C’est pourtant un bras ferme, un bras qui ne devrait pas trembler, le bras du général. Du général ? De Gaulle, bien entendu. Ou plutôt, le bras de Lambert Wilson, qui incarne le général dans un film du moment. Le général de 40, celui de l’Appel, dont le bras, justement, n’a pas tremblé. Et pourtant ce bras tremble, alors que sa partenaire Isabelle Carré (Yvonne de Gaulle dans le film) vient de prendre la parole, pour répondre à une question sur Polanski...

    • « Général de Gaulle, tu es notre idooole,
      A toi nos cœurs, nos braaas,
      Général de Gooaaal..! »
      J’ai entendu, l’autre matin à la radio, Lambert Wilson s’étonner de qui étaient ces gens ?

      « Je suis très en colère, c’est n’importe quoi ! Si on estime qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans le fait que Polanski ait des nominations, alors on ne vient pas ! Oser évoquer un metteur en scène en ces termes… Parler d’Atchoum, montrer une taille… Et en plus, qu’est-ce qu’on va retenir de la vie de ces gens par rapport à l’énormité du mythe de Polanski ? Qui sont ces gens ? Ils sont minuscules. »

      Qui sont ces gens sur le plateau de #CàVous ? Qui est Lambert Wilson ? Qui est Atchoum ? Qui a engrossé blanche-neige ?


      Fluide Glacial n°515 (avril 2019)avec une couverture de Relom qui signe son retour dans le magazine avec une #BD de 7 pages " Petit avec des grandes oreilles " qui vaut bien le meilleur des Polanski !
      #Lambert_Wilson #2_mètres_de_connerie_avec_des_grandes_oreilles

    • Oui, c’est vrai, Despentes mélange tout. Oui, elle aligne dans la même colère les abus sexuels, la domination économico-politique (le 49.3) et la répression policière. Oui, elle superpose le manifestant qui défend sa future retraite dans la ligne de mire du LBD du policier de Macron, et la fillette de 13 ans sodomisée par Polanski. En apparence, c’est vrai, un esprit rationnel devrait s’efforcer de distinguer les situations. Ce qui les rapproche pourtant, s’appelle la domination. Sans guillemets. Et ce qui atteste le mieux de cette domination, c’est l’impunité. Le manifestant et la fillette, livrés à plus puissant qu’eux, savent que la justice ne leur sera jamais rendue. Qu’il y aura toujours des avocats retors, des arrangements financiers, une machine à enterrer les enquêtes nommée IGPN, pour que justice ne leur soit pas rendue. Et que le reste est littérature.

      Celà s’appelle, une analyse systémique. C’est grossier, c’est simpliste, ça ne fait pas le détail, désolé. Il y a bien entendu toujours des contre-exemples. Il y a des miracles. Il y a des puissants punis. Il y a de sublimes résiliences. Il y a des trèfles à quatre feuilles. Il y a des coincées moches qui deviennent des reines des chaînes d’info. Vu à l’échelle de l’individu, c’est d’ailleurs toujours plus compliqué, et il y a dans chaque individu du dominant et du dominé (Polony est femme ET bourgeoise reine des medias). C’est d’ailleurs cette complexité, qui fait le bonheur de la littérature, et le sel de la vie. Mais l’illusion proclamée que ces contre-exemples invalident les lois économico-sociales classe simplement Polony à droite (ce n’est pas moi qui le dis, c’est un certain Deleuze). Ce qui d’ailleurs n’est pas infâmant. Il faut bien une droite, pour que la gauche se souvienne pourquoi elle est la gauche.

      https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/natacha-polony-reine-des-medias-ex-coincee

    • Vu à l’échelle de l’individu, c’est d’ailleurs toujours plus compliqué, et il y a dans chaque individu du dominant et du dominé (Polony est femme ET bourgeoise reine des medias).

      L’ndividu « résilient » est l’arbre qui cache la forêt de la misère absolue.

    • Virginie Despentes responds to the Césars and Roman Polański
      by: Virginie Despentes translated by Lauren Elkin , March 2, 2020
      https://maifeminism.com

      I’m going to begin like this: don’t worry. O you great and powerful leaders, you lot who are in charge: it hurts. No matter how well we know you, no matter how many times we’ve taken your power on the chin, it always hurts. All weekend we’ve listened to you whinging and whining, complaining that you’ve had to resort to passing your laws by decree instead of by vote [à coups de 49.3] and that we haven’t let you celebrate Polański in peace, and that we’re ruining the party, but behind your moans, don’t worry—we can hear your pleasure at being the big bosses, the big shots, and the message comes through loud and clear: you don’t plan to let this idea of consent take hold. Where would be the fun in being in charge if you always had to ask permission from the people you rule over? And I am certainly not alone in wanting to scream with rage and impotence ever since your magnificent show of force, certainly not the only one to feel defiled after the spectacle.

      It is not at all surprising that the César Academy would award Roman Polański the prize for best director in 2020. It’s grotesque, it’s insulting, it’s vile, but it’s not surprising. When you award 25 million euros to a guy to make a TV film, the message is in the budget. If the fight against anti-Semitism interested French cinema, we’d know it by now. However, the voice of the oppressed who seize the change to tell their story, we can understand how that might bore you. So when you heard people talking about the subtle comparison between a filmmaker being heckled by a hundred feminists in front of three movie theatres and Dreyfus, a victim of French anti-Semitism at the turn of the last century, you jumped on board. 25 million euros to make this comparison. Amazing. We ought to acknowledge the investors, because to pull together that kind of budget, everyone had to be in on the game: Gaumont Distribution, the CNC, France 2, France 3, OCS, Canal +, RAI… everyone reached into their pockets, and deeply, for once. You closed ranks, you defended one of your own. The strongest defend their rights: it’s part of your elegance, rape is even the foundation of your very style. The law protects you, the courtroom is your domain, the media belongs to you. And that’s exactly what a major fortune is there for: to control the bodies of those who have been declared subaltern. Bodies that clam up, that don’t tell stories from their point of view. The time has come for the richest to hear this message: the respect we owe them will from now on extend to their dicks, stained with the blood and the faeces of the children they’ve raped. Whether at the Assemblée Nationale or in the culture—enough hiding, enough pretending not to be upset. You require entire and constant respect, whether we’re talking about rape, the brutality of your police, the Césars, your retirement reform. That is your politics: that victims remain silent. It comes with the territory, and if you have to get the message to us through terror you don’t see what the problem is. Your sick pleasure, above all. And the only people you tolerate around you are the most docile of lackeys. There is nothing surprising in the fact that you’ve thus sanctified Polański: it’s always money we’re celebrating; in these ceremonies we don’t give a shit about the cinema. Or the audience. It’s the striking capability of your own monetary power that you are worshipping. It’s the massive budget you’ve given him as a sign of support that you were saluting—and through him, your own power that must be respected.

      It would be pointless and inappropriate, in a comment on this ceremony, to separate the bodies of cis men from those of cis women. I don’t see any difference of behaviour. It is understood that these major prizes continue to be the exclusive domain of men, because the underlying message is: nothing must change. Things are very good as they are. When [the comedian and mistress of ceremonies Florence] Foresti left the awards and declared herself ‘disgusted’, she didn’t do it as a woman—she did it as an individual who was taking the risk of turning the profession against her. And she did it as an individual who is not entirely at the mercy of the film industry, because she knows you don’t have the power to deprive her of an audience. She was the only one who dared make a joke about the elephant in the room; everyone else avoided mentioning it. Not a word about Polański, not a word about Adèle Haenel. We all dine together, in this milieu; we all know how it goes. For months you have had your panties in a twist that part of the public is being listened to, and for months you have suffered because Adèle Haenel has spoken up about her experience as a child actress, from her own point of view.

      So all the bodies in that room that evening had been gathered together with one end in mind: to validate the absolute power of the men in charge. And the men in charge love rapists. That is, those who are like them, who are powerful. They don’t love them in spite of the rapes, because they have talent. They find them talented and stylish because they are rapists. They love them for that. For the courage they have to acknowledge the sickness of their pleasure, their idiotic and systematic drive to destroy the other, the destruction, in truth, of everything they touch. Your pleasure dwells in preying, that is your only understanding of style. You know very well what you are doing when you defend Polański: you demand to be admired even in your delinquency. It is this demand which results in everyone at the ceremony being subject to a law of silence. They blame political correctness and social media, as if this code of silence were something recent, the fault of the feminists, but it’s gone on like this for decades. During French cinematic ceremonies, you never joke about the bosses’ sensitivities. So everyone shuts up, everyone smiles. If the child rapist were the bin man there would be no mercy—police, prison, thunderous proclamations, victim defence and general condemnation. But if the rapist is a powerful man: respect and solidarity. Don’t speak in public of what goes on doing castings or pre-production or during filming or promotion. It’s well-known. The law of silence prevails. Respect for this advice is how you choose whom to hire.

      And although we’ve known this for years, the truth is we’re always surprised by the overconfidence of power. That’s what’s so amazing, in the end—it’s that you get away with your dirty tricks every time. Every time, it’s humiliating to see the participants take their place on stage, whether it’s to announce or to receive a prize. We see ourselves in them—not only me because I’m an insider, but anyone watching the ceremony. We identify with them and are humiliated by proxy. So much silence, so much submission, so much pressing into servitude. We recognise ourselves. We want to die. Because at the end of the night, we know that we are all the employees of this whole heap of shit. We are humiliated by proxy when we see them keep quiet even though they know that Portrait of a Lady on Fire won’t receive a single one of those big prizes at the end, and only because Adèle Haenel spoke up and because somehow they have to make the victims understand that though they might want to tell their stories, they would do well to think twice before breaking the vow of silence. Humiliated by proxy that you dared to nominate two female directors who have never received and probably never will receive the prize for best director so that you can give it to Roman fucking Polański. Himself. [Both words in English in the original] In your face! You are, decidedly, ashamed of nothing. 25 million, that’s more than fourteen times the budget of Les Misérables [dir. Ladj Ly, which won best film], and the guy can’t even claim his film was one of the five most-seen films of the year. And you reward him. And you know very well what you’re doing—that the humiliation experienced by an entire segment of the population who got your message loud and clear will spill over into the following prize, the one you gave to Les Misérables, when you bring onto the stage the most vulnerable bodies in the room, the ones which we know risk their lives at the slightest police inspection, and if there are no girls among them at least we see they are intelligent and can tell there is a direct link between the impunity of the famous director that night and the situation in the neighbourhood where they live. The female directors who awarded the prize of your impunity, the directors whose awards are stained with your dishonour— same struggle. They each are aware that as employees of the film industry, if they want to work tomorrow, they have to shut up. No joke. That’s the spectacle of the Césars. And what timing—three months of strikes to protest reforms to the retirement system that we don’t want, which you passed by force. The same message conveyed to the people at the same time: ‘Shut up, keep your mouths shut, shove your consent up your ass, and smile when you pass me in the street because I am powerful, because I have all the money, because I am the boss.’

      So when Adèle Haenel got up, it was a sacrilege on the move [en marche, a nice dig at Macron’s political party]. A repeat offender of an employee, who didn’t force herself to smile when her name was dragged through the mud in public, who didn’t make herself applaud the spectacle of her own humiliation. Adèle got up, as she had already to say look, this is how I see the story of the filmmaker and the adolescent actress, this is how I lived it, how I carry it with me, how it sticks to my skin. Because you can tell us about it any way you like, your idiotic distinction between the man and the artist—all victims of rape know there is no miraculous division between the body that is raped and the body that creates. We carry around what we are and that’s that. Explain to me how I should take advantage of her and then shove a violated girl out the door of my office to get down to work, you bunch of clowns.

      Adèle got up and left. On the 28th of February we didn’t learn much we didn’t already know about the French film industry, but we did learn how to wear an evening gown: like an Amazon [guerrière]. How to walk in high heels: as if we were going to tear the whole building down. How to walk with our heads held high, our necks rigid with anger, and our shoulders bare. The most beautiful image in forty-five years of the ceremony: Adèle Haenel going down the stairs to leave, while you’re all applauding. Now we know how it works, someone who walks out while telling you to fuck off. I would trade 80% of my feminist books for that image. That lesson. Adèle, I don’t know if I’m male gazing you or female gazing you but I keep love gazing you [all in English and as verbs] on my phone for that exit. Your body, your eyes, your back, your voice, all your gestures say it: yes, we are dumb bitches, we are the ones who’ve been humiliated, yes, we only have to shut our mouths and take your blows, you’re the boss, you have the power and the arrogance that goes with it, but we will not remain seated without saying anything. You do not have our respect. We’re getting the hell out. Enjoy your bullshit on your own. Celebrate yourselves, humiliate each other, kill, rape, exploit, smash everything that falls between your hands. We’re getting up and we’re getting out. It’s probably a prophetic image of the days to come. The real difference is not between men and women, but between the dominators and the dominated, between those who intend to suppress the story and impose their decisions and those who are going to get up and get out while complaining, loudly. It’s the only possible response to your politics. When it’s no longer tenable, when it goes too far, we’re going to get up and get out while hurling insults at you. Even if we are your subalterns, even if we take your shitty power on the chin, we despise you. You make us want to vomit. We have no respect for the mockery you make of respectability. Your world is disgusting. Your love of the strongest is sick. Your power is sinister. You are a gruesome bunch of imbeciles. The world you created to reign over the wretched lacks oxygen. We’ve been getting up and we’re getting the hell out. It’s over. We’re getting up. We’re getting out. We’re shouting: Go fuck yourselves.

    • Vendredi dernier, pour la première fois depuis un paquet de temps, les flics ont mis les casques et tiré les lacrymos à un rassemblement féministe ; pour la première fois depuis longtemps, on les a débordés même si c’est rien qu’un peu. Ce soir-là, on s’est senties puissantes ensemble, entre meufs, on a mis nos corps ensemble, pour que de victimes nous nous changions en menace et en vengeance : parce que si certain.es se lèvent et se cassent, nous, de plus en plus nombreuses, on se soulève et on casse.

      https://paris-luttes.info/il-y-a-ceux-qui-se-taisent-il-y-a-13599

      Le jour où les hommes auront peur de se faire lacérer la bite à coups de cutter quand ils serrent une fille de force, ils sauront brusquement mieux contrôler leurs pulsions “masculines”, et comprendre ce que “non” veut dire.

      Virginie Despentes, King Kong Théorie, 2006.

  • Quels axes pour une protection sociale dans une perspective féministe ? – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2020/02/05/quels-axes-pour-une-protection-sociale-dans-une-perspecti

    Le système de protection sociale était basé sur des droits acquis au titre d’une activité professionnelle et sur la conception patriarcale de la société en vigueur à l’époque. Le modèle, en effet, est celui de l’homme « gagne-pain » et de la femme au foyer qui assure la gestion de la famille. L’ordonnance de 1945 instaure ainsi une Sécurité sociale qui considère « les travailleurs et leurs familles ». L’homme, travailleur, a des droits propres à la protection sociale. C’est lui qui ouvre l’accès à ces droits pour l’ensemble de la famille. La femme au foyer bénéficie de droits dérivés, liés au statut d’épouse. Elle est considérée, au même titre que les enfants, comme étant à charge de son mari. C’est une logique qui institutionnalise la dépendance des femmes par rapport à leur mari. Le système de protection sociale, en validant ainsi les inégalités entre les sexes, est largement responsable de leur reproduction. Il doit désormais être fondé sur une logique d’égalité.

    Le système actuel doit donc être transformé pour fournir une protection suffisante à toute personne, femme comme homme, quel que soit son parcours professionnel.

    On peut considérer le cas des retraites : le calcul de la pension y basé sur le modèle masculin de carrière, ce qui défavorise les personnes aux carrières courtes, en majorité les femmes. Malgré l’intégration, au fil du temps, de dispositifs familiaux pour (tenter de) prendre en compte les carrières morcelées des femmes, leur pension moyenne, tout compris, ne représente que 69% de celle des hommes. Ces dispositifs, outre être insuffisants pour réellement réduire les inégalités de pension entre femmes et hommes, n’agissent en rien sur la cause de ces inégalités : pire, ils contribuent à les pérenniser puisqu’ils valident la division sexuée des rôles qui en est responsable3.

    Rappelons que la conception française de l’impôt sur le revenu est basée, de la même manière, sur une conception familialiste. En définissant le ménage comme l’unité de base d’imposition, elle ne satisfait pas à l’exigence d’égalité. En effet, par rapport à une imposition individuelle des personnes, l’imposition commune du couple marié ou pacsé – c’est le dispositif de quotient conjugal – provoque l’augmentation du taux d’imposition effectif du conjoint à faible revenu, et à l’inverse la diminution du taux d’imposition du conjoint au revenu le plus fort4. Comme les revenus les plus faibles sont le plus souvent ceux des femmes, l’imposition commune agit comme une discrimination indirecte envers elles. Le quotient conjugal pénalise aussi les célibataires et les personnes en union libre par rapport aux couples, et les femmes en emploi par rapport aux femmes au foyer.

    Tout d’abord, il ne s’agit pas d’obliger les femmes à « travailler », mais simplement et, a minima, de ne pas les en dissuader. Or, c’est ce que font les normes sociales sur les rôles sexués dissymétriques, les politiques familiales les incitant au retrait d’activité pour s’occuper des enfants, ou encore le mode d’imposition du couple qui agit comme un frein à leur emploi. Ensuite, l’idée qu’il faudrait défendre un libre choix pour les femmes en couple d’être au foyer ou non relève d’une conception patriarcale néfaste et périmée. On en déplore aujourd’hui les conséquences, à travers la multiplication des situations de précarité des femmes après un divorce, une séparation ou lors de la retraite, et même la pauvreté des mères seules avec enfants. Curieuse liberté que celle qui enracine la dépendance des femmes mariées, et qui conduit de plus en plus souvent à la précarité !

    Le travail a une dimension contradictoire : c’est certes une source d’aliénation, mais c’est aussi un facteur essentiel d’intégration sociale. Derrière l’emploi, outre l’accès à un revenu, il y a une participation à la vie sociale qui reste considérée comme nécessaire pour ne pas se sentir exclu·e de la société. Le principe d’une protection sociale maintenant un lien idéologique avec l’emploi ne sera donc pas restrictif si l’on veille à en étendre l’accès à toutes les situations avant un premier emploi, au chômage entre deux emplois et à la retraite.

    #femmes #travailleuses #retraite #protection_sociale #chômage #revenu_garanti #emploi #revenu

  • Guerre de tranchées dans le mouvement féministe
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Guerre-de-tranchees-feministe

    Nous ne sommes pas obligées de faire vivre le seul mouvement politique unanime, qui n’est pas traversé d’interrogations, de lignes de fracture, de vifs débats ou d’un brin de mauvaise foi. Mais, contrairement à d’autres, nous avons le devoir de nous ménager les unes les autres, de mener nos débats avec autant de rigueur que de respect, d’assumer nos divergences sans violence. Ce n’est pas le cas.

    #féminisme #genre #trans #trans-activisme #identité_de_genre #politique_de_l'identité #lutte #débat #vindicte #Aude_Vidal

    • Chez les zapatistes :
      https://seenthis.net/messages/822985

      Peut-être que soudain cela t’aidera dans ta lutte d’écouter et de connaître d’autres luttes menées en tant que femmes que nous sommes.

      Que nous soyons en accord ou pas avec d’autres luttes et leurs manières et leurs géographies, à toutes, cela nous sert d’écouter et d’apprendre.

      C’est pour cela qu’il ne s’agit pas d’entrer en compétition pour voir quelle est la meilleure lutte ; l’idée, c’est de partager et de partager avec nous.

      C’est pour cette raison que nous te demandons de toujours respecter les différentes pensées et les différentes manières.

      Toutes celles qui sont ici, et bien d’autres qui ne sont pas présentes, nous sommes des femmes qui luttons.

      Nous avons des façons de faire différentes, c’est certain.

      Mais tu sais que notre pensée en tant que zapatistes que nous sommes est que ça ne sert à rien que toutes nous ayons les mêmes pensées et les mêmes manières.

      Nous pensons que la différence n’est pas une faiblesse.

      Nous pensons que la différence est une force puissante s’il y a du respect entre nous et qu’il existe un accord pour lutter ensemble mais sans perdre nos particularités.

      Nous te demandons donc que tu partages ta douleur, ta rage et ta lutte avec dignité et que tu respectes les autres douleurs, les autres rages et les autres dignes luttes.

    • Cela dit, il y a des luttes qui de part leur base philosophique sont alors fondamentalement incompatibles :
      – le fait que des femmes luttent pour avoir des lieux, ne serait-ce que les toilettes au quotidien, sans hommes au sens social (qui est reconnu par les gens comme un homme)
      – et le fait que d’autres luttent pour que des personnes vues par les autres comme ayant une apparence et un comportement d’homme puissent s’auto-définir comme femme, et donc rentrer dans les toilettes pour femmes…
      Bah c’est difficilement combinable avec respect.

      (Là bien sûr on ne parle pas des femmes trans qui sont reconnues par leurs paires comme femmes, et qui donc peuvent parfaitement aller dans les mêmes toilettes.)

    • Il est beau, le texte des zapatistes !

      Sur les toilettes (et en général), il y a trois options :
      –définition de qui peut entrer dans les toilettes des femmes par le biologique (ne correspond pas au vécu des femmes trans et les laisse aller pisser chez les gars aux dépens de leur sécurité) ;
      –définition de qui peut entrer par le genre ou sexe social (conforme avec l’idée que ce sont les rôles dont on investit l’un ou l’autre sexe qui sont à l’origine des comportements, dont la violence dont on essaie ici de protéger les femmes) ;
      –auto-définition qui laisse la porte ouverte à des abus (même si la personne avec un corps d’homme, sapée comme un gars, est peut-être une femme trans en tout début de transition, elle n’est pas en danger dans les chiottes des hommes et elle ne respecte pas les besoins de sécurité des femmes qui peuvent se sentir menacées par sa présence).

      Ou 4e option : fête du slip, toilettes non genrées. L’avantage, c’est que des personnes ne se font jamais reprendre par d’autres (une copine a vécu ça : une petit fille lui demande, les yeux dans les yeux, pourquoi elle est dans les toilettes des filles), ce qui peut gâcher la vie des personnes non conformes. L’inconvénient : « ça vous emmerde, vous êtes prudes, de voir un sexe d’homme non sollicité » (ce qu’en droit on appelle de l’exhibitionnisme et qui est interdit, du grand manteau dans la rue aux dick pics) comme disait l’autre #Agnès_Giard pour parler d’agressions sexuelles, voir #toilettes et http://sexes.blogs.liberation.fr/2019/11/18/pourquoi-faire-des-toilettes-separees-homme-et-femme. On décide de n’accorder aucune protection particulière aux groupes dont on sait qu’ils sont menacés. Et de fait les agressions semblent plus nombreuses dans les espaces mixtes, toilettes ou vestiaires.

      Bref, tout ça se discute et ça n’a pas l’air bien parti, voir @tradfem.

      Et le mot « pairs » est invariable, @rastapopoulos ;-).

    • Le problème, c’est que les hommes restent très mal éduqués. L’entretien des chiottes reste un boulot d’intouchables (les femmes) et donc les hommes continuent à dégueulasser les chiottes, puisque qu’elles seront « magiquement » nettoyées après leur passage.

      Donc, dans les chiottes non genrées, les chiottes ont tendance à être rapidement impraticables pour les femmes… ce qu’il faut pondérer par le fait qu’il y a aussi des femmes dégueulasses.

    • Autre contribution sur la violence de ce débat.

      Commentaires sur le texte : Prendre les problèmes à la racine : à propos des jeunes femmes et du féminisme radical – Le blog de Christine Delphy
      https://christinedelphy.wordpress.com/2020/01/29/commentaires-sur-le-texte-prendre-les-problemes-a-la-raci

      Présenter comme violentes les féministes critiques du genre occulte la réalité que ce sont des hommes qui exercent l’écrasante majorité des exactions infligées aux personnes trans ; ce faisant, on supprime toute possibilité pour les hommes d’être tenus responsables de cette violence. Les hommes ne sont pas blâmés pour leurs actes, quels que soient les dommages qu’ils causent, alors que les femmes sont souvent brutalement ciblées pour nos idées. À cet égard, le discours queer reflète fidèlement les normes établies par le patriarcat.

      Suit un développement pas très convainquant sur le fait que les féministes radicales ne sont pas transphobes :
      –aucune ne hait les trans (ça reste à prouver et si je m’en prenais plein la gueule je commencerais à ressentir de l’agressivité donc bof, ça me semble plus intéressant de revenir à où est la violence transphobe, voir plus haut) ;
      –d’ailleurs elles appellent l’abolition du genre (oui mais elles renforcent l’importance du sexe pour dire le genre et les queer aussi appellent l’abolition de genre en exigeant au final une gender blindness comme on disait color blindness du temps de Reagan).

    • Sur ce sujet de l’inégalité FH devant la propreté des toilettes : « structurellement plus attentives » est une bonne formulation qui ne suppose pas que les femmes sont dans leur ensemble des personnes formidables qui ne laissent jamais une goutte sur l’abattant !

      Mixité choisie : une histoire de chiottes - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
      http://cqfd-journal.org/Mixite-choisie-une-histoire-de

      D’autres inégalités peuvent sembler plus anecdotiques que la vulnérabilité au viol, par exemple le fait que beaucoup de femmes ne s’hydratent pas correctement tout aux long de la journée car hors de chez elles, elles n’ont pas de sanitaires suffisamment propres à leur disposition. Elles souffrent alors de migraines ou d’infections urinaires, des problèmes de santé que m’a décrits un médecin qui a pris le temps de comprendre le comportement de ses patientes. Faire cohabiter dans de mêmes espaces des personnes qui sont structurellement plus attentives à la propreté de l’assise et d’autres qui peuvent rechigner à relever l’abattant avant de pisser debout, voilà autre chose qui porte tort aux premières.

    • récap’ de slate :

      « Qu’est-ce qu’une femme ? », la question qui oppose activistes trans et féministes radicales

      À partir de cette position, une féministe critique du genre comme Holly Lawford-Smith conclut que « les personnes trans méritent d’obtenir tous les droits et protections légales nécessaires. Mais il serait beaucoup plus logique que ces protections légales soient accordées en fonction de leur statut de personne trans, pas en fonction de celui de femme ».

      Le problème est que défendre cette position, théoriquement logique, revient de fait à exclure des personnes trans. De fait, si les femmes trans ne sont pas reconnues comme femmes, elles sont alors exclues des espaces réservés aux femmes, par exemple les refuges pour femmes victimes de violence conjugale, les prisons ou les toilettes séparées.

      http://www.slate.fr/story/185381/feminisme-feministes-critiques-genre-gender-critical-terf-activistes-trans-def

    • De fait, si les femmes trans ne sont pas reconnues comme femmes, elles sont alors exclues des espaces réservés aux femmes, par exemple les refuges pour femmes victimes de violence conjugale, les prisons ou les toilettes séparées.

      Si on accorde le statut de femme sur auto-définition, on inclut des personnes se définissant comme femmes mais ayant des comportements genrés homme (par exemple : se taper la queue devant ou chez des gens qui ne l’ont pas demandé, groomer des filles, violer ses codétenues avec son pénis). Les autorités carcérales britanniques ont fini par juger autoritairement des femmes trans dont la présence était acceptable en prison pour femmes, alors que socialement ils ont une loi qui se tient à l’auto-définition, qui s’avère pas très opérante.

    • Transgender group ATH says it is fine to punch women | Daily Mail Online
      https://www.dailymail.co.uk/news/article-4914582/Radical-transgender-group-says-FINE-punch-women.html

      A transgender campaign group defended an activist who attacked a 60-year-old by comparing the ’radical feminists’ who question their views to ’Nazis’.

      Members of the Action for Trans Health (ATH) clashed with their bitter enemies the Trans-Exclusionary Radical Feminists (or so-called TERFs) in London’s Hyde Park before a scheduled event to discuss gender issues.

      It culminated in an unseemly bust-up that ended with a 60-year-old mother-of-two being bundled to the ground and punched in the face by an ATH campaigner.

      Following that the group have issued a number of statements defending the activist, widely identified on social media as 25-year-old courier Tara Flik Wood.

      Elsewhere on social media ATH supporters say ’TERFS must die’ and ’burn in a fire, TERF’.

      Before the meeting, a trans-woman posted: ’Any idea where this is happening? I want to f*** some TERFs up, they are no better than fash [fascists].’

      In a statement Action for Trans Health said: ’We condemn violence against women in all forms. We’re proud that many self-originating activists, allies and supporters stood against hatred, misogyny and intimidation.’

    • ‘Punch a TERF’ Rhetoric Encourages Violence Against Women | Sister Outrider
      https://sisteroutrider.wordpress.com/2017/09/15/punch-a-terf-rhetoric-encourages-violence-against-women

      If you’re a feminist who has ever used the term TERF to describe a radical feminist, stop and think about the violent misogyny it’s used in conjunction with. Think about how “punch a TERF” led to Maria MacLachlan being assaulted. Think about whether you want to be complicit in violence against women, or play a part in challenging that violence – I suspect it’s the latter.

  • La « neutralité de genre » contre l’égalité – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2020/01/16/la-neutralite-de-genre-contre-legalite
    et
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/01/15/la-neutralite-de-genre-contre-legalite

    Derrière la « neutralité de genre » et la symétrisation des violences… Comme le souligne l’autrice : « Que la majorité des victimes soit des femmes, la majorité des auteurs des hommes est rendu invisible ». Il s’agit pour moi d’un élément d’une offensive plus générale des masculinistes dans leur lutte contre l’égalité (en complément possible, Mélissa Blais : Le masculinisme est un contre-mouvement social, le-masculinisme-est-un-contre-mouvement-social/ ; Sous la direction de Christine Bard, Mélissa Blais, Francis Dupuis-Déri : Antiféminisme et masculinismes d’hier et d’aujourd’hui, refus-des-droits-et-de-lautonomie-des-femmes-reaffirmation-du-pouvoir-des-hommes/)

    Il faut souligner que cette dénomination sociale a des conséquences, Irene Zeilinger indique : « Dans ce contexte, les associations féministes qui luttent contre les violences faites aux femmes se voient de plus en plus confrontées à l’attente de rendre leurs services accessibles aux hommes. La non-mixité doit se justifier en permanence. La promotion de la famille et la neutralité de genre l’emportent sur des politiques et mesures visant à surmonter les inégalités structurelles de genre.

    Chronique de #Didier_Epsztajn
    La brochure d’#Irène_Zeilinger

    https://entreleslignesentrelesmots.files.wordpress.com/2019/12/oui-les-hommes-aussi-etude-corps-ecrits-compresse.pdf

    • #neutralité #gender_neutral

      Petite expérience personnelle, dans une formation où il y a beaucoup de travailleuses sociales. On parle de violences contre les femmes et certaines d’entre elles disent que non, c’est pas genré. Elles se creusent la tête pour trouver un exemple. En vingt ans de carrière l’une d’elles a une collègue qui a rencontré un homme battu. Être battu est plus stigmatisant, je comprends bien leur sous-représentation, mais les violences contre les femmes sont bien liées à un imaginaire de disponibilité des femmes aux hommes, pas à des colères soudaines que les femmes aussi peuvent avoir contre leur mari...

    • Modern American feminism is an embarrassment
      https://www.feministcurrent.com/2020/01/15/modern-american-feminism-is-an-embarrassment

      At the same time, we see the Women’s March rebranded as the March for Our Human Rights, set to take place this weekend, on January 18th. An emailed press release explains that “millions of women and allies will take to the streets to protest the rollback of women’s human rights across the world.” The email explains that, “given the United States’ decision to join 19 nations, including Saudi Arabia, Iraq, and Libya, in declaring that women have no international right to abortion,” the “theme of this year’s march is bodily autonomy, which is the right to self-governance over one’s own body without coercion or external pressures.”

      It is not just ironic, but offensive, that modern American feminists will claim to fight for women’s reproductive rights, while simultaneously pretending not to understand what a woman is, and why women have rights in the first place.

      Support for trans activism and the prioritizing of male voices, desires, and feelings over women’s rights and safety in favour of so-called “trans rights” achieves the very opposite. It is not only cowardly, but it silences women — especially women who already have no voice and few rights, such as female inmates.

      Murphy se radicalise et refuse même de dire « femme trans » ou « trans femme ». Je ne suis pas d’accord mais je poste pour le dossier neutralité de genre.

    • En Norvège, une loi de 2010 sur les maisons d’accueil pour
      victimes de violence conjugale est formulée en termes
      neutres par rapport au genre, ce qui a comme conséquence
      que 22 des 51 maisons d’accueil sont désormais réservées
      aux hommes... dont, en 2012, 10 ne sont apparemment pas
      utilisées par manque de demande (Halperin-Kaddari &
      Freeman 2016).

    • L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes,
      organe fédéral chargé de la coordination des politiques de lutte
      contre les violences faites aux femmes, publie en 2015 une étude
      avec l’Institut Scientifique de Santé Publique sur la violence conjugale
      et intrafamiliale (Drieskens & Demarest 2015). Ainsi, on peut lire
      dedans qu’« 
      il n’existe à ce propos aucune différence significative
      entre les hommes et les femmes
       », bien que, dans la même enquête,
      les femmes soient quatre fois plus souvent victimes de violence
      conjugale et intrafamiliale que les hommes. Que les violences
      contre les femmes soient plus répétitives et plus graves ne semble
      pas effleurer les auteur.e.s, alors que les effets sur la santé doivent
      pourtant s’en ressentir. Dans la même période, la secrétaire d’État
      pour l’égalité Elke Sleurs lance une campagne de sensibilisation
      aux violences sexuelles, avec un des messages clés : « Chaque jour,
      100 hommes, femmes et enfants sont violés. »
      5
      L’ordre des victimes de viol insinue que les hommes seraient le groupe le plus à
      risque. Du côté de la police fédérale, une autre campagne cherche
      à encourager les victimes de violence sexuelle, indépendamment
      de leur genre, à porter plainte. Slogan : « Le viol n’a pas de sexe. »
      6

      #Belgique #déni #viol

      Ici, la violence conjugale dépendrait uniquement de la
      manière individuelle de gérer ses problèmes et émotions.
      Pour le répertoire interprétatif systémique, l’étude cite la
      remarque suivante :
      « Les hommes sont éduqués à être plus
      agressifs et compétitifs dans tout. »
      Dans la pratique, le
      répertoire individuel n’est jamais contredit, tandis que le
      répertoire systémique rencontre souvent de la résistance.
      De nouveau, cela ferme l’espace communicatif pour la
      déconstruction des inégalités qui mènent aux violences
      conjugales.

      #anti-sociologisme

      À ces difficultés de parler des femmes victimes de violences s’ajoute
      l’invisibilité des hommes auteurs. Phillips et Henderson (1999)
      ont démontré par une analyse discursive de la littérature scien-
      tifique sur les violences faites aux femmes que ces violences sont
      nommées selon leurs victimes (par exemple « wife abuse », c’est-
      à-dire abus d’épouse) ou leurs contextes (par exemple violences
      conjugales), mais rarement selon leurs auteurs (par exemple violences
      masculines). Ce n’est pas un détail insignifiant : cela permet aux
      hommes en tant que groupe social de se distancier de ces
      violences et efface leur responsabilité de mettre un terme aux
      violences.
      Les violences deviennent ainsi un problème des
      femmes
      .

      Si tout le monde peut reconnaître
      que les voitures ont plus de pouvoir dans la circulation que les
      cyclistes, c’est parce que l’on peut être cycliste un jour, conducteur.trice un autre.

      C’est un peu vrai mais pas tout à fait. Un jour la goutte d’eau qui m’a fait quitter Seenthis, c’est ce mec qui dit à propos d’un récit d’agression que les cyclistes roulent n’importe comment (ce n’est pas une raison et c’est faux).

      Les violences n’ont pas lieu dans un vacuum, mais s’inscrivent dans cette structure sociale inégalitaire. C’est pourquoi une gifle ou une insulte d’un homme envers une femme n’a pas la même fonction, signification ni conséquence qu’une gifle ou une insulte d’une femme envers un homme. La présente étude explore ces différences de genre et cherche à comprendre les ressorts du discours de la neutralité de genre, ainsi que ses conséquences, afin de faciliter un positionnement féministe.

      #backlash #féminisme

  • Affaire Matzneff : « Je regrette », déclare Bernard Pivot
    https://www.lejdd.fr/Societe/affaire-matzneff-je-regrette-declare-bernard-pivot-3940286


    Bernard Pivot réagit sur l’affaire Matzneff. (Sipa)

    Les textes et actes pédophiles assumés de l’écrivain Gabriel Matzneff, connus depuis les années 1970, ­refont surface, alors que sort jeudi chez Grasset Le Consentement, un livre dans lequel l’éditrice Vanessa Springora, raconte les agissements dont elle a été victime adolescente.

    Dans la tourmente pour ses invitations de Matzneff dans son émission Apostrophes (et particulièrement pour des propos tenus lors d’une interview en 1990), Bernard Pivot, chroniqueur littéraire au JDD, nous a adressé le texte suivant :

    « Après Mai 68 dont le slogan majeur était ’il est interdit d’interdire’, des livres comme ceux de Gabriel Matzneff ont été publiés sans que la justice n’intervienne, sans même que les associations de défense de l’enfance et de la famille ne protestent. On a même vu les plus grands écrivains de l’époque pétitionner pour la libération de trois hommes emprisonnés pour avoir eu des relations sexuelles avec de jeunes adolescents. Le monde des livres et la littérature se jugeaient alors au dessus des lois et de la morale.
    Animateur d’émissions littéraires à la télévision, il m’aurait fallu beaucoup de lucidité et une grande force de caractère pour me soustraire aux dérives d’une liberté dont s’accommodaient tout autant mes confrères de la presse écrite et des radios. Ces qualités, je ne les ai pas eues. Je le regrette évidemment, ayant de surcroît le sentiment de n’avoir pas eu les mots qu’il fallait.
     »

  • Inégalités : « La réforme des retraites pénalisera encore plus les femmes » – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2019/12/11/inegalites-la-reforme-des-retraites-penalisera-encore-plu

    Mais l’écart de pensions entre les femmes et les hommes reste très important, il amplifie les inégalités de salaires. Tous régimes confondus, il est de 42% pour les pensions de droit direct, contre 24% pour les salaires. Les femmes sont contraintes de partir en moyenne plus tard à la retraite que les hommes, elles subissent plus souvent la décote du fait de carrières trop courtes. Leur pension, trop faible, est plus souvent rehaussée par un dispositif de minimum de pension.

    Dans un régime par points, en effet, la pension doit refléter au plus près la somme des cotisations versées au long de la vie active. C’est une logique d’individualisation. En prenant en compte toute la carrière au lieu des vingt-cinq meilleures années pour le régime général ou des six derniers mois pour la fonction publique, un tel régime ne peut que faire baisser le niveau des pensions pour de nombreux et nombreuses fonctionnaires, et pour toutes les personnes aux carrières heurtées, d’abord des femmes. Il intègre en effet les plus mauvaises années dans le calcul de la pension, alors qu’elles en sont actuellement exclues. Chaque période non travaillée, à temps partiel, en congé parental, au chômage, ou mal rémunérée, fournit peu ou pas de points : autant de manque à gagner pour la pension.

    Concernant les droits familiaux, ce que propose le rapport Delevoye est, en tout et pour tout, une majoration de pension de 5% par enfant, attribuée au choix du couple à l’un ou l’autre, ou par moitié à chaque parent. Cette proposition remplacerait à la fois l’actuelle majoration de 10% pour trois enfants attribuée à chacun des parents, et les majorations de durée d’assurance attribuées aux mères pour chaque enfant, qui sont, elles, supprimées !

    On peine à croire que ce système serait plus avantageux pour les femmes. On peut au contraire craindre que les couples préfèrent attribuer la majoration aux pères du fait de leur pension plus forte. Que se passera-t-il pour les femmes en cas de séparation du couple ?

    Eh bien madame, il ne fallait pas quitter votre mari ! Et il fallait lui mitonner de bons petits plats (et de bonnes petites pipes), accepter de se prendre des torgnoles de temps en temps pour qu’il reste !
    L’individualisation du revenu et de la fiscalité des femmes est une nécessité !

    Avec le nouveau calcul, de nombreuses personnes aux pensions pourtant modestes percevraient, lors du décès de leur conjoint, une pension de réversion bien plus faible qu’aujourd’hui. Or la réversion représente aujourd’hui en moyenne le quart de la pension des femmes (et une part négligeable de celle des hommes) ; 90% de ses bénéficiaires sont des femmes.

    Tribune parue initialement dans Le Monde du 28 novembre 2019
    #retraites #femmes #travail

    • Tribune d’…un collectif de seize femmes – syndicalistes, féministes et économistes – dénonce l’aggravation des inégalités de pensions entre hommes et femmes qu’engendrerait un système de retraite par points.

      Agathe, collectif Nos retraites ; Ana Azaria, présidente de Femme égalité ; Sophie Binet, pilote du collectif femmes Mixité de la CGT ; Claire Charlès, secrétaire générale les Effrontées ; Ismahane Chouder, Collectif des féministes pour l’égalité ; Sigrid Gérardin, secrétaire nationale FSU ; Cécile Gondard Lalanne, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires ; Bernadette Groison, secrétaire générale FSU ; Murielle Guilbert, secrétaire nationale de l’Union syndicale Solidaires ; Sabina Issehnane, pour les Economistes atterrés ; Christiane Marty, pour la Fondation Copernic ; Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme ! ; Suzy Rojtman, porte parole du CNDF ; Sabine Salmon, présidente nationale de Femmes solidaires ; Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac ; Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT.

  • Grenelle des violences masculines : Le Gouvernement passe à coté de
    l’urgence de la situation 150.000 personnes dans les rues pour dire STOP
    à l’impunité des agresseurs. Mesures insuffisantes et sans budget
    supplémentaire. Quelle déception !

    https://mailchi.mp/osezlefeminisme/texte-1782285?e=ef24f33710

    Grenelle des violences masculines : Le Gouvernement passe à coté de
    l’urgence de la situation

    Samedi 23 Novembre 2019, 150 000 personnes dans la France entière sont
    descendues dans les rues pour dénoncer les violences masculines contre
    les filles et les femmes. Cette mobilisation féministe historique
    témoigne d’une prise de conscience et d’un recul de la tolérance de la
    société envers ces violences.

    1% des violeurs condamnés, 0,4% des pédocriminels… L’impunité des
    agresseurs en France reste aujourd’hui quasiment totale. En matière de
    féminicides, le rapport de l’Inspection générale de la Justice relatif
    aux féminicides, rendu public le 17 Novembre dernier par la Ministre de
    la Justice Nicole Belloubet, énonce que dans 65% des cas les services de
    police avaient déjà connaissance de faits de violences conjugales subis
    par la victime. Dans le même temps 80% des plaintes pour violences
    conjugales sont classées sans suite...

    Osez Le Féminisme ! dénonce les dysfonctionnements dans le système
    pénal, les politiques publiques insuffisantes et un manque criant de
    budget pour répondre aux exigences et à l’urgence de la lutte contre les
    violences masculines contre les filles et les femmes.

    Le Lundi 25 Novembre, le Premier Ministre Edouard Philippe a annoncé les
    conclusions du Grenelle des violences conjugales qui a démarré le 3
    Septembre dernier. Il semblerait que le Gouvernement n’ait pas mesuré
    l’ampleur de la tâche. Les mesures proposées sont encore loin d’être à
    la hauteur de l’urgence que vivent les victimes :

    Des mesures déjà existantes mais pas appliquées : La formation des
    enseignant.e.s sur la question des violences sexistes est prévue dans la
    loi depuis 2010. L’interdiction pour le juge de proposer une médiation
    entre un conjoint violent et sa victime est obligatoire depuis la
    ratification par la France de la Convention d’Istanbul en 2014. Même la
    grille d’évaluation mise à disposition des commissariats et censée aider
    les forces de polices à prendre en charge les victimes correctement
    n’est pas une nouveauté… 3 mois de Grenelle pour des mesures déjà
    existantes, déjà insuffisamment ou pas du tout appliquées !

    Des mesures “fortes” sans budget ; 1000 places en centre d’hébergement
    d’urgence pour femmes victimes de violences, 81 postes d’intervenant.e.s
    sociales et sociaux créés dans les commissariats, ouverture de la ligne
    du 3919 24h/24 7j/7, formation des professionnels de police, création de
    2 centres d’accueil par région pour les hommes violents… Comment ces
    mesures vont-elles être appliquées alors que le budget consacré à la
    lutte contre les violences sexistes et sexuelles restera le même en 2020
    qu’en 2019 ? En effet, le budget du Secrétariat d’Etat à l’Egalité
    femmes-hommes reste stable à 29 millions d’euros. Aucune augmentation
    réelle du budget alloué à la lutte contre les violences sexistes et
    sexuelles n’est à constater.

    Des confusions dangereuses ; les hommes violents ne le sont pas à
    cause de l’alcool mais à cause d’une culture sexiste qui consacre
    l’impunité des agresseurs !

    Osez Le Féminisme ! réclame une loi cadre, des mesures associées à un
    véritable budget pour pouvoir être concrètement mises en oeuvre et une
    lecture résolument féministe des violences masculines contre les filles
    et les femmes. La mobilisation du 23 Novembre nous a montré que,
    progressivement, le sexisme recule dans la société. Aux politiques
    publiques de réagir !

  • Polytechnique : Montréal reconnaît un attentat antiféministe

    La nouvelle vient de tomber. #30ansPlusTard , la ville de Montréal reconnaît enfin le meurtre de 14 femmes à Polytechnique le 6 décembre 1989 comme un attentat antiféministe. La FFQ se réjouit de cette décision de la municipalité.

    Nommer les violences telles qu’elles sont est un premier pas décisif pour développer des mécanismes de prévention.

    https://christinedelphy.wordpress.com/2019/11/10/polytechnique-montreal-reconnait-un-attentat-antifeminist
    #féminicide #invisibilisation #déni #historicisation