Le blog de Christine Delphy – Nouvelles questions féministes

https://christinedelphy.wordpress.com

  • Et maintenant
    https://www.etmaintenant.net/#declaration

    #MoiAussi, #MeToo, #Balancetonporc : depuis octobre et l’affaire Weinstein, des millions de femmes, de plusieurs pays et cultures, ont uni leurs voix pour dénoncer différentes formes de violence sexuelle. Elles ont dit : « C’est assez. » Le silence doit cesser et la honte, changer de camp.

    Déclaration reprise sur ce blog :
    https://christinedelphy.wordpress.com/2018/01/22/une-declaration-commune/#more-826

  • Sisyphe - Hypersexualisation, érotisation et pornographie chez les jeunes
    http://sisyphe.org/spip.php?article2268

    La pornographie, qui est une industrie massivement diffusée, s’ébat, avec succès, hors de son ghetto, en proposant ses normes sexuelles. Aussi, des magazines comme Vingt ans en France (dont le lectorat a en réalité seize ans), font écho à l’imagerie pornographique et la normalisent incroyablement. Un test dudit magazine range dans trois catégories les lectrices : « 1° La super extra-salope : « C’est bien, tu vas peut-être un peu loin, mais tu as de l’humour » ; 2° La salope normale : « Tu es fille de ton temps, moderne, c’est bien : tu as des aventures et un peu de sentiment, mais tu ne te laisserais pas avoir par ton mec s’il faisait la même chose » ; 3° La ringarde, le dinosaure présoixante-huitard. » La journaliste du magazine féminin donne ses conseils. Si la jeune fille n’entre pas dans les deux premières catégories majoritaires, c’est qu’elle est coincée. Ce prosélytisme rudimentaire - car c’est de cela qu’il s’agit - est basé sur l’ordonnance de nouvelles normes à suivre, lesdites normes étant étroitement liées à l’imagerie pornographique.

    http://books.openedition.org/pur/25193

    Féminités adolescentes
    Si les différences entre les sexes sont largement questionnées depuis les années 70, l’analyse des « coulisses » de la fabrication des identités féminines à partir de l’adolescence n’a fait jusqu’ici l’objet que de très peu de recherches sociologiques. L’itinéraire adolescent constitue pourtant une période charnière de composition des identités de sexe. L’ouvrage de Caroline Moulin s’articule autour d’une analyse de la presse pour adolescentes, qui, en ce qu’elle se fait l’écho des grands ...

    #pornographisation #velue
    source : https://christinedelphy.wordpress.com


    http://tanx.free-h.fr/shop/GRAVURES/GRAVURES
    #Tanx #gravure

  • Didier Epsztajn et Patrick Silberstein : Nous, melons, bamboulas, ritals, espingouins, portos, niakoués, polaks, youpins, romanos, métèques… – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2018/01/10/didier-epsztajn-et-patrick-silberstein-nous-melons-bambou

    Didier Epsztajn et Patrick Silberstein : Nous, melons, bamboulas, ritals, espingouins, portos, niakoués, polaks, youpins, romanos, métèques…

    Nous sommes les filles et les fils de ce que Louis-Ferdinand Céline désignait comme « ce grand ramassis de miteux, de chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde ».

    Nos parent-e-s et nos grands-parent-e-s ont figuré sur l’affiche rouge un jour de 1944 ou ont été jetés dans la Seine un jour de 1961. Nous sommes les enfants de celles et ceux que les Papon ont arrêté-e-s, déporté-e-s, raflé-e-s, ratonné-e-s, interné-e-s aux Milles, à Argelès ou à Drancy.

    Ici, un jour, nos grands-parent-e-s et nos parent-e-s ont choisi de construire leur avenir et le nôtre. Il n’y a nulle usine, nul chantier ou atelier qui ne soit empreint de leur sueur et de leur sang. Il n’y a nul combat social ou politique auquel elles et ils n’ont été mêlé-e-s. Mais l’avenir auquel elles et ils pensaient n’avait rien à voir avec l’apartheid urbain, la chasse au faciès et à l’enfant.

    Ce dont elles et ils rêvaient, c’était de liberté, d’égalité et de fraternité.

    Ce dont nous avons besoin, nous qui avons un nom à coucher dehors avec un billet de logement, nous habitant-e-s de ce pays, nous, melons, bamboulas, ritals, espingouins, portos, niakoués, polaks, youpins, romanos, métèques et autres racailles, c’est d’un grand ministère de la citoyenneté et de l’égalité.

    Nous avons besoin, de mesures concrètes et précises pour combattre les assignations identitaires, les discriminations, les ségrégations, les rejets. Nous n’avons besoin, en revanche, ni de mots creux sur la République, ni de commisération, ni bien sûr d’évacuation musclée, de contrôle au faciès, de violences policières.

    Nous voulons l’égalité et la justice, ici et maintenant, tout de suite, pour toutes et tous.

    Didier Epsztajn et Patrick Silberstein

  • "L’abattage "désigne ici la mise à mort progressive de femmes d’élevage dévolus à la production du plaisir masculin. Entre marginalisation & rupture sociale l’auto-aliénation des prostitués en Catalogne

    Au fin fond des « bordels » de Catalogne : les clients transfrontaliers de la prostitution – Fragments sur les Temps Présents
    https://tempspresents.com/2016/12/20/au-fin-fond-des-bordels-de-catalogne-les-clients-transfrontaliers-de-

    À la croisée d’un imaginaire collectif du ‘bordel’ régulateur de l’ordre public et de l’ordre social, et sous l’influence bien réelle du lobbying des patrons de clubs et des activités récréatives (ANELA), la réglementation apparaissait comme un remède miracle pour dépasser les difficultés de gestion de l’espace public, et pour permettre le déploiement de la production de la plus-value festive. Dans la plaine de l’Emporda, on pouvait identifier une dizaine de puticlubs adhérents ou non du syndicat patronal : les plus grands ou les plus reconnus, Le Paradise, le Lady’s Dallas et le Gran Madams sur les communes de La Jonquera ou de Capmany, le Paloma Blanca à Medinya, le Nou Styl entre Gérone et Sain Féliu de Guixol, le Baby Doll et le Torre Park à l’Escala, le My Love et le Club Eden à Gérone, l’Erotica Club près de Santa Christina.

    La population prostitutionnelle n’était désormais plus la même : les estimations médianes présentaient à la fin des années 2000 plus de 350 000 prostituées présentes dans la péninsule espagnole2, les plus hautes estimations allant jusqu’à 500 000 prostituées3 ; entre 20 000 et 40 000 prostituées seraient présentes en Catalogne. Les mouvements circulatoires de prostituées à l’échelle continentale, ou au moins à l’échelle transnationale, modifient considérablement la nature de l’activité, celle-ci étant depuis les années 1990 reconnue internationalement comme un travail si la prostitution n’est pas contrainte4. Au-delà des conditions juridiques nationales de traitement de la prostitution, la prostituée est désormais reconnue comme une « travailleuse du sexe » libre et consentante, les puticlubs catalans deviennent des « megaprostìbulos » : la prostitution n’est plus exclusivement un phénomène territorialisé de sauvegarde de l’ordre social, c’est aussi, un empire licite massifiant le commerce du corps.

    • #prostitution #Espagne #Catalogne #France #Pyrénées_orientales #clients #bordel #virilité #virilisme #femmes

      Les bordels catalans ne sont pas l’hétérotopie masculine d’un monde perdu. Ils sont toujours, ponctuellement, au cours d’une soirée ordinaire, l’espace défouloir d’une virilité déchue. Tous les hommes n’ont pas un égo neutralisé par leur timidité. Beaucoup sont là par revanche, rarement de manière explicite, mais toujours, la discursivité laisse filtrer les mêmes équivoques du langage et des expériences. L’assimilation de la femme à la prostituée, et rarement l’inverse, pour tenter de comprendre le destin des travailleuses du sexe, laisse à penser que l’enjeu du ‘bordel’ dépasse très largement les murs des maisons closes. On serait même tenté de voir le ‘bordel’ comme ne se fermant plus par destination politique de la morale sociale, mais qu’à l’inverse, il laisse filtrer tous les comportements sociaux que la société contemporaine proscrit et prescrit simultanément. Un client nous le dit, en prenant des accents que l’on croirait emprunté à un Éric Zemmour en virée : « Tant que les femmes auront plus de droits que nous, nous aurons toujours besoin des filles [les prostituées] pour ne pas devenir des châtrés » [entretien informel avec un client régulier, juin 2003]. Le virilisme revendiqué justifie tout autant qu’il rend possible l’espace de domination prostitutionnel : le ‘bordel’ étant pour d’aucuns un espace d’autonomie permanent de cette domination normalement proscrite, mais toujours reproduite comme une norme originaire.

    • J’isole cette partie sur le #sport et une raison supplémentaire de le detester. Je savais deja que les soirs de match de foot il y a une augmentation des violences par conjoint et que ces violences augmentent encore en cas de défaite de l’équipe locale mais maintenant j’apprend que c’est aussi un prétexte utiliser par des putiers pour refiler le VIH, l’hépatie, la syphillise ou des clamydias à leur compagnes.

      Les clients partageant leurs vies avec une compagne l’avouent quasiment tous : leurs visites se font la plupart du temps incognito, sous le prétexte festif, « d’y boire juste un coup ». Le meilleur alibi est alors celui de l’activité ou du spectacle sportif. Les plus nantis vont au golf, le commun va au Camp Nou voir le FC Barcelone. Beaucoup en profitent pour faire une « halte de repos festif » [expressions communes] dans les clubs catalans. Il est singulier de relever cette association entre la pratique sportive et la pratique sexuelle tarifée. Les tenanciers de club catalans déclarent tous que leur chiffre d’affaires augmente dès qu’un événement sportif a lieu à Barcelone.

      ...

      La féminisation du public dans les stades n’est probablement pas qu’un effet de communication du marketing, c’est aussi l’émergence symbolique d’un doute des épouses trompées.

      Pour le golf les putiers bourgeois se sont garantie une plus grande impunité car ce sport comporte toujours beaucoup de clubs non mixtes et d’exclusion explicite des femmes.
      #prostitution #fraternité #hommerie

    • Je n’ai pas tout lu « au fin fond des bordels de Catalogne » @tradfem a traduit un article d’Amélia Tiganus ( survivante de la prostitution et de la traite. Elle est activiste pour feminicidio.net ) https://seenthis.net/messages/623250
      http://feminicidio.net/articulo/las-manadas-los-sanfermines

      Sous prétexte de manifestation sportive ou tout simplement de tourisme, des mâles vont au bordel comme d’autre vont mettre un cierge à Lourdes.
      #sexe #violence #torture #tourisme_sexuel #bordel #Catalogne

    • Le marché de la prostitution à La Jonquera - Arte Regards
      https://www.arte.tv/fr/videos/073399-053-A/arte-regards
      30 min.
      Disponible du 12/01/2018 au 11/02/2018
      Prochaine diffusion : mardi 16 janvier à 04h20

      Depuis le durcissement de la législation française en matière de #prostitution, la petite ville de #La_Jonquera, à la frontière franco-espagnole, est devenue une destination de choix pour les amateurs de sexe contre rémunération.
      Comment se porte la prostitution en Europe ? L’une des réponses se trouve à La Jonquera, à la frontière franco-espagnole. Pour Sònia Martínez Juli, la maire de La Jonquera, c’est un problème qu’il faut traiter à l’échelle nationale. Le propriétaire du Paradise, la plus grande maison close d’Europe, lui-même fils de prostituée, voit les choses différemment... Quant aux témoignages de Français, qui constituent ici 90 % de la clientèle, ils apportent un éclairage supplémentaire sur ce phénomène en pleine expansion.

      3 connards offre une pute à leur pote pour son anniversaire, pour faire de lui un homme. Je leur souhaite de tomber un jour sur Raffaëla et Karen, les 2 potesses de Virginie Despentes.

    • https://seenthis.net/messages/567365

      #Richard_Poulin arrive à l’interview avec un badge sur le revers de sa veste qui montre clairement quels sont ses principes : “Aucune femme ne naît pour être pute”, un slogan qui reprend le titre du livre écrit par la colombienne #Sonia_Sánchez, une survivante de la prostitution. Parce que ce Canadien, professeur émérite de l’UFR de sociologie et d’anthropologie à l’Université d’Ottawa et auteur de nombreux livres et études sur la prostitution et la traite d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, est considéré comme un des plus grands spécialistes mondiaux dans ce domaine.

      source et traduction @tradfem

  • ALLEMAGNE : VERS LA MONOPOLISATION DE L’INDUSTRIE DU SEXE – Révolution Féministe
    https://revolutionfeministe.wordpress.com/2017/12/15/allemagne-vers-la-monopolisation-de-lindustrie-du-sex

    INTERVIEW DE MANUELA SCHON

    Par Francine Sporenda

    Manuela Schon est une sociologue et militante politique allemande. Elle a co-fondé « Abolition 2014 – Für eine Welt ohne Prostitution » et « LINKE für eine Welt ohne Prostitution » (« La gauche pour un monde sans prostitution »). Elle écrit sur le blog féministe radical « Die Störenfriedas ».

    #féminisme #prostitution #nazisme #esclavage #VIH #abolitionnisme #domination_masculine

    • Prostitution en Allemagne : une #économie_de_l'esclavage légalisée et administrée.

      F : J’ai lu que 90% des femmes prostituées en Allemagne étaient d’origine étrangère. Pouvez-vous nous parler de ces femmes prostituées originaires de l’Europe de l’Est et de la communauté Rom, et des réseaux de trafiquants qui les amènent en Allemagne ?

      M.S. : D’abord, il n’y a pas vraiment de chiffres auxquels nous puissions nous référer avec certitude quand nous parlons des prostituées étrangères en Allemagne. Ce chiffre de 90% est seulement une estimation. Récemment, il y a eu un contrôle, un raid dans la ville d’Augsbourg en Bavière, et ils n’ont pas trouvé une seule femme allemande prostituée dans cette ville. Les gens du lobby du « travail du sexe » disent eux-mêmes que ce chiffre dépasse les 90%, et ils appellent ces femmes des « travailleuses du sexe migrantes ». Et ils présentent la prostitution comme un moyen de gagner beaucoup d’argent en Allemagne pour les femmes des pays pauvres. Les principaux pays d’où elles viennent sont la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie. Beaucoup sont issues de la communauté Rom et de la minorité turque bulgare. Ce que l’on peut observer au sujet de ces femmes, c’est qu’elles viennent surtout de certaines régions de leur pays d’origine. C’est parce que les réseaux de prostitution amènent des femmes de certaines régions de Roumanie, Bulgarie et Hongrie vers certaines régions d’Allemagne. Si on regarde les numéros de téléphone de ces femmes, on peut identifier les réseaux qui les contrôlent, parce qu’on peut savoir de quel pays elles viennent, et de quelle région du pays.

      La publication de cet interview de Manuela Schon par Francine Sporenda a été reprise ici :
      https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/12/29/allemagne-vers-la-monopolisation-de-lindustrie-du-sexe/#sdfootnote1sym
      et ici :
      https://christinedelphy.wordpress.com/2017/12/30/allemagne-vers-la-monopolisation-de-lindustrie-du-sexe/#more-787

  • Illusions et aménagements contre l’égalité – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2017/12/19/illusions-et-amenagements-contre-legalite

    « Le présent mémoire s’intéresse à l’écart qui existe entre la volonté admise des individus de partager les tâches domestiques et parentales de manière égalitaire et les données d’enquête qui font état de l’inégalité qui subsiste tant dans le temps alloué que dans le type d’activités exécutées par les hommes et les femmes. »

    Dans son introduction, Julie Garon souligne les écarts de temps passés par les femmes et les homme dans le quotidien domestique et parental. Les statistiques – ici au Québec – sont sans ambiguïté, les priorités des un·e·s et des autres sont différentes, le temps consacré aux travaux ménagers et aux soins des enfants par les femmes est toujours plus important que celui assuré par les hommes. Cela a bien quelque chose à voir avec les rapports sociaux de sexe, l’ancrage « des références traditionnels de genre », la compréhension asymétrique de la notion de « responsabilité », les habitudes au long cours…

    Étude réalisée dans le contexte sociétal québécois mais sûrement transposable dans le contexte français.

  • Affaire Tariq Ramadan : « Nous choisissons d’inverser la charge de la preuve et de croire la parole des femmes » – Le blog de Christine #Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2017/11/12/affaire-tariq-ramadan-nous-choisissons-dinverser-la-charg

    Dans une tribune au « Monde », un collectif de féministes musulmanes et antiracistes affirme refuser de suivre tant les adversaires que les soutiens les plus zélés de ce prédicateur, qui en profitent pour déverser leur haine.

    Car le racisme nourrit le sexisme et le sexisme alimente le racisme. Nous, féministes antiracistes et musulmanes, choisissons une troisième voix : l’engagement pour toutes contre la honte et le silence concernant les violences sexuelles et la solidarité avec les victimes quelle que soit leur identité ou celle de l’agresseur.

    Tribune publiée dans Le Monde du 7 novembre 2017

  • Exclu : ados et porno, une étude de l’OPEN et l’Ifop | Open Asso
    https://www.open-asso.org/actualite/2017/03/exclu-ados-et-porno-une-etude-de-lopen-et-lifop

    Une forte hausse de la fréquentation des sites pornographiques


    La moitié des adolescents âgés de 15 à 17 ans ont déjà surfé sur un site pornographique (51%), soit une proportion en nette hausse (+ 14 points) en 4 ans (37% en septembre 2013). Et si les écarts entre sexe s’estompent, la fréquentation des sites X reste une pratique très genrée au regard du différentiel d’expérience entre garçons (63%) et filles (37%).
    Une consommation qui repose essentiellement sur l’offre gratuite de film X sur Internet

    L’essentiel de la consommation pornographique des ados sur internet s’effectue via des sites gratuits (96%, contre 78% chez l’ensemble des Français), à peine 4% des adolescents ayant déjà surfé sur un site payant au cours de leur vie (contre 22% chez l’ensemble des Français), que ce soit sous forme d’abonnement (4%) ou de payement à l’unité (3%).
    Un accès à la pornographie de plus en plus précoce

    A 15 ans, la moitié des adolescents interrogés ont déjà vu un film X, que ce soit sur un support télévisuel (46% avant 15 ans) ou sur le web (47% avant 15 ans). Ce rajeunissement de l’accès à la pornographie se retrouve aussi dans la baisse de l’âge moyen de la 1ère visite sur un site porno : 14 ans et 5 mois en 2017, contre 14 ans et 8 mois en 2013.
    Une première expérience de la pornographie jugée prématurée pour une majorité d’adolescents

    En majorité, les ados considèrent eux-mêmes que cette première expérience était prématurée. En effet, plus d’un ado sur deux (55%) considèrent qu’ils étaient « trop jeune » la 1ère fois qu’ils en ont vu, 45% qu’ils avaient « l’âge pour en voir » et 0% qu’ils étaient « trop âgés ».
    L’initiation à la pornographie : une expérience plus collective pour les filles que pour les garçons

    Alors que le premier visionnage d’un film X constitue pour la plupart des garçons (64%) une expérience solitaire, la majorité des filles (53%) déclare avoir vu leur premier porno avec quelqu’un d’autre, essentiellement avec leurs ami(e)s (36%) et leurs petits amis (13%).

    • L’accès à la pornographie est peut-être le changement le plus prononcé traversant les dernières générations. On peut désormais y être exposé dès l’âge de 9 ans, en moyenne à 11 ans, et les garçons âgés de 12 à 17 ans constituent le groupe le plus important des consommateurs de pornographie. L’époque du Playboy caché sous le matelas de papa est bien révolue ; aujourd’hui, le type de pornographie la plus communément vue contient des injures cinglantes et des agressions sexuelles ultra violentes contre les femmes, et ce dans près de 90% des films accessibles gratuitement – en fait, quasi impossibles à éviter – sur #Internet.

      « L’exposition à de la pornographie violente augmente chez les hommes spectateurs ainsi que l’acceptation des mythes sur le viol qui les désensibilise à la violence sexuelle et érode leur empathie envers les victimes de violence, comme elle génère des attitudes plus brutales envers les femmes victimes… Les adultes font preuve également d’une augmentation des comportements agressifs après avoir été visionné de la #pornographie, et particulièrement, encore, de la #pornographie_hardcore. »

      la moitié des adolescentes sont forcées d’exécuter des actes sexuels non désirés. Des mineures se retrouvent avec des maladies d’incontinence intestinale et des déchirures anales à cause de leurs copains qui insistent pour reproduire les scénarios pornographiques qu’ils ont regardé. A la pointe extrême du spectre, on trouve en ligne des forums entiers consacrés à des hommes célébrant des histoires de viols et d’agressions sexuelles. Selon des sites comme The Philosophy of Rape, il est « absolument justifié » que les hommes aient droit à des rapports sexuels, même par la force, si les femmes ne fournissent pas ce dont ils ont « besoin ». C’est le monde que le porno a construit, et la génération du 21e siècle est la première à complètement en faire l’expérience.

      https://christinedelphy.wordpress.com/2017/11/01/laura-mcnally-pornographie-violence-et-appropriation-sexu

  • Le cinéma, véhicule d’une culture du viol ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-question-du-jour/la-question-du-jour-mardi-31-octobre-2017


    u-delà des polémiques qui secouent le monde du cinéma depuis les révélations de l’Affaire Weinstein, peut-on dire que le septième art véhicule, en tant que tel, une culture du viol ?

    #viol #culture_du_viol

  • #Viol d’un #enfant : « notre loi protège les agresseurs »
    https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/23019-Viol-d-un-enfant-notre-loi-protege-agresseurs/amp

    Un enfant ne veut pas d’un acte sexuel. Les gens n’ont pas le courage de se représenter une fillette de 11 ans avec un pénis d’adulte dans la bouche. Ils ne veulent pas imaginer ce qu’est le vagin d’une petite fille, pénétré par celui d’un adulte de 28 ans. Il y a un déficit de la représentation. Pourtant, dit comme ça, c’est assez clair ?

    Toute l’attention est fixée sur le consentement de cette fillette. On ne met pas le projecteur sur l’adulte de 28 ans, père de deux enfants. Lui savait parfaitement ce qu’il faisait. Il s’agit ni plus ni moins de #pédocriminalité.

  • #Julie_Bindel : Pourquoi la gauche refuse-t-elle de reconnaître que la prostitution repose sur un racisme brutal ?
    https://tradfem.wordpress.com/2017/09/03/2687

    Ce n’est un secret pour personne que le commerce du sexe est tissé de misogynie. La gauche libérale et d’autres soi-disant « progressistes » laissent souvent de côté leurs principes pour appuyer un commerce mondial multimilliardaire fondé sur la douleur et l’oppression des femmes et des filles. Cela n’est pas surprenant, compte tenu du sexisme généralisé de la gauche, mais les mêmes apologues restent souvent silencieux quant au fait incontestable que les femmes et les filles noires, brunes et autochtones du monde entier sont les premières achetées et vendues dans la prostitution. Au cours d’une recherche approfondie menée en préparation de mon nouvel ouvrage sur l’industrie du sexe (The Pimping of Prostitution : Abolishing the Sex Work Myth), j’ai rencontré et interviewé des femmes et des hommes qui résistent à la banalisation du racisme au sein de la prostitution.

    En 2015, par exemple, j’ai rencontré #Ne’cole_Daniels, une Afro-américaine survivante de cette industrie et membre de l’organisation abolitionniste SPACE International, lors d’une conférence aux États-Unis. Daniels ne laisse planer aucun doute sur le racisme sous-jacent aux systèmes de prostitution étatsuniens. « Le commerce du sexe fonctionne exactement comme le racisme, dit-elle. Ils prétendent que certaines d’entre nous valent moins que les autres. »

    #Pala_Molisa, une universitaire d’origine Pacifica qui milite contre la violence masculine en Nouvelle-Zélande, a souvent été accusée d’être « putophobe » après avoir analysé la prostitution comme une forme d’oppression. Molisa a été menacée de perdre son emploi, elle a été la cible d’une campagne d’intimidation et de harcèlement en ligne, et a été accusée par des propagandistes du travail du sexe d’être une « bigote sexuellement réprimée ».

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://www.independent.co.uk/voices/prostitution-sex-trade-is-built-on-brutal-racism-a7925476.html

    Le livre de Julie Bindel « The Pimping of Prostitution : Abolishing the Sex Work Myth. » sera publié par Palgrave Macmillan le 27 septembre. On trouvera ici plus de détails sur le lancement du livre et un débat organisé à cette occasion.

    #prostitution #racisme #gauche

  • Kate Millett, une grande figure de la pensée contemporaine – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2017/09/11/kate-millett-une-grande-figure-de-la-pensee-contemporaine/#more-736

    Le monde dormait et Kate Millett l’a réveillé. Betty Friedan avait écrit sur un problème qui n’avait pas de nom. Kate Millett a nommé, illustré, exposé et analysé ce problème. En 1970, Kate Millett a publié le livre Sexual Politics1. Les mots étaient nouveaux. À quoi tenait cette « politique sexuelle » ? Le concept était nouveau. Millett voulait « prouver que le sexe est une catégorie sociale ayant des implications politiques ». Elle a identifié la domination masculine dans les rapports sexuels, y compris dans la pénétration. Contestant le statu quo, elle a soutenu que : « Aussi discrète que puisse être actuellement son apparence, la domination sexuelle est sans doute l’idéologie la plus répandue de notre culture et lui fournit son concept de puissance le plus fondamental. »

    #patriarcat #sexisme #luttes_féministes #féminicide

  • Kate Millet est morte à Paris mercredi à l’âge de 82 ans. Son livre La Politique du mâle (Sexual Politics, 1970) est considéré comme le premier livre féministe d’importance depuis le "Deuxième Sexe" (1949) de Simone de Beauvoir.
    Humanité 8/9/2017


    #féminisme #Kate_Millet #Andrea_Dworkin
    Andrea Dworkin parle de Kate Millett
    https://tradfem.wordpress.com/2017/09/08/kate-millette-vue-par-andrea-dworkin

    Extrait d’une anthologie de Dworkin, traduite par la collective @tradfem , à paraître cet automne aux Éditions du remue-ménage et Syllepse

    Le monde dormait et Kate Millett l’a réveillé. Betty Friedan avait écrit sur un problème qui n’avait pas de nom. Kate Millett a nommé, illustré, exposé et analysé ce problème. En 1970, Kate Millett a publié le livre Sexual Politics1. Les mots étaient nouveaux. À quoi tenait cette « politique sexuelle » ? Le concept était nouveau. Millett voulait « prouver que le sexe est une catégorie sociale ayant des implications politiques ». Elle a identifié la domination masculine dans les rapports sexuels, y compris dans la pénétration. Contestant le statu quo, elle a soutenu que : « Aussi discrète que puisse être actuellement son apparence, la domination sexuelle est sans doute l’idéologie la plus répandue de notre culture et lui fournit son concept de puissance le plus fondamental. »


    La politique du mâle, éd. Stock, coll. Points actuels, 1983.

  • #Amelia_Tiganus : Les hordes des #Sanfermines
    https://tradfem.wordpress.com/2017/08/19/les-hordes-des-sanfermines

    Si tu es prostituée, « travailler » dans un bordel de Pampelune à l’époque des Sanfermines (1) peut être une des expériences les plus traumatisantes et dures que tu vis dans le corps d’une femme. Disons les choses telles qu’elles sont : cela n’arrive qu’aux femmes parce qu’elles sont femmes, à Pampelune, Amsterdam, Cali ou Bangkok, pour ne pas dire dans presque toutes les villes du monde.

    Pour commencer, dans le système prostitutionnel tu ne choisis pas, et tu es obligée d’accepter à l’avance toutes les règles du jeu auxquelles les prostitueurs et les proxénètes te soumettent (en Espagne, ceux qui administrent le business de la prostitution dans de prétendus établissements de loisir sont camouflés en chefs d’entreprises de loisir). L’alliance prostitueur-proxénète est l’une des plus fortes et loyales du patriarcat. Entre ces deux rôles de mâles, il n’y a pas de désaccord : ils protègent la masculinité hégémonique et, pour cela, ils ont besoin de se préserver des endroits où les seules femmes qu’il y ait sont chosifiées, soumises et disposées à être humiliées, utilisées et torturées par eux, avec la « légalité » que leur concède l’État proxénète. Le bordel est le symbole le plus catégorique et limpide que le patriarcat ne veut pas que nous les femmes atteignions l’égalité. Tant que les bordels existeront, il y aura toujours un lieu où la masculinité hégémonique sera saine et sauve. Et il sera toujours promis aux hommes, en tant que citoyens, avec l’aide de l’État, des lois, des juges, de la police, des partis politiques, des religions et de l’indifférence sociale, qu’ils peuvent disposer de femmes jetables et exploitables.
    Imaginez d’abord ce qui se passe à l’intérieur d’un bordel à l’époque des Sanfermines : des femmes — par dizaines et par centaines — s’installent pour quelques jours dans la capitale de la Navarre. Trafiquées ou exploitées quoi qu’il en soit, elles sont parquées par quatre ou cinq par chambre comme dans un élevage industriel de volaille. Le jour, ces femmes sont enfermées et elles dorment dans les mêmes espaces asphyxiants que ceux où la nuit précédente des dizaines d’hommes sont passés. Le jour, également, dans les rues, ce sont les taureaux qui sont enfermés, torturés et assassinés par des hordes d’hommes dans un rituel ancestral, qui tuent par plaisir, parce qu’elles ont le droit d’user et d’abuser de la violence patriarcale.

    Ces hordes pratiquent ce que Rita Laura Segato définit comme « pédagogie de la cruauté ».

    « Imaginez ce que la pédagogie de la cruauté fait à certains corps. Imaginez que cela se produit parce qu’une société le permet. Et l’État finance et défend tout cela sous couvert de respect des traditions (patriarcales et intouchables). »

    Pour les femmes qui arrivent en dernier, puisqu’il manque des lits, elles doivent dormir sur des matelas par terre. Elles paient une fortune pour les chambres, plus de la moitié de ce qu’elles reçoivent des clients ; beaucoup de proxénètes le disent ouvertement : « il faut que la pute paie tout ce qu’elle fait dans le club : le lit, la nourriture ; (il faut) lui vendre des vêtements, des bijoux, des parfums, de la cocaïne… »

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://feminicidio.net/articulo/las-manadas-los-sanfermines

    Amelia Tiganus est une survivante de la prostitution et de la traite. Elle est activiste pour feminicidio.net

    #Pampelune #système_prostitutionnel #fête_populaire #bordel

  • #J.J._BARNES : Le lesbianisme est la cible d’attaques, mais pas de la part de ses adversaires habituels
    https://tradfem.wordpress.com/2017/07/19/le-lesbianisme-est-la-cible-dattaques-mais-pas-de-la-part-de-ses-

    Que ce soit le déni du lesbianisme en tant que sexualité légitime, ou le préjugé que les lesbiennes sont simplement des femmes qui « n’arrivent pas à se trouver de copain », ou même la pratique du viol correctif, les lesbiennes ont de tout temps été effacées et agressées. La répression du lesbianisme continue aujourd’hui, puisque 44 pays criminalisent encore le lesbianisme et que l’on y constate une hausse des mariages simulés comme seule solution de rechange au viol et aux menaces de meurtre que vivent tant de lesbiennes.

    En Chine, ces femmes risquent d’être assassinées par leurs parents et choisissent souvent de se marier avec des homosexuels pour se protéger ; en Inde, les lesbiennes sont forcées d’épouser des hommes hétérosexuels. Un reportage publié dans The Telegraph explique ce qui suit :

    « La plupart des lesbiennes n’ont d’autre choix que de se voir imposer le mariage hétérosexuel, ce qui signifie la réduction ou l’absence de contrôle sur leurs choix sexuels et reproductifs, et entraîne une vie entière de viols non reconnus et, en fait, sanctionnés par l’État ».

    Une nouvelle forme d’attaque

    Mais il existe aujourd’hui une nouvelle forme d’attaque menée contre les droits des lesbiennes, à savoir le message adressé à ces femmes par le mouvement queer, pour qui refuser d’envisager des rapports sexuels avec une personne munie d’un pénis serait une forme d’intolérance.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://www.feministcurrent.com/2017/07/08/lesbianism-attack-though-not-usual-suspects
    JJ Barnes écrit sur des enjeux politiques en mettant l’accent sur les questions touchant les femmes, le féminisme et la parentalité. Elle est l’autrice de The Lilly Prospero Series for Siren Stories. Suivez-la sur Twitter : @judieannrose.
    #Lesbianisme #feminist_current #viol_correctif #transfemme

    • En dehors d’une réflexion sur le sujet, toujours intéressant comme souvent avec @tradfem
      En ouvrant le lien PornHub dans ce paragraphe :

      Fétichisation du lesbianisme

      Mais au fur et à mesure que la société manifestait plus d’ouverture envers les relations lesbiennes, les hommes ont trouvé une nouvelle façon d’interdire aux lesbiennes l’imposition de limites et l’accès à l’autonomie. Ils l’ont fait en fétichisant leur vécu. Par exemple, l’entreprise PornHub a annoncé qu’en 2016, le mot « lesbienne » a été, pour la deuxième année consécutive, l’expression la plus recherchée sur leur site de vidéos pornographiques. Et si le projet masculin de s’interposer dans des relations lesbiennes est toujours un thème populaire du porno, ce projet est également présent dans les films et les romans traditionnels.

      Voici le bilan de l’entreprise pour l’année 2016 :
      2016 a été une année chargée pour les utilisateurs de Pornhub. Près de 92 milliards de vidéos ont été surveillées au cours de 23 milliards de visites sur le site par de nombreux millions de visiteurs très excités. C’est 64 millions de visiteurs par jour, soit 44 000 par minute. Collectivement, ce sont 4,6 milliards d’heures d’observation porno farcies en seulement un an. Pour décomposer très rapidement, afin de délivrer ce volume de porno gratuit, nos serveurs ont diffusé 99 Gigabytes de données chaque seconde. Pour aider à mettre cela en perspective, essayez d’imaginer la taille d’une clé USB de 16 Go. Imaginez maintenant 194 millions de clés USB, couvrant 11 000 km (6800 milles) de bout en bout ; Ou autour de toute la circonférence de la lune. Je ne peux toujours pas l’imaginer ? Regardez l’infographie ci-dessus, et cela aidera sûrement à clarifier tout.

    • Rôle des lesbiennes dans les combats féministes
      https://christinedelphy.wordpress.com/2017/08/08/role-des-lesbiennes-dans-les-combats-feministes/#sdfootnote1sym

      Des organisations lesbiennes féministes sont aussi confrontées à l’évolution du mouvement #LGBT qui, de combattant de l’ordre moral dans les années 1980, tend à adopter des revendications qu’on ne saurait qualifier de progressistes, que ce soit pour la légalisation de la prostitution ou du recours à la GPA. La CLF s’y oppose fermement et marquera sa désapprobation en se séparant officiellement du mouvement LGBT.

      http://coordinationlesbienne.org/spip.php?article372

  • Des mots disparaissent – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2017/07/14/des-mots-disparaissent


    Des mots disparaissent
    @cqfd

    DES MOTS DISPARAISSENT

    Sébastien Fontenelle

    13 juillet 2017

    J’ai quand même l’impression que si un mec essayait de lancer sa voiture dans une foule de fidèles, à la sortie d’une église, un dimanche matin, en gueulant par exemple des trucs à base d’ « akbar » : ça lèverait une assez vive émotion dans
    #la_presse_et_les_médias_dominants (LPELMD), où l’on n’hésiterait probablement que fort peu à parler d’une « tentative d’attentat » – puis à convoquer quelques savants fameux à la fin de leur faire répéter pour la cent millième fois qu’il serait quand même temps d’« ouvrir l’islam contemporain pour lutter contre le djihadisme », etc.

    Je dis ça parce que l’autre jour – c’était jeudi dernier, 29 juin -, un mec en 4×4 a tenté « à plusieurs reprises » de rouler dans les musulmans réunis, après la prière, devant la mosquée de Créteil (Val-de-Marne), qui était heureusement protégée par des plots et des barrières.

    Mais dans ce cas, très curieusement – et à s’en tenir aux titres des rares articles consacrés à cet assaut : LPELMD n’ont pas du tout considéré qu’il s’agissait d’une attaque terroriste. France Info, par exemple, a tout de suite jugé, avant de passer vitement à de plus graves sujets, qu’il y avait plutôt là quelque chose comme une regrettable faute d’inattention du conducteur qui avait « percuté en voiture les barrières de protection de la mosquée », cependant que Le Figaro, très brièvement, concédait de son côté que l’intéressé avait bel et bien « foncé » intentionnellement, mais « dans les barrières », et non dans des mahométans, merci de ne pas tout confondre. (Par contraste, lorsqu’en septembre dernier des bonbonnes de gaz avaient été découvertes dans une voiture non loin de Notre-Dame de Paris – ou quand, plus récemment, « un islamiste radicalisé a foncé avec sa voiture chargée d’une bonbonne de gaz et d’armes sur des gendarmes sur les Champs-Élysées » (1) : LPELMD avaient, à raison, parlé, dans leurs gros titres, de « tentatives d’attentat » et de « terrorisme ».) Et quant aux chaînes de télévision dites « d’info » : elles n’ont tout simplement pas mentionné l’attaque de Créteil (2), qui aurait pu se terminer par un abominable carnage.

    Adoncques : lorsqu’un projet de tuerie – dans laquelle d’autres musulman-e-s compteront possiblement au nombre des victimes — peut être attribué à des mahométan-e-s, il est distinctement nommé pour ce qu’il est par les forgerons de l’opinion. Mais si ce sont les fidèles d’une mosquée qui sont visés, et si, par conséquent, il n’est pas possible d’incriminer « l’islam » : les mots qui disent ordinairement la terreur, soudain, disparaissent – puis l’événement lui-même est diligemment occulté.

    Comme si, décidément, certaines vies valaient tellement moins que d’autres.

    (1) Le Point, 20 juin 2017.
    (2) Arrêt sur images, 30 juin 2017.

    #CQFD #Sébastien_Fontenelle #Rage_dedans

  • L’anniversaire de la #loi_Veil, ou la commémoration d’une histoire sans lutte
    Elsa Desmoulins
    publié dans le n° 34-2 2015 de Nouvelles Questions Féministes

    Pendant quelques semaines de l’hiver dernier, les médias français ont célébré la loi sur l’avortement de janvier 1975, l’ont commentée, « analysée ». C’était son anniversaire. L’occasion d’affirmer une histoire officielle respectueuse du pouvoir et des institutions. L’occasion de bercer le corps social avec l’un de ces beaux récits tronqués (happy end inclus). Ce récit, nous l’avons lu, entendu, vu, et nous le reverrons dans dix ans : une femme contre des hommes, sur la scène de l’Assemblée nationale, les remarques sexistes, antisémites, les insultes, l’héroïsme d’une ministre, sa victoire pour les femmes. C’est romanesque, poignant, l’histoire est bien rôdée ; soufflons les bougies et au lit !

    Le courage de #Simone_Veil face à une assemblée phallocrate est indéniable, lorsqu’elle défend un texte reconnaissant le droit des femmes à décider seules d’une question qui les concerne. Mais une fois contées ces joutes parlementaires, qu’a-t-on dit de la bataille pour l’avortement ? Rien, sinon un énième épisode du supposé progrès infini de la libéralisation des mœurs. S’imagine-t-on sérieusement qu’une femme ait pu arracher ce droit à des parlementaires si peu soucieux de liberté quand il s’agit de celle des dominées ?

    À l’automne 1974, cela fait au moins quatre ans qu’une lutte pour l’avortement libre a débuté, portée par les #mouvements_féministes. Certes, quelques « commentateurs » n’oublient pas qu’en 1971, 343 femmes ont déclaré avoir avorté dans un manifeste, se mettant ainsi hors-la-loi ; mais l’aurait-on retenu sans la renommée de certaines des signataires, voire si l’on n’avait pas pu les appeler « salopes » à la suite de Charlie Hebdo demandant qui les avait « engrossées » ? On entend parler parfois de Gisèle Halimi et du procès de Bobigny en 1972. Tout cela est bien maigre au regard de ce qu’il s’est réellement passé. Sur qui s’est donc rabattu le couvercle de l’histoire officielle ?

    Niées, les millions de femmes qui n’ont pas attendu le vote des député·e·s pour avorter. Les femmes ont toujours avorté, répétons-le, et ont joué un rôle actif dans la transmission de ces savoirs « de bonnes femmes ». Maintenir cette possibilité, cette autonomie des corps dominés, fut et continue d’être une lutte. Qui célèbre cette histoire ?

    Oubliées, les milliers de femmes (et d’hommes) qui ont imposé sur la scène publique les questions d’avortement, de contraception et de sexualité. L’ANEA (Association nationale pour l’étude de l’avortement), le MLA (Mouvement pour la liberté de l’avortement), Choisir, le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception), le Planning familial, tout au plus réduits dans les discours légitimes à une bande d’anonymes braillant dans les rues.

    Méprisées, les vies des femmes sacrifiées au nom de l’ordre moral. C’est encore d’elles que l’on se moque en rabâchant les supposés objectifs de cette loi : jusqu’en novembre 1974, vous pouviez être une à dix par jour à mourir des suites d’avortement, à vous mutiler avec les tristement célèbres instruments du quotidien, on nous ferait presque croire que l’État salvateur ne vous avait pas remarquées. Après avoir mené une guerre aux femmes pendant tant d’années, après tant de victoires, l’État se préoccuperait bien un peu de votre santé… Les victimes de cette guerre – j’entends par là les 800 000 qui tentaient d’avorter chaque année – ne pourraient croire si facilement ce discours hypocrite ! Soyons claires : l’objectif de cette loi n’était pas celui de « santé publique », mais avant tout de casser les luttes sociales. En fait, cette loi qu’on dit « loi Veil » n’est autre que celle que le gouvernement a été obligé de voter.

    Effacées, les femmes envoyées publiquement en Hollande dans des cars ; effacés, les milliers d’avortements pratiqués au grand jour en France, à domicile. Médecins et non-médecins s’unissant dans cette détermination à réaliser les avortements, et dans un commun mépris du danger : avec sa police mise quotidiennement au défi de les arrêter, le gouvernement n’a cédé que parce que cela remettait en cause l’ordre public en général. Non sans leur faire, en chemin, des procès : Annie Ferrey-Martin (Grenoble, 1973) et les militantes d’Aix (1977) furent, parmi d’autres, les cibles de cette chasse aux sorcières. Quand on relate la crainte de Poniatowski de voir un avortement pratiqué sur le bureau de Simone Veil, on omet de dire que c’est de ces femmes qu’il a peur, c’est ce vaste mouvement qu’il entend désamorcer ! Que font d’autre ceux qui perpétuent une histoire sans lutte ?

    Honnie, cette lutte longue et héroïque, qui a mené tant de femmes, enseignantes et caissières, infirmières et étudiantes, ouvrières et journalistes, à s’approprier des gestes de soins, à manier la pompe à vélo inversée et la canule d’aspiration, à se saisir d’une pratique qu’on n’avait pas encore décrétée médicale, à propager ces connaissances. Il est des milliers de personnes qui pourraient être les icônes de cette lutte, qui se souviennent combien pratiquer collectivement un avortement avait une portée révolutionnaire.

    Éludées, les carences de la loi, les exclues qu’elle crée (les étrangères et les immigrées, les « hors-délai », les mineures, les pauvres…), les freins à l’application imposés par les soutiens du patriarcat, législateurs comme médecins. Effacées celles qui ont continué : à avorter d’autres femmes, à obliger les hôpitaux à ouvrir les services d’IVG, à surveiller la pratique de ces centres, en un mot à se soucier du traitement réservé aux femmes et à leur liberté décisionnelle.

    Ce récit figé efface des années d’un militantisme dur, et si joyeux. Il est un acte supplémentaire de sabotage des mouvements féministes ; face à une histoire lénifiante consacrant les figures d’État, ces militantes, ces « avorteuses », commettent la double faute d’être des gens ordinaires et des femmes.

    À défaut de clamer dans le détail une autre histoire de la libéralisation de l’avortement, retenons au moins que ces personnes n’ont pas – selon la très citée formule reichienne – mendié le juste « droit à l’avortement », mais l’ont pris ! Elles s’en sont emparées, ont elles-mêmes pris en charge la question, ont accompli les gestes. Alors, si nous fêtions plutôt l’inhabituel ? Bafouer ouvertement la loi au nom du respect de la vie des femmes, comme l’ont fait ces militantes de l’avortement, est une démarche trop précieuse à transmettre pour qu’on l’enfouisse sous une mémoire officielle.

    #Christine_Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2017/07/02/lanniversaire-de-la-loi-veil-ou-la-commemoration-dune-his