La femme invisible, ou l’identité de genre à l’ère du néo-libéralisme

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  • #Julian_Vigo : La femme invisible, ou l’identité de genre à l’ère du néo-libéralisme
    http://tradfem.wordpress.com/2017/03/13/la-femme-invisible-ou-lidentite-de-genre-a-lere-du-liberalisme

    À parcourir les médias libéraux ces derniers mois, on croirait que quiconque a le moindre problème avec la présence d’une personne transgenre dans sa salle de bain est nécessairement un fondamentaliste intolérant issu du Deep South américain. Cette perception résulte non seulement de vastes simplifications excessives, mais c’est une fausse représentation délibérée de faits vérifiables. Si la loi HB2 (adoptée en Caroline du Nord au début de mars) est un instrument haineux et discriminatoire qui sert d’écran de fumée pour effacer d’autres droits économiques, il reste que la position subséquente du ministère américain de la Justice est tout aussi erronée. Si nous ne savions pas déjà que les femmes constituent des citoyens de troisième classe, nous devrions certainement le comprendre maintenant.

    Jusqu’à la fin de sa présidence, l’administration Obama n’a pas soufflé mot du renversement progressif du droit à l’avortement, État après État. Pas le moindre mot non plus de la part de Bruce Springsteen ou de PayPal (hérauts de la résistance à HB2) concernant les droits des femmes. Cela n’est vraiment pas étonnant… Pas pour les femmes, du moins. Nous sommes habituées à ce que nos voix soient pratiquement étouffées, même sur des enjeux qui nous affectent directement. Cette attitude est habituelle et bien connue au sein de la gauche masculiniste (brocialism). Il est tout à fait prévisible que la réalité que constitue la violence masculine ne disparaisse pas magiquement en raison du type de politique identitaire qui nous demande de suspendre notre scepticisme et d’embrasser le principe que « l’identité de genre » doit primer l’identité sexuelle. Le problème du discours tenu par le ministère de la Justice sous Obama est qu’il suggère que « l’identité de genre » constitue le sexe, et que, même si la définition du genre est entièrement laissée à l’impression qu’en a le sujet, toute reconnaissance du sexe biologique est, elle, tenue a priori pour « transphobe ».

    Ce discours, où le genre est médicalisé afin de réduire au silence la moitié de la population et où l’on traite maintenant comme des fictions les différences biologiques (et la façon dont ces différences s’inscrivent dans le système patriarcal), est un véritable cadeau pour les militants masculinistes. Le résultat des efforts visant à « élargir la définition de la femme » est qu’aujourd’hui, n’importe qui peut se qualifier de femme, mais les femmes réelles n’ont plus le droit de parler de leur oppression ou de leurs corps.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://www.feministcurrent.com/2017/03/10/invisible-woman-gender-identity-age-neoliberalism

    Julian Vigo est chercheure, cinéaste et consultante en droits de la personne. Son plus récent livre s’intitule Earthquake in Haiti : The Pornography of Poverty and the Politics of Development (2015). On peut communiquer avec elle à : julian.vigo@gmail.com.

    #genre #transgenre #feminist_current