Le Cercle - Partagez vos idées sur Les Echos.fr

/cercle

  • Opinion | Exploitation minière des fonds marins : la menace se concrétise | Les Échos
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-exploitation-miniere-des-fonds-marins-la-menace-se-concretise-19605

    Dès aujourd’hui [10/07/2023], une entreprise peut demander à l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) une licence provisoire d’exploitation commerciale des grands fonds. Cette aberration, rendue possible par une faille dans les procédures de l’AIFM, intervient alors que les négociations sur le cadre réglementaire de ces activités n’ont pas encore abouti.

    Les entreprises minières, la canadienne The Metal Company en tête, se frottent les mains et pourraient bien imposer l’exploitation de ce patrimoine commun à toute l’humanité au mépris de l’esprit du multilatéralisme.

    Negotiators Just Missed a Deadline to Regulate Deep-Sea Mining
    https://gizmodo.com/negotiators-missed-deadline-regulate-deep-sea-mining-1850640271

    In the summer of 2021, the Pacific Island nation of Nauru gave the ISA notice that a subsidiary of the [Canadian] firm [The Metals Company], which Nauru is backing as a state sponsor, intended to submit an application to begin deep-sea mining.

    In announcing The Metals Company’s plan to become the first, Nauru activated the “two-year rule,” an obscure legal provision that obligates the ISA to finalize mining regulations within that time frame, or consider any applications if the deadline passes before the rules are done.

    #folie

  • Opinion | Crédit social en Chine : cassons les mythes orwelliens | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-credit-social-en-chine-cassons-les-mythes-orwelliens-1387871

    Le système de crédit social déchaîne les passions et les fantasmes. Alors que tout le monde a en tête l’image d’un système de notation orwellien, la réalité est tout autre... et bien moins sensationnaliste.

    Ah ben si c’est sans conséquences, chouette, fonçons.

  • Je pose ça là vite fait (vu que j’arrête pas de courir en ce moment). C’est dans le 7 à 9 de France Inter que j’ai commencé à en entendre parler lundi par l’inénarrable Dominique Seux, le chroniqueur éco de 7h47. Hormis le chapô langue de bois compatible, je n’ai pas le temps de lire tout le reste pour l’instant. Merci à l’intelligence collective de nous donner des pistes pour décrypter tout ça.
    Ce n’est qu’un ressenti très subjectif mais le sieur Hirsch va-t-il faire subir la saignée ultime (et fatale) au système de soins hospitaliers ? J’sais pas, j’demande ...

    Hôpital : le temps de la refondation | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/social/hopital-le-temps-de-la-refondation-1404467

    Le patron du premier groupe hospitalier de France, l’AP-HP, a transmis au gouvernement des propositions pour réformer en profondeur l’hôpital public. Un programme ambitieux qui nécessite de revoir le statut des médecins et des paramédicaux, de modifier les modalités de leur rémunération et d’instiller plus de mobilité dans le système.

    • En tous cas ça a l’air de séduire #Dominique_Seux qui parfois est aussi #éditocrate à Ouest-France (un jour, je lisais son édito dans la salle d’attente d’un CCAS, j’ai failli m’étrangler de rire).
      Tu veux rire toi-aussi ? Dominique s’exprime tous les matins sur France Inter :
      https://www.franceinter.fr/personnes/dominique-seux
      https://www.acrimed.org/Chiffrage-du-programme-de-Melenchon-Dominique?recherche=dominique%20seux


      dessin : Mathieu Colloghan pour #Acrimed

    • https://www.humanite.fr/social-eco/hopital/sante-l-hopital-ultraliberal-selon-martin-hirsch-748887

      En présentant sa vision du système public, le directeur général de l’AP-HP offre un tableau de réformes compatibles avec celles du président de la République.

      Un timing parfait. Alors qu’Emmanuel Macron planche sur la constitution de son prochain gouvernement, Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), en a profité pour lui communiquer son programme de refonte pour l’hôpital. Sur une pleine page dans les Échos du mardi 3 mai, il déroule son projet « choc » sur plusieurs points.

      mais hélas #paywall

    • @sombre suite de l’article :

      Tout commence par la mise en place d’une « commission prestigieuse », confiée à la vice-présidence du Conseil d’État pour superviser cette tâche. Alors que l’AP-HP perd autour de 1 000 employés par an, son directeur général déplore que les rémunérations des médecins et des paramédicaux soient fixées au niveau national « avec une grande uniformité », estimant que nous sommes le « seul grand pays où les statuts sont plus proches de ceux de fonctionnaires régaliens que de professionnels qui produisent des soins ». Cette dernière assertion fait bondir Jean-Emmanuel Cabo, secrétaire général de FO AP-HP. « Nous ne sommes pas des producteurs de soins ! C’est exactement ce que le gouvernement veut entendre. En la matière, il se sert de l’AP-HP comme d’un laboratoire. Son objectif est de remettre en cause une partie de nos acquis et notre statut. L’instauration de “conseils de service” permet notamment de faire passer des décisions en évinçant les instances représentatives du personnel. »

      Loin des ordonnances fondatrices de 1958

      C’est ainsi que les syndicats ont découvert par hasard que l’Assistance publique avait conclu un contrat avec une start-up, Néosanté. Celle-ci est chargée dans certains établissements d’accompagner les patients vers un retour plus rapide chez eux. Une vision éloignée des ordonnances de 1958, fondatrices de l’hôpital public, dont se réclame pourtant Martin Hirsch. Si ce dernier convient que le Ségur de la santé n’a été « qu’un rattrapage frustrant » pour les salaires, il propose donc de revoir la rémunération des médecins hospitaliers et des paramédicaux en remplaçant celle-ci, jugée « monolithique », par « une fusée à trois étages » : un plancher national, puis une part indexée sur le coût de la vie dans la région, et une autre, à la main de l’établissement sous certains critères, ouvrant la voie à des revenus à la carte.

      Pour faire face à la pénurie de soignants dans les années à venir, avec un besoin de 500 000 personnes en plus d’ici à 2030, il propose un effort majeur sur la formation. Culotté, pour Olivier Cammas, du bureau de l’Usap-CGT : « On n’a pas arrêté de se battre pour lui faire financer les promotions professionnelles des aides-soignantes qui veulent devenir infirmières. Certaines d’entre elles sont restées sur le carreau. Il a aussi liquidé des écoles de formation de l’AP-HP. » Si le directeur général prône la remédicalisation de la gouvernance, la tarification à l’activité (T2A), pourtant pointée du doigt comme la grande responsable de la logique de rentabilité qui écrase l’hôpital public, est défendue par ses soins sous une forme un peu différente. « C’est normal que Martin Hirsch ne veuille pas lâcher là-dessus, observe Olivier Cammas. C’est comme ça qu’il a remis les établissements à l’équilibre à marche forcée et contribué à dézinguer le service public. »

      Donne envie d’en savoir plus sur le contrat évoqué avec la start-up Néosanté, laquelle aurait été « chargée d’accompagner les patients vers un retour plus rapide chez eux » tout en étant une boite privée spécialisée dans la location vente de dispositifs médicaux et matériels de maintien à domicile... mais je ne trouve rien ailleurs

    • Et donc une tribune collective en réponse à M. Hirsch sur son auto-satisfecit. Le voilà rhabillé pour un quinquennat, ce triste sire...

      Dans une note publiée Martin Hirsch appelle à une refondation de l’hôpital public . Syndicats et collectifs réunis en dressent ici le constat : l’attrition du secteur public et le management maltraitant ne préoccupent pas celui qui dirige un établissement en souffrance. Ses propositions ne tirent aucun bilan de neuf ans de mauvaises décisions à la tête de l’AP-HP.

      Sa première analyse erronée concerne les 35 heures Il occulte ce qui les a mis dans le mur : l’absence de recrutement. Les 35 heures ont engendré des RTT, des jours de repos, non compensés par des recrutements. La direction générale de l’AP-HP a aggravé les choses en introduisant en 2016 une réforme de l’organisation du temps de travail, réduisant le temps de chevauchement des équipes, indispensable aux transmissions et à la construction du collectif.

      Erreur d’analyse

      Pire, elle a alourdi la charge de travail en demandant que chaque infirmière assure les soins de douze patients (quand c’est six à huit dans les pays développés). Omettre les conditions de travail, la charge de travail, est une erreur d’analyse grave. L’erreur devient coupable quand elle se répète. Le plan récent pour embaucher les infirmières à l’AP-HP, exclusivement basé sur la logique contractuelle d’une forte rémunération, a échoué à attirer : 63 recrutements quand il en aurait fallu plus de 1.400. Syndicats et collectifs réunis en dressent ici le constat : l’attrition du secteur public et le management maltraitant ne préoccupent pas celui qui dirige un établissement en souffrance. Ses propositions ne tirent aucun bilan de neuf ans de mauvaises décisions à la tête de l’AP-HP.

      https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-martin-hirsch-a-lap-hp-des-annees-de-mauvaises-decisions-1406015

      Manière, en créant des conditions détestables pour les personnels soignants bien qu’en distribuant quelques subsides supplémentaires, Hirsch crée les conditions pour que l’hôpital public puisse « externaliser » les soins en ayant recours au #précariat. Ça vous rappelle rien ?

  • Assurance-chômage : les règles d’indemnisation n’ont rien d’anodin | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/assurance-chomage-les-regles-dindemnisation-nont-rien-danodin-1353854

    La durée et le montant des indemnités chômage ont des conséquences directes sur le comportement des demandeurs d’emploi. Une étude récente montre les effets sur les exigences salariales. L’économiste Pierre Cahuc, [chroniqueur aux Échos et prof à Sc. Po.] nous en détaille les résultats.

    Une étude (1) publiée récemment apporte un éclairage intéressant sur l’impact des règles de l’assurance-chômage en France. Ioana Marinescu, professeur à l’université de Pennsylvanie, et Daphné Skandalis, professeur à l’université de Copenhague, ont analysé le comportement de 500.000 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi entre 2013 et 2017. Elles disposent d’informations précises sur leur indemnisation, leurs périodes d’emploi ainsi que sur leurs candidatures réalisées en ligne.

    Elles constatent que l’intensité de la recherche d’emploi, mesurée par le nombre mensuel de candidatures, croît lorsque la date de fin d’indemnisation approche. Et l’augmentation est significative : l’intensité est 50 % plus élevée au cours du dernier trimestre précédant la date d’épuisement des prestations qu’un an auparavant, et elle reste ensuite pratiquement inchangée.

    Ces résultats confirment ceux de dizaines d’études qui montrent que la durée potentielle d’indemnisation du chômage affecte significativement la probabilité de trouver un emploi. Ioana Marinescu et Daphné Skandalis nous apportent un éclairage nouveau en montrant, avec un riche matériel empirique concernant la France, que ce phénomène est lié non seulement à l’intensité de la recherche d’emploi mais aussi aux exigences salariales.

    Préserver leur revenu

    En effet, les exigences salariales, mesurées grâce aux salaires des offres auxquelles les demandeurs d’emploi postulent, augmentent avec la durée potentielle d’indemnisation. En contrepartie, elles diminuent à l’approche de la date de fin d’indemnisation. Les salaires horaires sont inférieurs de 1 % à l’épuisement des droits par rapport à l’année précédente. Quant aux salaires mensuels, ils diminuent plus, d’environ 4 %, ce qui signifie que les demandeurs d’emploi acceptent des baisses d’horaire pour préserver leur revenu lorsque leurs indemnités sont épuisées.

    Ainsi, en France comme partout ailleurs, les règles de l’assurance-chômage, et notamment la durée potentielle d’indemnisation, exercent un effet significatif sur les comportements des demandeurs d’emploi. Une indemnisation plus généreuse accroît la durée du chômage, mais incite, en contrepartie, les chômeurs à accepter des emplois de moins bonne qualité, moins bien rémunérés.

    Une connaissance embryonnaire

    D’autres travaux réalisés sur données françaises, en particulier par Laura Khoury (2) , chercheuse à la Norwegian School of Economics, montrent que l’assurance-chômage exerce une influence non seulement sur les demandeurs d’emploi, mais aussi sur les salariés, dont la tendance à quitter leur emploi pour entrer au chômage croît lorsque l’indemnisation devient plus généreuse.
    Il est primordial de disposer de ce type d’information pour déterminer efficacement les paramètres de l’assurance-chômage, de façon à concilier au mieux les exigences d’efficacité et la protection des personnes les moins bien loties. Malheureusement, malgré ces travaux récents, la connaissance de l’assurance-chômage reste embryonnaire en France. Il est regrettable que les partenaires sociaux, gestionnaires de l’assurance-chômage depuis plus de soixante ans, n’aient pas été en mesure de contribuer à son développement. Cela aurait été sans aucun doute utile pour débattre de façon constructive de la réforme de l’assurance-chômage.

    (1) Ioana Marinescu, Daphné Skandalis, Unemployment Insurance and Job Search Behavior, « The Quarterly Journal of Economics », Volume 136, Issue 2, May 2021, Pages 887-931.
    (2) Laura Khoury, Unemployment Benefits and the Timing of Redundancies, « Working paper », 2021.

    Assurance-chômage : l’effet pervers du cumul prestation-activité, 17 juin 2021
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-assurance-chomage-leffet-pervers-du-cumul-prestation-activite-13245

    Le principe de l’activité réduite, qui permet à un chômeur de continuer à recevoir une prestation alors qu’il reprend une activité partielle, est défendu par les syndicats. Pour Pierre Cahuc, il a aussi l’inconvénient d’allonger singulièrement la période de chômage.

    #droitauchômage #chômeurs #chômeurs_en_activité_à_temps_réduit

  • Pour une politique publique de la donnée | Les Echos

    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-pour-une-politique-publique-de-la-donnee-1299481

    Par Emmanuel Larere (avocat associé chez Gide Loyrette Nouel)
    Publié le 18 mars 2021 à 13:39Mis à jour le 18 mars 2021 à 13:42

    Les administrations et organisations publiques disposent d’un patrimoine de données d’une grande richesse, dont leur valorisation est devenue un enjeu prioritaire. Néanmoins, le récent rapport Bothorel montre que le potentiel d’innovation de l’open data peine à être perçu. Les citoyens attendent des acteurs publics, au moins le même niveau de services que celui qu’ils reçoivent des entreprises privées.

    Pour réussir cette transformation, la gouvernance doit s’appuyer sur plusieurs leviers :
    – une cartographie exhaustive des données, leurs définitions, mais également leur qualité, essentielle pour que les différentes organisations puissent en tirer parti et mesurer l’impact des politiques publiques engagées.
    – Le partage de ces données entre l’État, les administrations publiques, les collectivités et les acteurs sociaux et économiques. Il faut saluer l’initiative de l’IGN qui a mis en accès libre et gratuit, toutes ses données publiques pour contribuer au plan de relance de l’économie.
    – La mise à disposition de cette donnée et des moyens d’action associés pour le citoyen, permettant de l’associer aux processus de gouvernance.

    #données #data #sources_ouvertes #bien_public #statistiques

  • Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce dimanche 6 octobre 2019
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/16620-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    Bonjour à toutes et à tous, j’espère que vous allez bien. Veuillez trouver ci-dessous la Revue de presse de notre Contributeur anonyme, et bien sûr plus de titres dans la Defcon Room,

    Amitiés,

    L’Amourfou / Contributeur anonyme / Chalouette / Doudou

    La Revue de presse du jour comprenant les informations de ce qui fait l’actualité française et internationale du 3 au 6 Octobre 2019 vues par notre contributeur anonyme

    DON : https://www.paypal.me/revuedepresse ou https://www.paypal.com/pools/c/7ZGVkA4zY3

    FRANCE :..les Français détiennent 1159 milliards d’euros d’épargne

    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/pourquoi-il-ne-faut-pas-epargner-plus-de-3000-euros-sur-son-livret-a-113693 (...)

  • Le cancer oublié qui tue les femmes
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0600521676546-le-cancer-oublie-qui-tue-les-femmes-2237065.php

    Si le mot prévention a un sens, il faut donc revoir notre politique de détection de ce cancer, qui repose aujourd’hui sur la pratique des frottis cervico-vaginaux effectués par les 4.700 gynécologues, dont 1.100 purement médicaux, exerçant en France et analysés par les 1.600 anatomopathologistes qui recherchent sous leurs microscopes les cellules anormales. Ces frottis, dont la fiabilité n’est que de 60 %, affichent un coût global de près de 70 euros qui seront prochainement pris intégralement en charge par l’Assurance-maladie.

    Or il existe une technique beaucoup plus simple, rapide, non invasive et discrète pour détecter la présence du virus oncogène sur le col utérin. Ce test est purement biochimique, moléculaire et d’une fiabilité bien supérieure puisque 95 % des femmes, lorsqu’il est négatif, ne développeront pas le cancer. A l’aide d’une petite brosse, la femme peut prélever elle-même les sécrétions vaginales à examiner avant de remettre le tube au laboratoire de biologie qui réalisera le test ou l’adressera à une centrale équipée pour le faire. Or cette technique n’est pratiquement pas diffusée en France, moins de 60.000 tests étant pratiqués par an.

    #papillomavirus #cancer #prévention (avec toujours plusieurs trains de retard pour la France)

  • Ne tweetez plus, manifestez !
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0600227687745-ne-tweetez-plus-manifestez-2225431.php

    Il n’en demeure pas moins que les réunions dans les espaces physiques remplissent des fonctions démocratiques tout simplement hors de portée de l’activité en ligne, si persévérante et fervente soit-elle. En 2011, lorsque Barney Frank, député à la Chambre des représentants, demandait pourquoi les manifestants d’Occupy Wall Street « pensaient que leur simple présence physique était vraiment importante », une réponse adéquate eût été : « À la vérité, l’occupation des espaces publics peut accomplir de grandes choses, tout dépend de qui sont les occupants et de leur nombre. »

    #démocratie

    • C’est un peu comme le résultat de l’enquête d’une agence de publicité à propos des choses qu’intéressent les utilisateurs en ligne. Ils on trouvé qu’il n’y a que 6% des gens qui s’informent en ligne sur des questions politiques.

      Während Erwachseneninhalte wenig überraschend relativ weit oben auf der Liste stehen, enthalten die Top 10 der von deutschen Internetnutzern gesuchten Themen auch einige überraschende Ergebnisse:

      1. Recherche von Krankheitssymptomen (15 Prozent)
      2. Neue Kleidung (14 Prozent)
      3. Inhalte für Erwachsene (12 Prozent)
      4. Urlaubsziele (11 Prozent)
      5. Neuwagen (9 Prozent)
      6. Ex-Partner (7 Prozent)
      7. Neues Haus (6 Prozent)
      8. Teure Artikel wie Schmuck und Elektronik (6 Prozent)
      9. Politische Fragen (6 Prozent)

      10. Einfache Tätigkeiten, wie z. B. „Wie kocht man ein Ei?“ (5 Prozent)

      J’ai analysé ces chiffres :

      Suchhäufigkeit: Politische Fragen (6 Prozent)

      Wenn man davon ausgeht, dass 90% der Deutschen „online“ sind, bedeutet diese Zahl, dass man höchsten 5% der Menschen übers Internet mit politischen Informationen erreicht.

      10% machen den unveränderlichen faschistoiden Bodensatz der Gesellschaft aus, je 10% wählen zuverlässig CDU oder SPD, und etwa 20% sind überzeugte Grün- oder Nichtwähler, die man alle nicht hinter dem Ofen hervorlocken kann.

      Es bleiben also nach Abzug der Hälfte von 5% noch 2,5% der Wähler übrig, die man über das Internet gewinnen kann.

      Da verteile ich doch wieder rote Kugelschreiber und Kondome in der Fußgängerzone und bin stolz auf meine effektive Überzeugungsarbeit.

      Vielleicht reicht eine gelbe Warnweste.

      Résultat : Stop au gaspillage d’argent et d’efforts en ligne, pour changer des choses il faut parler avec les gens face à face.

      Après il ne faut pas exagérer. Un autre résultat de l’enquête est que 5% des allemands sont trop bêtes pour faire cuire un oeuf mais savent utiliser l’internet. Enfin ...

      #politique #internet #wtf

    • Cessons de caricaturer la politique de Macron Lea Konini | Jean-Hervé Lorenzi - 24/10/2018 - Les Echos
      https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0600016763987-cessons-de-caricaturer-la-politique-de-macron-2216270.php

      LA CHRONIQUE DU CERCLE DES ECONOMISTES - La politique du président de la République s’appuie sur le triptyque émancipation, équité, solidarité. La critique faite d’une politique destinée aux riches est une erreur d’analyse.
      Chacun s’interroge sur la stratégie économique d’Emmanuel

      Macron, ce qu’on pourrait appeler le « macronisme économique ». Les commentateurs sont souvent soit injustes, soit trop rapides. Les uns parlent d’absence de vision, les autres la limitent à une simple politique fiscale. Quelle erreur, parce que, quelle que soit l’opinion qu’on en a, l’approche du président est en réalité très déterminée. Elle repose sur l’idée que le rebond de...
      https://externals.lesechos.

      fr/medias/2018/10/24/2216270_cessons-de-caricaturer-la-politique-de-macron-web-06022311621_290x152.jpg

      Les médias en sont réduit à plus grand chose !

  • Le marché du bio pèse 8 milliards d’euros en 2017 avec un taux de croissance 13 % par rapport à l’année précédente, selon la Coface. Et même si la taille du gâteau augmente, offrant pour l’instant des potentiels de croissance pour tous, il y a derrière cette guerre économique une guerre pour préserver l’image du bio.
    On peut comprendre l’inquiétude des acteurs historiques du bio face à cette banalisation galopante. L’arrivée des multinationales de l’alimentaire dans le monde du bio ne peut que conduire à une perte de valeur symbolique pour le consommateur. La banalisation d’un marché conduit inévitablement à une baisse des prix et du consentement à payer plus cher pour le consommateur. Ce qui est rare est cher et précieux, et inversement.

    Cette crainte de dilution du bio est à l’origine de l’avis que le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a adopté en janvier 2018. Cet avis recommande la création d’un label bio, local et équitable. Un label qui selon eux reviendrait aux sources des valeurs de la bio, et qui distinguerait le bio industriel du bio originel, et qui se placerait au-dessus du label européen.

    A la clé, un surplus de complexité pour le consommateur et des débats sans fin sur ce qui relève du vrai ou du faux bio. Sans parler de la guerre sémantique entre « la bio » qui serait porteuse des valeurs fondatrices de l’agriculture biologique, et « le bio » pour qui qualifierait tout ce qui a un lien avec de l’industriel.

    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-184932-la-guerre-du-bio-est-declaree-2191455.php
    #bio #distribution

    • @aude_v on parle aussi de la bio industriel du côté des défenseurs d’une bio plus cohérente pour le label « nature et progrès » antérieur au label « bio » et bien sûr pour le label « bio cohérence ». Cela crée de la complexité qui est toujours vu par les tenants du marché comme négative puisque risquant de freiner l’acte (impulsif aussi) d’achat... J’y vois plutôt quelque chose de positif en termes de diversité et justement de freinage de l’achat impulsif :)

    • Faut-il un label pour faire du bio ? Le ou la vrai bio est local, n’a pas voyagé, n’est pas sous cellophane, n’est pas raffiné, ne s’achète pas en supermarché. Ce qui compte, c’est que les circuits soient courts et que l’on sache qui a produit et comment, à quel salaire. Pour cela, il y a les Amap et les Solawi, les marchés locaux...

    • Tout à fait d’accord avec toi @aude_v sur la confusion. Je ne l’avais pas particulièrement remarqué.
      @nepthys, je ne crois pas que l’on ait besoin de label pour cultiver sans tout un tas de produit de synthèse. Les labels sont seulement nécessaires à ceux qui vendent en supermarché, là où l’étiquette est l’élément unique pour savoir ce que l’on mange. Dans le cas des AMAP, cela n’est pas nécessaire .

  • Quand la réglementation freine la transition énergétique

    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0301745932760-quand-la-reglementation-freine-la-transition-energetique-2180

    Connaissez-vous le 2,58 ? C’est un petit ressort caché dans les recoins de la réglementation française de l’énergie. Il est inconnu des responsables politiques, ignoré des Français.

    Pourtant, à cause de ce petit ressort réglementaire, la France sort de la route tracée en 2015 pour lutter contre le dérèglement climatique. A cause de lui, les émissions de gaz à effet de serre du bâtiment sont en 2017 de 11 % supérieures à ce qu’elles devraient être, alors que le gouvernement prétend les réduire !

    2,58, c’est le chiffre par lequel ce petit ressort administratif caché force les bâtiments collectifs neufs et rénovés à émettre du CO2 et cela pour des décennies, en dépit de tous les engagements pour le climat. C’est tout simple : la réglementation ne mesure pas la consommation réelle d’électricité d’un bâtiment, elle la multiplie par 2,58 !

    Le 2,58 date du début des années 1968, quand l’électricité était majoritairement produite en brûlant du charbon. Cette source d’énergie était dite « primaire » parce qu’elle existe dans la nature, alors que, transformée en électricité et achetée par le consommateur, l’énergie est dite « finale ». Le coefficient multiplicateur traduisait le rendement des centrales de l’époque et avait pour but d’économiser le charbon, puis le fioul. Il n’était pas malin de se chauffer à l’électricité quand on pouvait directement utiliser le charbon dans son poêle sans perdre les deux tiers de la chaleur.

  • Pourquoi les marchés ne sauveront pas le climat
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0301572114626-pourquoi-les-marches-ne-sauveront-pas-le-climat-2170337.php

    LE CERCLE/POINT DE VUE - Confier aux marchés la mission de « refroidir » la planète serait du suicide. La volatilité du marché est incompatible avec …

  • La mondialisation heureuse contre l’économie réelle : Partie II : Le mystère de l’inflation déguisée (3/3)
    https://www.crashdebug.fr/international/14515-la-mondialisation-heureuse-contre-l-economie-reelle-partie-ii-le-my

    Billet invité de Marc Rameaux, qui a publié « Portrait de l’homme moderne », suite des papiers (1/3) et (2/3)

    Un tour de passe - passe monétaire

    Une analyse plus profonde et plus critique sur la mesure de l’inflation nous fait cependant reconsidérer ce point de vue. Il est curieux qu’un gonflement monétaire ne se traduise par l’augmentation d’aucun prix, dans aucun secteur de l’économie. Loin de stagner, l’inflation est en fait réapparue sous une autre forme, qu’aucun indice des prix classique ne peut mesurer. Cette inflation « déguisée » ou plus exactement déplacée a été identifiée dans cet article des Echos :

    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-173178-non-linflation-na-pas-disparu-elle-sest-deplacee-2110020.php

    Il n’y a pas de miracle : la création monétaire engendre un accroissement de (...)

  • Et si les centres-villes s’inspiraient des centres commerciaux ?
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0301211128292-et-si-les-centres-villes-sinspiraient-des-centres-commerciaux

    LE CERCLE/POINT DE VUE - Les communes petites et moyennes pourraient, sur le modèle des centres commerciaux, regrouper les commerçants du centre-ville au sein d’une organisation permanente dans une structure foncière unique.

    La fin de l’année 2017 a vu ressurgir la question des centres-villes commerçants, notamment dans les villes petites ou moyennes. Le débat a connu cette fois une ampleur inhabituelle, forçant le gouvernement à annoncer un plan d’action pour le début 2018. Ce débat sur la situation du commerce de centre-ville a rapidement tourné à la mise en accusation des centres commerciaux qui seraient la cause unique et dernière de la mort des commerçants indépendants.

    Au-delà de l’opposition entre petit et grand commerce, et puisqu’il y a urgence à sauver le centre-ville, ne vaudrait-il pas mieux pour ce dernier s’inspirer des méthodes de développement et de gestion propres aux centres commerciaux ? C’est la vision du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) qui, dans un rapport de 2016, proposait « sur le modèle des centres commerciaux, le regroupement des acteurs du centre-ville au sein d’organisations permanentes ».

    Un centre commercial est défini comme « le regroupement de points de vente dans un même lieu conçu, développé, détenu et promu comme une seule entité ». La détention du centre commercial en pleine propriété par un seul acteur garantit son fonctionnement unifié avec l’inclusion dans les charges payées par les locataires de budgets destinés à la promotion du centre, sa sécurité ou sa propreté.

    En centre-ville la propriété foncière est éparpillée, avec autant de propriétaires que d’immeubles ; sécurité, propreté et signalétique relevant d’acteurs différents. Une association qui s’occupe de l’animation des rues commerçantes ne peut recueillir des adhésions que sur la base du volontariat. En résulte une faiblesse de moyens financiers et humains.

    A Saint-Quentin (Aisne), « Les Boutiques de Saint-Quentin » comptent environ 120 adhérents, avec une carte de fidélité. L’association ne regroupe que des commerçants indépendants, sans aucune succursale de grande enseigne nationale. Tous les adhérents ne participant pas au programme de fidélité.

    Créer une dynamique de centre-ville ne pourra se faire que par la coopération entre acteurs publics et privés. Aux premiers, la vision de leur territoire et de son avenir, aux seconds l’expertise sectorielle et la capacité d’investissement.
    Les outils existent déjà

    Les collectivités locales ont à leur disposition des outils ad hoc : SCOT, PLUi, PLU, CRAC, DPU et autorisations d’urbanisme. Ils doivent être utilisés dans le cadre d’un vrai projet de territoire, d’une vision détaillée de son développement, sous peine d’annulation par la justice administrative. Les acteurs de l’immobilier commercial ont, quant à eux, une expertise du fonctionnement d’un périmètre commerçant.

    De tels partenariats peuvent-ils faire l’impasse sur la question foncière ? La structure foncière de la rue de la République à Lyon, dans laquelle Abu Dhabi Investment Authority (Adia) est propriétaire de 30 immeubles qui représentent 20.000 mètres carrés de commerce, a permis la création d’un périmètre unifié par une marque, un éclairage et une mise en lumière nocturne harmonisés, etc.

    Pour un grand nombre de villes, la relance d’un centre-ville commerçant devra donc passer par la création de foncières locales dans lesquelles entreraient la collectivité, des acteurs privés de l’immobilier commercial et d’autres comme la Caisse des Dépôts. Ces foncières exerceraient leur compétence sur un périmètre géographique clairement défini par le plan local d’urbanisme, la loi ACTPE (relative à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises) de 2014 permettant déjà de déléguer le droit de préemption urbain aux concessionnaires de l’aménagement urbain.

    La transformation de la ville est un travail incrémental de longue durée. Les acteurs en charge de cette transformation doivent pouvoir travailler à l’abri des aléas du calendrier politique : il faut mettre fin à l’insécurité juridique qui entoure la politique d’aménagement du territoire. En effet, la redynamisation des centres des villes, petites ou moyennes, ne pourra se faire qu’avec l’engagement pérenne de tous, l’Etat en premier. Ne sommes-nous pas en présence d’une grande cause nationale ?

    Jean-Sylvain Camus est consultant indépendant en immobilier commercial

    #urbanisme #centres_commerciaux #marchandisation

  • « L’économie » du Bitcoin devient pire que celle des Subprimes
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-173986-leconomie-du-bitcoin-devient-pire-que-celle-des-subprimes-211

    Les crypto-monnaies annoncent des « sous-jacents » alors qu’on n’y trouve que l’épargne de « geeks » prêts à tout pour être dans le coup et d’un grand nombre de gogos espérant toucher le gros lot.
    . . .
    C’est ainsi que de proche en proche, suivant un rythme pareil aux techniques financières les plus risquées, les monnaies cryptées, le bitcoin en tête, mettent en scène, sans google glass pourtant, une économie virtuelle dans laquelle viennent s’investir, sans parfois s’en rendre compte, des centaines d’épargnants très réels. Les techniques financières les plus dangereuses sont fondées sur des promesses et des engagements sans cause ni fondements. Leur empilement en douteuses poupées russes est symptomatique de risques incontrôlés. Il est de plus en plus temps que des bornes soient mises à ce marché où en vend sans pudeur des milliers de miroirs aux alouettes.
    En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-173986-leconomie-du-bitcoin-devient-pire-que-celle-des-subprimes-211

    #bitcoin #crypto-monnaies

  • L’assurance-chômage pour les démissions va-t-elle faire exploser les chiffres de Pôle Emploi ?
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-170429-lassurance-chomage-pour-les-demissions-va-t-elle-faire-explos

    Une mesure proposée par le président Macron permettra aux salariés démissionnaires de bénéficier d’indemnités chômage tous les cinq ans. Il serait toutefois impossible de continuer à les percevoir après avoir refusé deux postes.

    Faudrait pas donner les coudées franches au refus de l’emploi....

    #démission #allocation #chômage #refus #offreraisonnabled'emploi #ORE

  • Ce que la com’ de Marine Le Pen doit à François Mitterrand
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-168744-ce-que-la-com-de-marine-le-pen-doit-a-francois-mitterrand-207

    Une actrice principale, des seconds rôles

    Mais pour combler les attentes, il faut trouver d’autres personnes capables de préparer le terrain, calmer les ardeurs et finalement entretenir une sorte de suspense. Michel Galabru, célèbre acteur et homme de théâtre, disait : « On a coutume de dire : tout est politique. Non. Tout est théâtre, surtout la politique. »

    En poussant cette comparaison, on peut l’appliquer à notre problématique : si Marine le Pen est un rôle principal, il doit avoir autour de lui des seconds rôles capables de tenir le spectateur en haleine lorsque le premier rôle n’est pas sur scène. On va voir une pièce pour son acteur principal, mais les seconds rôles font au final tout le sel de la pièce.

    Lire aussi : Vocabulaire, gestuelle : cinq candidats à la présidentielle à la loupe

    Ce constat est au coeur de la stratégie de campagne du FN. Lorsque Mme Le Pen ne s’exprime pas, il faut des intermédiaires, des « seconds couteaux », dont l’image est moins importante et précieuse, mais prêts à s’exposer médiatiquement et à marteler la ligne de conduite fixée par la candidate.

    Et comme dans n’importe quelle pièce, les seconds rôles doivent avoir une fonction, un personnage politique, correspondant à chaque situation : rassurer, s’indigner, débattre face à un adversaire politique…

    Ainsi, la candidate frontiste garde la rareté de sa parole, mais aussi la constance de son personnage politique. Elle n’est que dans un registre : le sien. Aux Florian Philippot, Gilbert Collard et autres Nicolas Bay de partir au front, chaque jour, dans les médias.

    N’est pas « Jupiter » qui veut

    Si cette technique a fonctionné tout au long de la première partie de la compagne, Marine Le Pen en a vu les limites ces dernières semaines : les deux débats successifs l’ont globalement affaiblie, tandis que ces meetings peinent à provoquer de véritables effets d’annonces.

    Et pour cause, la candidate est finalement revenue sur le devant de la scène, multipliant les interventions et perdant donc de sa rareté. Conséquence immédiate : elle est redevenue une candidate comme les autres.

    #Linfiltré #PhoneStories #FN

  • Qui bénéficierait du revenu universel de Benoît Hamon ?
    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/03/15/qui-beneficierait-du-revenu-universel-de-benoit-hamon_5094563_4355770.html

    Selon la dernière version du projet, une somme pouvant s’élever jusqu’à 600 euros sera versée de manière automatique et inconditionnelle à 19 millions de personnes gagnant moins d’1,9 smic.

    Le revenu universel d’existence, proposition emblématique du programme de Benoît Hamon, a connu plusieurs aménagements et revirements, entre sa version initiale présentée en septembre 2016, qui évoquait à terme 750 euros par mois pour tous les Français, et la dernière mouture, évoquée le 9 mars sur France 2, qui limite dans un premier temps le nombre de bénéficiaires et donc l’aspect « révolutionnaire » de cette réforme.

    Qui serait concerné ?

    Si Benoît Hamon est élu, il prévoit de mettre en place – au 1er janvier 2018, au moment où entre en vigueur le prélèvement de l’#impôt_à_la_source – un revenu universel d’existence (#RUE) pour tous les adultes entre 18 ans et l’âge de la retraite.


    [ dans l’article, une pub pour les non concernés par le RUE : Guide maisons de retraite
    Avec le comparateur des maisons de retraite, facilitez vos recherches.]

    Pour y prétendre, les jeunes majeurs devront prendre leur indépendance fiscale et ne plus être rattachés à la feuille d’impôt de leurs parents. Selon l’Insee, quatre jeunes adultes sur dix âgés de 18 à 24 ans bénéficiaient, en 2014, d’une aide sociale de l’Etat (bourse d’étude ou allocation-logement, le plus souvent) pour un montant total de 380 euros par mois en moyenne.

    Le RUE concernerait l’ensemble des personnes sans ressources ou dont les revenus sont inférieurs à 1,9 fois le salaire minimum (smic) mensuel, soit 2 812 euros brut, ou 2 185 euros net. Selon l’Insee, les deux tiers des salariés à équivalent temps plein gagnaient moins que cette somme en 2013. Les couples bénéficieraient du RUE si le total de leurs revenus est inférieur à 3,9 smic.

    Précision importante : cette nouvelle prestation est « inconditionnelle », c’est-à-dire qu’elle n’entraîne pas d’obligation de recherche d’emploi ou de formation contrairement à certaines prestations actuelles – revenu de solidarité active (RSA), allocations-chômage.

    L’économiste Julia Cagé, chargée des questions économiques dans l’équipe de Benoît Hamon, évalue à 19 millions le nombre de personnes concernées, soit près de 30 % de la population. En revanche, il n’est pas prévu que les mineurs perçoivent le RUE et le versement aux retraités n’est pas envisagé dans la première version, le candidat socialiste prévoyant de lancer « une grande conférence sociale » pour trancher sur le sujet au cours du quinquennat.

    Le portrait : Julia Cagé, Madame économie de Benoît Hamon
    http://www.lemonde.fr/m-moyen-format/article/2017/02/21/julia-cage-madame-economie-de-benoit-hamon_5082791_4497271.html

    Quel serait le montant ?

    Le RUE présenté par Benoît Hamon est fixé à 600 euros. Mais tous les citoyens ne recevraient pas directement un « chèque » de cette somme. En effet, son versement est lié à un nouveau système fiscal, de type « impôt négatif » (où certaines personnes reçoivent au lieu de payer) se substituant à l’impôt sur le revenu pour les personnes gagnant moins de 2 812 euros brut par mois (1,9 smic). Concrètement, les 600 euros de base se verraient ponctionnés d’un prélèvement correspondant à 27,4 % du salaire brut.

    A quoi ressemblerait le revenu universel version Hamon pour une personne seule ?
    [un graphique fort utile, niveau de revenu dispo / niveau de RUE, ininsérable ici...]

    Petite subtilité : pour les personnes gagnant entre 1,4 et 1,9 smic (soit entre 2 190 euros et 2 812 euros brut), le montant de ce nouveau prélèvement « annulerait » le RUE mais le niveau global d’impôts payés resterait inférieur à ce qui l’est actuellement. « Entre 1,4 et 1,9 smic, le revenu universel est négatif mais moins négatif que l’impôt sur le revenu actuel donc les personnes concernées y gagnent », assure Julia Cagé. Pour les salaires supérieurs, les barèmes et fonctionnements de l’impôt sur les revenus seraient conservés. Par exemple :

    Une personne seule gagnant 2 000 euros brut par mois toucherait un RUE de 52 euros, c’est-à-dire les 600 euros moins une ponction de 548 euros (27,4 % de 2 000 euros).
    Une personne seule gagnant 2 500 euros brut par mois paierait 85 euros d’impôt par mois (600 euros moins une ponction de 685 euros) – ce qui est moins que l’impôt sur le revenu actuel qui s’établit à 129 euros par mois
    Nouveauté : les autres sources de revenus, comme les prestations sociales (allocations familiales, aides au logement, indemnités chômage…) entreraient dans le calcul et seraient également déduites à hauteur de 27,4 % des 600 euros du RUE. Par exemple :

    Une personne seule gagnant 1 000 euros et touchant 77 euros d’aides au logement recevrait 305 euros de revenus supplémentaires par mois (600-27,4 % de 1 077 = 305 euros).
    Un étudiant bénéficiant d’une bourse sur critères sociaux de 392 euros par mois toucherait au final 885 euros par mois avec le RUE.
    Comment serait-il versé ?

    « Ce revenu universel d’existence a été pensé dans le cadre du prélèvement de l’impôt à la source qui doit être mis en place en 2018 », explique Julia Cagé. A partir du 1er janvier, la réforme lancée sous le quinquennat ajoute une ligne « impôt sur le revenu » à la feuille de paie des salariés. Il suffirait alors d’y ajouter une ligne « revenu universel ».

    Pour les non-salariés ou les personnes qui ont des revenus plus irréguliers, le système défendu par Benoît Hamon consiste à envoyer un « bulletin de revenu universel » mensuel [et non plus trimestriel comme la DTR CAF] , récapitulant tous les autres revenus perçus qui serviront de base au calcul. « Cela implique un rapprochement, au moins numérique, de l’administration fiscale et des organismes sociaux », précise l’économiste.

    Autre nouveauté d’importance : le RUE serait versé de manière automatique, ce qui réduirait le nombre de personnes qui pourraient prétendre aux aides mais qui ne les demandent pas ( selon l’Etat , ce taux de « non-recours » serait de 29 % actuellement). Le gouvernement avait même calculé, en créant la prime d’activité, que la moitié des ayants droit n’en feraient pas la demande.

    Qu’est-ce que cela remplacerait ?

    Ce RUE se substituerait au RSA qui concerne 1,898 million de personnes de plus de 25 ans et dont le montant socle est de 524 euros par mois. Son coût global était de 10,5 milliards d’euros en 2015.

    Il remplacerait aussi la prime d’activité, qui bénéficie actuellement à hauteur de 165 euros en moyenne par mois à près de 3,7 millions de foyers dont les revenus nets se situent en dessous de 1 500 euros mensuels. L’estimation de son coût par l’Etat en 2017 est de 4,34 milliards d’euros.

    Le système de Benoît Hamon n’a pas pour objectif de simplifier les autres prestations sociales existantes, mais plutôt d’en être le complément. Les aides au logement, allocations familiales, allocations adulte handicapé, assurance chômage seraient maintenues.

    Quant au système d’impôt sur le revenu, il serait dans un premier temps conservé dans sa forme et avec ses tranches actuelles pour les salariés au-delà de 1,9 smic, avec l’objectif de réaliser une réforme globale – fusion avec la contribution sociale généralisée (CSG) au cours du quinquennat.

    Quel coût, quel financement ?

    L’équipe de Benoît Hamon chiffre à 35 milliards d’euros cette première étape du RUE. « Le plus gros de la dépense, c’est d’étendre cette aide aux 18-25 ans ; on est autour de 23 milliards d’euros pour ce volet , confie Julia Cagé. Le reste, c’est l’automatisation et la revalorisation du RSA et de la prime d’activité. »

    Pour le financer, le député des Yvelines compte récupérer entre 15 et 20 milliards d’euros en réduisant de moitié le montant du crédit d’impôt accordé actuellement dans le cadre du crédit d’impôt compétitivité (#CICE) et du pacte de responsabilité.

    Le candidat socialiste compte également financer son RUE grâce à une #taxe_robots qui rapporterait 5 à 10 milliards d’euros. Un tel prélèvement servirait à compenser la raréfaction du travail, certains emplois étant remplacés par des machines, « en appliquant les cotisations sociales sur l’ensemble de la valeur ajoutée et non plus seulement sur le travail » .

    M. Hamon table également sur une hausse du déficit public à hauteur de 5 à 10 milliards d’euros, dans le cadre d’une politique de relance.

    Le RUE ne serait donc pas financé par un transfert des sommes perçues sur les contribuables les plus riches vers les classes populaires mais par la ponction des entreprises et l’augmentation de la dette publique.

    #revenu

  • Minima sociaux : Le rapport Sirugue, inquiétante boussole du gouvernement
    https://blogs.mediapart.fr/seelebrn/blog/061116/minima-sociaux-le-rapport-sirugue-inquietante-boussole-du-gouverneme

    L’article 49 de la loi de finance 2017, intitulé « réforme des #minima_sociaux », détaille une série de mesures d’économies réalisées sur le dos des allocataires, principalement en alignant par le bas les droits auxquels peuvent prétendre différentes catégories. Ces mesures sont présentées comme une première étape dans un plan plus vaste de restructuration des minima sociaux. Si les détails de ce plan ne sont pas encore connus, les grandes lignes qui ont été indiquées pour l’instant peuvent avoir de quoi sérieusement inquiéter.

    Le député #Sirugue, rapporteur de la loi El Khomri à l’assemblée nationale, est également l’auteur d’un rapport intitulé « repenser les minima sociaux », publié le 18 avril dernier. Ce rapport fait suite à un référé de la cour des comptes rendu en 2015, et son esprit prolonge celui de plusieurs mesures qui ont aggravé la situation de nombreux individus et familles parmi les plus pauvres du pays https://blogs.mediapart.fr/seelebrn/blog/061116/petite-chronique-de-l-asphyxie-des-pauvres Il propose un ensemble de mesures applicables dès 2017, et d’autres envisagées à plus long terme, vers 2020.

    On a tout lieu de craindre que cette temporalité n’invite l’actuelle opposition à émettre des propositions plus dures encore dans le cadre de la campagne présidentielle. Il n’y a qu’à se référer aux propositions de M. Straumann, président du conseil départemental du Haut-Rhin, ou, au contenu de la récente proposition de loi émanant du groupe LR du Sénat, sur la « fraude sociale » – proposition vite retirée, dont on ne sait pas s’il s’agissait d’un « ballon d’essai » ou d’une fuite prématurée.

    Le rapport Sirugue se veut un plaidoyer pour une « simplification », permettant de « lutter contre le #non-recours » et de renforcer « l’équité » des minima sociaux. A la lecture du rapport nous estimons avoir des raisons de penser que le « renforcement de l’équité » signifie en fait nivellement par le bas des montants d’indemnisation et rétrécissement des conditions d’éligibilité ; et que la « lutte contre le non recours » sert de masque à une politique aboutissant à inscrire autant que possible les plus démunis dans des dispositifs contraignants. Certaines mesures proposées sont particulièrement dommageables pour les parents (donc très majoritairement les #mères) qui élèvent seul.e.s leurs enfants et qui dépendent des minima sociaux.

    En pratique, le rapport détaille quatre séries de mesures. Trois « scénarii » se succèdent, dont le premier est constitué de mesures à mettre en place à court terme (largement reprises par la loi de finance), et les deux autres proposent des réformes plus approfondies et mutuellement exclusives. Pour finir, l’auteur détaille une quatrième série de mesures, visant à renforcer les politiques d’insertion et à promouvoir le principe des « droits et devoirs » pour l’allocataire, dans la perspective de l’ « activation » des bénéficiaires des minima sociaux.

    Nous livrons ici quelques remarques au fil de la lecture.

    - Premier scénario

    (i) Accès au RSA des jeunes de moins de 25 ans (sauf les étudiants)

    En ouverture du premier scénario, on trouve la proposition qui a été la plus médiatisée du rapport lors de sa publication : l’accès au #RSA pour les jeunes de moins de 25 ans. On peut déjà souligner que la mesure serait réservée aux non étudiants – M. Sirugue laisse non tranchée la question de la prise en compte de la cohabitation avec les parents ainsi que celle de l’appartenance à leur foyer fiscal. Mais étant donné ce qui va suivre, il y a lieu de se demander si cette proposition n’est pas destinée à faire écran à la suite du rapport.

    (ii) Aligner par le bas les montants d’allocations

    Pour le reste, ce premier scénario commence par proposer des destinés, tout en conservant intacte l’architecture générale des minima sociaux, à faire diminuer les montants versés. Les deux mesures mises en avant ont été reprises dans l’article 49 de la loi de finance 2017 : certains handicapés, grâce au cumul #AAH -ASS, disposeraient de près de 1300€, c’est trop, il faut y mettre fin. L’#ASS est plus intéressante que la #prime_d’activité en cas de cumul avec un faible salaire : alignons le « dispositif d’intéressement », sur celui du RSA, plus défavorable.

    (iii) Simplification administrative… par l’extension de l’accès des organismes aux données des allocataires

    En matière de lutte contre le non recours, on trouve, dans ce premier scénario, quelques propositions pour améliorer l’information des allocataires potentiels et alléger leurs démarches administratives, à grand renfort de « documents faciles à lire et à comprendre », et, surtout, de partage d’information entre les opérateurs. Le rapport reste relativement évasif sur l’étendue et les modalités de ces partages d’informations ; mais il est question de « réduire drastiquement voire de supprimer les pièces justificatives demandées ». Simplification administrative et renfocement du contrôle se recoupent ici entièrement : il ne s’agit pas de faciliter l’accès au bénéfice d’une aide en réduisant les critères, mais bien de renforcer les critères existants et de garantir leur systématicité en imposant aux bénéficiaires l’ accès du payeur à leurs informations personnelles.

    (iv) « Figer » le RSA sur trois mois.

    Enfin, le rapport propose d’améliorer la « prévisibilité » des montants du RSA en mettant en place un « effet figé » sur trois mois. Concrètement, le montant de l’allocation fixé en début de trimestre serait maintenu pendant trois mois, jusqu’au réexamen trimestriel du montant d’allocation, indépendamment des variations de revenus intervenant entre temps. Il est certain que le système actuel, avec les nombreux indus et rappels qu’il génère apparait de plus en plus intenable. La complexité et l’incertitude qui en résultent sont à ce titre un facteur important dans le « non recours ».

    Le rapport ne précise cependant pas comment seraient compensées les éventuelles variations de revenus actuellement prises en compte. Si l’on fait l’hypothèse qu’elles seront compensées d’un trimestre sur l’autre, alors il faut s’attendre à ce que les personnes aux revenus irréguliers alternent des périodes « fastes » où ils/elles cumuleront revenus et allocation, avec des périodes sans revenus et une allocation bloquée pour trois mois à un niveau particulièrement bas. Si l’on fait l’hypothèse que les variations de revenus intervenues pendant le dernier trimestre ne seront pas compensées sur le trimestre suivant, alors ce nouveau mode de calcul sera tantôt plus défavorable, tantôt moins défavorable que le régime actuel. Selon le mécanisme qui sera mis en place, on peut craindre qu’il aboutisse non pas à supprimer l’incertitude budgétaire à laquelle doivent faire face les allocataires, mais à en renouveler les modalités.

    - Deuxième scénario


    Le deuxième scénario répond quant à lui au référé de la Cour des comptes publié en 2015, qui préconisait de réduire à trois le nombre des minima sociaux, pour ne conserver que le RSA, l’AAH, et l’ASPA (minimum vieillesse). M. Sirugue ne propose pas d’aller aussi loin dans la « simplification » que ne le préconisait la Cour des comptes, et conserve 5 allocations.

    Les colonnes « niveau de vie » et « équité », du tableau suivant résument assez bien la philosophie, et la stratégie de justification absolument grossière inhérente à cette seconde partie du rapport : systématiquement une baisse de niveau de vie est justifiée par le « progrès » sensé en résulter en termes « d’équité ». S’il faut à tout prix considérer M. Sirugue comme un homme sérieux, on peut se demander si la candeur avec laquelle il présente lui-même les ficelles de cette « équité » relève d’une stratégie délibérée pour discréditer ce deuxième scénario – puisqu’il est manifeste qu’il donne sa préférence au troisième. (On relèvera que, quelques lignes après ce tableau, M. Sirugue, écrit tranquillement que ce scénario, dont il vient d’expliquer en quoi il était systématiquement plus défavorable que l’état actuel des choses, permet « d’améliorer directement la situation des allocataires ».)

    Il s’agit systématiquement d’aligner vers le bas les montants des allocations fusionnées avec le RSA et l’ASPA.

    Le « rapprochement » entre ASI (destinée aux personnes invalides, c’est-à-dire ayant une reconnaissance d’incapacité de travail totale ou partielle) et AAH (destinées aux personnes handicapées) est la seule mesure que le rapport présente comme financièrement avantageux pour les bénéficiaires. Il convient de relativiser fortement cette prétention (malgré le « ++ » qu’on trouve dans le tableau reproduit ci-dessus) : L’ASI est certes inférieure de 100€ par mois à l’AAH, dont elle est déduite en cas de cumul, mais le rapport ne propose en aucun cas de faire bénéficier les bénéficiaires de l’ASI de l’AAH, tout au plus de faciliter les démarches de ceux qui peuvent déjà prétendre aux deux allocations, afin de leur permettre de toucher plus facilement l’allocation la plus élevée à laquelle ils peuvent prétendre. Il s’agit donc, au sens strict, d’une simplification administrative et non pas d’une augmentation des droits auxquels les concernés peuvent prétendre.

    - Le cas de l’allocation de solidarité spécifique

    Il nous semble important de remarquer ici que le classement de l’ASS dans la liste des minima sociaux ne va pas de soi. En effet, la forme de l’ASS n’est pas complètement celle d’un minimum social : elle n’est pas accordée stricto sensu sous condition de ressources, puisqu’il faut pour y être éligible avoir travaillé au moins cinq années au cours des dix années précédant la demande ; condition qui s’ajoute à celle du plafond de ressources. Ce plafond, en outre, contrairement à celui du RSA, de l’AAH et de l’ASPA, est largement supérieur au montant de l’allocation. Autrement dit, si elle fonctionne comme un minimum social pour certains bénéficiaires chômeurs de longue durée, elle est en fait conçue comme un prolongement de l’allocation chômage, permettant de compléter les ressources d’une personne n’ayant pas retrouvé un emploi suffisamment rémunérateur.

    Son financement la démarque également des minima sociaux, puisqu’elle est financée par un fonds national de solidarité, alimenté principalement par les cotisations sociales des fonctionnaires et agents publics. Autrement dit, son financement, dans la mesure où il repose sur des cotisations liées au travail, s’apparente à celui de la sécurité sociale. Pour autant, contrairement aux prestations de la sécurité sociale, qui sont limitées dans le temps et/ou dépendent des montants de cotisation, l’ASS est forfaitaire et illimitée dans le temps.

    Cette originalité de l’ASS mérite d’être soulignée : elle constitue un exemple de socialisation du salaire dont la répartition ne s’effectue pas selon les modalités assurantielles, dites bismarckiennes, qui caractérisent notre sécurité sociale.

    Dans le scénario proposé par M. Sirugue, l’ASS ne serait pas, comme le proposait la Cour des comptes, supprimée. Le député se dit conscient des « effets négatifs » que provoquerait la suppression de cette allocation, généralement plus avantageuse que le RSA. Il propose donc plus modestement – sans qu’on comprenne très bien en quoi cela est plus acceptable – de limiter à deux ans la durée de versement de l’ASS, alors qu’elle n’est aujourd’hui pas limitée dans le temps. Il propose cependant – sans toutefois l’inscrire formellement dans les « propositions » mises en avant – d’augmenter le montant de l’ASS, en la faisant passer de 16.25€/jours à 20€, voire 24€ par jour. La coïncidence des deux propositions laisse perplexe : tout en réduisant drastiquement les possibilités de bénéficier de cette allocation, le député semble reconnaitre implicitement l’insuffisance dramatique de son montant.

    L’objectif avancé est de « réaffirmer sa fonction de transition entre le chômage indemnisé et l’emploi ». Tant pis, donc, pour ceux qui ne retrouveraient pas un emploi suffisamment bien payé au bout de deux ans (rappelons que 40% des allocataires actuels de l’ASS touchent l’allocation depuis plus de deux ans). L’argumentest encore le même : l’équité avec les autres chômeurs de longue durée. Manifestement, il n’a pas effleuré l’esprit de ce monsieur qu’aligner par le haut les montants perçus (ce qui ne les aurait toujours pas rendus supérieurs ni même égaux au seuil de pauvreté à 60%), aurait été tout aussi « équitable ».

    Les montants mensuels perdus par les allocataires de l’ASS en fin de droit sont même détaillés par le rapport (mais uniquement dans le cas d’une personne seule). A l’échelle de ce que sont les budgets des familles vivant des minima sociaux ces sommes sont absolument considérables :

    – 455 € de baisse pour les personnes qui ne seraient éligibles ni à la prime d’activité, ni au RSA socle ;

    – 233 € pour les personnes éligibles à la seule prime d’activité ;

    – 82 € pour ceux éligibles au RSA socle ;

    – 72 € pour les allocataires éligibles au RSA socle et à la prime d’activité.

    Il faut par ailleurs noter que l’ASS, contrairement au RSA, permet de valider des trimestres de retraite. Les allocataires actuels valident ainsi en moyenne 18,4 trimestres au titre de l’ASS…

    - Troisième scénario

    Le troisième scénario présenté par le rapport, qui a la préférence explicite de M. Sirugue, est à la fois plus ambitieux et plus simple, puisqu’il entend refondre entièrement l’architecture des minima sociaux en supprimant toutes les allocations existantes pour les remplacer par une allocation socle unique de 400€, assortie, selon les cas d’un complément. Le gouvernement a également affiché sa préférence pour ce troisième scénario lors du conseil des ministres du 13 juillet dernier ; préférence réaffirmée dans l’exposé des motifs de la loi de finance 2017.


    Le critère de démarcation entre les deux compléments reprend une distinction aussi ancienne que la protection sociale, partageant les personnes auxquelles on ne peut décemment demander de gagner de l’argent, et celles qui, considérées comme aptes au travail, ne sauraient recevoir d’aumône sans avoir fait la preuve de leur détermination à faire en sorte de s’en passer à l’avenir.

    Il y a donc dans cette perspective deux sortes de pauvres : ceux qu’on va contrôler étroitement, qui relèvent du « complément d’insertion » et du « devoir de respect du projet d’insertion », et ceux qu’on ne va pas contrôler, qui relèvent du « complément de soutien ». Le complément dont bénéficieraient ces derniers serait nettement supérieur (le rapport avance 400€, ce qui situe le total dans l’ordre de grandeur, quoique en dessous, de l’actuelle AAH) à celui touché par les premiers (de l’ordre de 100€, pour un total de 500€, donc).

    Le mécanisme proposé pour les personnes relevant du complément d’insertion consiste donc à garantir une allocation au montant largement inférieur à celui garanti par l’actuel RSA (400€ contre 525€ pour une personne seule, 800 contre 944 pour un couple), et à conditionner l’octroi d’une aide supplémentaire – toujours insuffisante pour vivre – à l’engagement du bénéficiaire dans un ensemble d’obligations contractuelles. Le caractère révocable de ce complément n’est jamais spécifié explicitement dans le rapport, il est cependant la seule hypothèse qui puisse donner sens au primat de la logique des « droits et devoirs » et de la « contractualisation » – exactement comme dans le cas de la radiation par le pôle emploi. Si le rapport ne détaille à aucun moment les contraintes que M. Sirugue envisage d’établir pour les allocataires, la philosophie générale de l’assistance qu’il mobilise ne laisse cependant aucun doute.

    Sur ce point, l’affirmation d’un « droit opposable à l’accompagnement », censé servir de contrepartie « équilibrée » au « devoir de respecter le contrat d’insertion » apparait comme une grinçante plaisanterie : l’allocataire se voit offrir comme un droit le dispositif contraignant et fondé sur la menace de suspension de sa seule ressource dans lequel on veut l’inscrire.

    Des effets dévastateurs à prévoir pour les parents isolés

    M. Sirugue prétend que ce système sera financièrement moins défavorable pour les allocataires. Cette affirmation repose sur trois arguments. Le premier est que la nouvelle allocation qu’il appelle de ses vœux serait entièrement individualisée (autrement dit, elle serait doublée pour un couple, contrairement à l’actuel RSA). Le second est que les prestations familiales ne seraient plus déduites de l’allocation, comme c’est le cas pour le RSA. Enfin, le troisième argument repose sur la suppression du forfait logement.

    Or le gain escompté doit être fortement relativisé. D’abord, les montants alloués par enfant au titre des allocations familiales sont, dans tous les cas de figure, systématiquement inférieurs aux majorations accordées aux allocataires du RSA ayant des enfants à charge, A fortiori pour les parents isolés bénéficiant du RSA majoré. L’augmentation des ressources d’un foyer à l’arrivée d’un nouvel enfant serait donc moindre qu’avec le système de calcul actuel. En outre, il n’y a actuellement pas d’allocations familiales pour le premier enfant, alors que le RSA augmente dès la survenue d’un premier enfant à charge. Le rapport avance que la mise en place de cette nouvelle allocation devrait aller de pair avec une réforme de l’allocation familiale sans avancer de montant. Il n’est donc pas possible de comparer.

    Les deux tableaux ci-dessous résument les comparaisons qu’il est possible de faire entre les montants actuels d’allocation au titre du RSA et ceux auxquels pourraient prétendre les mêmes allocataires dans le cadre de la réforme proposée par M.Sirugue.


    Il est apparait exact que, pour les couples, et uniquement pour eux, l’individualisation de la prestation permettra d’obtenir un montant d’allocation supérieur. Un couple avec deux enfants toucherait ainsi 1000€ (deux allocations socles et deux compléments) + 130€ (allocations familiales) = 1130€ contre 1100€ aujourd’hui. Soit un gain de 30€ par rapport au RSA, et toujours moins de 400€ par tête… Mais que les deux membres du couple viennent à perdre leur complément d’insertion, et leur allocation tombe à 800+130= 930€, soit une perte de 170€ par rapport à l’actuel RSA. Nous avons raisonné ici sans tenir compte du forfait logement : si l’on suppose maintenant que ce couple touche des #APL, le RSA actuel, déduction faite du forfait #logement, tombe à 945€ et reste donc moins défavorable que la future allocation socle sans complément.

    Ce constat est d’autant plus alarmant que rien n’indique que la suppression du forfait logement ne serait pas suivie de baisses d’APL, et ce d’autant plus que le gouvernement s’est doté de moyens simples de faire des économies sur les aides au logement.


    Le tableau ci-dessus fait clairement apparaitre que seuls les couples sans enfants sont assurés d’être dans une situation moins défavorable si les propositions du troisième scénario du rapport venaient à être adoptées. On voit dans tous les cas que le gain à espérer ne fera sortir personne de la pauvreté, a fortiori pour les allocataires qui ne voudraient ou ne pourraient pas en assumer la contrepartie.

    En revanche, il nous semble crucial de remarquer que pour les parents isolés bénéficiant du RSA, majoré ou non, la proposition de M. Sirugue serait une véritable catastrophe. Une mère isolée allocataire du RSA majoré et touchant des APL avec deux enfants passerait ainsi d’une aide de 967€ (RSA majoré) à 400€ (allocation socle) +100€ (complément d’insertion) +130€ (allocations familiales) = 630€, soit une perte de 337€, équivalent à près du tiers de son allocation actuelle. Et cette perte ne ferait qu’augmenter avec le nombre d’enfants. Cela serait a fortiori le cas des parents isolés bénéficiant d’une ASS moins défavorable que le RSA.

    Ces dernières remarques nous montrent à quel point la question des minima sociaux peut rejaillir sur de très nombreuses situations, non seulement à travers son retentissement sur les rapports entre travailleurs et employeurs, mais également à travers ses répercussions dans les rapports familiaux. Les mesures envisagées par le rapport Sirugue auraient ainsi pour effet d’accroitre considérablement la vulnérabilité sociale et la dépendance économique d’un grand nombre de femmes et de mères à l’égard de leur mari – dépendance qui perdure y compris après un divorce. Ce faisant, ces mesures aggraveraient la situation d’un grand nombre d’enfants élevés par un seul parent.

    On note d’ailleurs à ce sujet que le rapport reste absolument muet sur la prise en compte des pensions alimentaires, pour l’heure déduites du RSA comme tout autre revenu, dans le calcul de la nouvelle allocation. On peut donc penser qu’il n’envisage pas de changement sur ce point.

    Quoi qu’il en soit, pour de très nombreuses personnes, une telle réforme des minima sociaux accroitrait considérablement les obstacles économiques à une séparation et les difficultés de la survie à l’issue de celle-ci.


    Le tableau ci-dessus permet donner un aperçu différences très importantes qui marquent la situation familiale des allocataires du RSA selon le sexe : les femmes seules sont significativement majoritaires dans la répartition des foyers bénéficiaires du RSA ; mais on constate également une inversion totale selon qu’on considère les foyers avec ou sans personnes à charge. Si les femmes sont présentes parmi les foyers sans personnes à charge, elles y sont minoritaires ; alors qu’elles représentent une majorité très forte des foyers avec personne(s) à charge, parmi lesquels on compte très peu d’hommes. On sait par ailleurs, les familles monoparentales sont considérablement plus touchées par la pauvreté que les autres. http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=366
    Ces données sont bien sûr assez sommaires et mériteraient d’être complétées, mais elles permettent en tout cas d’établir que les minima sociaux représentent des enjeux assez différents pour les hommes et les femmes. Le RSA majoré apporte à ces différences une réponse qui peut apparaitre largement insuffisantes (parce que les montants restent faibles, parce que la majoration cesse au troisième anniversaire du dernier enfant, parce que les pensions alimentaires restent déduites de l’allocation…). L’absence de ces enjeux dans le rapport Sirugue peut à cet égard apparaitre comme un signe particulièrement inquiétant.

    De la lutte contre le non recours au contrôle social généralisé :

    Venons-en à présent à une question qui semble préoccuper beaucoup M. Sirugue et sert de justification à son entreprise de simplification : la lutte contre le non recours aux minima sociaux ; la simplification des dispositifs, et l’exigence de les rendre autant que possible automatiques ou quasi automatiques.

    Les déterminants du non recours ne sont pas exactement les mêmes selon qu’on parle des minima sociaux à proprement parler ou d’autres aides (la CMU ou l’ACS, par exemple). Si l’on s’en tient au cas du RSA, on peut néanmoins relever un certain nombre de données qui invitent à se détacher d’une interprétation par trop paternaliste de ce phénomène, qui voudrait qu’il soit avant tout le fait de personnes peu à même, en raison de leur faible capital culturel, de comprendre les dispositifs ou peu enclines, pour des raisons symboliques, à réclamer une aumône à l’Etat. Si ces phénomènes peuvent exister, il semble qu’ils soient loin d’être l’explication structurante du « non recours ».

    Une étude de la DREES, reprise dans le rapport annuel d’évaluation 2011 du RSA (http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/1_Le_non-recours_au_rSa_et_ses_motifs.pdf ), montre ainsi que le non recours est d’autant plus fréquent que les personnes sont plus diplômées : il est donc en grande partie le fait de personnes en principe tout à fait capables de connaitre et de comprendre les dispositifs, si complexes qu’ils soient. En pratique, le facteur le plus déterminant du non recours apparait être le fait de disposer d’autres ressources. Ainsi, le non recours était-il considérablement plus élevé pour le RSA activité que pour le RSA socle. Le fait d’avoir des enfants à nourrir est au contraire selon cette étude un facteur favorisant fortement le recours au RSA.

    Tout porte ainsi à croire que le non recours est d’autant plus fréquent que l’aide proposée est moins vitale et plus contraignante. Les « non-recourants » sont ainsi les plus nombreux en proportion parmi les personnes qui se trouvent juste sous le plafond de ressources du RSA, ou encore parmi les gens à revenus irréguliers, qui oscillent autour du seuil d’éligibilité. Les premiers ne sont susceptibles de recevoir qu’une aide assez faible ; les seconds devraient en plus faire face à la complexité du dispositif peu adapté à leur situation, et, au fil de leurs entrées et sorties successives du dispositif, gérer les nombreuses et fréquentes erreurs de la CAF, et les indus, trop perçus, rappels, etc. qui s’ensuivent et peuvent s’avérer particulièrement déstabilisants dans la gestion d’un budget – au point parfois de faire préférer un niveau de ressources un peu plus bas plutôt qu’une aide irrégulière dont la CAF peut demander de façon imprévue le remboursements à hauteur de plusieurs centaines d’euros. Dans bon nombre de cas d’ailleurs, le non recours ne correspond pas à une « non demande », mais à une demande qui finit par se perdre dans la complexité des mécanismes administratifs, jusqu’à en décourager l’allocataire potentiel.

    Si le phénomène concerne bien de façon incontestable des personnes pauvres qui auraient besoin d’un complément de ressources, il semble que ce soit aussi, parmi les pauvres, celles qui sont les plus susceptibles de trouver que le jeu n’en vaut pas la chandelle, soit qu’elles espèrent une amélioration de leur situation à moyen terme, soit qu’elles se résignent à un niveau de pauvreté dont l’aide de la CAF ne les tirerait pas assez pour justifier la paperasse, le stress, et l’insécurité budgétaire qu’impliquerait leur inscription dans les dispositifs.


    Quoi qu’il en soit, la direction prise par le rapport Sirugue est celle d’une politique qui vise moins à rendre le recours aux minima sociaux plus aisé que plus nécessaire et plus contraignant. Il convient à cet égard de remarquer la contradiction qui existe entre la volonté de rendre l’allocation plus contraignante pour l’allocataire en l’obligeant à s’inscrire dans un dispositif d’insertion et l’objectif de « lutte contre le non recours ».

    Nous avons déjà abordé la question de l’automaticité des aides pour soulever le problème que celle-ci pose en termes d’accès aux données des allocataires. Mais cette automaticité pose également problème au regard des contreparties exigées en échange de ces mêmes aides : en effet, dès lors qu’une aide comporte une contrepartie, il semble naturel que le bénéficiaire puisse, au moins en droit, choisir ou non d’accepter le marché. Or, sous couvert de « lutte contre le non recours », en associant automaticité des allocations et inscription obligatoire dans des dispositifs d’insertion au nom de la « logique des droits et devoirs », il s’agit toujours, sous la plume de M. Sirugue, d’imposer un surcroit de contrôle aux personnes qu’on veut faire entrer dans le dispositif, et de réduire le périmètre des aides sans contreparties. Autrement dit, la logique sous-jacente est celle de la légitimation d’un traitement de la pauvreté par la contrainte de masse.

    La quatrième et dernière série de propositions du rapport est particulièrement explicite à ce sujet : c’est dans cette partie que M. Sirugue insiste plus particulièrement sur sa conception de l’insertion et sur le contrôle des allocataires. Pour autant, il reste plus qu’évasif sur les dispositifs précis qu’il imagine mettre en place. Il s’agit de faire entrer les allocataires dans « la logique des droits et devoirs », autrement dit, il s’agit d’étendre et de renforcer les systèmes existants d’obligations et de sanctions.

    Contrôler les pauvres : de la « simplification » à la suspicion généralisée

    D’ores et déjà, alors que le commun des citoyens déclare à l’Etat ses seuls revenus imposables, le pauvre, lui, se voit contraint de dévoiler précisément son patrimoine et son épargne non imposables (APL, RSA), ou encore ses comptes bancaires (CMU-C, RSA dans certains départements). En cas de contrôle, une dépense ou une entrée considérée comme incohérente entrainera immédiatement une suspicion. L’Etat prétend par ailleurs, lorsqu’on n’a pas de revenus, décider à partir de quel seuil on doit payer de ses économies et diminue les allocations en conséquence (RSA, APL).

    S’agissant des idées de M. Sirugue, nous avons déjà évoqué le projet de « suppression des justificatifs » et ses ambivalences, puisque tout en diminuant la complexité des démarches des allocataires, elle simplifie aussi les démarches de contrôle, et, à travers l’extension des partages d’information, peut faciliter des dérives particulièrement intrusives.

    La proposition 4.5 du rapport propose quant à elle de simplifier les procédures en matière de sanction de la fraude. L’argumentaire de M. Siruge est en somme le suivant : bien que la fraude au RSA soit particulièrement basse, « il est évidemment légitime que toute fraude puisse être identifiée et donner lieu à des sanctions ». Ce faisant, il cherche à nous convaincre en fait d’une proposition légèrement différente, à savoir qu’il est évidemment légitime de mettre en place une politique pour traquer ces mauvais pauvres.

    Le député suggère premièrement de « réduire les consultations a priori » en cas de suspiscion de fraude, pour privilégier les possibilités de contestation a posteriori. Autrement dit, d’une façon proprement ahurissante, il propose de réclamer des sommes que les allocataires n’auront souvent pas la possibilité de fournir quitte à compenser les erreurs qui s’ensuivront par de fastidieuses et hypothétiques procédures après coup. On voudrait dissuader les gens de faire valoir leurs droits qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

    En second lieu, M. Sirugue souhaite inclure le travail dissimulé dans les motifs de sanction des allocataires du RSA (ou de la future allocation unique), possibilité qui a disparu avec la suppression du RSA activité. Désigner comme cible le travail au noir des bénéficiaires du RSA, c’est vouloir frapper en premier lieu les victimes du marché du travail. D’abord parce que cette fraude, toute frauduleuse qu’elle soit, est avant tout le fait de personnes pauvres. Dans la mesure où il est évident que, dans de nombreux cas, les montants versés aux allocataires du RSA ne permettent pas de vivre ni de faire vivre une famille, il n’y a pas a beaucoup s’étonner que, pour des raisons vitales, certains cherchent de petits arrangements pour garder la tête hors de l’eau. Cette pauvre fraude ne permet pas de se passer de l’allocation, mais seulement de s’en contenter : l’état n’a pas là grand-chose à récupérer, et il y a même quelque chose de particulièrement pervers à faire de ces arrangements de survie un motif de sanction. En outre, le fait de travailler « au black » est très loin de toujours être un choix. Pour nombre de travailleurs, c’est la seule possibilité de travail, et le seul moyen d’éviter un « trou » sur le CV qui les dévaluerait définitivement sur le marché officiel du travail. Or, les travailleurs qui sont les moins à même d’imposer leurs conditions d’emploi sont précisément les mêmes qui sont susceptibles d’avoir besoin du RSA pour vivre. Ils se trouvent orientés de facto vers un marché du travail parallèle qui, pour s’appeler « dissimulé » n’en est pas moins parfaitement intégré au fonctionnement habituel de notre économie, et qui donne parfois lieu à des situations d’exploitation particulièrement dures. Chercher à infliger des sanctions à ces travailleurs revient à les rendre responsable d’un état du marché du travail qu’ils subissent, et, en aggravant leurs conditions de survie, à entretenir les conditions mêmes du phénomène contre lequel on prétend lutter.

    Les « évidences », dont se réclame M. Sirugue, pour justifier sa préoccupation de la bonne moralité des pauvres, relèvent donc en fait de la plus pure tartufferie. Sous couvert du souci de distribuer « à juste droit » les aides sociales, il s’agit tout simplement de discipliner les pauvres, de limiter leurs ressources et de réduire leurs marges de manœuvre et leurs possibilités de résistance – au lieu d’oeuvrervéritablement pour une réinscription du travail dans les mécanismes de la solidarité, ce qui supposerait non pas de taper sur des travailleurs pauvres, mais de mettre en place les conditions d’un renversement du rapport de force sur le marché du travail.

    L’activation des bénéficiaires

    Le surcroît de contrôle imposé aux pauvres prend aussi la forme de programmes dits d’activation des « bénéficiaires », dont la forme la plus ordinaire est le chantage à l’allocation. En la matière, le rapport Sirugue se borne à énoncer une philosophie qui cache mal, sous une rhétorique mi humaniste, mi bureaucratique sa nature moraliste et ses tentations (au moins) coercitives. Mais on chercherait en vain une trace des preuves qui seront exigées des allocataires pour établir qu’ils se plient à leur « devoir de respecter le projet d’insertion », qu’ils réalisent leur part du « contrat ».

    On est donc réduit aux spéculations quant aux dispositifs dans lesquels les allocataires devraient s’inscrire si ces réformes étaient mises en œuvre. On peut pour s’en faire une idée se tourner vers les dispositifs existants, et se tourner, en particulier, vers les dispositifs mis en place sous l’égide du Pôle emploi : depuis la fusion des Assedic et de l’ANPE, celui-ci assume en effet de plus en plus une philosophie de la lutte contre le chômage comparable en de nombreux points à celle que M. Sirugue appelle de ses vœux pour les minima sociaux.

    Certaines catégories de chômeurs, en plus d’être « tenus d’effectuer des actes positifs de recherche d’emploi » (et d’en attester), se voient ainsi aiguillées vers toute une gamme de prestations qu’ils n’ont pas réellement le loisir de refuser, prenant la forme de multiples stages, censés les former à la formulation d’un « projet » et matérialiser sa mise en œuvre.

    Il convient de noter que le développement de ces politiques d’insertion est associé à la prolifération d’acteurs privés ou associatifs, prestataires de Pôle emploi, qui leur délègue ces actions, et passe avec eux des conventions basées sur des objectifs quantitatifs qu’il s’agit ensuite de remplir… Quitte à envoyer un peu n’importe qui n’importe où. Il y aurait de quoi investiguer, pour qui en aurait le temps et les moyens, les tenants et les aboutissants de cette nébuleuse, les profits qu’elle génère, ses liens avec les boites d’intérim, la place qu’y tient l’emploi précaire… etc. Sans oublier les dispositifs de « travail à l’essai » qui consistent purement et simplement en périodes de travail gratuit effectuées pour le compte pour de grosses entreprises. (http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/04/08/04016-20100408ARTFIG00015-plus-de-110000-chomeurs-testes-sans-etre-payes-.p Exemple chez Leclerc : http://rue89.nouvelobs.com/2013/10/05/travailler-six-semaines-gratos-leclerc-jai-craque-246275 )

    Il s’agit d’obtenir de la part de l’allocataire qu’il effectue des « démarches », qui, pour bon nombre d’entre elles, relèvent du gadget, de l’affichage, voire de l’impossible ou de l’absurde. C’est le cas, par exemple, lorsque des personnes se voient radiées des listes de demandeurs d’emplois sous prétexte qu’elles n’ont pas jugé pertinent de remplir ce formulaire illisible et mal conçu que Pôle Emploi appelle « CV en ligne », ou encore lorsqu’on envoie des prestataires privés exiger de personnes vivant isolées en zones rurales des preuves de leurs efforts pour « activer » leurs « réseaux », parfaitement inexistants. On a vu se développer récemment des prestations qui ont pu être dénoncées comme relevant d’un véritable harcèlement des chômeurs. Citons par exemple le cas des programmes activ’emploi et activ’projet. http://www.humanite.fr/pole-emploi-quand-le-prive-prend-les-choses-en-mains-602778

    Il y a tout lieu de craindre que l’appel de M. Sirugue à la « contractualisation » des obligations, et à l’extension de la « logique des droits et devoirs » ne vise l’extension de ce type de dispositifs à l’ensemble des allocataires de minima sociaux. Le stigmate qui consiste à traiter le pauvre comme s’il était responsable de la situation générale qui génère structurellement des situations de pauvreté n’est bien entendu pas nouveau. Mais, à travers le terme de « contractualisation », se déploie une politique qui entend donner à cette responsabilisation un degré de formalisation, d’individualisation et de systématicité tout à fait inédits. Reproduisant sous une forme grossièrement parodique la fiction qui consiste, dans les relations de travail, à présenter comme un contrat entre égaux le lien de subordination entre patron et salarié, le terme transforme la mission d’assistance d’une société qui génère la pauvreté en une dette personnelle de l’assisté vis-à-vis de la collectivité. On fait comme si le contexte économique dans lequel s’inscrivent les situations particulières n’existait pas ; on place l’allocataire dans un face à face individuel avec la collectivité comme s’il était en mesure de « contracter » librement avec elle. Mais surtout, on donne au vieux stigmate qui pèse sur le pauvre une force opérationnelle nouvelle, en se dotant des moyens d’exiger individuellement de chaque pauvre qu’il fasse la preuve (sur des critères choisis par l’autorité en place), de sa détermination et de sa capacité à payer la dette imaginaire qu’on fait peser sur lui en rejoignant le monde des « insérés ».

    Le rôle confié aux départements

    M. Sirugue met particulièrement en avant le rôle des départements dans ces dispositifs d’insertion, reproduisant ainsi une structure proche de celle issue de la fusion de l’ANPE et des ASSEDIC : en effet, si les CAF distribuent le RSA, ce sont les départements qui le financent, et ils participent, avec les CAF, au contrôle des allocataires. Les rôles de payeur, d’accompagnateur social et de gendarme sont ainsi de plus en plus concentrés dans un même acteur.

    Un enjeu qui traverse tout le rapport Sirugue est celui de la part qui doit leur revenir dans le financement du RSA et des obligations de l’Etat central à ce sujet. Ces considérations font écho au bras de fer engagé à ce sujet entre conseils généraux et Etat au sujet du financement du RSA. Cette question est loin d’être sans conséquence pour les allocataires. Ce n’est pas par hasard si l’on a vu au cours de l’année passée plusieurs départements mettre en place des dispositifs explicitement destinés à intensifier les radiations, par des méthodes de contrôle parfois particulièrement intrusives (contrôle des comptes bancaires, mise en place de commission d’enquêtes, revendication de la levée du secret professionnel pour les agents départementaux…) ; dans la sphère médiatique, cela s’accompagne de diverses sorties stigmatisant les allocataires et la « fraude sociale ».

    Le dispositif de recentralisation partielle du financement du RSA proposé par Manuel Valls, qui doit entrer en vigueur très prochainement entraine mécaniquement un intéressement des départements à faire baisser le nombre d’allocataires du RSA sur leur territoire, dans la mesure où la capacité des départements à faire baisser le nombre d’allocataires influerait positivement sur les dotations de l’Etat. Or, la proposition 4.3 du rapport propose précisément d’entériner ce type de logique d’intéressement des départements, en faisant entrer dans le calcul du financement des programmes d’insertion sur « le taux de sortie du RSA ». Autrement dit, plus un département réussirait à faire baisser le nombre d’allocataires, et plus il recevrait de financements. Rappelons que « sortie du RSA » n’est synonyme ni d’ « emploi (re)trouvé », ni de « sortie de la pauvreté ». La pression à la radiation (ou les efforts pour pousser les pauvres à déménager vers un autre département), risquent ainsi d’être amplifiés par les logiques budgétaires et le jeu entre Etat et départements.

    Les allocataires risquent ainsi de faire les frais du jeu entre Etats et départements, qui peuvent passer pour une tentative de l’Etat de se défaire du financement du chômage de longue durée, au profit des départements, tout en mettant en place des dispositifs incitatifs pour accélérer le développement des programmes d’insertion.

    Conclusion : la version « de gauche » d’un processus d’aggravation de la pauvreté et de reprise en main des plus pauvres

    Le principal retentissement médiatique du rapport Sirugue en avril dernier émanait de quatre associations humanitaires : ATD quart-monde, Emmaüs, la Fnars et le secours catholique. Celles-ci ont applaudi le rapport et appelé à la mise en place rapide des mesures qu’il propose. Cet unanimité, et l’absence ou la quasi absence de discours critique à gauche sur ces questions a de quoi questionner.

    Il est tout à fait clair que la complexité administrative des minima sociaux est un obstacle pour de nombreux allocataires ou allocataires potentiels. Cependant, les préconisations du rapport Sirugue dessinent donc une menace directe pour de très nombreux bénéficiaires des minima sociaux. Le procédé consiste manifestement à trier entre les bons pauvres, relativement épargnés (les handicapés, les couples), même si on ne va pas jusqu’à envisager de leur permettre de sortir de la pauvreté, et les autres, auxquels il serait légitime et même nécessaire de d’imposer un surcroit de contrôle : au double sens de la possibilité de vérifier leur situation grâce à la rationalisation de l’accès à leurs informations personnelles d’une part, et, d’autre part, de programmes visant à influencer leurs comportements et leur mode de vie, par le jeu de l’étranglement financier et de programmes fondés sur la crainte de perdre l’allocation et la soumission au marché du travail.

    De ce point de vue, la restructuration proposée dans son troisième scénario est assez exemplaire. A travers l’allocation socle, un guichet d’entrée unique dans les dispositifs de protection, centralisé par l’Etat, pourra assurer la collecte exhaustive et homogène des données sur les pauvres, tout en ne leur offrant l’accès qu’à une aide insuffisante pour subvenir à leurs besoins vitaux. Les départements prendront alors le relais, sur le volet « activation », en octroyant un complément ne permettant nullement de sortir de la pauvreté, tout en imposant aux allocataires l’entrée dans un dispositif « contractuel » visant à le soumettre à la logique du marché de l’emploi telle qu’interprétée par le payeur et par les gadgets plus ou moins incantatoires développés par ses prestataires, et à faire de lui le responsable (sinon le coupable) principal de sa propre situation.

    Les menaces que fait craindre ce rapport concernent en premier lieu les montants d’allocation. Quel que soit le scénario retenu, si certains allocataires peuvent compter sur une amélioration, très modeste pour ceux qui ont des enfants, la majorité des hypothèses aboutissent à des pertes parfois très élevées.

    Il nous semble important de souligner également que, bien que cela ne soit jamais explicite, les parents isolés, qui connaissent pourtant déjà des difficultés aiguës, sont particulièrement menacés par le rapport, et en particulier par le troisième scénario : si les mesures qu’il préconise venaient à être adoptées, les personnes élevant seules leurs enfants devraient faire face à une baisse considérable de leurs ressources. Il s’agit pourtant d’un problème massif, tant il est vrai que le RSA est l’horizon de nombreuses femmes en cas de séparation (en 2015, tandis que l’INSEE recense 1,75 millions de familles monoparentales, dont 1,48 millions de femmes ayant la garde de leurs enfants, la DREES dénombre 0.65 millions de femmes avec personnes à charge dépendantes du RSA socle et/ou activité). De telles mesures viendraient donc clairement accroitre les phénomènes de dépendance économique à l’égard du conjoint – ce qui démultiplie évidemment les difficultés dans le cas où ce conjoint serait abusif et/ou violent.

    Enfin, il y a lieu de s’alarmer de ce que peut cacher la volonté de développer « l’insertion », sous la forme d’obligations à respecter un « contrat d’insertion », sous peine de se voir retirer tout ou partie de l’allocation. La logique inhérente à de tels dispositifs aboutit à considérer que la responsabilité de sa situation pèse sur le chômeur ou le pauvre, et non sur le marché de l’emploi ou l’inadaptation du dispositif d’insertion proposé, puisqu’en cas d’échec ou de difficulté, la réponse dessinée par la philosophie du rapport consiste non pas à renvoyer le dispositif à ses insuffisance, mais à diminuer ou suspendre les allocations. C’est ainsi aux pauvres de payer l’impuissance des dispositifs sociaux, et d’assumer individuellement la responsabilité des politiques et des mécanismes structurels qui alimentent leurs effectifs. La formule proposée par M. Sirugue, qui se présente comme un « droit opposable » à bénéficier… de l’obligation de respecter des obligations, est à cet égard particulièrement éloquente.

    A cet égard, on peut se demander de ce que signifie l’apparition du terme « lutte contre le non recours » dans le vocabulaire de gouvernement : le terme a d’abord fait irruption dans l’espace médiatique pour répondre au discours droitier qui stigmatise « l’assistanat », « la fraude aux aides sociales » et leur coût supposé pour la collectivité. A quoi les associations humanitaires et les organisations de gauche répondent – c’est désormais un lieu commun – que la fraude des contributeurs est, de très loin, plus importante que celle des bénéficiaires et que le phénomène marquant, concernant ces derniers, est le « non recours », bien plus que l’abus.

    Dès lors, il semble que les politiques de droite comme de gauche cherchent à se montrer réceptifs à ce discours, et intègrent la « lutte contre le non recours » et « l’accès aux droits » à leur agenda aussi bien qu’à leur communication. La droite sénatoriale a ainsi proposé une loi visant à « améliorer l’accès au droit et à lutter contre la fraude sociale ». La mention de l’accès au droit est purement cosmétique puisque la proposition ne contenait aucune disposition visant à améliorer l’accès aux droits : il s’agit donc d’invoquer deux principes apparemment complémentaires – accès au droit et lutte contre la fraude – pour faire montre d’une équité purement formelle et légitimer une politique

    Dans le cas du rapport Sirugue, il nous semble manifeste que le terme de « lutte contre le non recours » sert à éviter de nommer par son nom une politique fondée sur la convergence entre 1. l’accès des les organismes à une quantité croissante d’informations personnelles des allocataires 2. l’automatisation de l’inscription de ces derniers dans les dispositifs (et, corolairement, de la sortie des dispositifs dès que les conditions ne sont plus remplies) 3. le développement de contraintes de plus en plus pesantes conditionnant le versement des allocations.

    On peut penser que ce rapport donne à voir la version « de gauche » d’un projet politique de reprise en main de la pauvreté. Il apparait exemplaire d’un un certain nombre de stratégies de justification et se veut relativement mesuré dans ses propositions – et de fait, le deuxième scénario traite la question moins sévèrement que ne le préconisait la cour des comptes. L’éphémère proposition de loi sur la fraude sociale de la droite sénatoriale donne un aperçu de ce que pourrait être une formulation plus explicite de la philosophie des politiques que nous pourrions voir se déployer dans les prochaines années.

    #flicage #guerre_aux_pauvres

    • les prochaines réformes inspirées de la loi Sirugue (relevé sur twitter) https://twitter.com/reventoline/status/1114282640369233921
      Terra Nova, ou de l’art doucereux de soutenir à fond les réformes néolibérales du Gouvernement – ode à la loi Avenir Pro et sa réforme chômage bientôt articulée avec le RUA – en faisant mine de s’en inquiéter un peu pour la forme et au nom "des plus fragiles", so émouvant :)
      https://twitter.com/g_allegre/status/1113793736373407744
      Sur le projet du gvnmt de création d’1 allocation chômage longue durée et son articulation avec les minima sociaux : la mise en place du RUA est la "meilleure opportunité", mais ‘tention, faut être particulièrement attentif aux effets sur des ménages particulièrement fragiles"...
      ... et "le gouvernement devrait se garder de mettre en place une nouvelle allocation (…) et se contenter de travailler à une meilleure articulation entre assurance-chômage et prime d’activité." Ca tombe bien, c’est aussi le projet du gvnmt ds son optique de système à 2 jambes :
      un nouveau régime de solidarité sur le modèle du RSA (suppression-refonte de l’ASS) et un régime général sur le modèle du bonus individuel de la prime d’activité (avec mise en place de coeffs qui avantagent ceux qui travaillent le +). Tant de connivence c’est trop beau ! :)
      A ce sujet, la note de TN confirme mon interprétation de la demande d’amélioration de l’articulation entre assurance et solidarité" du doc de cadrage via la création d’1 nvelle alloc comme remplacement de l’ASS sur le modèle du RSA…
      https://twitter.com/reventoline/status/1103440498293907458
      ...et l’instauration d’1 système d’indemnisation à 2 jambes à l’allemande de type Hartz IV (en attendant le financement complet par l’impôt). La nouvelle alloc chômage longue durée serait bien vouée à être fusionnée aux autres minima (+ APL et Prime d’activité) ds le futur RUA


      – auquel Terra Nova semble également vouer un amour aussi bouleversant qu’à la loi Avenir Pro, ossature de la réforme chômage. Rappel : éforme chômage et Plan Pauvreté sont liés, au moins notre think thank en mode "jambe gauche" de Macron l’a t-il compris. http://tnova.fr/system/contents/files/000/001/733/original/Terra-Nova_Reformer-assurance-ch%C3%B4mage_040419.pdf?155436557
      Terra Nova cite le rapport de l’Igas déjà partagé ici sur les « Scénarios de réforme de l’allocation spécifique de solidarité »…qui présente 2 scénarios : suppression pure et simple de l’ASS et refonte-RSAïsation. C’est pr ce dernier qu’a opté le Gvnmt.
      https://twitter.com/reventoline/status/1103444576151502849
      Sur la réforme des règles de cumul et le bonus-malus, notre sémillant think thank cite également cette note capitale du Conseil d’analyse économique (de Pierre Cahuc et Corinne Prost) qui a inspiré la future réforme d’indemnisation, également partagée ici
      https://twitter.com/reventoline/status/1111603196898828293
      C’est fou on a les mêmes références avec Terra Nova :) mais là où je les affiche comme sources d’inspiration des réformes néolib du gvnmt, Terra Nova s’en revendique et pense qu’il faut agir "dans la droite ligne des conclusions de [ces] différents travaux"...
      ... mais "en veillant" aux plus fragiles, tu vois :) C’est "En Marche" (et même "en courant") mais "en veillant", c’est plus social-soucieux ds la forme quoi :) L’équivalent d’Emelien & des cerveaux creux de Macron jusqu’au style mon dieu ce style…
      ... difficile d’extraire l’os des propositions de cette floconneuse gangue de vent. 99% de blabla indigeste.
      Sur les règles d’indemnisation au cumul : "Des évolutions ont d’ores et déjà été apportées, notamment dans l’accord d’assurance-chômage d’avril 2017. Mais il faut sans doute aller plus loin" (le Gvnmt ne dit pas autre chose)... mais aller plus loin "en veillant toutefois...
      ... à ce que les mesures mises en œuvre prennent en compte la situation très fragile de certains demandeurs d’emploi."
      Hihihi "aller plus loin" mais "en veillant" aux "fragiles", c’est impossible mais si mignon dans l’intention. #non
      Autre proposition-doublon de Terra Nova (piquée à Pierre Cahuc, auteur de la note du CAE plus haut et d’1 article édifiant ds Les Echos intitulé "les trois plaies de l’assurance chômage" https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/030877709468-les-trois-plaies-de-lassurance-chomage-2131098.php , hélas plus disponible en ligne, vous avez raté quelque chose :) :
      instaurer une durée de cumul limitée à 1 an – "douze mois pourrait être une durée pertinente" – c’est fou c’est encore exactement le projet du Gvnmt. (j’insiste car y’a encore des gens pour croire que Terra Nova est de gauche, mythe aussi tenace que celui de la jambe G de Macron)
      De même la compensation de cette limite par un cumul qui rapporterait davantage ds certains cas ou sur un certain temps est aussi un projet du gvnmt (et c’est ds la note du CAE). Idem pr la mise en place d’une modulation des cotisations chômage (bonus-malus) compensée...
      ... par la prise en compte du critère du secteur d’activité, c’est exactement non pas le projet mais le contenu d’un article de la loi Avenir Pro – car oui, il faut arrêter avec le suspense et le faux affrontement Gvnmt-Patronat autour du bonus-malus, le principe de modulation
      ...des cotisations des entreprises (minoration ou majoration) en fonction du nombre de fins de contrat de travail donnant lieu à une inscription à Pôle Emploi est D ÉJA prévu et inscrit ds la loi Avenir Pro (Section 2 : "Lutter contre la précarité et la permittence", art. 52)...
      ..de même que le critère du secteur d’activité : tout est déjà écrit, y’a plus qu’à en fixer les modalités par décret. Que les médias lisent donc les lois en détail, ils raconteront moins de conneries.
      Y’a encore plus hallucinant et impardonnable que la comédie jouée par le gouvernement et le patronat alors que les jeux sont faits : c’est l’ignorance du contenu de cette loi majeure, ça n’en finit pas de m’étonner…#nonenfait
      Cette mise en scène d’1 faux bras de fer où on dirait que le Gvnmt c’est Robin des Bois – "peu importe les états d’âme du patronat, l’exécutif considère que ce bonus-malus est 1 marqueur politique important et qu’il doit dc le mettre en place" (HAHAHAHA).
      https://twitter.com/gabfd/status/1112594450730098688
      "Le bonus-malus ne figurait pas dans la feuille de route des négociations syndicales" (BFM), "le gouvernement a pris soin de ne pas écrire noir sur blanc les mots de " bonus-malus" ds la lettre de cadrage pr la négociation adressée aux partenaires sociaux." (Les Echos, oct. 2018)
      Ben non pas besoin de l’inscrire noir sur blanc qd on a déjà 1 article du code du travail qui expose les cas où le tx de cotisation peut être "minoré" ou "majoré" et qu’il suffit de le modifier en ajoutant à la liste le nombre de fin de contrats donnant lieu à 1 inscription PE.
      Apprenez-donc que l’article 52 de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 sept. 2018 (Section 2 "Lutter contre la précarité et la permittence") a modifié l’article L. 5422-12 du code du travail en ajoutant dans la liste des critères pouvant donner lieu..
      … à une minoration ou majoration du taux de contribution de l’employeur le "nombre de fins de contrats de travail et de contrats de mise à disposition" donnant lieu à inscription sur la liste des demandeurs d’emploi, avec prise en compte du secteur d’activité de l’entreprise.

      Il s’agit dc des cdd et des "contrats de mise à disposition" (ceux établis entre l’entreprise de travail temporaire et l’entreprise utilisatrice), les contrats de mission ne sont pas concernés.
      Et t’as vu ? Ca parle de bonus-malus sans dire « bonus-malus » dis-donc ! Incroyab’ ! C’est pas écrit en lettres d’or "BONUS-MALUS" dc les médias n’y ont vu que du feu (qui ignorent visiblement jusqu’à l’existence de cette modification en fait, faute d’avoir lu la loi).
      La lire leur aurait évité de gloser et spéculer vainement sur le sujet puisque les jeux sont déjà faits depuis cet été, et ça leur aurait permis de dénoncer la comédie du gvnmt sur ce point comme sur tous les autres exposés ds le doc de cadrage - unique objet des regards bornés..
      ...avec les petites phrases de l’agenda gouvernemental genre "Personne ne nous a proposé à ce stade une meilleure solution que celle du bonus-malus" (Edouard Philippe, comme s’il y avait choix et débat mdr...), ça leur aurait évité aussi de tomber des nues en décembre au moment..
      ... du décret sur le contrôle et sanctions des chômeurs (qui étaient déjà ds la loi depuis 4 mois) avec des cris d’orfraie – « Cay plus dur que prévuuu ! », bah non, baltringue c’était prévu. Le doc de cadrage a formulé des "demandes" purement rhétoriques aux partenaires sociaux
      .... piégés ds cette mascarade de convention imposée par la loi qui avait aussi prévu de reprendre la main par décret : TOUT. EST. DEJA. DANS. LA. LOI. Y compris le bonus-malus. Eh oui.
      Il est également écrit noir sur blanc ds le PLF 2019 qu’« afin de lutter contre la précarité de l’emploi et la permittence, la loi [pour la liberté de choisir son avenir professionnel] prévoit que les taux de contribution des employeurs puissent être modulés en fonction du coût..
      ... financier induit sur l’assurance chômage. Ce dispositif, en vigueur notamment aux États-Unis, doit permettre de favoriser des trajectoires d’emploi plus longues et inciter les employeurs à se soucier encore davantage de l’employabilité future de leurs salariés. »
      Encore des gens qui parlent du bonus-malus même si y’a pas le mot écrit en gros dis-donc, faut souligner au stabilo pour qu’on arrête de parler de "bras de fer" avec le Patronat et poser le gouvernement en vaillant et intraitable chevalier de la lutte contre la précarité ?
      C’est pas une vraie mesure de lutte contre la précarité en plus, seulement de lutte contre certains chômeurs. Le Gouvernement en a RAF que tu sois précaire – genre en cdd d’1 an au smic à temps partiel forcé – si tu lui coûtes pas ou beaucoup moins d’allocs chômage.
      Et le Patronat a obtenu (depuis longtemps, et entre autre comme le cdd de remplacement multi-salariés sur amendement proposé par Aurélien Taché, aujourd’hui article 53 de la loi Avenir Pro) que des secteurs d’activité échappent à la mesure.
      Sur l’introduction ds l’article L. 5422-12 du code du travail, en plus du nombre de fins de contrats, du critère du secteur d’activité pour la modulation des cotisations, des députés avaient saisi le CC au motif qu’il méconnaîtrait le principe d’égalité, en vain.
      Tjs dans la section "Lutter contre la précarité et la permittence" et concernant les contrats de remplacement, l’article 53 de la loi Avenir Pro introduit "à titre expérimental" sur une durée d’1 an et par dérogation aux limites de recours à un salarié en cdd ou intérimaire...
      ... la possibilité de remplacer plusieurs salariés (et non plus seulement un) avec un seul cdd ou un seul contrat de travail temporaire dans des secteurs définis par décret. #AvenirPro #Article53

      Actuellement, un CDD ou 1 contrat de travail temporaire ne peuvent remplacer qu’un seul salarié absent, et pour une tâche précise. En cas d’absence simultanée (même à temps partiel), il faut obligatoirement conclure un CDD par personne remplacée sous peine de voir le contrat...
      ...requalifié en CDI aux prud’hommes (cela arrive souvent, et la loi Avenir Pro prémunira désormais les entreprises contre ce risque). De même pr remplacer plusieurs salariés absents sur des périodes différentes, l’entreprise ne peut conserver le même salarié qu’à conclure...
      ... à chaque fois un autre contrat de travail. Elle pourra désormais n’en établir qu’un seul.
      Un rapport d’évaluation doit être remis par le gouvernement au Parlement avant le 1er juin 2021. But : évaluer l’impact de cette expérimentation sur la fréquence et la durée de recours..
      ... aux cdd courts et contrats d’intérim, étant précisé par ailleurs que le but n’est nullement « de pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise ».
      Cela n’a pourtant rien d’une mesure anti-précarité mais d’un moyen de limiter le nombre..
      ... et la fréquence des inscriptions et recours au cumul à Pôle Emploi.
      Le député Aurélien Taché à l’origine de l’amendement avait d’ailleurs fait valoir comme motif le pb d’une jurisprudence augmentant mécaniquement le nbre de CDD, notamment de courte durée,..
      "dont la fin est la plus coûteuse pour l’assurance chômage".
      Le début de l’expérimentation était prévu au 1er janvier 2019, mais le décret d’application n’a toujours pas été publié.