Préférence nationale : quand le FN avance masqué

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    Ce que le FN veut mettre en place aujourd’hui n’a strictement rien à voir avec ce qui se pratique actuellement.

    Aujourd’hui, les employeurs français doivent déjà s’acquitter d’une taxe auprès de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). C’est ce qu’évoque Marine Le Pen lors de l’extrait ci-dessus. Cette taxe a concerné 36 000 travailleurs en 2015 (pour 31 millions d’euros). Cette taxe concerne effectivement les étrangers non-communautaires, puisque les Européens bénéficient de la liberté de circulation.

    Mais la grande différence avec ce que veut mettre en place le FN ne se situe pas là. La taxe actuelle est versée uniquement lors de la première entrée en France de cet étranger ou lors de sa première admission au séjour en qualité de salarié. Le FN souhaite, lui, mettre en place une mesure s’appliquant pour « toutes les embauches » et « tous les étrangers », y compris ceux présents en France. Si l’employeur d’un étranger en CDI ne devra pas payer de taxe rétroactive (pour un étranger déjà en poste), tout employeur embauchant un étranger (qu’il vienne d’arriver ou qu’il soit déjà résidant en France) s’acquittera donc de la taxe du FN. Ce qui change évidemment tout. Le projet du FN concerne donc potentiellement les quelque 1,7 million d’étrangers actifs en France, quand ils prendront un emploi ou en changeront. Bien au-delà de la taxe actuelle versée à l’Ofii, qui a donc concerné 36 000 immigrés en 2015.

    Ajoutons que le montant de la taxe souhaitée par le FN n’a rien à voir non plus avec ce qui se pratique aujourd’hui. Versée une fois, elle varie de quelques dizaines d’euros à 55% du salaire mensuel brut (dans la limite de 2,5 smic) pour un contrat supérieur à douze mois avec un salaire supérieur à 1,5 smic. Le parti frontiste souhaite mettre en place une taxe d’un montant bien supérieur, puisque équivalent à 10% du salaire mensuel brut par mois. Soit un treizième mois. Un étranger présent en France depuis des années cherchant un emploi ou souhaitant en changer coûtera donc 10% de plus par mois à son éventuel nouveau patron. Un montant fortement dissuasif.

    Au final, la taxe frontiste n’aura pas pour seul (éventuel) effet de limiter l’immigration économique (qui pèse une partie marginale du flux migratoire) : elle devrait surtout contribuer à compliquer l’accès à l’emploi des étrangers résidants en France, en situation régulière, et qui connaissent déjà un chômage supérieur à celui des Français.

    #Linfiltré #PhoneStories #FN #Préférence_nationale