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  • Mais pourquoi donc faut-il sauver le soldat Blanquer ?
    Par Christian Lehmann, médecin et écrivain
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/31/mais-pourquoi-faut-il-sauver-le-soldat-blanquer_1818888

    Le coût social et psychique du confinement est énorme, nous dit-on. Ces explications pourraient être entendues si le gouvernement et son administration faisaient tout pour éviter d’en arriver là. Mais un an après le démarrage de cette pandémie, nous sommes toujours à la traîne : les tests salivaires ne sont pas autorisés en France, le traçage est réduit à sa plus simple expression, les informations sur l’aérosolisation sont à peine évoquées. Et rien n’est fait dans le secteur scolaire pour sécuriser les établissements : ni autotests ni information claire aux familles ni consignes d’aération cohérente ni protocole adapté. Il a fallu ferrailler pendant des mois pour obtenir de masquer les élèves pour les protéger ainsi que les personnels, mais Jean-Michel Blanquer s’entête à inventer un monde merveilleux dans lequel son protocole sanitaire de Schrödinger, qui empile des mesures floues à mettre en place « dans la mesure du possible », règle le problème. Arc-bouté sur des sociétés savantes de pédiatrie incapables de se dédire, le ministre laisse flamber l’épidémie et feint de croire que ceux qui alertent sont des ayatollahs inhumains inconscients du risque éducatif pour les enfants.

    On ne reconfinera pas tout de suite, mais Emmanuel Macron choisira probablement la fin de la semaine, qui correspond, oh quel hasard, au début des vacances scolaires. Manière de continuer à prétendre que les établissements scolaires ne participent en rien à la diffusion de l’épidémie. J’en viens à me demander quelles vidéos compromettantes possède le ministre, et pourquoi il est si important de sauver le Soldat Blanquer et la réalité alternative dans laquelle il semble vivre.

    Une semaine après une nouvelle journée de grève des personnels, Ariane Deboise, 47 ans, professeure des écoles à Ivry-sur-Seine et représentante syndicale, a voulu témoigner de ce qui se passe en milieu scolaire :

    « C’est écrit noir sur blanc dans le protocole sanitaire : les enfants à l’école primaire ne sont jamais considérés comme cas contacts. Une amie reçoit un mot dans le carnet de liaison de sa fille. " Il nous a été signalé un cas confirmé de Covid-19 au sein de la classe. Votre enfant n’est pas identifié, à ce stade, comme contact à risque." "C’est une blague ?, me demande-t-elle. Ma fille est en moyenne section, ils ne portent pas de masques, ils passent leur temps à léchouiller des trucs et à se léchouiller les uns les autres, malgré tous les efforts de la maîtresse. Comment peut-elle ne pas être cas contact ? C’est une blague ? " »

    « Non, ce n’est pas une blague. Le Haut Conseil de Santé publique estime "qu’il n’y a pas lieu de considérer comme contact à risque un enfant de moins de 11 ans ayant eu un contact avec un adulte testé positivement Covid-19 qui porte un masque grand public de catégorie 1 (comme ceux fournis par le ministère de l’Éducation nationale, ndlr), ni un autre enfant de moins de 11 ans testé positivement Covid-19, bien qu’il ne porte pas de masque ». Le HCSP souligne en effet dans cet avis que "les enfants jeunes sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la chaîne de transmission du Sars-CoV-2". Circulez, il n’y a rien à voir. "En conséquence, dans le premier degré […] l’apparition d’un cas confirmé parmi les élèves n’implique pas que les autres élèves de la classe soient identifiés comme contacts à risque."

    « Cette mauvaise blague a été réitérée à l’envi dans la plupart des écoles de France, et ce courrier reçu est une déclinaison d’un courrier type proposé par notre hiérarchie. J’explique à mon amie les alertes que nos syndicats lancent depuis des mois maintenant. Mais la priorité c’est de laisser les écoles ouvertes, à n’importe quel prix, alors que parfois la moitié d’une équipe d’encadrants est positive. Les parents se débrouillent comme ils peuvent, en prenant une journée, ou en faisant garder leurs enfants, pour ne pas surcharger les classes qui restent ouvertes, sans aucun justificatif pour s’absenter de leur emploi, puisque l’établissement reste ouvert et prétendument en capacité d’accueillir.
    « Découragés »

    « L’absence de traçage dans les écoles n’est pas le fait d’une absence de moyens, mais bien d’une décision politique. Dans l’école où je travaille, nous nous étions organisés depuis la rentrée de septembre : les enfants mangeaient à la même table, les animateurs notaient les tablées quand il y avait des modifications, nous faisions respecter la distance en sport, et, en gros, nous aurions pu tracer les contacts des enfants, avec une petite marge d’erreur peut-être, mais disons de manière globalement satisfaisante. Travail important, contraignant pour les enfants comme pour les adultes qui les encadrent. Arrive le premier cas positif… pas de traçage. Le deuxième ? Pas de traçage non plus. Les suivants ? Idem. Nous nous sommes découragés. A quoi bon ? Après tout, peut-être avaient-ils raison, les enfants étaient peut-être très peu contaminants, c’est le discours martelé par les pédiatres après tout, pourquoi être plus royalistes que le roi… Et pourtant nous étions nombreux à être mal à l’aise vis-à-vis des familles. C’est l’étrange méthode Coué de Blanquer : répéter comme un mantra que l’école n’est pas un lieu de contamination, quitte à tordre les chiffres dans tous les sens, et à évacuer ceux qui gênent, ne nous convainquait guère.

    « La blague était déjà mauvaise, elle devient sinistre. La présence des variants anglais et sud-africains sur notre territoire et les déclarations d’Alain Fischer, le monsieur Vaccin du gouvernement, sur la nécessité de vacciner les enfants, n’ont rien fait bouger du côté du ministère. Plus de sport en intérieur, certaines règles optionnelles pour la restauration devenues obligatoires, soit. Mais le traçage ? Rien n’a changé. Même pas a minima une information claire envers les familles.
    A vomir

    « Mon amie a une oreille attentive, alors je raconte. Je raconte les appels affolés lors de nos permanences syndicales, la colère des collègues, le surnom donné à l’un de nos permanents syndicaux, Clusterboy, je lui lis ce message, reçu dans la journée : "Je suis positive depuis jeudi dernier. Ma directrice a appelé l’inspectrice qui lui a dit que j’étais irresponsable. Pourtant je me dévoue corps et âme à mon métier, nous avons une maîtresse absente depuis fin décembre, nous récupérons ses élèves et nous montons parfois à 40 dans ma classe. Un des élèves répartis dans ma classe était positif au Covid. Depuis vendredi, trois enseignantes sont positives ou cas contact. Le directeur du centre de loisir est positif, ainsi que trois animateurs et deux ATSEM. Le maire souhaite fermer l’école, mais l’inspectrice toujours pas. Le mot d’ordre, c’est se taire, ne pas fermer les écoles pour ne pas faire exploser les chiffres. La santé, ils s’en foutent. C’est à vomir. " »

    « Je raconte aussi le cas de cette enseignante, qui reçoit un SMS de l’assurance maladie lui demandant de s’isoler, mais qui ne s’isole pas et assure la classe, parce que du point de vue du médecin de l’éducation nationale et de notre inspecteur, le risque de contamination, sur son lieu de travail, n’est pas avéré. Ce n’est pas, me confirme mon inspecteur en audience syndicale, à la caisse nationale d’assurance maladie de déterminer qui est cas contact dans les écoles : nous dépendons de la cellule dédiée à l’inspection académique. Dommage que le virus ne soit pas au courant.
    Deux règles

    « Et comme nous travaillons avec des personnels municipaux ou des intervenants extérieurs, deux règles, la règle commune et celle de notre administration, se heurtent parfois. Cette administration est, en quelque sorte, juge et partie. Comment lui faire confiance ? En pratique, les enseignants vont se faire tester, même lorsqu’on leur dit qu’ils ne sont pas cas contacts. Ils savent bien que dans la plupart des écoles, nous mangeons ensemble… à distance, certes, mais pas toujours, et pas toujours dans des pièces aérées. De nouvelles consignes sont tombées récemment : elles nous enjoignent à manger en quinconce, à plus de deux mètres d’écart, et en moins de 15 minutes, fenêtres ouvertes – ou, à défaut, dans nos classes. Je ne les remets pas en cause, elles sont sans doute justifiées. Reste à espérer que par la magie de l’effet performatif de la note de service, elles ne permettent pas d’évacuer tout bonnement la question des cas contacts entre enseignants – puisque nous ne sommes pas supposés, par définition, les enfreindre.

    « Comme le signale le SNUIPP-FSU, le syndicat majoritaire dans le premier degré, dans un courrier au ministre de la Santé : "A l’heure actuelle, l’éviction et l’isolement des personnels qui ont été en contact avec un cas positif reposent sur les instructions des autorités locales de l’éducation qui ont aussi à charge d’assurer la continuité du service. Cela peut se traduire parfois par des refus de placement à l’isolement, ce qui est en totale contradiction avec la stratégie nationale relative à la rupture des chaînes de contamination… Les règles de cas contacts au sein de l’Éducation nationale doivent être les mêmes que dans le reste de la société. "

    « Alors oui, tracer les enfants, cela signifierait fermer la classe pour une semaine dans une école maternelle. Personne ne le souhaite. Mieux tracer les cas contacts entre adultes, en prenant en compte la réalité de la vie des personnels, par une autorité de santé indépendante, ferait fermer des classes. Beaucoup, sans doute, et cela pèserait sur l’ensemble de la société. Mais à Noël, dans ma chambre, en tête à tête avec ma part de bûche et le résultat positif de mon test, face à la pile de livres dont, positive asymptomatique, j’allais profiter pendant une semaine de paresse forcée, je me suis demandée jusqu’où ce virus invisible, qui avait transité par moi à mon insu, sans doute depuis l’école, avait diffusé parmi ces gens que je vois tous les jours dans le quartier, qui il allait heurter de plein fouet, et quels deuils il allait peut-être engendrer. »

    Christian Lehmann médecin et écrivain

    • @marielle —> l’article complet si jamais.

      Confinement repoussé : l’histoire secrète de la décision surprise de Macron

      Malgré la forte menace de rebond épidémique, le chef de l’État espère encore pouvoir éviter de mettre à nouveau le pays sous cloche.

      Ça va faire juste. Il est déjà 19 h 30 vendredi soir lorsque le Conseil de défense s’achève. Il faut prévenir les Français. Leur expliquer ce que le président de la République a décidé au terme d’une semaine de suspense sur l’instauration d’un troisième confinement. La menace d’un rebond de l’épidémie de Covid-19 est forte, surtout depuis l’apparition de mutants du virus, plus contagieux, peut-être même plus dangereux. Le pays s’attend au pire.

      Jean Castex n’a que très peu de temps pour rédiger sa déclaration. Surtout s’il veut avoir une chance « d’accrocher les 20 heures » - selon l’expression consacrée pour les journaux télévisés du soir -, et capter l’intérêt des Français avant le week-end. Le premier ministre et son directeur de cabinet, Nicolas Revel, ne prennent même pas le temps de sortir du salon Murat où s’est déroulé le Conseil de défense sanitaire. Sur la table autour de laquelle s’est tenue la réunion confidentielle d’une heure et demie, les deux hommes prennent la plume. Ils ont moins d’une heure pour rédiger l’allocution que le chef du gouvernement va prononcer dans le Salon d’hiver de l’Élysée. L’exercice est toujours risqué. Il faut trouver les bons mots, ceux qui ne laissent planer aucune ambiguïté. Jean Castex reste hanté par sa prestation ratée du 11 septembre dernier, lorsqu’il avait convoqué une caméra dans la cour de Matignon… pour ne rien annoncer.

      Alors cette fois, il prend son temps. Il hésite, il rature, il réécrit. L’heure tourne, et le texte n’avance pas beaucoup. Ça n’est pas encore la panique, mais ça pourrait finir par y ressembler. Soudain, cinq renforts inespérés viennent lui prêter main-forte. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, ainsi que ses collègues Bruno Le Maire (Économie) Gérald Darmanin (Intérieur), Élisabeth Borne (Travail), et Gabriel Attal (porte-parole), apparaissent au-dessus de ses épaules. Ensemble, le petit commando s’attelle à l’élaboration d’une déclaration lapidaire, qui durera moins de 5 minutes montre en main. Le message essentiel tient en quelques mots : « La question d’un confinement se pose légitimement […], (mais) nous pouvons encore nous donner une chance de l’éviter . »

      En une phrase, Jean Castex lève le suspense qui hantait l’esprit des Français depuis près d’une semaine. Non, le pays ne sera pas remis sous cloche ni à l’arrêt, comme tout semblait pourtant porter à le croire. Le premier ministre lui-même avait d’ailleurs fini par s’en convaincre.

      Devant les présidents de groupes parlementaires, jeudi, l’ex-haut fonctionnaire passé par le ministère de la Santé dépeint une situation apocalyptique. D’où son étonnement lorsque, avant le Conseil de défense, durant son entretien en tête-à-tête avec Emmanuel Macron, ce dernier lui indique qu’il a tranché en faveur d’un couvre-feu renforcé. « Le président avait bien décortiqué le dossier : si le variant flambe au Royaume-Uni, c’est que le pays n’avait pas adopté les mêmes restrictions que nous cet automne. Jean Castex a été surpris, certes. Mais avant d’aller devant les caméras, une chose est sûre, il était convaincu » , jure un proche du premier ministre. « Tout le monde est aligné derrière cette décision, il n’y a pas de voix dissonantes » , promet un membre du gouvernement.

      Dans le huis clos du Conseil de défense, pourtant, le ministre de la Santé, Olivier Véran, et le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, plaident pour un reconfinement. Le chef de l’État tente de rassurer les tenants d’une ligne ferme sur le sanitaire. « Soyons très clairs : je ne prendrai jamais le risque que les hôpitaux trient leurs patients. » Il tient bon. Comme à l’époque du déconfinement. Contre l’avis de Jérôme Salomon et de son premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, le président avait bataillé pour rouvrir les écoles dès le 11 mai. « Il reste marqué par cet événement » , fait savoir un proche.

      Toute la semaine, Emmanuel Macron a hésité. Malgré la pression entretenue par les milieux médicaux, malgré les exemples étrangers, malgré l’alarmisme du gouvernement, le président de la République ne sent pas ce troisième confinement. Trop tôt. Et puis il y a quelque chose qui cloche.

      Depuis quelques jours, le taux d’incidence reste presque plat. On lui avait expliqué qu’il devait monter. Il y a les variants aussi. Comme prévu, ils augmentent. Mais pas aussi fort que redouté. Et dans les analyses des eaux usées, il n’y a pas autant de traces de Covid que prévu.

      Dans le bureau d’angle où il travaille, Emmanuel Macron lit et relit les données, discute encore et encore avec ses proches conseillers, appelle encore et encore son premier ministre et son ministre de la Santé, sonde le monde médical, des spécialistes de la jeunesse, des psychologues, des médecins de terrain français et étrangers, le monde économique, des préfets, des élus locaux. Il hésite. « Le confinement n’est une option qu’à partir du moment où il n’en reste aucune autre », résume un proche du chef de l’État.

      Dans son entourage, les membres les plus politiques de sa garde rapprochée - François Bayrou, Christophe Castaner, Stéphane Séjourné - le mettent en garde : un reconfinement à titre « préventif » sera très difficile à expliquer, et donc à faire accepter. « Je suis inquiet du risque de désobéissance civile, de la résistance de certaines professions » , confie Castaner, en petit comité. « Si on peut éviter de mettre un pays sous cloche, alors il faut l’éviter » , approuve son allié François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau, qui plaidait mardi sur France Inter pour la « recherche d’équilibre » . Et puis il est possible de renforcer d’autres outils, comme les contrôles sur la voie publique, dans les restaurants qui accueillent des clients clandestinement, aux frontières.

      En Conseil de défense mercredi dernier, Emmanuel Macron demande des données complémentaires sur les variants, la stratégie vaccinale en Israël… Le confinement n’est pas inéluctable, il reste un trou de souris pour l’éviter. « Personne ne veut revivre le printemps dernier », résume un participant. Alors Emmanuel Macron tranche. Ce ne sera pas pour cette fois. « Une décision de courage et d’intérêt général », vante un proche du président, qui a été associé à l’ensemble des réflexions sur le sujet. « J’ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble », a, quant à lui, sobrement commenté Emmanuel Macron sur son compte Twitter samedi.

      Convaincu que son arbitrage, dont il revendique lui-même « l’audace », peut se révéler payant, le chef de l’État mise désormais sur la responsabilité de chacun. Selon lui, seuls les efforts de tous pourront permettre de gagner la bataille contre le virus. Après tout, les Français ont célébré les fêtes de fin d’année raisonnablement, faisant mentir les pronostics sur une flambée tant redoutée. « C’est notre dernière cartouche. Il y a une forme de soulagement général à pouvoir se la donner » , reconnaît un conseiller du pouvoir. « Si on y arrive, on aura réussi à sauver l’exception française. Celle du pays qui n’aura pas été obligé de se reconfiner, à l’heure où tous ses voisins étaient contraints de le faire », veut croire, enthousiaste, un membre du premier cercle élyséen. Avant de tempérer cette envolée lyrique par un rappel de la situation : dégradation des indicateurs sanitaires, saturation hospitalière, et progression des variants britannique et sud-africain sur le territoire. Après tout, les scénarios catastrophe prédits par les experts évoquent la mi-mars pour le prochain pic, ce qui laisse encore du temps.

      « Si l’épidémie devient hors de contrôle, on est bien sûr prêt à prendre des mesures d’urgence très rapidement », fait savoir un conseiller du Palais. Ce qu’a confirmé en d’autres termes le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans Le Journal du dimanche : « L’idée, c’est de gagner du temps, de limiter la casse. Mais si l’incidence repartait à la hausse, nous n’hésiterions pas. Nous n’avons jamais dit que nous ne reconfinerions pas dans les quinze jours à venir si c’était nécessaire ! »

      Pour l’heure, le Conseil scientifique n’a pas réagi aux nouvelles mesures décidées par le chef de l’État. Les déclarations alarmistes puis plus rassurantes de Jean-François Delfraissy, la semaine dernière, ont agacé en haut lieu. « Les scientifiques sont là pour éclairer, et non pas pour décider. La cohérence du discours sanitaire reste tout à fait suggestive », tance un fidèle du président. Les oppositions semblent elles aussi prises de court. « Ils se tenaient prêts à pilonner l’exécutif sur le reconfinement, s’amuse-t-on de même source. Là, on ne les entend pas. »

      Désormais, toute la macronie croise les doigts pour que ça marche. « Si ça fonctionne, qu’on n’a pas besoin de confiner, ce sera un joli coup politique, et on reconnaîtra que le président a eu raison d’aller à contre-courant », se met à rêver un proche historique du chef de l’État. Et à l’inverse, « si ça s’emballe et qu’on doit reconfiner dans quelques jours, on sera contents d’avoir envoyé Castex et non pas Macron à la télé … », convient un ministre. Car malgré le soulagement ressenti dans le pays après l’annonce de Jean Castex, le confinement reste toujours une option. La dernière.

  • Comment fait-on pour que les hommes cessent de violer ? - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2021/01/29/comment-fait-on-pour-que-les-hommes-cessent-de-violer_1818797

    Supposer que, si tant d’hommes violent, c’est parce qu’il existe quelque chose dans la socialisation des hommes qui rend possible et commun le viol, quelque chose dans notre société qui permet que ces viols restent ignorés, impunis et excusés, qu’ils puissent se produire encore et encore. Supposer cela, c’est supposer que le viol n’est pas inéluctable ; qu’il serait possible, sinon d’y mettre fin, du moins d’en réduire drastiquement l’ampleur.

    On ne saurait ainsi se contenter de demander comment faire pour punir plus les violeurs – prisme d’action politique dominant aujourd’hui –, ni même comment mieux prendre en charge les victimes, bien que la marge de progression reste énorme. Nous devons aussi nous demander comment faire pour qu’il y ait demain moins de victimes qu’aujourd’hui, et il n’y a pas de réponse simple à cette question. L’éducation ne saurait suffire à prévenir le viol : nous savons depuis longtemps que le viol est un crime, que les violences sexuelles sont interdites, qu’elles doivent être sévèrement punies, en particulier lorsqu’elles sont subies par des enfants. Mais les hommes ne violent pas parce qu’ils ignorent que c’est mal, ils violent parce qu’ils en ont le pouvoir.

    Comment faire pour que cela ne soit plus le cas ? Sans doute transformer radicalement le rapport de domination patriarcal qui structure notre société et qui permet la toute-puissance des hommes dans leur famille, dans leur entourage, dans leur organisation, leur impunité, notre silence, notre indulgence. Sans doute infléchir ce rapport de pouvoir dont le viol est une des pires manifestations qui nous concerne toutes et qui concerne, surtout, tous les hommes.

  • Covid-19 : comment se déroule la vaccination des étrangers en France ? - Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/2021/01/28/covid-19-comment-se-deroule-la-vaccination-des-etrangers-en-france_181858

    La possibilité de se faire vacciner ou non pour un étranger résidant en France dépend uniquement de son inclusion ou non dans les publics cibles.
    En France, aucun critère de nationalité n’est exigé pour pouvoir se faire vacciner. Comme l’indique la Direction générale de la santé (DGS) à CheckNews, « il n’y a pas de discrimination sur la base de la nationalité dans l’accès à la vaccination », « seule la priorisation des personnes cibles de la campagne vaccinale continuera d’être la règle ». A nos confrères anglophones de The Local, le ministère de la Santé précise que la campagne de vaccination s’applique à « toute personne résidant en France », ce qui exclut les touristes de passage.
    En principe, un étranger vivant de manière stable et régulière en France, peut être vacciné dans les mêmes conditions de priorité (âge, profession, risque de forme de grave de Covid-19) mais aussi de gratuité qu’un Français. Sur son site, le ministère de la Santé note bien que « le vaccin est gratuit pour tous et sans avoir à faire l’avance des frais ». Logiquement, un retraité allemand de plus de 75 ans ou un médecin hondurien, qui vivent en France, seront vaccinés avant un Français de 45 ans, qui ne fait pas partie d’une population vulnérable. L’accès à la vaccination ne se limite pas qu’aux étrangers vivant légalement en France, puisque le ministère assure que la gratuité comprend aussi les « bénéficiaires de l’AME », ce dispositif d’accès aux soins destinés aux personnes en situation irrégulière vivant en France depuis plus de trois mois et accordé sous condition de revenus. Les demandeurs d’asile, c’est-à-dire les étrangers qui font la démarche pour obtenir le statut de réfugié en France, sont également inclus dans le plan de vaccination. La Direction générale de la santé explique ainsi que « s’ils entrent dans la priorisation des publics cibles », un demandeur d’asile, tout comme un étranger en situation irrégulière pourront « se faire vacciner en centre à compter du 28 janvier ». Leur vaccination restera gratuite et sans avancer de frais conformément au décret n° 2020-1833 du 31 décembre 2020. « Etant donné qu’il s’agit d’un enjeu de santé publique, les personnes non affiliées ainsi que les très précaires pourront se faire vacciner gratuitement, quel que soit leur mode de prise en charge, AME ou non », souligne la DGS. Alors qu’une foire aux questions du ministère de la Santé demande de venir avec « une pièce d’identité et votre carte vitale pour pouvoir donner votre numéro de sécurité sociale » lors de la vaccination, la DGS corrige :« A compter du 28 janvier 2021, un étranger pourra se faire vacciner en centre de vaccination même s’il ne dispose pas d’une carte vitale. En effet, à compter de cette date, le système d’information Vaccin Covid-19 sera à même d’assurer la traçabilité de la vaccination des étrangers dépourvus de carte vitale ». Ce même principe permettra aux personnes en grande précarité, comme les sans-abri, quelle que soit leur nationalité, de pouvoir se faire vacciner.

    #Covid-19#migrant#migration#france#vaccination#inclusion#sante#santepublique#etranger#migrantirregulier#refugie#demandeurdasile

  • EE-LV au secours financier d’anciens députés LREM

    Six anciens marcheurs de « l’aile gauche » vont se rattacher financièrement au parti écolo. Un « accord technique » qui esquisse aussi un rapprochement plus politique en vue de 2022.

    C’est une petite négociation d’alcôves qui illustre un début de rapprochement politique : selon nos informations, six anciens députés La République en marche (LREM) vont prochainement se rattacher financièrement à Europe Ecologie-les Verts (EE-LV). Il s’agit des membres des Nouveaux démocrates (ND), parti que viennent de créer Aurélien Taché et Emilie Cariou et qui regroupe leurs collègues Guillaume Chiche, Delphine Bagarry, Sandrine Josso et Fiona Lazaar.

    Si ces ex-marcheurs de « l’aile gauche » n’adhèrent pas au parti écolo, ce rattachement leur permettra de récupérer la majeure partie des 37 000 euros annuels que chaque formation reçoit par parlementaire élu : les « ND » ayant été créés en décembre 2020, le parti ne pouvait pas lui-même récolter les subventions puisqu’il faut pour cela avoir présenté des candidats aux législatives ; EE-LV les percevra donc pour eux puis leur reversera...

    https://www.liberation.fr/politiques/2021/01/27/ee-lv-au-secours-financier-d-anciens-deputes-lrem_1818568?xtor=rss-450
    La suite réservée aux abonnées mais on assiste clairement à une magouille
    d’#Europe-Écologie-Les-Vendus

  • Loi séparatisme : une grave atteinte aux libertés associatives
    https://www.liberation.fr/debats/2021/01/21/loi-separatisme-une-grave-atteinte-aux-libertes-associatives_1818075

    Pour un collectif d’associations et de chercheurs, ce nouveau texte, qui a pour objectif d’encadrer, contrôler et sanctionner davantage l’action associative, constitue une menace grave pour l’ensemble de leurs actions. Tribune. Après la loi sécurité globale, le projet de loi confortant le respect des principes de la République, dite « loi séparatisme », constitue une atteinte sans précédent aux socles de notre république et menace nos libertés les plus fondamentales. Contrairement à ce qui est avancé (...)

    #activisme #législation #surveillance #syndicat

  • Le défaut du tableau – L’image sociale
    http://imagesociale.fr/9353
    https://i2.wp.com/imagesociale.fr/wp-content/uploads/Bernie3.jpg?fit=960%2C754

    Dans un essai de « mitainologie », Naomi Klein énumère plusieurs oppositions symboliques transformées en autant de messages, comme la résistance au diktat du spectacle de la modeste utilité de gants manifestement dépourvus de toute autre fonction que de tenir chaud, la contradiction entre la peinture de l’ancien candidat aux primaires sous les traits d’un dangereux idéologue et la paisible robustesse d’un accessoire tricoté main, ou encore la posture oppositionnelle des bras croisés qui expriment le doute face aux promesses d’unité du successeur de Donald Trump.

  • Louise Michel, La Commune, 1898
    http://classiques.uqac.ca/classiques/michel_louise/la_commune/la_commune.html

    « La Commune à l’heure actuelle est au point pour l’histoire.

    Les faits, à cette distance de vingt-cinq années, se dessinent, se groupent sous leur véritable aspect.

    Dans les lointains de l’horizon, les événe­ments s’amoncellent de la même manière aujourd’hui avec cette différence, qu’alors, surtout la France s’éveillait, et qu’aujourd’hui c’est le monde. »
    Louise Michel, avant-propos à La Commune.

    http://classiques.uqac.ca/classiques/michel_louise/la_commune/michel_la_commune.pdf

    Commune de Paris — Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_de_Paris

    L’historien François Furet note que le socialisme français pâtit « de l’exil du mouvement ouvrier », et écrit que « ces morts, ont une nouvelle fois et plus profondément encore qu’en juin 1848, creusé le fossé qui sépare la gauche ouvrière et le républicanisme bourgeois » . Pour Le Figaro, « Jamais, pareille occasion ne s’est offerte pour guérir Paris de la gangrène morale qui le ronge depuis vingt ans. » L’historien Alistair Horne note que la répression eut un impact terrible sur la classe ouvrière parisienne : « L’aspect de Paris changea de façon curieuse pendant quelques années. La moitié des peintres en bâtiment, la moitié des plombiers, des couvreurs, des cordonniers et des zingueurs avaient disparu. »

    #France #histoire #communisme #anarchisme #La_Commune_de_Paris

  • Oh, chouette, Francis Lalanne appelle à un coup d’État militaire contre Macron dans France Soir. Alors c’est grave et c’est taré, mais publier ça 15 jours après l’épisode du Capitole, ça serait pas loin de mériter un peu de respect. (Parce que c’est à ça qu’on les reconnaît.)

    Francis Lalanne : « J’Appelle ! »
    https://www.francesoir.fr/opinions-entretiens/francis-lalanne-appel

    J’appelle les plus hauts dignitaires de l’armée française à venir au secours du peuple et à faire cesser le trouble social et politique dont souffrent depuis trop longtemps la Nation.
    Pour ce faire, je demande aux plus grands responsables militaires français de procéder, au nom du peuple français, à la mise à pied des auteurs du Coup d’État.
    Donc par voie de conséquence, de mettre fin à l’exercice du mandat de l’actuel président de la République.

    Une fois les auteurs du coup d’État mis à pied, j’appelle l’Armée Française à les faire comparaître devant un tribunal constitué en Haute Cour, pour qu’ils aient à répondre du chef de haute trahison.
    Je demande à L’Armée Française de prendre toutes mesures concernant les auteurs du coup d’État visant à faire respecter les décisions de Justice qui seront prononcées à leur endroit .

    • Que risque Francis Lalanne avec son appel à renverser Macron | Le HuffPost
      https://www.huffingtonpost.fr/entry/que-risque-francis-lalanne-avec-son-appel-a-renverser-macron_fr_600bf

      Comme l’ont souligné plusieurs professionnels du droit sur Twitter, les écrits du chanteur peuvent en réalité être passibles de poursuites en vertu de l’article 413-3 du Code pénal. Inscrit dans la section portant sur les “atteintes à la sécurité des forces armées et aux zones protégées intéressant la défense nationale”, l’article est assez clair. “Le fait, en vue de nuire à la défense nationale, de provoquer à la désobéissance par quelque moyen que ce soit des militaires ou des assujettis affectés à toute forme du service national est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende”, peut-on lire.

      En outre, “lorsque la provocation est commise par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables”. Ce qui signifie que le parquet de Paris pourrait s’autosaisir, et lancer des poursuites visant à la fois l’auteur du texte (Francis Lalanne) et le directeur de publication, Xavier Azalbert. Contacté par Le HuffPost, le parquet n’a, pour l’heure, pas donné suite.

    • Ce qui, au passage, valide l’idée que le complotisme pense que l’organisation sociale et politique serait parfaite s’il n’y avait pas le complot, et que donc ce n’est pas la structure socio-politique qu’il faut remettre en cause, mais seulement mettre hors d’état de nuire le groupe qui le pervertit. Ici, précisément : l’armée française serait capable de mener un coup d’État pour… mettre fin au « coup d’État » sanitaire.

    • Krkrkrkr, ça m’avait échappé : le mec se voyait chef d’escadron (si les cons volaient), parce qu’il avait été objecteur de conscience et qu’il n’a pas fait son service militaire :
      https://www.lci.fr/people/francis-lalanne-s-engage-dans-la-reserve-de-la-gendarmerie-il-faudra-bientot-l-a

      « Je vais rentrer avec le grade de chef d’escadron », c’est-à-dire commandant dans la gendarmerie", a précisé Francis Lalanne, avant de justifier sa décision. « Quand j’avais 20 ans, j’étais objecteur de conscience et donc, j’ai refusé de faire mon service militaire et avec le temps et le recul que te donne l’âge, je me suis rendu compte que finalement je n’avais pas donné à mon pays. C’est comme si je devais quelque chose à mon pays que j’avais refusé de lui donner. »

      Et c’est bien ce que je me disais en lisant son « appel » : il faut au moins ne pas avoir fait son service militaire pour croire que la vocation de l’armée française est de sauver la démocratie, la souveraineté populaire et ce genre de choses… :-))

      Et pourquoi pas cosmonaute, parce qu’il n’aurait pas finit de tourner (selon cet objectif ancien de les mettre sur orbite).

    • Je crois que le plus perché, dans le lot, c’est qu’on trouve désormais des gens sur Touiteur pour défendre ce truc.
      https://twitter.com/Cartola_70/status/1353104138842865665

      Lalanne signe un texte rempli de justification constitutionnelles, politiques, voire philosophiques. Et vous, au lieu de lui répondre sur le fonds, vous essayez de le discrediter par cette anecdote de 2eme main, certes croustillante mais aussi assez fumeuse. Qui est irrationnel ?

    • un fidèle lecteur de France soir.
      https://www.liberation.fr/photographie/2020/12/03/vge-face-cameras_1807516

      Valéry Giscard d’Estaing en compagnie de Michel Poniatowski, dans le métro parisien, en février 1964.
      Photo Gamma-Keystone. Getty Images

      bon, il est mort et le journal aussi.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/FranceSoir

      Xavier Azalbert présente FranceSoir comme un « média collaboratif », qui entend « publier des articles qui vont à contre-courant des pensées généralistes ». Selon d’anciens journalistes de France-Soir et le fondateur de Conspiracy Watch, Rudy Reischtadt, la ligne éditoriale complotiste et « covido-sceptique » de FranceSoir n’a pas de visée politique mais est la seule conséquence d’un calcul « opportuniste » de son fondateur #Xavier_Azalbert. La stratégie a un succès certain, le site passant selon le site SimilarWeb d’1,6 million de visiteurs mensuels en mai 2020 à près de 4 millions en août 2020.

      Francis Lalanne (62 ans) était déjà mort en 1984 :
      https://www.youtube.com/watch?v=65Wv4yOr0fs

    • France Soir : grandeur et déliquescence d’un journal devenu anti-journalistique. Maxime Tellier France Culture
      https://www.franceculture.fr/medias/france-soir-grandeur-et-deliquescence-dun-journal-devenu-anti-journali

      De l’héritage de France Soir, il ne reste guère plus aujourd’hui que le nom. Celui d’un site internet qui se présente comme un « média libre et indépendant » mais sans rédaction depuis le licenciement économique de ses quatre derniers journalistes en 2019. France Soir continue d’exister par la volonté de son propriétaire depuis 2014, Xavier Azalbert, mais en publiant régulièrement des contenus considérés comme complotistes depuis le début de la pandémie de Covid-19. Le site a aussi publié le 22 janvier une tribune de Francis Lalanne, « J’appelle », dans laquelle ce dernier demandait à l’armée de renverser Emmanuel Macron : l’initiative a valu au chanteur l’ouverture d’une enquête préliminaire du parquet de Paris pour atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, notamment. Francis Lalanne et le patron du site France Soir ont tous deux été convoqués par la police judiciaire début février et, à l’heure de la publication de cet article, la tribune était toujours en ligne.

      Le 29 janvier 2021, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a demandé le réexamen du statut de média d’information politique et générale (IPG) attribué à France Soir : un certificat qui permet à la presse de toucher des aides publiques de l’État. Par ailleurs le 11 mars, YouTube a décidé de clôturer la chaîne de France Soir pour non respect des conditions d’utilisation : la plateforme, qui indique lutter contre la désinformation médicale, avait déjà retiré deux vidéos du compte.

  • Covid : en Europe, l’appel de la frontière - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2021/01/20/covid-en-europe-l-appel-de-la-frontiere_1818093

    Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union se réunissent ce jeudi pour acter d’une cohésion d’ensemble en vue d’éviter que chaque pays ne décide seul des mesures de contrôle de leurs frontières. Au risque d’abîmer durablement le principe européen de libre circulation des biens et des personnes. C’est le grand retour des frontières nationales. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, qui se réunissent ce jeudi soir par visioconférence, vont acter du droit de chaque pays à instaurer des mesures de contrôle à leurs frontières pour lutter contre la propagation du coronavirus (interdiction de voyager, tests, quarantaine…), mettant ainsi fin (temporairement ?) à l’espace de libre circulation Schengen. Ce que les souverainistes n’ont jamais réussi à obtenir, le Covid-19 l’a réalisé, alors même qu’on sait qu’une frontière, cette ligne politique immatérielle et poreuse par nature, n’a jamais protégé contre un virus…

    #Covid-19#migrant#migration#ue#frontiere#librecirculation#virus#propagation#sante#restrictionsanitaire#politique

  • FIP : derrière les célébrations, une onde au tableau
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/20/fip-derriere-les-celebrations-une-onde-au-tableau_1817960

    Sur Internet, l’influence de #FIP est globale. En décembre, elle était la quatrième webradio française la plus écoutée dans le monde, avec 9 millions d’heures d’écoute selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias. En France, elle compte 742 000 auditeurs par jour en FM selon Médiamétrie. Un chiffre en constante progression depuis quinze ans.

    Sauf qu’en interne, l’heure n’est pas à la fête. Loin de là. (…) Burn-out et arrêts maladie à répétition, demandes de reclassement vers d’autres antennes… Les signes de malaise semblent récurrents dans une station qui ne compte pourtant qu’une quarantaine de salariés.

    Les personnes interrogées se disent surtout affectées par la direction que prend la station musicale, particulièrement touchée par le dernier plan d’économies de 60 millions d’euros lancé par Radio France à l’automne 2019. « FIP prend cher », admettait à l’époque à Libération un dirigeant de la maison ronde. Ça s’est vérifié tout au long de l’année 2020, avec des coups de rabot de tous les côtés.

    (…) La suppression des flashs info, présents depuis la création de la station, a surpris nombre de fidèles attachés à ce bulletin original de deux minutes qui rythmait l’antenne à moins dix de chaque heure. Un choix défendu par Bérénice Ravache, qui souhaite faire de FIP un « refuge loin du vacarme ». « C’était aussi une décision réfléchie au niveau de Radio France. L’information, on la trouve partout sur les autres antennes », ajoute-t-elle. La CGT prévoit de contester la décision, arguant qu’il est inscrit dans le cahier des missions et des charges de la radio publique que toute antenne nationale se doit d’avoir son bulletin d’information.

    Initialement prévue fin août, la fin des flashs info a eu lieu, dans les faits, après le début du premier confinement mi-mars. Par la suite, les journalistes n’ont pas été rappelés, en raison des conditions sanitaires, puis à cause des disponibilités des uns et des autres, affirme la direction. Reclassés à la rentrée, les concernés font, eux, état d’un certain flou entretenu autour de leur situation, et se sentent « victimes d’une décision ultra brutale, avec l’impression d’une négation du travail qu’on avait fait jusqu’à présent », comme le regrette un journaliste. Enfin, de l’avis des équipes, une dernière décision à l’échelle du groupe viendrait affaiblir FIP : la réduction du nombre de réalisateurs. Sur cinq postes de ces « metteurs en ondes » qui veillent à la qualité de l’antenne, il n’en resterait à terme plus que deux.

    (…) A l’automne 2019, [Bérénice Ravache, nommée directrice de FIP par Matthieu Gallet en 2017] a aussi été chargée par l’actuelle PDG, Sibyle Veil, de superviser la réorganisation des antennes. Cette casquette l’aurait tenue éloignée de FIP, laissant le contrôle au directeur adjoint, Hervé Riesen, nommé au même moment. Les méthodes directives de ce dernier, « recasé » là selon certains après avoir été adjoint à la direction des antennes, ont rajouté de la tension à la tension, notamment avec les programmateurs. Le service communication de Radio France ayant refusé toute autre interview après avoir appris le sujet de notre article, Hervé Riesen n’a pas pu répondre à nos questions.

    Jusqu’ici, les dissensions ne s’entendent pas à l’antenne. Mais les équipes de FIP redoutent une aseptisation de l’identité de la station. Selon certains programmateurs, les premiers signes sont déjà là, avec une supervision plus poussée de leur travail par Riesen, qui remettrait en cause leurs choix sur des critères de moins en moins musicaux : pas de morceaux qui parlent de drogues, moins de hip-hop ou d’electro, plus de standards… Des directives qui participent à un même mouvement général : faire de la station un cocon musical, avec comme concurrentes les plateformes de streaming Spotify ou Deezer, voire l’ériger en antenne « bien-être » de Radio France. (…)

    Destruction organisée du #service_public #audiovisuel, #radio #Radio_France, #FIP.

  • Passeport vaccinal : qui est pour ou contre ? - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/18/passeport-vaccinal-qui-est-pour-ou-contre_1817885
    https://medias.liberation.fr/photo/1373469-france-begins-vaccinating-on-a-larger-scale-by-opening-mor

    Instaurer un passeport vaccinal pour pouvoir voyager ou aller au restaurant ? L’idée fait doucement débat, à l’heure où les campagnes de vaccination anti-Covid-19 s’accélèrent à travers le monde. L’association internationale du transport aérien (Iata), est l’une des premières à avoir évoqué le sujet, pour tenter de relancer le secteur de l’aéronautique très touché par la pandémie. A quoi pourrait servir ce laissez-passer sanitaire ? Qui pourrait en bénéficier ? Qu’en pensent les Français ? Les autorités françaises et étrangères l’envisagent-elles ? Explications.
    Qu’est-ce que le passeport vaccinal ?Il s’agit d’un document qui serait délivré aux personnes vaccinées contre le Covid-19. Il permettrait de voyager librement et d’avoir accès aux restaurants, bars et lieux culturels. Ce passeport serait similaire au « carnet jaune ». Ce document qui atteste qu’une personne est vaccinée contre la fièvre jaune, indispensable pour se rendre dans certains pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Il répertorie aussi d’autres vaccins obligatoires comme celui contre la rage ou la rougeole.
    La France est-elle favorable à son instauration ?La plupart des Français souhaitent la création de ce passeport, selon un sondage de l’Ifop publié samedi. D’après l’enquête, 62% des personnes interrogées sont favorables à sa mise en place pour voyager à l’étranger et 52% afin d’utiliser les autres transports en commun. Près de 60% le sont pour visiter les plus fragiles en Ehpad et à l’hôpital. Cependant, seuls 45% des Français souhaiteraient que le vaccin soit obligatoire pour accéder aux commerces, et 50% aux collèges et lycées. Pour le moment, le gouvernement est réticent quant à l’idée de mettre sur place ce passeport sur son sol. C’est ce qu’a indiqué Clément Beaune, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, invité sur Franceinfo, dimanche. « Ce n’est pas notre conception de la protection et de l’accès aux vaccins […]. C’est une idée sur laquelle la France considère qu’on ne doit pas ouvrir le débat maintenant. Quand l’accès au vaccin sera généralisé, ce sera un sujet différent. »
    #Covid-19#migrant#migration#sante#passeportvaccinal#france#ue#circulation

    France assos santé s’y oppose

    France assos santé, une organisation qui représente les patients et défend les usagers du système de santé, est contre l’instauration de ce passeport vaccinal. « Le gouvernement a choisi de ne pas rendre la vaccination obligatoire. Or un passeport vaccinal reviendrait à rendre la vaccination obligatoire », a expliqué Catherine Simonin, membre du conseil d’administration de l’association et de la commission transparence de la Haute Autorité de santé, au journal la Dépêche.
    Qu’en pense-t-on à l’étranger ?

    L’Union européenne est divisée sur la question. Le chef du gouvernement grec, Kyriákos Mitsotákis, a appelé mardi les Vingt-Sept à adopter un certificat « standardisé » de vaccination pour donner un coup de pouce au secteur du tourisme. La Grèce a déjà créé son propre certificat sanitaire destiné à prouver que l’on a été vacciné. Certains Etats européens sont rigoureusement opposés à ce passeport comme les Pays-Bas ou la France. Pour Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, le passeport vaccinal est un « impératif médical ». Un avis que partage Israël qui s’apprête à créer un « passeport vert » pour les vaccinés, afin de leur permettre d’accéder aux restaurants et lieux publics dans le pays. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est, quant à elle, opposée à la mise en place d’un tel document à l’échelle planétaire. Sa circulation pourrait créer des inégalités entre les pays. D’après Amnesty International, dans les pays pauvres, seulement une personne sur dix aura accès à la vaccination en 2021.

  • Donner des cours à distance, une visio d’horreur
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/14/donner-des-cours-a-distance-une-visio-d-horreur_1817337

    Lorsque les étudiants se retrouvent seuls dans leur chambre à suivre la captation vidéo d’un cours, c’est l’absence de lien social qui constitue le principal obstacle à l’apprentissage. « Il existe dans le cerveau un circuit de la récompense associé à l’interaction sociale spontanée, explique Guillaume Dumas, professeur en psychiatrie computationnelle à la faculté de médecine à l’université de Montréal. En classe, c’est le rire en réaction à une phrase du prof qui rend l’expérience sociale. Et c’est cela que l’on perd à distance. »

    • Comment devenir un sujet libre, émancipé quand on est un étudiant ou un enseignant assigné à résidence et soumis à l’enfer numérique ? C’est ça la question centrale, de mon point de vue. Je ne pense pas que l’on puisse être un sujet libre et émancipé sans relation sociale, sans se voir, se rencontrer, sans faire des cours avec des corps et des voix vivantes. Un cours, c’est une incarnation, une voix, un corps donc, ce n’est pas le renvoi spéculaire de son image face à une caméra et devant des noms. Je refuse de faire cours à des étudiants anonymes. Aujourd’hui, j’ai donné rendez-vous à quelques étudiants de l’atelier de création poétique de l’université de Strasbourg. On se verra physiquement dans une grande salle, en respectant toutes les règles sanitaires. J’apporterai des masques FFP2 pour chacune et chacun des étudiants.
      Pascal Maillard

      « Frédérique Vidal devrait remettre sa démission » – Entretien avec Pascal Maillard
      L’hebdo du club de Médiapart
      https://seenthis.net/messages/896479#message896538

    • « Universités : le grand n’importe quoi des annonces gouvernementales transposées sur le terrain, quand rien n’a été préparé ni anticipé… Les mots manquent pour qualifier le degré de foutage de gueule de ces pseudo-mesures… »
      L’excellence en temps de pandémie : chronique du naufrage des Universités
      https://blogs.mediapart.fr/une-universitaire-parmi-dautres/blog/220121/l-excellence-en-temps-de-pandemie-chronique-du-naufrage-des-universi

    • Je ne compte plus les études qui disent que ça ne marche que pour certains types d’étudiants, un peu comme les mooc et les cours du soir, à des moments précis de leur vie et que de généraliser ce modèle est une ineptie pédagogique...
      Perso, j’ai décidé d’arrêter. On va faire moins, autrement.

  • Des foules de partisans de Trump convergent vers Washington | La Presse
    https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/2021-01-06/des-foules-de-partisans-de-trump-convergent-vers-washington.php

    Bravant les consignes sanitaires, des hommes et femmes venus de tous les #États-Unis se massaient sans masque dans les métros, convergeant vers une capitale dont les vitrines étaient une fois de plus barricadées par crainte d’éventuels débordements.

    Le président sortant, qui continue de nier la victoire de son rival démocrate Joe Biden, encourage depuis des jours ses supporteurs à défiler dans la capitale pour cette journée qui sera « folle », a-t-il prévenu.

    Il doit prendre la parole devant ses troupes à 11 h depuis l’Ellipse, esplanade située au sud de la Maison-Blanche, et devrait répéter les accusations de fraudes qu’il martèle depuis deux mois sans en apporter la preuve.

  • Arts plastiques : mutations à marche forcée - Culture / Next
    https://next.liberation.fr/arts/2020/12/27/arts-plastiques-mutations-a-marche-forcee_1809743

    Par Clémentine Mercier et Elisabeth Franck-Dumas
    -- 27 décembre 2020
    Institutions muséales bouleversées, grandes foires et biennales chamboulées, désarroi des artistes et des travailleurs indépendants du secteur : en France comme à l’étranger, la pandémie a plongé le monde de l’art dans un marasme économique l’obligeant à remettre en question ses modes de fonctionnement pour survivre.

    C’est l’heure des bilans, vaste programme dans un secteur des arts visuels plus déboussolé que jamais. Impossible de recenser toutes les mutations que ces douze mois auront ramassées, toutes les situations inédites, voire surréalistes, qui semblaient impossible à envisager à la même date l’an passé. Des expositions accrochées que personne ne peut voir, des semaines durant ? Des musées qui vendent leurs collections ? Des foires suivies sur un écran d’ordinateur, à s’en dessécher les pupilles ? Des artistes privés de reconnaissance ? Des vœux pieux en pagaille, dans un milieu qui courait après les grands raouts ? L’on ne sait si ces mutations s’installeront pour de bon, mais aujourd’hui l’on voit surtout du mauvais, du gros temps, une vraie tempête qui risque de laisser sur le carreau quantité de travailleurs du secteur, des artistes aux régisseurs, des galeristes aux conservateurs, des critiques aux médiateurs. Et que dire des nouvelles résolutions de faire plus avec moins (de voyages, de dépenses, d’emprunts, de moyens) : nous promettent-elles, en plus d’un milieu plus écolo et économe, des projets au rabais ? Alors que, justement, l’on a besoin des artistes, ces personnalités « non essentielles », pour tout simplement nous raconter ce que nous vivons ? Bilan en six points d’une année terrible.

    Les musées américains asphyxiés
    Si la crise sanitaire de 2020 a eu des répercussions graves pour tous les musées, elle a pris aux Etats-Unis un tour catastrophique : un tiers des institutions pourraient fermer, a mis en garde cet automne l’alliance des musées américains (AAM). En l’absence de billetterie, de revenus liés à la location d’espaces et de galas de charité, leurs pertes collectives s’élèvent à près de 30 milliards de dollars. En conséquence, les institutions ont tranché dans la masse salariale - le Metropolitan Museum de New York a ainsi supprimé 20 % de ses effectifs, citant des pertes de 150 millions de dollars, et de l’autre côté de Central Park, le musée d’Histoire naturelle a licencié 200 employés et mis 250 autres au chômage technique (sur 1 100 personnes). Les institutions américaines, majoritairement privées, n’étant pas soumises au principe d’inaliénabilité des collections mais encadrées par l’association des directeurs de musées (AAMD), qui a assoupli ses règles jusqu’en 2022 en raison de la pandémie, plusieurs musées se sont résolus à vendre des œuvres pour tenter de rester à flot. Le Brooklyn Museum, déjà en difficulté financière avant l’arrivée du Covid, a mis aux enchères des trésors de ses collections chez Christie’s et Sotheby’s en octobre, dont une toile de Courbet et une de Cranach, pour un total de 26 millions de dollars.

    L’emprise grandissante du virtuel
    Tout n’a pas été que temps perdu en 2020 : le centre Pompidou a profité du deuxième confinement pour lancer son nouveau site web, mettant fin au grand mystère de navigation à quoi se résumait l’ancien. Mais partout, institutions, galeries et manifestations ont été obligées de réinventer leur rapport au virtuel, pour tenter de « garder le lien » avec un public de plus en plus soumis au bombardement d’images en ligne. Les foires TEFAF et ArtBasel ont rivalisé d’initiatives pour justifier leur existence, alors que ce qui fait le sel de ces grandes manifestations, découvertes et rencontres, échanges d’informations, se passe en général dans leurs allées bondées. Certains musées se sont mis aux visites payantes - telle la National Gallery de Londres, qui propose sur son site un parcours guidé de son exposition « Artemisia » autour de 9 euros. Mais en douce, tous regrettent la chaleur du contact et avouent espérer que personne ne s’habituera à ce nouveau rapport aux œuvres, qui priverait in fine ces lieux de leur raison d’être.

    Le casse-tête des foires et biennales
    Adieu vernissages dispendieux, à bas foires internationales au bilan carbone désastreux, au feu les biennales d’art contemporain tout aussi peu écologiques, ciao expositions blockbusters racoleuses… En 2021, le monde de l’art - friand de raouts cosmopolites avec brassages de populations et risques de contamination - fait son autocritique nécessaire et flagellatoire. Indexée sur une mondialisation florissante, l’expansion dans les vingt dernières années du modèle des foires (près de 300 en 2019 selon le site Artnet News) et de la formule des biennales (environ 150 selon le Quotidien de l’art), est mise à mal par la fermeture des frontières et les difficultés de faire voyager œuvres, artistes et visiteurs. Alors, tout foutre en l’air pour repenser le système avec les meilleures intentions du monde ? Se réinventer en serrant les dents et les budgets ? La multiplication événementielle donnait le vertige à tout le secteur - journalistes compris -, et la décélération planétaire fait ressortir les excès et contradictions d’un milieu coincé entre marché, concurrence et ambitions esthétiques. L’échec critique de la biennale itinérante Manifesta à Marseille, les fermetures anticipées de celles de Riga, Sydney ou Berlin vont dans le sens de plus d’austérité : promis juré craché, les acteurs réfléchissent à d’autres modèles. La Biennale de Lyon est déjà reportée à 2021, celle de Venise à 2022. Et les foires s’interrogent sur des formules plus intimistes, comme le fait le salon Galeristes depuis plusieurs années. Mais comment découvrir de nouveaux artistes hors des échanges internationaux ? Comment vendre à un marché élargi quand on est une galerie essentiellement locale ? Et qui sait si tous ces vœux pieux ne seront pas vite oubliés, une fois la crise écartée ?

    Programmations de plus en plus acrobatiques
    Le public pourra-t-il enfin découvrir les expositions « Les Louvre de Pablo Picasso » au Louvre-Lens ou « Noir et blanc, une esthétique de la photographie, collection de la BNF » au Grand Palais en 2021 ? Ceux qui n’ont pas eu le temps de voir la rétrospective Cindy Sherman à la Fondation Louis Vuitton ou la monographie de Léon Spilliaert au musée d’Orsay pourront-ils se rattraper ailleurs ? Rien n’est moins sûr, tant les programmations de l’année 2020 ont rimé pour les institutions culturelles avec prolongations, reports ou annulations. En France, les deux confinements - et particulièrement le second, qui ne s’est pas associé à une réouverture le 11 décembre - ont eu raison des plannings serrés des musées et centres d’art habitués à des rotations rapides pour attirer toujours plus de visiteurs.
    L’incertitude de l’année 2021, soumise aux aléas de la crise sanitaire, grandit, et à ce jour, la réouverture du 7 janvier a été mise en doute par la ministre de la Culture elle-même. Désormais habitués au casse-tête et aux agendas acrobatiques, les directeurs d’institutions doivent faire preuve d’adaptabilité pour bâtir des programmes sur des sables mouvants. Abandonner les expositions blockbusters trop coûteuses et peu écologiques, se recentrer sur ses collections, ménager les artistes déçus qui doivent patienter, fermer pour effectuer des travaux sont les options et contraintes qui s’offrent à eux. Pour les projets partis en fumée, seules les publications pourront témoigner du travail scientifique fourni par les experts sur plusieurs années.

    Inquiétudes autour de la place de l’artiste
    S’il y a une chose que les artistes ont comprise cette année, c’est que leur activité a été rangée parmi les « non essentielles de la nation ». Sans même une mention du président de la République pour la culture lors de sa dernière allocution, les plasticiens, photographes, peintres - dernière roue du carrosse après le cinéma ou le spectacle vivant - n’avaient plus qu’à aller « hypnotiser le tigre » tout seuls dans leur atelier. Expos déprogrammées, workshops annulés, résidences ajournées, production d’œuvres retardées, vernissages fantômes se sont ajoutés à l’interdiction de circuler pendant les confinements : un handicap de plus pour des professions habituées aux échanges et aux déplacements. Question finances, seulement 2 % des 265 000 inscrits à la Maison des artistes et à l’Agessa (6 000 personnes) ont bénéficié du fonds TPE du ministère des Finances et 1 500 d’entre eux ont pu recevoir les aides du ministère de la Culture. Il a alors fallu trouver en soi la motivation pour continuer : certains en ont profité pour aménager leur atelier, faire du tri, lancer un site internet (Eric Tabuchi et Nelly Monnier) et d’autres se sont mis sérieusement à la vidéo (Chloé Poizat). D’autres ont continué, pressés par l’urgence. Laurent Tixador, expert dans l’art de la survie, s’est offert de bons moments de bricolage en fabriquant deux fours à briques lors de sa résidence confinée à la Maison forte de Monbalen près d’Agen (Lot-et-Garonne). Antoine d’Agata a traqué le virus au plus près des malades et a sorti un livre et monté une expo en un temps record. Nicolas Floch, photographe plongeur, compte les jours avant de pouvoir à nouveau s’immerger et Marina Gadonneix se désespère et trépigne en attendant le moment où elle pourra à nouveau photographier dans un laboratoire scientifique. Croisons les doigts pour que rouvre la belle exposition « la Vie des tables » au Crédac, à Ivry-sur-Seine : 49 artistes y ont envoyé des œuvres pouvant tenir sur une table, qui toutes disent quelque chose du moment qu’ils ont traversé, le confinement et ses espaces contraints, ses heures perdues, ses angoisses… Et malgré tout, la persistance de la création.

    Un secteur fragilisé à tous les niveaux
    Et les installateurs d’œuvre d’art ? Les régisseurs ? Les médiateurs culturels ? Les guides ? Les vacataires des musées ? Les attachés de presse ? Les critiques ? La crise sanitaire a soudain révélé la fragilité de nombreux travailleurs indépendants du monde de l’art, ceux qui œuvrent dans l’ombre ou ceux chargés du lien avec le public. Plus de visites, plus de travail… En l’absence de statut précis et de conventions collectives pour les médiateurs culturels, par exemple, l’idée de l’extension de l’intermittence aux travailleurs des arts visuels fait son chemin chez certains militants pour assurer une meilleure protection sociale à ces métiers. En France, dans l’ensemble, si la tutelle de l’Etat ou des collectivités locales a permis aux équipes salariées des structures culturelles d’être plutôt protégées par les fermetures pendant les deux confinements, tous les métiers périphériques ont été touchés par la baisse d’activité.
    Quant aux structures mêmes, dans un contexte de baisses régulières de subventions, elles doivent chercher des financements et sont d’autant plus soumises à leurs tutelles. Les restrictions budgétaires ont eu la peau du centre d’art de Pougues-les-Eaux dans la Nièvre, vendu par le département cet automne. A Sérignan, le Mrac, musée régional d’Art contemporain, n’a plus de direction depuis le départ de Sandra Patron en 2019. Autre exemple, à Montpellier, suite à l’arrivée d’un nouveau maire, le projet de l’Hôtel des collections, dirigé par Nicolas Bourriaud, est remis en cause. Les difficultés touchent tous les métiers, des plus cachés aux plus en vue.

    Restitution au cas par cas d’œuvres à l’Afrique
    Indépendamment de la crise, l’année 2020 aura été marquée par un geste important. Cela aura mis trois ans. En novembre 2017, à l’université de Ouagadougou, Emmanuel Macron avait appelé à ce que « d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ». Le 17 décembre, par dérogation au principe d’inaliénabilité des collections, le Parlement a voté pour la restitution au Bénin du « Trésor de Béhanzin », 26 œuvres provenant du palais des rois d’Abomey conservées au musée du Quai-Branly, et pour le transfert du sabre avec fourreau attribué à El Hadj Oumar Tall, jusqu’alors en dépôt au musée des Civilisations noires à Dakar, au Sénégal. Ce vote fait suite au rapport commandé par Emmanuel Macron à l’historienne de l’art Bénédicte Savoy et à l’écrivain et économiste sénégalais Felwine Sarr, qui avait créé un pataquès dans les musées en prônant le retour massif d’artefacts pillés ou spoliés pendant la colonisation, et en recommandant le passage d’une loi-cadre. « Ce projet de loi n’aura pas pour effet de créer une jurisprudence, s’est empressé de réaffirmer la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot. Il n’institue aucun droit général à la restitution en fonction de critères abstraits définis a priori. » E.F.-D."
    Clémentine Mercier , Elisabeth Franck-Dumas

    • Merci pour ce texte qui me parle bien, deux expos annulées, une grosse publication annulée, un salon en Italie ou je devais exposé annulé et mon expo à Nancy qui n’a été publique que 15j et j’apprend que Nancy va etre probablement reconfinée ! Et je m’en tire pas si mal mon expo à été vu au moins 15j. On verra ce qui sera annulé l’an prochain...

    • Après, le texte a le défaut de ses qualités : c’est-à-dire qu’en faisant un large tour d’horizon des problématiques, il agrège un peu largement des choses très différentes. Les musées américains et les musées français, les gros musées publics et les galeries privées, les fonctionnaires, les salariés de musées publics, et les prestataires non salariés, les musées publics et les expos qui visent le grand public et les foires destinées à vendre des œuvres à des clients fortunés… ça va forcément un peu vite, et ça donne une impression d’unité que je trouve très factice.

      Et je note quelques trucs qui à mon avis n’ont rien à voir avec le confinement.

      – la refonte du site Web de Pompidou, je doute que ça ait quoi que ce soit à voir avec le confinement. Ce genre de sites, ce sont plusieurs mois d’études avant la rédaction d’un cahier des charges, puis un appel d’offre de plusieurs mois, et ensuite des mois de développements ; or le premier confinement devait être le dernier, aucun investissement numérique lourd n’a été démarré au nom de ce confinement, notamment parce qu’on n’a jamais su combien de temps il durerait, et parce que le second n’était pas du tout prévu ;

      – l’« emprise du numérique » est une tarte à la crème qui n’a rien à voir avec le confinement. D’abord parce que ça ne veut pas dire grand chose, cette histoire d’« emprise » : les musées ne vont pas devenir virtuels, ça n’a pas de sens. Le virtuel est un outil de médiation supplémentaire, évidemment qu’il n’a pas vocation à remplacer (par son « emprise ») la confrontation physique avec les œuvres. L’exemple donné de la visite virtuelle payante, c’est pour les très très grosses structures à la renommée internationale, qui ont trouvé qu’elles peuvent « vendre » une visite virtuelle aux japonais et aux chinois, à qui ça fait quand même un peu cher de venir au Louvre. Je n’imagine pas que le musée des Beaux Arts de Marseille parvienne à vendre des visites virtuelles, et qu’en plus ce soient des habitants de PACA qui se mette à acheter de ce genre de prestation au lieu d’aller visiter l’endroit.

      – je doute que les tensions autour du MOCO (hôtel des collections) de Montpellier ait quoi que ce soit à voir avec les confinements.

  • Dominique Costagliola, solide comme un doc
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/28/solide-comme-un-doc_1809823

    Et on pourrait rajouter, pour avoir relu la plupart de ses déclarations depuis six mois, qu’elle s’est très peu trompée, mêlant analyses documentées et prévisions mesurées. « Je ne parle que de ce que je connais », dit-elle.

    Cash, donc. Oui, sans l’ombre d’un doute. Quand on l’interroge sur les politiques, cela peut tomber dru. « Leur rôle n’est, certes, pas facile, je ne les critique pas trop. Sauf Blanquer. Il ne dit que des bêtises, il répète qu’il ne se passe rien à l’école. Idiotie. »

  • « La déconsidération des universités par le milieu politique est un élément structurel »

    Pour #Mathias_Bernard, président de l’université Clermont Auvergne, la promulgation de la #loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR) est une « #occasion_manquée ». Il revient sur la LPR pour « Libération », mais aussi sur dix ans de politique des universités.

    Ça y est. La si polémique loi de programmation de la recherche a été promulguée le jeudi 24 décembre, et publiée ce samedi au journal officiel. Elle lisse sur dix ans une hausse de 5 milliards d’euros du #budget annuel de la recherche et prévoit une hausse des #primes des personnels scientifiques. Mais plusieurs éléments sont critiqués par la communauté universitaire.

    L’une des mesures les plus contestée, la pénalisation des #mobilisations_étudiantes, a été retoquée par le Conseil constitutionnel le 21 décembre. Les « sages » ont aussi émis des réserves sur la proposition d’une nouvelle voie de #recrutement_dérogatoire pour les #professeurs, les « #chaires_de_professeurs_juniors », qui permettrait aux présidents d’université de s’immiscer dans l’appréciation des mérites des futurs candidats.

    Pour le reste, le texte accentue la #compétition entre les chercheurs et entre les établissements en prolongeant la logique de financement par #appels_à_projets, en vogue depuis plus de dix ans. Président de l’université Clermont Auvergne, Mathias Bernard connaît bien le sujet. Pour Libération, il revient sur ce texte et sur les réformes successives des universités depuis plus de dix ans.

    La loi de programmation de la recherche a été promulguée. Quel est votre sentiment sur ce texte ?

    C’est une occasion manquée. Quand l’annonce d’une loi de programmation a été faite, en février 2019 par le Premier ministre, je me suis réjoui, comme beaucoup de collègues. Notre secteur a besoin de #stabilité pour se projeter dans le temps long. J’espérais que cette loi permette de rééquilibrer la part des #financements_récurrents par rapport à ceux distribués par appels à projets. Ce n’est pas le cas. Les nouveaux #moyens sont en majorité conditionnés.

    C’est problématique. Cette loi n’aborde ni la question des #investissements en #équipements_scientifiques ni celle de l’#emploi. Les seules mesures de #ressources_humaines visent à faciliter le recrutement de #contractuels. C’est une #déception.

    Dans quelle mesure la LPR s’inscrit-elle dans le train de #réformes_universitaires depuis dix, quinze ans ?

    La LPR est clairement dans la ligne de ce qui se fait depuis le milieu des années 2000 avec la création de l’#Agence_nationale_de_la_recherche [chargée d’animer la politique d’appels à projets, ndlr]. Ce qui est prôné, c’est la différenciation des universités. L’Etat nous demande de mettre en avant « la #signature » de l’établissement. Cela passe par la réponse aux appels à projets nationaux, internationaux, territoriaux… Le nombre de guichets s’est multiplié.

    En parallèle de cela, notre #dotation_de_base stagne alors que le nombre d’étudiants augmente. Je ne dis pas qu’il y a quinze ans le système était idéal, mais le point d’équilibre est largement dépassé.

    Quelles sont les conséquences pour les établissements ?

    C’est d’abord un #coût. Nous avons besoin de recruter des équipes pour suivre ces appels et aider nos chercheurs à y répondre. J’ai plusieurs dizaines de personnes qui travaillent à cela.

    Ensuite, c’est un changement dans le #statut des personnes employées. Si ma dotation de base stagne, je ne peux pas recruter de #fonctionnaires. La progression du nombre d’employés des universités augmente uniquement grâce aux contractuels. Là encore, avoir une part de contractuels dans nos personnels n’est pas problématique mais ils sont recrutés pour conduire des missions pérennes.

    C’est notamment le cas pour des #contrats_d’enseignants qui, il faut bien le reconnaître, sont payés au lance-pierre.

    La stagnation des financements récurrents attribués aux universités n’est-elle pas la conséquence d’une défiance du milieu politique vis-à-vis du monde académique ?

    Je dirais une #défiance et une #méconnaissance. Les deux vont de pair. Cela vient d’un système de formation des #élites qui ne les amène jamais à l’université. Ils la connaissent mal et en ont une représentation fantasmée et négative.

    Le secteur a dû aborder beaucoup de lois, en 2007, 2013, 2018 et maintenant 2020, et pourtant, aucune n’a reconnu les universités pour ce qu’elles sont, à savoir les opérateurs principaux en matière d’#enseignement_supérieur et de #recherche. Les arbitrages ne nous sont jamais favorables et ce quelle que soit la législature. Les moyens de l’Etat sont dispersés sur une multitude d’opérateurs. Malheureusement, le fait d’avoir une ministre, #Frédérique_Vidal, issue de nos rangs, n’a rien changé au problème de la #déconsidération des universités par le milieu politique qui est un élément structurel.

    La #loi_LRU de 2007 promettait l’#autonomie des universités…

    Mais cette promesse n’a jamais été tenue. L’autonomie a consisté à déléguer la gestion des mécontentements. S’est installée une forme de #bureaucratisation qui subordonne le conseil d’administration des universités à d’autres instances, comme les jurys des appels à projets ou l’administration du ministère, qui s’est investie dans une forme de #micro-management.
    Vous faites référence à la création par ce gouvernement des #recteurs_académiques_de_région qui sont aux universités ce que le recteur est à l’enseignement scolaire. Comment ce micromanagement s’illustre-t-il ?

    Par exemple, pendant la crise sanitaire, les universités ont le droit d’ouvrir des séances de travaux pratiques. Si je décide d’ouvrir un TP d’optique pour 20 étudiants le mardi de 17 heures à 19 heures, je dois obtenir un arrêté du recteur académique à Lyon. Je lui ai, en tout, transmis plusieurs centaines de demandes d’autorisation. C’est de la #bureaucratisation inutile.

    De même, dans le cadre de ce que nous appelons le « #dialogue_stratégique_de_gestion » que nous menons avec l’Etat, une petite partie du budget est conditionnée à la manière dont l’université met en œuvre les #politiques_publiques.

    Pourquoi n’êtes-vous ni membre de l’#Alliance_des_universités_de_recherche_et_de_formation (#Auref) ni de l’#Udice, qui réunit les dix universités dites « de recherche » de France ?

    Je suis contre l’idée d’un système universitaire à #deux_vitesses. Il me semble donc dangereux de l’institutionnaliser à travers des associations. Je suis très attaché aux dimensions de #formation et de recherche des universités. Nous devons concilier une mission de #service_public et une exigence d’#excellence. Le risque avec l’existence de ces deux associations est d’encourager les pouvoirs publics à acter cette division, et à différencier les moyens budgétaires et les outils législatifs attribués aux établissements en fonction de leur appartenance à une organisation ou à une autre.

    Cette différenciation pourrait passer, par exemple, par des droits d’inscription différenciés ?

    On sent bien que cela va être tenté. Une brèche a été entrouverte par le gouvernement en introduisant un droit d’entrée différencié pour les #étudiants_internationaux. Une mesure qui pourrait profiter économiquement à un petit nombre d’universités, qui ont la notoriété pour justifier des droits plus élevés. Mais elle pourrait vider les autres établissements de leurs étudiants internationaux.

    C’est une première tentative qui pourrait être prolongée par une différenciation des #droits_d’entrée pour les étudiants français. Certains présidents pourraient y voir une ressource supplémentaire. Pour ma part, je suis attaché à notre modèle d’un accès le plus ouvert possible à l’enseignement supérieur.

    Vos étudiants, justement, comment vont-ils ?

    Mal. Si j’en juge par le nombre d’entre eux qui se signalent auprès de notre bureau d’accompagnement psychologique, je dirais qu’il y a beaucoup de souffrances.

    Pourtant, dans le plan de #déconfinement du gouvernement, les universités sont les dernières à rouvrir. Comment expliquez-vous cela ?

    Cette annonce a suscité beaucoup d’émotion au sein de la communauté. C’est révélateur d’une forme de #déconsidération des universités qui ne rouvrent qu’après les lycées, les classes prépa, les églises…

    Le principal problème pour nous, dans cette gestion de crise, c’est le décalage systématique entre les décisions gouvernementales, qui créent de l’attente, et la notification précise de leur application. Cela nous met, nous, présidents, en porte-à-faux. Par exemple, il y a eu des annonces sur le recrutement de tuteurs pour accompagner les étudiants en difficulté en janvier, mais nous n’avons reçu ni les budgets ni les modalités avant les congés de fin d’année. De même, l’Etat s’est engagé à soutenir la prolongation des contrats doctoraux décalés par le Covid-19. Nous avons fait les avances dès septembre, mais les crédits ne sont arrivés qu’en toute fin d’année.

    https://www.liberation.fr/france/2020/12/26/la-deconsideration-des-universites-par-le-milieu-politique-est-un-element

    #université #ESR #France #LPPR

    Métaliste sur la LPPR :
    https://seenthis.net/messages/820330

  • Covid-19 : onze mois à suivre « les Experts : autoproclamés » - Christian Lehmann
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/28/covid-19-onze-mois-a-suivre-les-experts-autoproclames_1809794

    De retour d’un voyage d’affaires à Macao, Beth Emhoff (interprétée par Gwyneth Paltrow) trompe son mari lors d’une escale à Chicago. Atteinte d’une forte fièvre et d’une toux insomniante, elle est hospitalisée et meurt bientôt, non sans avoir disséminé un nouveau virus responsable d’une pandémie dévastatrice. Nous sommes en 2011. C’est le monde d’avant, un monde lointain. On y va au cinéma sur un coup de tête, sans masque ni distanciation. Et Gwyneth Paltrow ne vante pas encore le sauna vaginal. Lorsque j’ai vu Contagion, de Steven Soderbergh, deux ans après la fausse alerte H1N1, je me souviens avoir tiqué sur le personnage d’Alan Krumwiede, interprété par Jude Law. Il m’avait semblé qu’en créant ce personnage de youtubeur complotiste, les scénaristes avaient surtout voulu confronter leurs héros du CDC (Center of Disease Control) à un antagoniste humain incarné en chair et en os, alors que le virus Mev-1 qui dévaste la planète reste invisible et insaisissable. Jude Law prête son charisme à ce conspirationniste qui prétend s’être guéri du virus en utilisant un traitement homéopathique à base de forsythia. S’autoproclamant voix du peuple et pourfendeur des lobbies pharmaceutiques, il crée des émeutes violentes quand son produit miracle disparaît des pharmacies. A l’époque, j’avais trouvé la ficelle scénaristique un peu grossière. Avec le recul, je réalise à quel point j’avais tort. A quel point j’avais sous-estimé la présence des adeptes du chaos dans nos rangs.

    Depuis le début de la pandémie, certains experts autoproclamés n’ont eu de cesse de porter une parole prétendument disruptive, d’aller à l’encontre des recommandations sanitaires comme des informations scientifiques disponibles. Si la communication gouvernementale avait réellement été aussi transparente que possible, comme l’avait promis Olivier Véran en succédant à Agnès Buzyn, leur pouvoir de nuisance aurait probablement été amoindri. (...)

    [La quasi-disparition des "rassuristes"] sur les plateaux télé des médias « mainstream » n’est en rien liée à leur dangerosité, comme l’explique à Libération le directeur de la rédaction de LCI avec une candeur sidérante : « Ces personnes ont pu avoir un temps d’antenne à un moment donné, parce que le tempo était plutôt en leur faveur, avec des propos qui faisaient écho dans la société. Ils avaient une certaine aura, ils étaient écoutés, c’est moins le cas aujourd’hui. Pour le moment, on estime que ces propos n’ont pas suffisamment d’écho dans la société pour être relayés. » La vérité scientifique, le simple respect de la méthode scientifique, la vérification des sources, tout ceci importe peu. Si demain un nouvel charlatan pique l’intérêt du public, il aura l’honneur des plateaux.

    (...) parmi les nouveaux venus, le docteur #Louis_Fouché, de l’hôpital de la Conception à Marseille. Nouvelle star des anti-masques, il utilise la #rhétorique de Chomsky sur « la fabrication du consentement » pour se faire inviter à Radio Courtoisie et chez Alain Soral, ou servir la soupe au gourou Thierry Casasnovas, qui explique dans une vidéo que boire du jus de légumes peut faire repousser un membre. Nul doute qu’un brillant avenir lui est réservé, de CNews à Sud Radio.

    Scott Z. Burns, scénariste de Contagion
    https://www.lesinrocks.com/2020/03/18/cinema/actualite-cinema/le-scenariste-de-contagion-se-confie-a-propos-du-coronavirus

    Je n’aurais jamais pensé, en écrivant le scénario de Contagion, que l’une des variables serait un #gouvernement qui ne croit pas en la #science et qui ensuite désinforme la population. Mais c’est ce que nous avons.

    #mensonge_d'État #désinformation #pandémie #Covid-19 #conspirationnistes #rassuristes #media

  • Vaccin anti-Covid : un passeport et des passe-droits ? - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/20/un-passeport-et-des-passe-droits_1809266

    Pour certains politiques, un tel document permettrait de lever les restrictions aux voyages et sorties pour les vaccinés. Alors que les campagnes de vaccination démarrent un peu partout dans le monde, le débat sur l’opportunité de créer une sorte de « passeport vaccinal » commence à monter. Pour l’heure, la France, qui accueille en temps normal 90 millions de visiteurs étrangers par an, n’a pris aucune disposition concernant l’entrée et la sortie de personnes vaccinées contre le Covid-19 sur le territoire. Selon le ministère de l’Intérieur, les personnes en provenance d’un pays de l’UE peuvent toujours se rendre sur le territoire français « sans restrictions de circulation ». Les résidents d’un pays où le virus est particulièrement actif sont, en outre, toujours soumis à la présentation d’un test PCR négatif ou, à défaut, à une mise en quarantaine.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#passeport#passeportvaccinal#circulation

  • A La Roche-sur-Yon, un cours de rue pour lutter contre l’isolement des étudiants - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/16/a-la-roche-sur-yon-un-cours-de-rue-pour-lutter-contre-l-isolement-des-etu

    Olivier Ertzscheid, enseignant en sciences de l’information et de la communication, proposait une classe en plein air à ses élèves ce mardi dans la préfecture vendéenne. Réclamant une meilleure prise en compte du mal-être des jeunes forcés d’étudier à distance.

    A La Roche-sur-Yon, un cours de rue pour lutter contre l’isolement des étudiants

    Pour son premier cours de rue en ce mardi tout juste déconfiné, Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’IUT de La Roche-sur-Yon a soigné son cadre, devant l’église Saint-Louis de la préfecture vendéenne. Il n’avait cependant pas prévu que sa voix, pourtant amplifiée au micro, se mêlerait à celles de Salvatore Adamo et de Tino Rossi. Période de fêtes oblige, des haut-parleurs situés tout autour de la place Napoléon diffusent des chants de Noël. A peine perturbé par quelques grelots intempestifs, le maître de conférences entame son intervention portant sur une étude de quelques cas de communication numérique marquants. Le coup d’envoi est donné à 13 h 30, pour une grosse heure de cours magistral, suivie de quelques échanges avec l’assistance.

    Le professeur de 48 ans a eu l’idée de dispenser cette présentation en plein air à ses étudiants en DUT d’information communication lorsque les lieux de culte ont de nouveau été autorisés à accueillir des fidèles. « Voir que les églises rouvraient après quelques prières de rue alors que les étudiants sont toujours privés de cours en présentiel a été le coup de grâce », estime-t-il. Critique de l’action de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, Olivier Ertzscheid souhaite aussi, par ce cours en forme de happening, rendre plus visible la détresse des étudiants. « On ne les écoute pas parce qu’ils ne sont ni une force électorale, ni une force économique, mais il y a chez beaucoup d’entre eux des signaux psychologiques inquiétants, qui doivent alerter », ajoute l’enseignant.
    Isolement et craquage

    Le cours se déroule devant une cinquantaine de personnes masquées, la plupart debout en raison d’un sol encore humide après les averses de la matinée. La majorité de l’auditoire est composée d’étudiants. « J’étais très motivée pour venir, remarque Hannah Lemarignier. Ça fait du bien de sentir qu’un prof comprend ce que l’on vit alors que notre entourage familial ne prend pas toujours la mesure de nos inquiétudes. » En deuxième année de DUT, la jeune femme de 19 ans espère reprendre le plus tôt possible les cours. Elle redoute aussi de ne pas trouver d’entreprise où effectuer un stage obligatoire de deux mois, dans l’événementiel, au printemps. « J’ai commencé mes recherches en septembre et je n’ai que des refus à cause de la crise sanitaire. Les entreprises répondent qu’elles ne peuvent pas se positionner avant janvier ou février car elles sont elles aussi dans le flou », précise-t-elle.

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    Une autre de ses camarades, Zoé Chauvineau, ressent une grande frustration. L’étudiante de 20 ans a passé une partie du deuxième confinement chez ses parents dans les Pyrénées afin de ne pas revivre l’isolement qu’elle avait ressenti en restant à La Roche-sur-Yon au printemps. Elle reconnaît avoir « craqué » quand Emmanuel Macron a annoncé le 24 novembre une réouverture possible des universités en février : « Je me suis beaucoup battue pour entrer dans ce DUT qui est assez sélectif et nous n’avons pas pu travailler sur des projets d’événements. Nous n’avons pas non plus accès aux ordinateurs de la fac. Ils sont équipés des logiciels qui nous permettent de nous entraîner à la publication assistée par ordinateur. Ce sont des logiciels que je n’ai pas les moyens d’acheter et je suis très inquiète de ne pas avoir tous les acquis pour entrer en école ou licence de communication l’an prochain. »

    Olivier ERTZSCHEID, cours de rue, Université de Nantes, Place Napoléon, La Roche-sur-Yon le 15 décembre 2020Olivier Ertzscheid à La Roche-sur-Yon, ce mardi. Photo Franck Tomps pour Libération
    « On nous prend pour des idiots et pour des irresponsables »

    L’incompréhension des mesures gouvernementales les concernant prédomine. « Peut-être que le gouvernement ne veut pas créer d’inégalités entre les étudiants de gros campus et ceux de petites facs, cela peut s’entendre. Mais avoir cours dans un amphithéâtre de 800 places ou, comme nous, au sein de promotions de 60 personnes, ce n’est vraiment pas pareil d’un point de vue sanitaire », considère Antonin Couturier, également en deuxième année de sciences de l’information et de la communication.

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    « On nous prend pour des idiots et pour des irresponsables, estime Luka Pambour, étudiant de première année. Nous voyons les gens aller au travail et nous, nous restons enfermés chez nous derrière notre ordinateur. C’est dur d’être coupé du jour au lendemain les uns des autres alors que l’on débute une formation et que l’on commence à peine à se connaître. »

    Olivier Ertzscheid n’exclut pas de proposer d’autres cours de rue en janvier si aucune annonce n’est faite en faveur d’une réouverture des universités d’ici là. Le consensuel « esprit de Noël », si présent dans l’ambiance sonore yonnaise ce mardi, pourrait alors faire place à une critique plus rude de l’action gouvernementale.

    #Olivier_Ertzscheid #Proferrant

  • Covid-19 : « De ma vie d’épidémiologiste, je n’avais jamais vu un tel engouement » - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/14/covid-19-de-ma-vie-d-epidemiologiste-je-n-avais-jamais-vu-un-tel-engoueme

    Dans les enquêtes statistiques, il est rare que l’on demande aux participants de se piquer le bout du doigt pour en faire sortir une grosse goutte de sang. Mais pour l’étude Sapris-Sero, 88 232 personnes ont accepté de le faire. Elles ont déposé cinq taches sur les réactifs d’un buvard et renvoyé le tout par la poste.Accompli en mai et juin à l’issue du premier confinement, ce geste venait en accompagnement d’un questionnaire fouillé, établi en urgence par les chercheurs dès le 17 mars. Samedi, dans un donnant-donnant équitable, les résultats de Sapris-Sero ont été présentés en avant-première aux participants de l’enquête lors d’une conférence en ligne. EpiCov, la seconde grande étude épidémiologique sur le Covid, publiera ses résultats prochainement.Dans les deux enquêtes, le questionnaire est à peu près similaire, les tests sérologiques sont traités par la même équipe de l’Unité des virus émergents de Marseille, dirigée par Xavier de Lamballerie. Ce qui diffère, ce sont les participants. Pour EpiCov, un panel représentatif de la population a été réuni, dont les travailleurs de première ligne qui ont été lourdement atteints par le virus. Pour Sapris-Sero, ce sont les participants habituels de cinq grandes études de santé publique (E3N-E4N, Epipage, Elfe, NutriNet-Santé, Constances) menées sur des temps longs qui ont été sollicités

    #Covid-19#migrant#migration#france#enquete#statistiques#epidemiologie#inegalite#diversite#sante#conditionsociale