/photo

  • Mort de Maurice Rajsfus, « historien de la répression » policière - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/06/14/mort-de-maurice-rajsfus-historien-de-la-repression-policiere_1791200

    Enfant de parents déportés après la rafle du Vél d’Hiv, le journaliste, historien et militant a consacré sa vie à documenter les crimes et délits des forces de l’ordre. Une œuvre qui résonne avec les mobilisations actuelles.

    Quand on lui demandait comment il se définissait, il répondait : « Historien de la répression. J’ai créé mon genre… » Maurice #Rajsfus aura consacré la majeure partie de sa vie à l’examen implacable des crimes et délits policiers en France. Figure libertaire, l’écrivain est mort samedi à l’âge de 92 ans des suites d’un cancer, a annoncé son fils Marc.

    Né Maurice Plocki le 9 avril 1928, l’homme a minutieusement archivé, à partir de Mai 68 et pendant plus de quarante ans, les « brutalités sans nom », cinglait-il, de la police française. C’est peu dire qu’il en voulait aux forces de l’ordre – et qu’il avait ses raisons : en juillet 1942, la police du régime de Vichy avait raflé sa famille parce que juive, les laissant sa sœur et lui orphelins dans un Paris occupé par les nazis. Décortiquant des milliers d’articles de presse, Rajsfus a analysé les politiques des ministres de l’Intérieur qui se succédaient et, expliquait-il, justifiaient l’injustifiable : le harcèlement et les violences racistes, la répression des mouvements sociaux, les « gestes que l’on enseigne en école de police » et qui brisent parfois des vies.

    La dernière fois que Libération l’avait rencontré, c’était durant l’été 2019, pour un projet d’article sur le déni institutionnel entourant l’expression même de « violences policières » – il avait alors ironiquement évoqué « une certaine retenue » de l’Etat à reconnaître la réalité. Finalement, l’idée d’un portrait s’était imposée, tant #Maurice_Rajsfus incarnait à la fois l’histoire et la contemporanéité d’un combat dont l’actualité vient régulièrement rappeler la raison d’être. « La violence policière, elle est dans l’ADN du policier », affirmait-il. A ses yeux, un fil historique courait entre la police de Vichy, celle du massacre du métro Charonne en 1962, celle de Mai 68, celle qui mutilait récemment dans les centres-villes lors des manifestations de gilets jaunes, et celle qui tue parfois encore dans les quartiers populaires.
    « Il ne devrait pas y avoir un seul raciste dans la police »

    Certaines de ses réflexions revenaient en mémoire ces dernières semaines, à l’écoute des arguments visant à déresponsabiliser les forces de l’ordre ou à minimiser leurs dérives. Ainsi de l’idée qu’il serait normal que la police compte dans ses rangs un certain nombre de racistes, car elle serait « à l’image de la société ». « J’ai été invité par Europe 1 à un débat avec des cadres de la police parisienne, il y a une dizaine d’années, nous avait-il raconté. Je ne suis pas sectaire, j’y vais. A un moment donné, je crois que c’est le numéro 2 ou 3 de la PJ [police judiciaire, ndlr] qui me dit : "Vous savez, il n’y a pas plus de racistes dans la police que dans la moyenne de la population." Alors là, je lui ai arraché le micro, je lui ai dit : "Vous avez tort de me dire ça, parce que pour entrer dans la police il faut passer un concours d’entrée. Ensuite, il y a un an d’école de police. Et à la sortie, il y a encore un concours. Donc il ne devrait pas y avoir un seul raciste dans la police." »

    Président durant plusieurs années du réseau Ras l’front, né en 1990 pour lutter contre le Front national et ses idées, cofondateur de l’Observatoire des libertés publiques et créateur du bulletin mensuel « Que fait la police ? », l’ancien journaliste a écrit près de soixante ouvrages, dont de nombreux consacrés aux forces de l’ordre. Entre autres : la Police hors-la-loi, les Mercenaires de la République ou encore Je n’aime pas la police de mon pays. Il a également examiné dans un livre le douloureux sujet de la collaboration de certains juifs avec le régime de Vichy (Des juifs dans la collaboration, paru en 1980). Samedi soir, la maison d’édition Libertalia, avec laquelle il cheminait, lui a rendu hommage : « Nous poursuivrons ses combats pour la justice et l’émancipation. Ami, ta rage n’est pas perdue ! »
    La Contemporaine, un refuge pour ses archives

    A la fin de sa vie, seul dans son appartement après la mort, en novembre 2018, de Marie-Jeanne, avec qui il avait vécu durant soixante-cinq ans, Maurice Rajsfus avait une inquiétude : que ses archives, des centaines de boîtes en plastique contenant elles-mêmes des milliers de fiches recensant les bavures policières, « partent à la benne ». A la suite de la parution en décembre 2019 de son portrait dans Libération, qui a finalement joué le rôle d’une petite annonce, un contact a été établi avec la Contemporaine (anciennement Bibliothèque de documentation internationale contemporaine) pour que son travail y soit sauvegardé. Le processus était en bonne voie : « Des gens sont venus chez lui pour faire le métrage de toutes ses archives », raconte son fils, Marc Plocki. La crise sanitaire du Covid-19 a tout suspendu, mais « ce sera fait de façon certaine », assurent les éditions Libertalia.

    Cachan, le 22 juillet 2019. Maurice Rajsfus, écrivain, journaliste, historien et militant français. Il est auteur de nombreux livres dans lesquels il a abordé les thèmes du génocide des juifs en France, de la police et des atteintes aux libertés. Il a dédié une pièce de son domicile à la conservation de milliers de fiches bristol qui recensent les violences policières pendant plus de quarante ans. Maurice Rajsfus avait dédié une pièce entière de son domicile à la conservation de milliers de fiches bristol qui recensent les violences policières de 1968 à 2014. Photo Frédéric Stucin pour Libération

    Un autre projet était en cours : un livre d’entretiens avec le journaliste David Dufresne qui, à travers ses interpellations « Allô Place Beauvau », avait repris le flambeau d’une recension systématique des faits et gestes policiers. « On s’était vus en début d’année pour préparer ce livre, où l’on voulait confronter nos expériences et nos points de vue, raconte Dufresne. Il n’était pas du tout sur les réseaux sociaux, c’était quelqu’un qui était encore stylo à la main, mais il voyait bien que quelque chose basculait en ce moment par rapport à l’observation de la police, avec toutes les vidéos. » Pour préparer ce livre, Rajsfus avait écrit récemment une cinquantaine de pages de notes. Dufresne arrivait, lui, avec un paquet de questions : « Maurice Rajsfus a montré la voie, il avait compris que c’est l’accumulation des événements qui fait sens. Un cas peut être hasardeux, mais pas une accumulation. »

    Signe de l’importance qu’avait acquise Maurice Rajsfus, l’annonce de sa mort a été suivie par de nombreux hommages, certains militants antiracistes saluant un « monument ». D’autres relevaient un évident symbole : son existence a pris fin le jour même où des dizaines de milliers de personnes défilaient dans plusieurs villes de France pour dénoncer le racisme et les violences policières, et réclamer « justice ». Le combat de sa vie est désormais celui d’une époque, porté par un mouvement sans frontières.

    Frantz Durupt , Ismaël Halissat

    #police #surveillance #sousveillance #histoire

  • Que sait-on des insultes antisémites entendues lors du rassemblement pour Adama Traoré ?
    Par Anaïs Condomines 14 juin 2020 à 15:59 - Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/2020/06/14/que-sait-on-des-insultes-antisemites-entendues-lors-du-rassemblement-pour
    https://medias.liberation.fr/photo/1319085-prodlibe-2020-0821-checknews-antisemite.jpg?modified_at=15

    (...) Dans la vidéo, on entend effectivement, au moins à trois reprises, l’insulte « sale juif ! » sans qu’il soit possible de déterminer précisément la ou les personnes à l’origine de ce cri. De nombreux internautes incriminent l’homme noir portant une casquette, identifiable sur les images, l’objectif du téléphone se tournant régulièrement vers son visage. Mais d’après nos observations, il est uniquement possible de lui attribuer avec certitude les propos suivants : « Descends me voir en tête à tête, descends me voir si t’es un homme. »

    Plus généralement, il est également possible d’entendre, à cet instant, de nombreuses huées et un chant repris en masse par les personnes présentes. A quelques mètres devant, un membre du comité Adama, au micro, scande son slogan habituel « Pas de justice, pas de paix », invitant les manifestants à « faire abstraction », comme le montre la journaliste Sarah Benichou, qui a sous-titré la vidéo après avoir nettoyé la piste de bruits parasites.

    Donc, j’ai sous-titré la fameuse vidéo.
    Point méthodo : J’ai travaillé avec un logiciel de montage son pour nettoyer la piste audio, isoler des voix du brouhaha et bien entendre. Je laisse ici la piste originale, sans aucun modification de fréquence ni nettoyage.
    Mini thread. pic.twitter.com/VXMGBF6gm7
    — Sarah Ben (@sarahbenichou82) June 14, 2020
    https://twitter.com/sarahbenichou82/status/1272128333849989121
    Moins d’une heure après la publication de la vidéo par le compte Twitter de Valeurs actuelles, l’information est reprise par la Préfecture de police de Paris qui, sur les réseaux sociaux, parle alors d’un cri scandé par « les manifestants », généralisant de fait la tenue de ces propos antisémites à toutes les personnes présentes.

    "Sales juifs" scandé par les manifestants. Le préfet de Police signale ces propos antisémites à la justice. pic.twitter.com/3aSaQfmvjK
    — Préfecture de Police (@prefpolice) June 13, 2020

    Or, vérification faite, il apparaît douteux d’affirmer que ces propos ont été massivement relayés par la foule.

    En effet, la vidéo de Valeurs actuelles est mise en ligne à 16h33, soit deux heures exactement après la survenue des événements – la banderole ayant été déployée peu après 14h30. Durant ce laps de temps, aucune mention de l’insulte ne figure sur les réseaux sociaux. Les premières réactions à ces propos apparaissent, d’après nos observations, à partir de 16h54, soit vingt minutes après la publication de la vidéo. (...)

    https://seenthis.net/messages/860635

    • Personne n’a émis l’hypothèse que c’était de la manipulation ? Non seulement parce que c’est absurde dans une manif antiraciste, parce que cela semble absurde de traiter des fachos de sales juifs, mais aussi et peut-être surtout parce que la vidéo a été postée tellement vite sur le site de Valeurs Actuelles après avoir été filmée que ce ne serait pas si inimaginable qu’elle ait été commanditée par celui qui l’a filmée et relayée. Suis-je trop complotiste ?

    • Oui, mais je veux dire encore plus manipulé, c’est à dire que même le cri émanerait d’une personne qui voulait discréditer la manif, au même titre que celui qui tient la caméra... Bon, je délire peut-être, et on ne pourra de toute façon pas le prouver...

    • Bon, alors, je délire avec toi.
      Hypothèse :
      Ils étaient 2 ou 3 et ils pensaient qu’ils pouvaient entraîner les manifestant.e.s à reprendre leur slogan, alors ils auraient filmé les gens qui l’auraient scandé.
      Ça n’a pas marché, ils se sont contenté d’enregistrer leurs propres voix sans montrer leur visage tout de même.

    • Oui, il gueule ça dès qu’il se passe quelque chose. Pas de bol, si ça s’agite, c’est que les identitaires font leur show. V’là que le boute-en-train de la pref a manqué d’à-propos. Et fait un flop. L’autre filme. C’est en boîte !! Ça diffuse, ça relaie. On ne change pas une technique éprouvée. Quand même, c’est à se demander qui a acheté le tissu du calicot.

      #coproduction

    • HONTE AUX DIRIGEANTS DU CRIF !
      mardi 16 juin 2020 par Dominique Vidal
      Dominique Vidal, le 15 juin 2020.
      http://www.ujfp.org/spip.php?article7920

      Hier, tout était confus. Un observateur de bonne foi aurait pu croire que des manifestants samedi, place de la République, avaient crié « Sales Juifs ! ». Vingt-quatre heures plus tard, il s’agit d’un mensonge qui n’a aucune excuse.

      Quiconque veut s’informer sait :

      1) Que cette insulte antisémite a été proférée par UNE ou DEUX personnes sur les DIZAINES DE MILLIERS rassemblées ;

      2) Qu’elle l’a été dans une vidéo relayée par l’hebdomadaire d’extrême droite « Valeurs Actuelles », dont le cameraman a soigneusement évité de nous montrer le visage du ou des deux salopard(s) ;

      3) Que moins d’une heure plus tard, le préfet Didier Lallement publiait un communiqué attribuant ce cri honteux « aux manifestants » ;

      4) Qu’Assa Traore, s’adressant à la foule, a clairement appelé à l’union des chrétiens, des musulmans et des juifs en condamnant toute forme d’antisémitisme.

      Voilà ce que les dirigeants du CRIF savaient lorsqu’ils ont rédigé leur newsletter d’aujourd’hui. Cela ne les a pas empêchés, toute honte bue, de reprendre la version diffamatoire du préfet, en y ajoutant une inacceptable mise en cause de Jean-Luc Mélenchon.

      Il faut le dire clairement : le CRIF a désormais pour fonction de défendre, non plus les intérêts bien compris des Juifs de France, mais uniquement la politique de l"extrême droite israélienne dans sa politique antipalestinienne, mais aussi dans ses alliances avec les leaders populistes, négationnistes, voire antisémites d’Europe centrale. Et pour cause : en France, c’est aussi l’extrême droite qui a fait main basse sur le CRIF.

      Francis Khalifat et son groupe ont à nouveau baissé le masque : ce sont des tricheurs et des menteurs, dont les dérives alimentent, jour après jour, l’antisémitisme.

      “““““““““““““““““““““““““““““
      Lu dans la presse - Publié le 15 Juin 2020
      France - "Sales juifs" entendu à la manifestation contre les violences policières, la justice saisie
      http://www.crif.org/fr/revuedepresse/france-sales-juifs-entendu-la-manifestation-contre-les-violences-policieres-la
      Communiqué du Crif - Le Crif dénonce avec fermeté les cris antisémites proférés lors de la manifestation tenue samedi après-midi
      http://www.crif.org/fr/communiquedepresse/communique-du-crif-le-crif-denonce-avec-fermete-les-cris-antisemites-proferes-
      Lu dans la presse | Publié le 15 Juin 2020
      France - Antisémitisme : "Sales juifs", vous avez dit ?
      http://www.crif.org/fr/revuedepresse/france-antisemitisme-sales-juifs-vous-avez-dit

  • Maurice Rajsfus, décédé ce jour 13 juin 2020

    Maurice Rajsfus, encyclopédie des violences policières
    Par Frantz Durupt et Ismaël Halissat, Photos Frédéric Stucin — 22 décembre 2019 - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2019/12/22/maurice-rajsfus-encyclopedie-des-violences-policieres_1770697

    Le journaliste, dont les parents arrêtés par un policier voisin sont morts en déportation après la rafle du Vél d’Hiv, a documenté les dérives des forces de l’ordre bien avant les gilets jaunes, de Mai 68 à 2014. A 91 ans, il veut transmettre ses archives.

    • Observatoire des Libertés Publiques :
      http://quefaitlapolice.samizdat.net/?page_id=90

      Un article de David Dufresne sur Libé (18/01/1999) :

      L’appel est intitulé : « La police hors la loi, ça suffit ! » Il émane

      de l’Observatoire des libertés publiques, créé et présidé par l’écrivain Maurice Rajsfus depuis avril 1994. Qui écrit : « Une fois de plus, la police a tué un jeune issu de l’immigration maghrébine. Ce qui s’est passé à Toulouse, dans la nuit du 12 au 13 décembre ["] n’est que l’expression de la haine raciste affirmée au quotidien par des policiers en armes. » Et qui conclut : « Il semble que le pouvoir ait renoncé à faire le ménage dans les rangs de sa police. Ce qui ne peut qu’encourager les plus excités à ouvrir le feu, sans qu’il soit possible de les contrôler" »

      Ministère pudique. Entre ces deux extraits, les premiers signataires fustigent un « ministère de la Ville [qui] n’a jamais été qu’un voile pudique jeté sur les quartiers [de banlieue], pour lesquels nulle solution sérieuse n’est envisagée », mais aussi « ce "phénomène des banlieues où la haine ne cesse de croître contre cette société qui marginalise certains jeunes, les criminalise, alors qu’en droit ils sont nés français et sont citoyens à part entière de ce pays ». Et de souligner ces contrôles d’identité, « dans certaines banlieues », jusqu’à « dix fois par jour ».

      Mise en circulation il y a une dizaine de jours, la pétition a, pour l’heure, recueilli une centaine de signatures, avant de sortir, ce matin, du premier cercle des habituels pétitionnaires, via une conférence de presse. Ce qui n’est pas une mince affaire, à en croire son instigateur lui-même : « Au départ, l’appel, taxé de gauchiste, a été reçu avec beaucoup de méfiance. » Mais avec l’arrivée des Gilles Perrault, Pierre Vidal-Naquet, Siné, Alain Krivine, il semble avoir pris une certaine force. Parmi les autres signataires, des écrivains ­ Alain Bihr, Gérard Delteil, Dan Franck, Thierry Jonquet, Yves Pagès ­, des associatifs ­ AC !, Droits devant !, Scalp, Comité des sans-logis, le MIB ­, des chercheurs, quelques juristes et deux Verts.

      « Récupération. » Mais, surtout, l’appel coïncide « avec le discours sécuritaire de Chevènement » qui, selon Maurice Rajsfus, agit comme un catalyseur, ne serait-ce que « parce qu’il conforte les policiers dans leur comportement envers les jeunes des banlieues ».

      L’écrivain, qui publie chaque mois un recensement des brutalités policières dans le bulletin de son Observatoire des libertés publiques, a noté que « depuis que le Front national a explosé, en décembre, nous assistons à un durcissement du discours de la classe politique, qui cherche à récupérer l’électorat du FN ». Pour Maurice Rajsfus, du reste, « ce discours est inquiétant parce que, bientôt, on se rendra compte que le terme de "sauvageons prendra aussi en compte les sans-papiers, les sans-logis et les chômeurs. C’est ainsi qu’on les a considérés lors des dernières évacuations musclées d’occupations diverses. ».

      Observatoire des libertés publiques. 7-9, passage Dagorno. 75020 Paris. Tél-fax : 01.45.89.48.24.
      David DUFRESNE

      le lien : https://www.liberation.fr/societe/1999/01/18/une-petition-contre-la-haine-raciste-de-policiers-armesl-observatoire-des

  • Cluster dans les Bouches-du-Rhône : comment des saisonniers latinos-américains ont-ils pu venir en France pendant la crise sanitaire ? - Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/2020/06/12/cluster-dans-les-bouches-du-rhone-comment-des-saisonniers-latinos-america

    Plus de cent travailleurs agricoles ont été testés positifs au Covid-19 dans les Bouches-du-Rhône. Parmi eux, on retrouve de nombreux saisonniers agricoles venus d’Amérique latine, recrutés par une société d’intérim espagnole.

    #Covid-19#migrant#migration#france#cluster#saisonnier#ameriquelatine#economie#test

    • Extrait (12 juin 2020) :

      Une promiscuité difficilement compatible avec le respect des gestes barrières

      A moins que ces conditions ne se soient améliorées, il semblerait que le respect des gestes barrières soit difficile à appliquer dans ce type d’accueil, puisque la préfecture indique à CheckNews, que « lors d’un contrôle fin avril », la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) a « constaté sur un site une trop grande promiscuité dans les conditions d’hébergement et l’absence de fourniture en eau potable. Un arrêté préfectoral avait alors imposé de réduire le nombre d’occupants de cet hébergement et d’assurer un approvisionnement en eau potable ».

      Pour la sociologue Béatrice Mesini, spécialiste des droits des travailleurs agricoles étrangers, notamment dans le Sud de la France, la « grande promiscuité à tous les étages », que ce soit dans les logements, les transports ou le lieu de travail, « paraît assez incompatible » avec le respect des gestes barrières souhaité par le gouvernement dans sa documentation.


      Deux hébergements insalubres destinés aux saisonniers agricoles fermés dans le Gard
      Lundi 29 juin 2020
      https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/deux-hebergements-insalubres-destines-aux-saisonniers-fermes-dans-le-gard
      À Saint-Gilles et Vauvert, la Préfecture du Gard vient de fermer deux hébergements destinés aux salariés agricoles. Ils sont jugés insalubres.

      Des salariés agricoles saisonniers du Gard étaient hébergés dans des conditions indignes. Au total, cela concerne environ 200 personnes. Leurs hébergements viennent d’être fermés par le Préfet après enquête. Il s’agit d’une fermeture administrative. Les deux agriculteurs concernés sont installés à Vauvert et Saint Gilles. Tous les deux sont mis en demeure de se mettre aux normes.

      Par ailleurs, la justice poursuit l’enquête, au-delà de l’hébergement indigne, sur les conditions de travail et d’emploi de ces salariés. Il s’agit le plus souvent de Colombiens, venus en France par l’entremise de la société espagnole « Terra Fécundis ». « Les chambres étaient trop petites. Les cuisines sans aération ni ventilation, détaille Florence Barral-Boutet, à la tête de la Direction du Travail du Gard. Les personnes les unes sur les autres. Parfois, ces mobil-homes ne sont pas déclarés au niveau de l’urbanisme. Les écoulements des eaux usées ne sont pas conformes, sans parler de l’accès à l’eau potable ».

      « Ces deux entrepreneurs agricoles avaient déjà été verbalisés pour les mêmes faits. Ils ne peuvent pas dire qu’ils ne savaient pas. c’est encore pire que ce qu’on imaginait, ça relève presque de Germinal, avec vraiment une exploitation de ces salariés ». Éric Maurel, procureur de la République de Nîmes

      #Terra_Fecundis

    • Cf. « On est traités comme des animaux » : à Beaucaire, les saisonniers étrangers, entre conditions de vie difficiles et crainte du coronavirus (13 juin 2020)
      via @colporteur
      https://seenthis.net/messages/862182


      Une affaire hors norme de fraude sociale bientôt devant la justice
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/06/une-affaire-hors-norme-de-fraude-sociale-bientot-devant-la-justice_6035702_3

      Entreprise de travail temporaire espagnole, Terra Fecundis doit être jugée en mai à Marseille dans un dossier de fraude au travail détaché en France.
      06 avril 2020

      Il s’agit probablement de la plus grosse affaire de dumping social jugée en France. Elle concerne une entreprise de travail temporaire espagnole : Terra Fecundis, dont le siège se trouve en Murcie, dans le sud-est du pays. Selon nos informations, cette société ainsi que ses dirigeants vont devoir rendre des comptes devant la sixième chambre correctionnelle du tribunal de Marseille, à l’occasion d’un procès programmé du 11 au 14 mai, qui risque, toutefois, d’être décalé à cause de la crise sanitaire.

      Les prévenus se voient reprocher d’avoir mis à disposition, pendant plusieurs années, des milliers d’ouvriers – principalement originaires d’Amérique latine –, sans les avoir déclarés dans les règles et en méconnaissant diverses obligations relatives au salaire minimum, aux heures supplémentaires, aux congés payés, etc. Le préjudice serait lourd pour les femmes et les hommes ainsi employés, mais aussi pour la Sécurité sociale française, privée des cotisations qui, selon l’accusation, auraient dû lui être versées : un peu plus de 112 millions d’euros entre début 2012 et fin 2015 – la période retenue par la procédure pénale, sachant que l’entreprise espagnole poursuit toujours son activité dans l’Hexagone, aujourd’hui.

      Depuis au moins une dizaine d’années, la société Terra Fecundis fournit à des exploitations agricoles tricolores de la main-d’œuvre pour la cueillette des fruits et des légumes. Ses services sont manifestement très appréciés : en 2019, elle avait un peu de plus de 500 clients, disséminés sur 35 départements, d’après un document mis en ligne sur le site Internet de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) d’Occitanie. « Estimé » à 57 millions d’euros, son chiffre d’affaires en France provient, en grande partie, de contrats signés avec des maraîchers des Bouches-du-Rhône et du Gard.

      Mort d’un salarié en 2011

      Terra Fecundis a commencé à capter l’attention de la justice il y a presque neuf ans, à la suite d’un épisode tragique. En juillet 2011, un de ses salariés, de nationalité équatorienne, avait trouvé la mort à l’hôpital d’Avignon, peu de temps après avoir fait un malaise à l’issue d’une journée de travail éreintante. Agé de 33 ans, l’homme avait été victime d’une déshydratation sévère dans des circonstances troublantes, qui avaient conduit à l’ouverture d’une enquête.

      #paywall

      Lien vers leur enquête de 2015 :

      Une saison en enfer
      Depuis dix ans, Terra Fecundis fait travailler en France jusqu’à 5 000 ouvriers agricoles sud-américains sous contrat espagnol. Les méthodes de la société d’intérim sont aujourd’hui dénoncées.
      Par Jean-Baptiste Chastand Publié le 31 mars 2015 à 19h13 - Mis à jour le 19 août 2019 à 13h04

      Déjà ici en 2015 : https://seenthis.net/messages/361156 via @odilon

  • (6) Didier Raoult, général Boulanger de la médecine - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/06/01/didier-raoult-general-boulanger-de-la-medecine_1789960

    Et voilà comment dans un pays sans culture de santé publique, où la science est une opinion comme une autre, un grand patron autoritaire et caractériel, symbole d’un système mandarinal, est devenu une figure de la contre-culture populiste. A son avantage, il bénéficie de l’indigence absolue de la gestion gouvernementale de la crise, et d’une communication hors-sol qui heurte le bon sens. La minimisation du risque pandémique, la condescendance ministérielle envers les expériences chinoise et italienne, les mensonges répétés sur l’inutilité des masques ou des tests, tout ceci a laissé la porte ouverte à un homme d’une extrême vanité, qui va à la fois jouer le dedans et le dehors, mettre en avant son gros impact factor, et sa capacité à éclater les codes méthodologiques usuels.

    Tétanisés par son assurance, incapables de lui opposer autre chose qu’un conseil scientifique qui fait où on lui dit de faire (comme lors du maintien du premier tour des municipales), les gouvernants restent muets. Et alors que Raoult et son équipe se livrent à des expérimentations humaines hors-cadre, publiant dans des revues amies des études indigentes, maquillant des études interventionnelles en études observationnelles, les agences sanitaires se distinguent par leur silence embarrassé.

    Il faudra attendre le 23 mai, soit trois mois après les premières sorties de Didier Raoult, pour qu’un ancien vice-président de la commission des autorisations de mise sur le marché à l’Agence française du médicament, le Pr Jean-François Bergmann, s’avance courageusement – sarcasme – pour annoncer dans le Parisien : « On peut le dire haut et fort, le Pr Raoult se trompe ! » OK boomer, bienvenue aux résistants de 1946… Mais pourquoi n’avoir pas réagi plus tôt aux innombrables violations scientifiques dont s’est rendue coupable l’équipe Raoult ? Réponse magique – sarcasme, quand tu nous tiens : « On s’est tus avec élégance. »

    La longue liste de politiques ayant cautionné les thèses de Didier Raoult n’est plus à faire. Au prétexte de l’urgence, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, assène le 22 mars : « De toute façon, qu’est-ce qu’on risque ? Les gens meurent. » Christian Estrosi, maire LR de Nice, déclare le 23 mars : « On n’a pas le temps de tester sur des souris pendant six mois. » Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, déclarera le 30 mars : « Je pense qu’il faut tout de suite donner la possibilité à tous les médecins de ville de le prescrire. » Et, jamais en reste, Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne et président du parti Debout la France, martèlera le 6 avril : « Chaque jour perdu est un crime ! Je le dis. Je le répéterai. » Au moins ont-ils l’honnêteté de ne pas effacer leurs tweets, à la différence de Ségolène Royal, qui dénonçait le 23 mars : « C’est urgent ! Pourquoi ces hésitations bureaucratiques incompréhensibles ? »

    Ce qui est fascinant ici, chez ces politiques censés légiférer sur la chose publique, c’est l’absence de toute compétence médicale, de toute culture scientifique. Qu’un mandarin barrisse plus fort que les autres, et ils se mettront en ordre de marche derrière lui, comme le fera Michel Onfray.

    #Didier_Raoult #Fake_science #Chloroquine

    • #effondrement (récit de l’) Me fait penser à une BD publiée chez Adrastia où tu vois une tribu de « djeunes gens » prêt à se barrer de la ville en mode chacun pour sa gueule et tant pis s’il faut écraser celle des autres et dont le but ultime est d’aller se réfugier quelque part dans la France sauvage pour s’initier à la #résilience ...

      Mais on peut les pardonner : il vaut mieux sacrifier un peu d’urbanité en remplaçant son verre de vin en terrasse par du jus de pomme mal filtré consommé dans une grange poussiéreuse plutôt que de faire société avec des gueux mal éduqués.

    • Ils sont designer, créateur sonore, directrice d’école dans l’enseignement supérieur ou encore entrepreneuse dans l’économie sociale et solidaire.

      Il faut bien ça pour pouvoir dire :

      Pour moi, cette crise est une réminiscence : ce sentiment qu’on contrôle sa vie et que d’un coup, tout s’écroule. Je n’ai pas envie de revivre ça.

      Le meilleur est pour la fin : est-ce que ces gens dans la force de l’âge ont des projets de développement local, solidaire et écologique, des activités de subsistance (agriculture, transformation alimentaire, artisanat et réparation) pour le pays dans lequel ils vont vivre et travailler ? Non, ils vont vivre avec la béquille technologique plutôt que dans leur milieu ! Des salaires toulousains et de grands maisons campagnardes !

      Une fois installé, il télétravaillera, sa profession de créateur sonore le lui permet. Pour les autres, des choix sont encore à opérer mais aucun ne compte rompre totalement avec la métropole.

      #survivalisme_chic #écologie_des_riches #écovillage #transition #transition_et_bourgeoisie

    • Via le géographe Matthieu Adam sur Twitter.

      (3) Lettre d’une néorurale aux candidats à l’exode urbain - Libération
      https://www.liberation.fr/debats/2020/05/12/lettre-d-une-neorurale-aux-candidats-a-l-exode-urbain_1787941

      Vous qui rêvez de la campagne, plus seulement pour un week-end, mais pour un véritable projet de vie. On vous attend !

      Lui tourner le dos est un acte de résistance, de réappropriation de nos vies, de notre futur, de l’avenir de nos enfants.

      Quitter la ville, se libérer de la publicité, du coût exorbitant du foncier qui oblige à toujours plus travailler pour pouvoir vivre dignement.

      L’exode urbain 2020 sera à l’image de la génération qui fera ce choix : connectée, ouverte, en quête de sens et de lien.

      Il y a de la place dans les maisons vides, mais aussi et surtout dans le cœur de celles et ceux qui font nos territoires. Si vous saviez combien nous avons besoin de vous !

      « Vivre à la campagne, c’est sortir d’un système qui n’est bon pour personne »
      https://usbeketrica.com/article/vivre-a-la-campagne-c-est-sortir-d-un-systeme-qui-n-est-bon-pour-person

      Plus des trois-quarts des Français habitent aujourd’hui en ville : cette répartition pourrait-elle basculer dans les années à venir, et mener une vague de néo-ruraux en direction de la campagne, portés par la crise économique, la flambée des prix de l’immobilier, les températures caniculaires en ville - Paris aura en 2050 le climat de Canberra - des aspirations en adéquation avec l’urgence climatique, ou tout simplement la banalisation du télétravail ?

      Originaire du Havre, ancienne conseillère politique après des études à Sciences Po Lille, Claire Desmares-Poirrier est engagée depuis dix ans dans le développement d’une ferme bio et d’un café-librairie en Bretagne, à Sixt-sur-Aff, une commune de 2 000 habitants. Avec son compagnon, elle produit des plantes aromatiques et médicinales en agriculture biologique, et des tisanes gastronomiques. Elle publiera en août prochain ce qu’elle espère être un « appel à l’action » : un essai aux éditions Terre Vivante intitulé Exode urbain, Manifeste pour une ruralité positive.

      Elle a quand même l’air de faire quelque chose de ses mains.

    • Pour compléter : les inénarrables aventures de « Nours » & « Plüche » par Bruno Isnardo et Eva Roussel, deux étudiants lyonnais contaminés par les récits de l’effondrement des Servigne et consorts.
      https://bdtoutvabien.tumblr.com/leprojet

      Nours & Plüche sont les petits surnoms que se donnent, entre eux, nos deux héros, avatars des auteurs.
      Plüche est illustratrice et travaille sur un projet de BD, Nours est menuisier et travaille en parallèle sur des projets d’écriture et de photographie. Tous les deux sont fusionnels et vivent heureux et modestement.
      Mais en ce début d’année, l’équilibre économique mondial commence à s’effriter sérieusement et nos deux personnages, habitants d’une grande ville et loin d’être autonomes, vont subir ce qui se révèlera être la plus grande crise économique que l’Histoire ait connue.

      Le lien chez Adrastia :
      http://adrastia.org/tout-va-bien-enfin-ca-va-aller

      Les deux auteurs lyonnais, après avoir découvert l’effondrement, décident de réagir en écrivant cette bande dessinée. Ils cherchent à répondre aux deux questions qui les obsèdent : si ça arrive demain, on fait quoi ? Comment on aborde le sujet avec les gens sans passer pour des fous ?

    • Commentaire à la lecture de l’autre #saloperie de Libé (le journal des CSP+ néoruraux) relayé par @antonin1 depuis le compte Twitter de Matthieu Adam, géographe :
      Quand la gentrification s’exile aux champs : vivre à la campagne, oui, mais avec la fibre et du haut-débit (et des écoles Montessori privées parce que, hein, faudrait pas que notre progéniture se mélange avec les petits bouseux du coin).

  • Le Défenseur des droits se mobilise pour les lanceurs d’alerte
    https://www.liberation.fr/france/2020/06/04/le-defenseur-des-droits-se-mobilise-pour-les-lanceurs-d-alerte_1790184

    Jacques Toubon lance ce jeudi matin un appel au gouvernement pour sécuriser, voire indemniser, les sources de révélations sensibles. Au risque d’attiser l’appât du gain. Indemniser les lanceurs d’alerte, au risque de les transformer en chasseurs de prime, loin de l’intérêt général qu’ils seraient censés défendre ? Le Défenseur des droits (3D) n’hésite pas à aborder frontalement la question. « Il faut distinguer clairement l’aide financière visant à compenser les pertes de revenus d’un lanceur d’alerte, sur (...)

    #activisme #journalisme #législation #surveillance #DéfenseurdesDroits

  • Les « livreurs de bonheur » sans papiers de #Frichti en colère

    Après la publication de notre enquête sur les #conditions_de_travail d’un livreur sans papiers de la plateforme Frichti, une centaine de travailleurs dans la même situation manifestent ces derniers jours dans les rues de Paris. Ils réclament leur régularisation et la reprise du travail.

    https://www.liberation.fr/france/2020/06/05/les-livreurs-de-bonheur-sans-papiers-de-frichti-en-colere_1790397
    #livreurs #sans-papiers #France #régularisations #migrations #travail #manifestation

    ping @isskein @karine4

    • Gardiens de la paix, un documentaire d’Ilham Maad
      https://www.arteradio.com/son/61664080/gardiens_de_la_paix

      Des policiers racistes, fascistes et suprémacistes blancs se lâchent sur leur collègue noir

      « On est fichés "f", "f" comme fachosphère »
      Membre d’une unité de police d’escorte à Rouen, Alex découvre l’existence d’un groupe privé d’échanges audio sur WhatsApp, dont font partie une dizaine de ses co-équipiers. Certains sont encore stagiaires en école de police, d’autres, comme lui, sont policiers titulaires depuis plus de 20 ans. Intrigué par la présence de son prénom dans les messages, il découvre des propos orduriers ouvertement racistes, misogynes et antisémites. Certains de ses collègues vont jusqu’à se revendiquer du fascisme et du suprémacisme blanc. Sur les conseils de son avocate, M° Yaël Godefroy, Alex dépose plainte et déclenche une enquête interne qui est toujours en cours. Après son audition, la hiérarchie décide de muter Alex dans une autre unité. Ses collègues titulaires sont eux toujours en poste.

      Ilham Maad a réuni le policier et son avocate pour commenter des extraits de ces enregistrements. Une enquête sur cette affaire menée par Camille Polloni est à lire dans Mediapart.

      #police #racisme #radio #policiers #fascisme

    • Après son audition, la hiérarchie décide de muter Alex dans une autre unité. Ses collègues titulaires sont eux toujours en poste.

      Et donc en même temps : Christophe Castaner promet « une sanction » pour « chaque faute » raciste dans la police
      https://www.lci.fr/politique/a-relire-christophe-castaner-promet-une-sanction-pour-chaque-faute-ou-mot-racist

      D’après lui, les forces de l’ordre sont les premiers bénéficiaires de cette intransigeance d’exemplarité. « L’exigence que nous avons vis-à-vis des policiers qui fauteraient c’est garantir la sérénité de l’ensemble du travail de la police et de la gendarmerie. » (...) S’il y a faute, elles doivent être sanctionnées et elles sont sanctionnées."

    • En décembre dernier, un policier dénonçait ses collègues après avoir découvert qu’ils échangeaient des messages racistes, antisémites, sexistes et homophobes dans un groupe WhatsApp privé. Cinq mois plus tard, ils sont toujours en poste, en attendant leur passage en conseil de discipline.

      « Le racisme n’a pas sa place dans la police républicaine » , affirmait Christophe Castaner le 27 avril, après la diffusion d’une vidéo dans laquelle des policiers traitaient un interpellé de « bicot », à l’Île-Saint-Denis. La condamnation morale du ministre, ferme, a été suivie d’effets : deux agents ont été suspendus à titre conservatoire, sitôt l’enquête ouverte. Mais une autre affaire démontre que la police a encore du ménage à faire dans ses rangs.

      Mediapart et ARTE Radio ont eu accès à des dizaines de messages vocaux échangés par des policiers, fin 2019, sur un groupe privé WhatsApp qui comptait onze membres. Parmi ces agents, en poste ou anciennement en poste à Rouen, six passaient des heures à s’envoyer des audios qui relèvent du suprémacisme blanc.

      Persuadés de l’imminence d’une « guerre raciale » , pour laquelle ils affirmaient stocker des armes, ces policiers (titulaires et « adjoints de sécurité », les emplois-jeunes de la police) accablaient d’injures tous les « ennemis de la race blanche » : les femmes (des « putes » , même les policières), les Noirs (des « nègres » ), les Arabes ( des « bougnoules » ), les gens du voyage (des « putain de manouches » ), les Juifs (des « fils de pute » qui « dirigent le pays » en compagnie des « gauchistes » ), les homosexuels (des « pédés » ). « Pour vivre heureux, vivons casher » , plaisantaient entre eux ces policiers, soucieux de rester discrets sur leurs échanges. « On est fichés F, F comme fachosphère. »

      Comme le révélaient le quotidien Paris-Normandie et le site 76actu dès le mois de janvier, ces faits ont été découverts et dénoncés, en décembre 2019, par un policier noir de 43 ans. En poste à l’Unité d’assistance administrative et judiciaire (UAAJ) de Rouen – un service qui sécurise la préfecture et le tribunal, veille au bon déroulement des audiences et escorte les justiciables –, ce sous-brigadier prénommé Alex se trouvait dans une guérite en compagnie d’un adjoint de sécurité quand il a vu s’afficher des messages mentionnant son prénom sur le grand écran de son collègue. Celui-ci a accepté de lui montrer les échanges, puis d’en consigner une partie : 180 pages pour la seule période du 4 novembre au 26 décembre 2019.

      Assisté de l’avocate Yaël Godefroy, Alex a adressé un rapport à sa hiérarchie le 23 décembre et déposé plainte contre six de ses collègues dans la foulée, pour « provocation non publique à la discrimination », « diffamation non publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nationalité, la race ou la religion » et « injures non publiques en raison de l’origine, l’ethnie, la nationalité, la race ou la religion ». Le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Éric Maudier, a également signalé ces faits à la justice.

      Mi-janvier, le procureur de Rouen, Pascal Prache, a ouvert une enquête confiée à l’IGPN. Sur le plan pénal, ces conversations à caractère privé ne sont passibles que d’une contravention, pouvant aller jusqu’à 1 500 euros.

      En parallèle, la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) a mené une enquête administrative, confiée à son service interne de déontologie. Aujourd’hui « bouclée » , selon une source policière, cette procédure « va se traduire par un renvoi des fonctionnaires concernés devant le conseil de discipline » . La date de l’audience n’est pas encore connue. Dans la police, les conseils de discipline débouchent sur des propositions de sanction – pouvant aller jusqu’à la révocation –, entérinées ensuite par l’échelon central du ministère de l’intérieur.

      À ce stade, les policiers mis en cause exercent toujours leur métier au contact du public. Ils n’ont pas fait l’objet de suspension mais « ont été affectés à de nouvelles fonctions au sein de leur service » , précise cette source policière. Leurs téléphones n’ont pas été saisis et ils se sont vantés, avant leur convocation, d’avoir déjà effacé une grande partie des messages.

      Inquiète de ne pas voir avancer l’enquête, l’avocate d’Alex a écrit au procureur de la République le 2 juin. Dans ce courrier, Yaël Godefroy s’étonne que son client n’ait « pas été interrogé depuis son dépôt de plainte » tandis que son collègue, celui qui lui a montré les messages dans la guérite, n’a « toujours pas été entendu ». « Mon client craint la perte ou l’altération des éléments de preuve » , écrit Yaël Godefroy, pour qui « il est impératif de faire constater et retranscrire ces messages en intégralité » avant que « le contenu des échanges » n’ait disparu pour toujours. Contacté par Mediapart, le procureur de Rouen indique que « l’enquête confiée à l’IGPN est toujours en cours » et précise qu’ « une audition a d’ailleurs eu lieu » mercredi.

      Cinq mois après sa plainte, Alex a accepté de sortir du silence. Sans vouloir « décrire la police comme un milieu malsain », il estime que le racisme « existe vraiment » au sein de l’institution et reste « tabou » . Son témoignage, recueilli par Ilham Maad pour ARTE Radio, est à écouter ci-dessous, entrecoupé de messages audio échangés par ses collègues Gilles, Camille, Julien, Thibaut, Xavier et Guewen. Une logorrhée sur l’inégalité des races, dénonçant une « invasion » de l’Europe, mâtinée de paganisme et de survivalisme, qui se complaît dans la répétition d’injures racistes et d’allusions sexuelles.

      Certains des propos tenus visent directement Alex. Un adjoint de sécurité de 19 ans critique ainsi son « travail de nègre » , ouvrant la voie à un déferlement de haine partagée contre les Noirs et les femmes. Alex « doit charmer à mort de la pute à nègres blanche » , disent ces policiers, alors que « n’importe quelle gonzesse qui a un minimum de jugeote sait qu’elle a affaire au nègre typiquement séducteur qui la fera cocue à tous les niveaux ».

      Une de leurs collègues, qu’ils soupçonnent de fréquenter Alex, est traitée de « pute à nègre » , laissant entrevoir une forme de jalousie perverse : « De toute façon, les gonzesses ne veulent pas de mec bien, elles prennent le nègre qui les saute et puis qui les lâche après. » L’un des policiers explique aux autres que s’il était responsable de la formation de la police nationale, il n’y aurait « plus de Noirs, plus d’Arabes et moins de gonzesses » .

      Avec une certaine constance, ces policiers s’en prennent aux « filles qui aiment bien les bâtards » plutôt que « les mâles blancs » , avec une explication toute trouvée. « Vu que c’est les Juifs et les gauchistes qui dirigent ce pays, on fait en sorte que la fille aille vers le bougnoule ou le nègre. En Angleterre ou en Allemagne, c’est pas comme ça, t’éduques ta fille pour qu’elle continue dans la race aryenne. »

      Ce vocabulaire issu du répertoire nazi s’accompagne de spéculations sur l’avenir. « Ce que ces putes n’ont pas compris, c’est que ça a beau être des racailles, des cassos, des putains de bougnoules de merde, tôt ou tard elles vont finir par le payer. Par exemple, quand il y aura l’effondrement économique, ils sauront pas les protéger. […] Moi j’ai les armes par contre, donc avec les armes je serai capable de pouvoir défendre mieux qu’un gros bâtard qu’elle a choisi, mieux que son singe. » Un autre regrette que dans sa section, les femmes soient « trop colorées ». « Y a que ça dans ma section, y a que de la colorée. Y a deux blanches sur dix. […] Si je leur dis que je suis fasciste, y en a plus aucune qui voudra me parler. »

      S’ils s’autoqualifient parfois de « fascistes » ou de « gros fachos » , les agents ont bien conscience que leurs échanges ne doivent pas être rendus publics. L’un des messages rappelle que leur groupe privé n’est ouvert « qu’aux hommes, et tous les hommes de l’unité n’y ont pas forcément accès » . Ils sont visiblement à l’aise entre eux, laissant échapper à l’occasion un rot ou un pet sonore, entre deux saillies sur « la race blanche », « les chambres à air » (pour désigner les chambres à gaz) ou la nécessité de « purger » la France.

      Ils se lancent par moments dans des diatribes sur les « chanteurs juifs » , citant Daniel Balavoine et Jean-Jacques Goldman, déclarés coupables de « propagande pro-nègre et bougnoules » . Se demandent si le journaliste Jean-Michel Aphatie, « un gros fils de pute qu’il va falloir abattre » , est juif ou non, et en concluent qu’il « a un phénotype assez suspect » . Quant aux « fils de pute de la gauche » , ils ne méritent rien d’autre qu’une « balle dans la tête » . « T’es une merde de gauche, tu mérites de mourir. Poutine il s’occuperait de ta gueule vite fait bien fait. Vivement la guerre civile, vivement l’effondrement, y a pas que la diversité qui va prendre cher, la gauche aussi, il va vraiment falloir éliminer ces fils de pute. Un jour ou l’autre, il va vraiment falloir que ces enculés paient. »

      Dans l’attente de la « guerre civile raciale » dont ils rêvent, les membres de ce groupe évoquent à plusieurs reprises leur désir de s’armer ou les armes dont ils disposent déjà. L’un dit à ses amis qu’il vient d’acheter un « fusil d’assaut » . Un autre affirme avoir « dix armes à la maison » . Deux semblent en affaire pour des « grenades flashbang » : « Moi je t’en prends quatre, comme ça j’en mets deux dans mon sac et j’en ai deux chez moi. » Tandis qu’un des adjoints de sécurité, regrettant de ne pas pouvoir être « calibré hors service » (porter une arme), dit s’être acheté « deux-trois petites conneries pour compenser » : « Une mini-lacrymo, ma télésco, mon choqueur de contact, mon poing américain. »

      Galvanisés, les amis inventent des slogans – comme « Make Normandie viking again » – et des théories, façon alt-right américaine : « Là où nous, les nationalistes racialistes, on doit être assez malins, c’est laisser le combat intersectionnel les obliger à s’exterminer entre eux. Ils vont déjà se séparer entre pro-arabes et pro-juifs, se bouffer la gueule, par exemple Mélenchon est très pro-arabe. Y a les féministes, tu sais pas sur quelle fesse elles dansent, ces grosses putes. Les pédés LGBT tout ça, machin-bidule, c’est pareil, les musulmans vont s’en charger. Quand les féministes, les LGBT, les juifs, les bougnoules, les nègres qui sont pas musulmans vont commencer à se bouffer la gueule entre eux, tu manges ton popcorn, tu regardes la télé, tu aiguises tes armes et quand ils se sont bien affaiblis tu achèves les bêtes. »

      Parmi ces six policiers, l’un se montre particulièrement actif : Gilles C., 46 ans, passé par la Seine-Saint-Denis avant la Normandie. Alex le considère comme « le gourou du groupe » . Sur WhatsApp, celui-ci partage des dizaines de liens vers Démocratie participative, le site raciste et antisémite attribué à Boris Le Lay, un néonazi français en fuite au Japon après plusieurs condamnations pour incitation à la haine raciale. Un site dont il est souvent question dans leurs échanges : « Moi quand j’écoute Démocratie participative au palais, je mets mes écouteurs. J’ai le droit d’écouter ce que je veux avec mes écouteurs. »

      Caché derrière un pseudonyme à consonance nordique, ce fonctionnaire « fan d’histoire » , de heavy metal et de fantasy poste aussi de nombreux commentaires sur Internet. Au sujet du film Jojo Rabbit , une comédie satirique sur Hitler, il écrit par exemple, en septembre 2019 : « Encore un film de propagande juif. » Bien qu’il ait récemment supprimé sa page Facebook, il continue à poster sous le même pseudonyme, notamment sur le réseau social russe VKontakt (VK), très prisé de l’extrême droite. Le 27 mars dernier, alors que l’enquête de l’IGPN est en cours, il félicite ainsi Boris Le Lay sur son profil VK : « Super vidéo. Longue vie et prospérité de Normandie. » Contacté par Mediapart, Gilles C. n’a pas donné suite.

      « Je suis obligé de rester un minimum correct, parce que je suis flic »

      Un autre membre du groupe, Thibault D., évoque quant à lui une chaîne YouTube où il aurait posté des vidéos sur les armes et le survivalisme, s’étonnant qu’elles aient été supprimées par la plateforme pour « incitation à la violence » . Ses collègues lui conseillent alors de passer par d’autres fournisseurs, mais Thibault D. estime que « la monétisation » n’y est pas aussi intéressante que sur YouTube. Et tranche la question : « De toute façon, je peux pas dire ce que je veux, je suis obligé de rester un minimum correct, tout simplement parce que je suis flic. Et que le jour où la hiérarchie tombe là-dessus, si elle est pas déjà tombée là-dessus, je veux qu’on puisse rien me reprocher d’illégal ou d’amoral, qu’on puisse pas me sanctionner. »

      Parmi les dizaines de messages écoutés, certains portent sur les personnes dont les fonctionnaires ont la charge, au sein du Palais de justice. Les protagonistes d’un procès d’assises sont traités de « gros nègre de merde » et de « gros bougnoule » , les interpellés dans les geôles de « putains de manouches, gitans et autres finis à la pisse nés dans une caravane » . Mais régulièrement, ces policiers se plaignent que leurs opinions soient considérées comme racistes.

      Fin décembre, certains membres du groupe reçoivent une convocation, des mains de leur commissaire. S’ils soupçonnent que leurs propos sur WhatsApp en sont la cause, ils continuent tout de même à en discuter. « Les patrons ils cassent vraiment les couilles, toujours à chercher la petite bête pour te niquer la gueule », analyse l’un d’entre eux. Tout en insistant sur le fait que « c’est privé » , ils disent avoir commencé à supprimer leurs échanges. Dans le volet disciplinaire de l’enquête, ils ont été auditionnés le 6 janvier pour « manquements à la déontologie » .

      Alex, le policier qui a porté plainte, se souvient d’avoir été « choqué » par le contenu des messages. « Ça pousse à la folie, je n’en dormais pas. Je vis tout seul. J’en ai parlé à mon frère, à des amis, mais c’était dur. J’ai dû prendre sur moi et décider d’avancer. » « Ces propos sont au-delà du supportable » , complète son avocate Yaël Godefroy, « ébahie par la violence » des termes employés. « Mon client n’a même pas pu les lire en totalité. Il m’a demandé d’en prendre connaissance. »

      « Pendant une semaine, j’étais dans les mêmes locaux que les personnes que j’avais dénoncées mais elles ne le savaient pas » , rappelle Alex. « Les fêtes de Noël, c’était une horreur. » Au retour des vacances, Alex apprend qu’il change de service, pour rejoindre une patrouille anti-délinquance. « Cette affectation m’a été imposée, mais je ne vais pas me plaindre. C’est un domaine qui me plaît. Ma hiérarchie est attentive et proche de ses hommes. Personne ne me parle de cette affaire, et j’évite aussi d’en parler, mais j’ai reçu des marques de soutien. »

      Tout au long de sa carrière, débutée en 1999, Alex dit avoir été dérangé par certains propos. S’il a connu « des années magnifiques » en banlieue parisienne, jusqu’en 2008, Alex se souvient aussi des « blagues racistes », « petites réflexions » et raccourcis connotés de quelques collègues. « En patrouille par exemple, s’ils voyaient une voiture occupée par des gens de couleur, ils disaient : “Ça, c’est une voiture de bâtards. Mais toi t’es pas comme eux. T’as choisi d’être comme nous.” »

      Le policier a constaté un changement en arrivant à Rouen. « Il y a moins de collègues antillais et maghrébins, moins de fonctionnaires noirs. On est jugés tout de suite sur notre apparence. Entourés de Blancs, ils ont moins de mal à se lâcher. » Par des collègues, Alex a appris que certains le surnommaient « le Noir » ou « le négro » dans son dos. Tout comme un huissier du tribunal, ancien fonctionnaire de police. « Je ne veux pas me faire passer pour une victime, dire que je n’ai rien à me reprocher ou que je suis le meilleur fonctionnaire du monde » , poursuit Alex. « J’ai sans doute réagi en étant trop agressif, je ne montrais pas l’exemple dans la manière de me défendre. Mais j’ai fait remonter l’info, et il ne s’est rien passé du tout. »

      Il estime avoir choisi, cette fois-ci, une voie plus adaptée : un rapport complet à sa hiérarchie et un dépôt de plainte. Et espère, en conséquence, que ses démarches ne resteront pas sans suite. « Mon client a été courageux, son collègue qui lui a prêté son téléphone aussi », résume Yaël Godefroy. « Il souhaite que cela dépasse son cas personnel, qu’il y ait un débat sur le racisme dans les institutions. En évitant deux écueils : la stigmatisation de la police d’un côté, le discours sur les “brebis galeuses” de l’autre. »

      Au Sénat, ce mercredi, le ministre de l’intérieur a promis que « chaque faute, chaque excès, chaque mot, y compris des expressions racistes », fera l’objet « d’une enquête, d’une décision, d’une sanction » .

      Les préférences politiques avouées des membres des forces de l’ordre en 2017, selon le Cevipof

      Et un vote tout différent qui illustre le dicton « parole de flic »

      #fascistes

    • Dans la série #lanceurs_d'alerte_policiers :

      Mort de Myriam Sakhri : la famille souhaite la réouverture d’une enquête indépendante
      https://seenthis.net/messages/858126

      Quatre mois avant sa mort, la gendarme d’origine algérienne envoie une lettre à sa hiérarchie dans laquelle elle dénonce des faits et des propos racistes de trois collègues. « Les mots bougnoule, boukak et youpin sont des termes récurrents », écrit-elle. Elle précise également que l’un des trois mis en cause n’hésite pas lancer « Tu nous rappelleras quand tu sauras parler français » aux personnes étrangères avant de raccrocher le téléphone. La jeune femme est reçue par son supérieur mais rien ne change et elle devient elle-même la cible d’insultes racistes.

  • « 80% des Blancs sont tués par des Noirs » aux Etats-Unis, selon Zemmour. C’est cinq fois moins
    https://factuel.afp.com/80-des-blancs-sont-tues-par-des-noirs-aux-etats-unis-selon-zemmour-cest

    Le polémiste Eric Zemmour a affirmé lundi sur la chaîne CNews que 80% des Blancs tués aux Etats-Unis sont « tués par des Noirs », et que « les Blancs ont deux fois plus de chance d’être tués que des Noirs ». Faux, selon les données du FBI, le principal service fédéral de police judiciaire américain.

    Comme c’est une foutaise que j’entends assez régulièrement, deux éléments assez incontournables :
    – 82,4% des « Blancs » avaient été tués par des « Blancs »
    – Statistiquement, les Noirs ont ainsi près de 7 fois plus de chance d’être tués que les Blancs.

  • La député LREM #Frédérique_Meunier a déposé une proposition de #loi le 19 MAI 2020...

    "PROPOSITION DE LOI VISANT À INSTAURER L’ENSEIGNEMENT NUMÉRIQUE DISTANCIEL DANS LES LYCÉES, COLLÈGES ET ÉCOLES ÉLÉMENTAIRES".

    Cette proposition de loi a un seul article qui introduit le mot
    « obligatoirement » au deuxième alinéa de l’article L 131-2 du code de
    l’éducation."

    Et regardez ce deuxième alinéa de l’article L 131-2 :

    Article L131-2 (Modifié par Loi n°2005-380 du 23 avril 2005 - art. 11
    JORF 24 avril 2005) - voir : https://www.ac-amiens.fr/dsden02/sites/dsden02/IMG/pdf/code_de_l_education_1_.pdf
    – L’instruction obligatoire peut être donnée soit dans les
    établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par
    les parents, ou l’un d’entre eux, ou toute personne de leur choix.
    – Un service public de l’enseignement à
    distance est « OBLIGATOIREMENT » organisé notamment pour assurer
    l’instruction des enfants qui ne peuvent être scolarisés dans une
    école ou dans un établissement scolaire.

    Ce qui était concevable uniquement en volontariat deviendra probablement obligatoire pour les enseignants...

    Or, avant cette loi :

    le décret portant sur le télétravail dans la fonction publique a été modifié le 5 mai 2020. Comme le souligne l’analyse d’Académia, il faudrait une loi pour changer la nécessité du #volontariat pour mettre les #personnels de la #fonction_publique en #télétravail. Cela n’a donc pas été modifié dans le décret du 5 mai 2020 amendant celui du 11 février 2016. Mais ledit décret prévoit désormais que lorsque le travailleur demande à télétravailler, « l’administration peut autoriser l’utilisation de l’équipement informatique personnel de l’agent ». Et soudain, tout s’éclaire. Nous rendre la vie impossible sur note lieu de travail à l’aide de mesures sanitaires si drastique qu’elles sont intenables en présentiel, c’est nous pousser à demander à télétravailler et à faire du distanciel, sans que les universités n’aient à débourser le moindre rond pour les coûts (matériel, communication, etc.) découlant de l’exercice de nos fonctions…

    #le_monde_d'après #ESR #école #enseignement #enseignement_à_distance #distanciel #France #obligatoire #travail

    Copié-collé de messages reçus via la mailing-list Facs et Labos en lutte.

    • Faudra-t-il transformer les universités en supermarchés pour y revoir les étudiants ?

      Alors que se prépare déjà une rentrée de septembre où l’enseignement à distance risque d’avoir une grande part, il est important d’exprimer que le tout-numérique est inacceptable.

      La scène est devenue banale : un appel est lancé, une tête apparaît dans une fenêtre, puis d’autres suivent. Soudain, un enseignant, fébrile, dans une pièce tant bien que mal isolée des autres occupants du domicile, s’essaie à dispenser ce que l’on appelait autrefois un cours. C’est ainsi que, dans un silence d’outre-tombe numérique, ce personnage malhabile s’emploie à singer quelques-uns des artifices pédagogiques d’antan : humour, interpellations ou art de la rhétorique. Sauf que cette fois-ci, rien. Le silence et l’écho de sa seule voix résonnent en guise de réponse à ce qui permettait jadis de capter l’attention et de partager des idées. Désormais, l’enseignant numérique fait cours, mais sans vraiment savoir à qui il s’adresse. Cet enseignant se rassure toutefois en se disant qu’en ces temps de crise, lui aussi est au « front » et qu’il n’est pas question d’abandonner ses étudiants. Pourtant il ressent une grande frustration et un sentiment de faire autre chose que ce pour quoi il avait choisi d’embrasser ce métier.

      La crise sanitaire que nous traversons a surpris par sa soudaineté en bouleversant profondément nos quotidiens. L’enseignement supérieur n’est pas en reste de ce choc. Face à la crise, l’injonction à la continuité pédagogique fut immédiate, et bon nombre de collègues se sont employés avec zèle à maintenir un semblant de normalité. Les outils d’enseignement à distance ont alors déferlé, chacun y allant de son nouveau logiciel à installer, si bien que les PC sont rapidement devenus de véritables démonstrateurs pour enseignants virtuels. Pourtant, alors que la crise se tasse, et que nous commençons à disposer de données sur l’incidence mineure de ce virus sur les moins de 50 ans, nous observons que certains semblent prendre goût à ce climat de crise.
      Deux métiers différents

      Tandis que nous ignorons beaucoup de choses sur le devenir de cette épidémie, nous voyons un nombre conséquent de responsables de l’enseignement supérieur pratiquer le zèle dans leurs anticipations, prévoyant dès le mois de mai la dégradation sine die de nos conditions d’enseignement. C’est ainsi que, sous ces injonctions anxiogènes, nous sommes priés d’imaginer une rentrée de septembre autour de scénarios invraisemblables : des étudiants ayant cours une semaine sur deux, des cours en ligne (sans consentement des enseignants, donc ?) ou encore de réduire la vie étudiante à néant.

      S’il est compréhensible de parer à tous les scénarios, pérorer ex cathedra sur ce que « sera » la rentrée de septembre dès mai trahit l’inavouable : certains profitent de cette crise pour avancer leur propre agenda. Ne nous y trompons pas : l’expérience de l’enseignement à distance pour tous est globalement un fiasco. S’il est d’ordinaire un complément utile de l’enseignement en présentiel, sa substitution intégrale en montre toutes ses limites.

      D’abord, nous constatons qu’enseigner à distance n’est pas qu’une transposition de l’enseignement physique face caméra. Il s’agit de compétences tout à fait différentes et donc de deux métiers différents. Transmettre est un acte complexe, dans lequel l’enseignant fait appel aux sens, à l’émotion et à différentes techniques pédagogiques. De plus, les étudiants ne sont pas tous égaux face au numérique et à l’apprentissage !

      La difficulté majeure de cette forme d’enseignement reste l’absence d’implication émotionnelle entre l’étudiant et l’enseignant. C’est une des raisons pour lesquelles l’apprentissage par Mooc [« Massive Open Online Course », cours en ligne ouverts à tous, ndlr] est un échec à former en masse : au mieux, seuls 10% des Mooc sont terminés par les personnes inscrites, alors même qu’elles sont volontaires !
      Injonctions pressantes

      Ensuite, nous pouvons questionner ce que cette évolution, que certains voudraient voir durable, dit de la vision divergente autour de notre profession. Pour ceux qui, ayant adopté goulûment la novlangue pédagogique et ses approches « par compétence », considèrent que l’enseignement à l’université doit être exclusivement une formation opérationnelle utilitariste, le cours en ligne est une aubaine pour alléger la charge (budgétaire ?) de l’enseignement présentiel. Mais cette fascination pour le virtuel conduit aussi à une négation de ce qu’est la vie étudiante, faite d’interaction en cours, certes, mais aussi d’amitiés et d’expériences structurantes à un âge où se bâtit la vie d’adulte. Là encore, le numérique n’est qu’un pis-aller.

      Certains collègues se veulent rassurants et expliquent que tout ceci n’est que passager. On voudrait les croire et imaginer qu’après avoir investi des millions d’euros dans des logiciels, des plateformes et des équipements numériques, les universités les remisent ensuite aux côtés des stocks de masques d’Etat pour la prochaine crise. Pourtant, un doute peut nous saisir en lisant certaines injonctions pressantes à nous « transformer ». N’oublions pas qu’en France, le temporaire en temps de crise a souvent des airs de pérennité. Qui se rappelle encore que l’impôt sur le revenu a été créé initialement pour financer la Première Guerre mondiale ? Cent ans après, l’impôt persiste. Faut-il en déduire que la guerre a été plus longue que prévu ?

      Cette tribune n’aura probablement aucune incidence sur le cours des choses, et chaque collègue prend place dans le camp des fatalistes ou des optimistes. Néanmoins, il est important d’exprimer que le tout-numérique est inacceptable. Faudra-t-il que nous déguisions nos universités en églises pour pouvoir y bénéficier de la liberté de culte et ainsi les rouvrir ? Ou bien faudra-t-il y installer des supermarchés pour que les étudiants puissent y reprendre leur place ? L’absurdité et l’asymétrie des règles de reprise d’activité masquent mal le sacrifice générationnel qui est programmé contre la jeunesse qui va affronter le chômage, après avoir été privée de ses études.

      Nos étudiants méritent notre indignation publique. Si elle ne suffit pas et que nous refusons d’être complices du naufrage numérique, il faudra alors songer à quitter le navire pour aider cette génération sacrifiée autrement.

      https://www.liberation.fr/debats/2020/05/29/faudra-t-il-transformer-les-universites-en-supermarches-pour-y-revoir-les
      #temporaire #pérennité #tout-numérique #émotions #enseignement #MOOC #métier #normalité #transmission_du_savoir #implication_émotionnelle #vie_étudiante #indignation #génération_sacrifiée

    • Le gouvernement reporte la responsabilité politique de l’abandon du présentiel sur les universités, à grands coups de circulaires particulièrement suggestives mais qui n’imposent rien, voir

      https://services.dgesip.fr/T712/S780/fiches_pratiques_et_informations

      Voir en particulier fiche 10 :
      https://services.dgesip.fr/fichiers/Fiche_10_-_Hybrider_la_formation_dans_un_contexte_restreint.pdf
      et fiche 6 :
      https://services.dgesip.fr/fichiers/Fiche_6_-_Evaluer_et_surveiller_a_distance.pdf

      Message reçu via la mailing-list Facs et Labos en lutte, le 02.06.2020.

      Avec ce commentaire supplémentaire :

      Pour Rennes 1, nous avons reçu le document en pj, qui nous réclame aussi comme en Franche Comté du 20% de présentiel 80% de distanciel, pour pouvoir tout désinfecter, ce qui n’est écrit nulle part dans les fiches de la DGESIP.

      Dans mon UFR, je me retrouve à réclamer d’enseigner le samedi pour pouvoir ne pas enseigner à distance.

      La question des horaires est délicate. Si les conditions politico-sanitaires imposent des salles peu remplies, les amphis vont être une denrée rare, et je préfèrerais, je dois dire, faire cours le samedi (en me libérant un autre jour) plutôt que de reprendre le cirque du téléenseignement.

      Et ce qui est dingue, c’est la sidération collective qui est la nôtre, là où il faudrait, partout, réclamer des moyens humains pour dédoubler les groupes.

      –-> La pièce-jointe dont elle parle est la « PROPOSITION DE LOI VISANT À INSTAURER L’ENSEIGNEMENT NUMÉRIQUE DISTANCIEL DANS LES LYCÉES, COLLÈGES ET ÉCOLES ÉLÉMENTAIRES » (voir ci-dessus) où elle a surligné ce passage :

  • Condamné pour harcèlement sexuel, le député Stéphane Trompille n’est pas exclu du groupe LREM
    Par Etienne Baldit — 26 mai 2020 - Libération
    https://www.liberation.fr/politiques/2020/05/26/condamne-pour-harcelement-sexuel-le-depute-stephane-trompille-n-est-pas-e

    Dans un premier temps, le président des députés LREM, Gilles Le Gendre, n’envisageait pas de sanction contre l’élu de l’Ain, qui a fait appel du jugement. Des cadres du groupe exigeaient pourtant son exclusion. Le Gendre lui a finalement demandé de se mettre en retrait. (...)

  • Extrême droite et écologie : « Le localisme est une manière de s’adapter à la demande électorale » - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/05/19/le-localisme-est-une-maniere-de-s-adapter-a-la-demande-electorale_1788879

    Selon l’historien Nicolas Lebourg, coordinateur de la chaire « citoyenneté » à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, « pour beaucoup à l’extrême droite la question de la société multiethnique et multiculturelle est le seul vrai sujet »

    Peut-on résumer la montée en puissance de l’écologie dans le discours d’extrême droite à une passade opportuniste ?

    Cela dépend des courants et des générations. Si on remonte à 1968, les radicaux d’extrême droite ont cherché un second souffle en tentant de reprendre des mots et des thèmes des gauches à la mode dans leur pays : en Italie avec le maoïsme, en France avec le trotskisme, aux Etats-Unis avec la contre-culture et en Allemagne avec l’écologie. Les radicaux allemands de l’époque se revendiquaient aussi beaucoup d’Otto Strasser, un cadre important du parti nazi qui avait fait scission avant la prise du pouvoir par Hitler et qui défendait une union européenne régionalisée avec une économie partiellement socialisée. Ce thème de la défense des communautés locales a souvent servi de passerelle. Certains ont complètement évolué, par exemple Henning Eichberg qui avait théorisé le concept d’ethnopluralisme et est devenu un homme de la gauche écologique. Chez les néonazis américains, c’était intégré à la passion antisémite, le racisme étant aussi le culte d’un état de nature fantasmé ; et à la fin des années 1970 en France, on a des néonazis eurorégionalistes très écologistes. Quand au Front national, il a eu un grand mal à considérer que la blague rituelle sur les « écologistes pastèques » (« verts à l’extérieur et rouges à l’intérieur ») ne suffisait pas à solder la question de l’écologie. Quand le FN des années 1990 parlait d’écologie, c’était une manière d’euphémiser un discours sur la race : pour beaucoup à l’extrême droite, la question de la société multiethnique et multiculturelle est le seul vrai sujet.
    Le localisme est-il un régionalisme ?

    Le localisme, ce sont plusieurs idées et pratiques différentes. Pendant des décennies, on a eu un débat dans l’extrême droite entre partisans d’une Europe des nations et des régions, parce que certains pensaient que la région correspondait mieux à l’identité du sol, du sang, de la langue et de la culture. Le principe identitaire a fini par résoudre cette question avec l’idée que « tout ce qui est identitaire est nôtre ». La première génération des identitaires voulait une Europe des régions, « l’Europe aux cent drapeaux » selon la formule d’un ex-collaborateur breton qui était aussi citée chez les Verts des années Waechter. Maintenant les jeunes identitaires n’opposent plus l’attachement aux identités locales et nationales.

    C’est un tournant, qu’une grande partie de l’extrême droite se mette à l’écologie ?

    Le principe du localisme permet de tout fédérer : écologie et ordre ethnoculturel. Philippe Vardon s’intéressait aux « circuits courts » bien avant la direction du PS. Pour le FN en revanche, le localisme est surtout une manière de s’adapter à la demande électorale : depuis les élections locales de 2015, il est clair que la critique de l’aménagement du territoire est un bon argument pour le FN. Marine Le Pen en a fait une offre politique cette année en parlant de « démétropolisation », un terme qui veut éveiller l’écho de la « démondialisation » d’Arnaud Montebourg. Cela fait une offre politique assez cohérente, où le rejet des flux migratoires et des élites est intégré comme élément d’un horizon positif, élément de propagande essentiel qui avait terriblement manqué à Marine Le Pen en 2017.

    Lien avec
    https://www.liberation.fr/france/2020/05/19/ecologie-l-extreme-droite-se-camoufle-en-brun-et-vert_1788880

    #extrême_droite #fascisme #écologie

  • Dérogation au secret médical : quelle médecine voulons-nous ?
    https://www.liberation.fr/debats/2020/05/22/derogation-au-secret-medical-quelle-medecine-voulons-nous_1788929?xtor&#x

    Avec l’obligation de déclarer les cas positifs à la CPAM, la crise du Covid-19 abîme la relation de confiance entre médecin et patient. Il y a …

    • Je trouve l’ensemble terriblement mauvais. En gros : de la #moraline dans l’autre sens.

      A ce titre, en termes d’incidence létale, l’épidémie de sida des années 80-90 ne souffre aucune comparaison possible avec l’épidémie de Covid-19. Le mal était nettement plus dangereux, en l’absence de trithérapie, et il a fallu longtemps pour lutter contre les préjugés qui touchaient les victimes de cette maladie, à savoir des attaques en règles contre leurs mœurs et pratiques sexuelles.

      Je suis heureux qu’on ait déjà découvert un traitement contre Covid 19… Covid vient de tuer 30 000 personnes en quelques semaines en France, et on n’a que des estimations de ce que cela aurait donné sans mesures strictes pour limiter sa propagation (estimations généralement catastrophiques).

      Alors toute l’argumentation : « regardez, SIDA était bien pire mais on n’a pas rendu sa déclaration obligatoire par les médecins », déjà ça me semble foireux.

      Sans non plus parler des modes de transmission excessivement différents (on n’attrape pas le SIDA parce qu’on a passé quelques heures assis l’un à côté de l’autre dans un bureau). Je sais bien que ça a pu délirer dans les années 80 (notamment paranoïa homophone), mais quelqu’un de séropositif peut circuler dans la cité, aller au cinéma, prendre les transports en commun, etc. sans jamais contaminer personne. Ce qui n’est pas du tout le cas d’un porteur du coronavirus. C’est tout de même cet aspect qui rend totalement différente la réaction collective aux cas identifiés.

      Ce qui d’ailleurs permet de faire passer une telle énormité :

      Par conséquent, il n’était peut-être pas du ressort de la médecine de ville de participer à la qualification des états de certains, vis-à-vis du Covid-19 – ce n’est pas un dépistage de maladie au sens strict car être porteur de Covid-19 ne veut pas dire être malade.

      Autre difficulté : le SIDA est une maladie chronique quand on survit. Pas Covid. Au bout de quelques semaines, si tu n’es pas dans la petite minorité qui en est décédée, avoir eu Covid n’a aucun impact sur ta vie sociale, professionnelle, amoureuse… (au contraire : tu es peut-être même immunisée). Faire savoir, par le « piratage » ou je ne sais quelle méthode tarabiscotée, que quelqu’un a eu Covid, n’est pas stigmatisant.

      Sinon, parler d’« enquête de mœurs » alors qu’on vient de faire le parallèle avec le SIDA est dangereusement exagéré.

      Autre gros souci : tout le principe de l’article, dès le titre, consiste en la dénonciation d’un changement de paradigme dans la relation patient-médecin. Or les maladies à déclaration obligatoires, ça existe déjà. Je veux bien qu’on pose la question concernant Covid-19, pourquoi les autorités le font sans l’expliciter, qu’est-ce qui serait différent ici, mais pas prétendre qu’on serait en train de changer de modèle de société à cause de ce point précis.

    • Oui les maladies (infectieuses) à déclaration obligatoire existent et aucun médecin n’a remis en cause le principe, je crois que c’est plutôt les nouveautés sur lesquelles cet article n’insiste peut-être pas assez... Je ne les connais pas bien mais il y a entre autres la rémunération à la pièce des médecins pour ces #données_personnelles, l’appli #StopCovid. On va aller creuser très loin sur des personnes ciblées parce qu’on n’a pas les moyens de faire des tests massifs ?

    • aucun médecin n’a remis en cause le principe

      Mais c’est très exactement le fondement de ce billet (par un médecin psychiatre) : exiger des médecins de communiquer les résultats des tests positifs est ici clairement présenté comme un changement de paradigme intolérable (trahison de la relation patient-médecin).

      Sur la rémunération à la pièce, certes. Mais considérer tout de même que si tu imposes un boulot à quelqu’un sans le payer, ça va aussi faire un scandale.

      Et encore une fois : ces considérations partent du principe que le traçage des contacts, dans la cas d’une maladie qui n’est ni sexuelle, ni chronique, serait par principe d’un coût exorbitant pour les individus (comme la séropositivité), et cela sans même considérer le rapport à une nombre de morts énorme, ou au choix d’euthanasier les vieux.

    • J’ai lu des médecins qui rappellent qu’on n’a pas besoin d’inventer de nouveaux process parce qu’ils ont déjà l’obligation de déclarer les maladies infectieuses et que ça ne leur pose pas de problème. Ce qui leur pose problème, c’est la nouveauté du dispositif.

  • Audiences à distance au tribunal pour enfants : « C’est moins évident de canaliser l’échange » - Libération

    https://www.liberation.fr/france/2020/05/10/audiences-a-distance-au-tribunal-des-mineurs-c-est-moins-evident-de-canal

    Deux mois que les allées labyrinthiques du tribunal pour enfants de Bobigny (Seine-Saint-Denis) sont désertes. Dès lundi, ce calme quittera progressivement les couloirs envahis de dossiers pour laisser place à un semblant de monde d’avant, celui des salles d’attente grouillantes de familles et de cris d’enfants. Aux murs, des affiches préparent ce retour presque à la normale – « Merci de respecter au minimum une distance de 1 mètre » – et des pancartes condamnent un siège sur deux. « On n’est pas à l’arrêt », insiste Pascale Demartini, juge des enfants à Bobigny depuis septembre 2017.