Dfense du cancer franais : squelles : : Pices et Main d’Oeuvre

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  • Défense du cancer français : séquelles | Pièces et main d’œuvre
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    Vendredi 6 avril 2012, nous avons publié un texte intitulé « "Réindustrialisons" : quand "Là-bas si j’y suis" défend le cancer français ». Celui-ci pointait l’angle mort d’un reportage consacré à la cession du pôle vinylique d’Arkema à un « vautour » américain : l’absence de toute mention du caractère homicide de la production de ce pôle. Cette lacune étant évidemment liée aux positions politiques du producteur, du journaliste et des intervenants de cette émission, qu’on n’insultera pas en disant que, syndicalistes, militants du Front de gauche ou journalistes engagés, ils font actuellement la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. On n’étonnera non plus personne – ni eux-mêmes - en rappelant que le Parti communiste, le Parti de gauche, la CGT et Là-bas si j’y suis soutiennent le parti de l’industrie et de l’emploi à tout prix. De toutes les réactions suscitées par notre texte, nous avons choisi de répondre à celle qui nous paraissait la plus poignante et la plus instructive, celle peut-être qui permet pour une fois d’aller au vif du sujet. (Pour lire le texte intégral, cliquer sur l’icône ci-dessous.) (...)

    #Nécrotechnologies

    • L’article a déjà suscité beaucoup de réactions, notamment après que François Ruffin y ait répondu (http://www.fakirpresse.info/Reponse-a-nos-camarades-de-Pieces.html). Les commentaires sont assez symptomatiques des doutes qui assaillent aujourd’hui l’extême-gauche, doutes que PMO permet assez bien de révéler.

      Pour ma part, je fais l’analyse suivante de ce texte de PMO :

      PMO à l’attaque des ouvriers qui produisent des PVC... Ou plutôt : comment l’attaque de la volonté de préserver des emplois dans les secteurs industriels particulièrement dangereux est ressentie comme une attaque contre les ouvriers eux-mêmes.

      La réponse du syndicaliste CGT est particulièrement frappante. On y perçoit cette partition assez classique : l’emploi, positif à la fois pour celui qui l’occupe et la société, s’oppose à ce qui le dénature, à savoir l’exploitation. C’est la volonté de profit qui fait que les conditions de travail sont mauvaises, autrement dit, si les ouvriers géraient eux-mêmes l’usine, il en serait tout autrement. De ce point de vue, la lutte pour la reconnaissance de la classification « amiante » d’une usine est une lutte contre l’exploitation, c’est-à-dire une lutte en faveur de la maîtrise ouvrière de l’emploi. L’enjeu de la reconnaissance n’est pas d’arrêter les productions en question (on ne s’en prend pas au travail lui-même) mais d’obtenir des compensations salariales (on se situe bien au niveau de l’emploi, c’est-à-dire du travail tel qu’il est contractualisé, comme forme d’échange induisant des contreparties). La maîtrise ouvrière de l’emploi, c’est donc la capacité des ouvriers à décider non du travail lui-même mais des contreparties qui sont légitimes. Autrement dit, dans un cadre industriel, la maîtrise ouvrière de l’emploi, c’est la capacité, le pouvoir, de décider combien vaut le sang qui est versé, de décider quelle est la contrepartie du risque industriel qu’elle prend.

      En obtenant des compensations salariales, le syndicaliste CGT espère influer sur le taux de profit et ainsi gouverner son activité par le biais de ce qui l’oriente. Il accepte les règles : c’est toujours l’argent qui détermine l’activité. C’est, en définitive, cette médiation que refuse PMO. Dans le jeu infini des compensations salariales, aucune maîtrise collective de l’activité sociale n’est pensable. On n’évitera ni la pollution, ni les cancers. Le syndicaliste CGT pense qu’en raisonnant à travers la vieille logique (il faut taper sur le portefeuille), on peut arriver au même résultat que celui que promeut PMO. Cependant, quand l’on voit la durée des luttes qui sont en jeu (90 ans pour l’amiante, par exemple) on peut constater que la stratégie CGT ne tient pas du réformisme mais de l’absurdité. Si à un niveau individuel il est important de se battre pour de meilleure condition de travail, cela ne peut constituer un discours collectif, une perspective générale. Il y a une distorsion, ici, entre la perspective syndicaliste qui part de multiples situations individuelles pour construire des revendications générales et une perspective de maîtrise de l’activité sociale qui se doit de refuser, inconditionnellement, le risque industriel.

      Bref, si les luttes locales pour la reconnaissance des risques doivent être soutenues, on ne peut rentrer dans les discours, politiques cette fois, qui parlent de réindustrialisation et de multiplication des emplois sans préciser leur substance et leurs fins. Le passage du point de vue syndical au point de vue politique n’est pas logique : il est électoraliste et défie tout bon sens qui tiendrait compte du désastre écologique et humain en cours.

      Une dernière précision : je ne sais si la saine pauvreté choisie, « responsable », est bien ce que tous les libertaires et tous les luddites promeuvent. C’est bien d’ailleurs ce qui me dérange chez PMO. Pour ma part, je dirai qu’il faut bien prendre acte des difficultés qu’il y a à effectuer de tels choix. PMO relève l’omniprésence, chez les syndicalistes, d’une critique des marginaux. Mais il me semble que ce n’est pas seulement en débarrassant les syndicats de cette critique que plus de choix de rupture se feront.