• Saad Hariri, premier ministre du Liban, vient réclamer aux Européens « un programme d’investissement sur cinq ans, chiffré à 10 milliards de dollars », largement « centré sur les infrastructures ».
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/03/31/le-liban-au-point-de-rupture-appelle-la-communaute-internationale-a-l-aide_5

    À la lecture des quelques articles qui reproduisent ces déclarations, je me rends compte qu’il est rigoureusement impossible au lecteur français de deviner que le même Saad Hariri est également le Président du Conseil d’administration de Saudi Oger, l’entreprise de construction sur laquelle le clan Hariri a entièrement basé sa fortune, et que cette entreprise était, aux dernières nouvelles, incapable de payer ses employés…

    (C’est toujours ce qui m’épate avec la couverture médiatique du Liban dans nos journaux : n’importe quel Libanais qui entend Hariri parler de « reconstruction » au Liban pense illico au lourd passif du clan en la matière… mais dans les journaux français, ce qui relève de l’évidence absolue pour les Libanais disparaît. Je veux dire que le lecteur français croit être tenu au courant d’une actualité libanaise, mais en pratique on ne lui a même pas évoqué – même pour la relativiser – le truc le plus central et évident auquel n’importe quel Libanais pensera illico.)

    Les déboires financiers de Saad étaient encore évoqués la semaine dernière : Saad Hariri absent du classement « Forbes » des milliardaires mondiaux
    https://www.lorientlejour.com/article/1041908/saad-hariri-absent-du-classement-forbes-des-milliardaires-mondiaux.ht

    Un revers de fortune dont visiblement pâtit son président Saad Hariri, à la 1 275e place l’an dernier ; tandis que ses frères, Ayman et Fahd, figuraient tous deux à 1 476e place en 2016. Paradoxalement, s’ils ont tous trois disparu du classement 2017, les dernières estimations de leur patrimoine publiées sur le site internet de Forbes indique toujours qu’ils sont milliardaires : la fortune de Fahd étant estimée à 1,3 milliard de dollars (contre 1,2 milliard dans le classement 2016), celle d’Ayman à 1,2 milliard (comme en 2016) et celle de Saad à 1,1 milliard (contre 1,4 milliard l’an dernier).

    Au contraire, le lecteur du Monde par exemple est supposé comprendre les allusions de Benjamin Barthe telles que :

    « Il ne s’agit pas de construire une tour de bureaux à Solidere », a fait remarquer M. Hariri, en référence à la société chargée de la reconstruction du centre de Beyrouth, qui a suscité de nombreuses polémiques, pour ses réalisations, au style souvent tapageur, et son fonctionnement, volontiers opaque.

    et :

    Le rôle central confié dans ce plan au Conseil du développement et de la reconstruction, l’organisme chargé de l’attribution des marchés publics, dont la transparence est sujette à caution, promet de soulever des questions.

    Je me demande quelle proportion des lecteurs du Monde est capable de comprendre à quoi se réfèrent les énigmatiques tournures « Solidere volontiers opaque » et « le CDR à la transparence sujette à caution ». Et pourquoi des gens suffisamment au courant pour les comprendre iraient suivre l’actualité du Liban dans le Monde.

    • Il y a encore pas mal de libanais qui ne feraient pas du tout le lien entre la reconstruction du Liban et les fortunes amassées par Hariri. Mais il y a tellement d’employés dans diverses sociétés de Hariri qu’on en viendrait a lui souhaiter de nouveaux contrats, juste pour sauver tous ces emplois. Situation lamentable...