BALLAST | Cartouches (19)

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  • Cartouches (19)
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    Sortir du capitalisme, apprendre à délibérer, aimer Rimbaud et les manguiers, faire l’éloge du tirage au sort, visiter les coulisses des ONG, comprendre la révolution du Venezuela, réfléchir au populisme de gauche, suivre un correspondant de guerre, se demander ce qu’être juif et dire non à l’ombre : nos chroniques du mois de mars .

    #cartouches #lecture #culture

    • Voici un petit livre fort impertinent et tout à fait jubilatoire. Partant d’un constat simple mais sans appel sur la crise du gouvernement représentatif et la montée en puissance de mouvements dont l’aspiration est avant tout horizontale, transversale et foncièrement démocratique (les Indignés, Occupy Wall Street, Nuit Debout, mais aussi tous les programmes locaux de réappropriation civique, de Marinaleda en Espagne à Kuthambakkam en Inde), l’auteur essaie de nous expliquer comment la classe politique a « mis la souveraineté à l’envers ». Car c’est justement en rendant la démocratie impossible qu’elle se survit à elle-même et perpétue une construction symbolique qui préserve les apparences tout en vidant l’objectif de toute substance — loin de confier le gouvernement au peuple, notre système représentatif jacobin et présidentialiste, à bout de souffle, n’assure plus que la reproduction d’une hiérarchie sociale et économique délétère. C’est en analysant quatre mythes — celui du gouvernement des plus sages, celui du gouvernement des plus compétents, le mythe du chaos conjuré et le mythe de la volonté libre — que Niango nous livre, l’air de rien, une analyse libertaire et communaliste, variation du célèbre « Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres » de La Boétie. La dénonciation est implacable, la proposition simple : « Notre tâche de citoyens consiste à nous défaire de cette classe parasitaire n’ayant que trop vécu de notre paresse et de notre lâcheté. » Plaidoyer pour une vie politique sans professionnels de la politique, pour le mandat impératif et révocable, pour l’autogestion et l’éducation populaire, pour le référendum politique et la délibération à tous les niveaux, ce texte vigoureux, même s’il ne résout pas toutes les questions pratiques que pose un tel « idéal régulateur », a le mérite de rappeler qu’il est toujours permis de penser autrement.