Logement. Quand l’État laisse s’emballer la machine à expulser

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    Les raisons de cet emballement sont connues. Depuis le début des années 2000, et plus encore depuis la crise de 2008, les prix de l’immobilier ont explosé. Entre 2000 et 2014, les loyers des grandes agglomérations ont augmenté de 55 % en moyenne, deux fois plus vite que l’inflation. « Le logement cher, encouragé par la spéculation, et l’inaction du gouvernement sont les causes principales de cette hausse des expulsions », estime Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL (Droit au logement), qui condamne le rejet des classes populaires à la périphérie des grandes agglomérations. « Depuis 1978, les profits de l’immobilier ont été multipliés par 3,4, quand tous les autres profits confondus l’étaient par 2,6 », souligne l’association.

    Parallèlement, les revenus des Français les plus pauvres ont stagné. Le chômage mais aussi la multiplication des divorces, qui divisent les revenus des familles, ont contribué à la fragilisation d’une partie croissante de la population. Le grignotage progressif des aides personnelles au logement (APL), qui n’ont pas suivi le coût de la vie, a aussi contribué à faire baisser la solvabilité des ménages. « La question des impayés est importante, en lien avec la précarité croissante des personnes qui vivent dans notre parc et, surtout, qui y entrent », confirme Juliette Furet, responsable du département des politiques sociales au sein de l’Union sociale pour l’habitat, qui fédère les organismes HLM.

    L’appauvrissement n’est pas seul en cause. « Il y a eu aussi un durcissement de la réponse régalienne. Le nombre de décisions de justice prononçant l’expulsion et d’autorisations du concours de la force publique par les préfets a plus augmenté que celui des litiges portés devant les tribunaux par les propriétaires », explique Camille François, doctorant en sociologie, qui termine une thèse sur le traitement judiciaire et l’administration préfectorale des expulsions locatives. Selon lui, depuis 2001, le nombre de litiges a augmenté de près de 43 % ; celui des décisions prononçant l’expulsion, de 65 %, et celui des interventions des forces de l’ordre a bondi de 130 %.

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