Réponse à nos camarades de Pièces et main d’œuvre

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  • PMO à l’attaque des ouvriers qui produisent des PVC... Ou plutôt : comment l’attaque de la volonté de préserver des emplois dans les secteurs industriels particulièrement dangereux est ressentie comme une attaque contre les ouvriers eux-mêmes.

    La réponse du syndicaliste CGT est particulièrement frappante. On y perçoit cette partition assez classique : l’emploi, positif à la fois pour celui qui l’occupe et la société, s’oppose à ce qui le dénature, à savoir l’exploitation. C’est la volonté de profit qui fait que les conditions de travail sont mauvaises, autrement dit, si les ouvriers géraient eux-mêmes l’usine, il en serait tout autrement. De ce point de vue, la lutte pour la reconnaissance de la classification « amiante » d’une usine est une lutte contre l’exploitation, c’est-à-dire une lutte en faveur de la maîtrise ouvrière de l’emploi. L’enjeu de la reconnaissance n’est pas d’arrêter les productions en question (on ne s’en prend pas au travail lui-même) mais d’obtenir des compensations salariales (on se situe bien au niveau de l’emploi, c’est-à-dire du travail tel qu’il est contractualisé, comme forme d’échange induisant des contreparties). La maîtrise ouvrière de l’emploi, c’est donc la capacité des ouvriers à décider non du travail lui-même mais des contreparties qui sont légitimes. Autrement dit, dans un cadre industriel, la maîtrise ouvrière de l’emploi, c’est la capacité, le pouvoir, de décider combien vaut le sang qui est versé, de décider quelle est la contrepartie du risque industriel qu’elle prend.

    En obtenant des compensations salariales, le syndicaliste CGT espère influer sur le taux de profit et ainsi gouverner son activité par le biais de ce qui l’oriente. Il accepte les règles : c’est toujours l’argent qui détermine l’activité. C’est, en définitive, cette médiation que refuse PMO. Dans le jeu infini des compensations salariales, aucune maîtrise collective de l’activité sociale n’est pensable. On n’évitera ni la pollution, ni les cancers. Le syndicaliste CGT pense qu’en raisonnant à travers la vieille logique (il faut taper sur le portefeuille), on peut arriver au même résultat que celui que promeut PMO. Cependant, quand l’on voit la durée des luttes qui sont en jeu (90 ans pour l’amiante, par exemple) on peut constater que la stratégie CGT ne tient pas du réformisme mais de l’absurdité. Si à un niveau individuel il est important de se battre pour de meilleure condition de travail, cela ne peut constituer un discours collectif, une perspective générale. Il y a une distorsion, ici, entre la perspective syndicaliste qui part de multiples situations individuelles pour construire des revendications générales et une perspective de maîtrise de l’activité sociale qui se doit de refuser, inconditionnellement, le risque industriel.

    Bref, si les luttes locales pour la reconnaissance des risques doivent être soutenues, on ne peut rentrer dans les discours, politiques cette fois, qui parlent de réindustrialisation et de multiplication des emplois sans préciser leur substance et leurs fins. Le passage du point de vue syndical au point de vue politique n’est pas logique : il est électoraliste et défie tout bon sens qui tiendrait compte du désastre écologique et humain en cours.

    Une dernière précision : je ne sais si la saine pauvreté choisie, « responsable », est bien ce que tous les libertaires et tous les luddites promeuvent. C’est bien d’ailleurs ce qui me dérange chez PMO. Pour ma part, je dirai qu’il faut bien prendre acte des difficultés qu’il y a à effectuer de tels choix. PMO relève l’omniprésence, chez les syndicalistes, d’une critique des marginaux. Mais il me semble que ce n’est pas seulement en débarrassant les syndicats de cette critique que plus de choix de rupture se feront.

    Défense du cancer français : séquelles - paris.indymedia.org
    http://paris.indymedia.org/spip.php?article10560

  • « Réindustrialisons » : quand « Là-bas si j’y suis » défend le cancer français | Pièces et main d’œuvre
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=362

    En campagne pour Jean-Luc Mélenchon, l’émission Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet sur France Inter diffusait, mercredi 5 et jeudi 6 avril 2012, un reportage de François Ruffin intitulé « Arkema et les vautours ». Où l’on apprend que le premier groupe chimique français s’apprête à céder, pour un euro symbolique, son « pôle vinylique » et les 2000 salariés qui vont avec, à un financier américain. Et François Ruffin d’accompagner les syndicalistes d’Arkema dans les QG de campagne des candidats à la présidentielle pour les « interpeller » sur ce scandale économique, et pour défendre l’idée en vogue dans cette campagne : la réindustrialisation de la France. Pas un mot, durant ces deux émissions, sur l’activité du pôle vinylique d’Arkema et sur cette production qu’il s’agit de maintenir française. L’emploi n’a pas d’odeur, pas même celle du chlore qui sert à produire le chlorure de vinyle. Le chlorure de vinyle ? C’est un message, laissé sur le répondeur de l’émission ce jeudi 6 avril, qui renseigne l’auditoire : « Merci à François Ruffin pour ce reportage intéressant, mais il me semble utile d’ajouter un complément d’information, pour préciser ce que fabrique le pôle vinylique d’Arkema. Celui-ci produit du chlorure de vinyle, connu par le grand public sous le nom de PVC. Le PVC est un produit classé cancérigène par l’Union européenne et par le Centre international de recherche sur le cancer. Il est notamment en cause dans l’apparition de cancers du foie. Il présente aussi (...)

    #Nécrotechnologies