« Il y a une énorme détresse dans la classe ouvrière en Amérique » | Les Echos
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La crise des opioïdes joue un grand rôle. Les laboratoires pharmaceutiques et les distributeurs de médicaments ont ciblé les lieux où ils savaient que les gens souffraient ou étaient en détresse. Ils ont provoqué l’épidémie, avec l’aide des médecins et la complicité des parlementaires, qui ont bloqué les enquêtes de la Drug Enforcement Agency (DEA). Puis les médecins ont fait marche arrière, mais beaucoup de gens étaient déjà devenus dépendants. Le marché illégal s’est développé. L’héroïne est devenue moins chère que l’Oxycontin. Le Fentanyl l’a supplanté et gagne du terrain à l’ouest du Mississippi.
Les morts de désespoir ne touchent pas que les Blancs non hispaniques, en fin de compte ?
Nous avons été critiqués pour ne pas l’avoir vu au début. Mais c’est injuste, car ça ne se voyait pas encore dans les données de 2013 sur lesquelles nous avons travaillé. Les Afro-Américains ont échappé pendant un certain temps à la crise des opioïdes . Je pense que cela tient notamment au fait qu’ils n’ont pas confiance dans le système médical et que leur douleur n’est pas prise au sérieux par les médecins.
Vous montrez d’ailleurs que les morts de désespoir sont plutôt déterminées par le niveau de diplôme que par la race…
Sur les certificats de décès aux Etats-Unis, le niveau d’études est mentionné. En 2015, nous avons vu que la hausse des décès par suicide, par overdose ou par cirrhose ne concernait quasiment que les personnes n’ayant pas un diplôme de niveau Bac+4 (« college degree »). Or il ne s’agit pas d’une petite minorité, mais de deux tiers des Américains. Aux Etats-Unis, un tiers de la population interrompt ses études après le lycée et un autre tiers n’arrive pas à Bac+4. Avoir fait un peu d’études supérieures n’aide pas vraiment.