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  • « Enquête à Gaza : des vies en enfer », sur M6 : reportage dans un territoire meurtri au-delà de toute imagination
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/09/08/enquete-a-gaza-des-vies-en-enfer-sur-m6-reportage-dans-un-territoire-meurtri


    Image extraite du documentaire « Enquête à Gaza : des vies en enfer », de Martine Laroche-Joubert et Shrouq Aila. CAPTURE D’ÉCRAN/SLUG NEWS/M6 [M6 – DIMANCHE 8 SEPTEMBRE À 23 H 10]

    Martine Laroche-Joubert et une journaliste palestinienne locale montrent les #Gazaouis au plus près, leur détresse, mais aussi leur flegme dans la catastrophe.
    Par Christophe Ayad (c’est son micro écart compassionnel)

    L’enfer n’est pas souvent pavé de bonnes intentions, mais bien plutôt de bombes. Le reportage qu’« Enquête exclusive » consacre à #Gaza, où la guerre menée par #Israël fait rage depuis onze mois, montre un territoire meurtri au-delà de toute imagination.

  • « Au lieu d’une inflation technique coûteuse pour l’environnement, pourquoi ne pas simplement réglementer le poids des voitures ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/08/au-lieu-d-une-inflation-technique-couteuse-pour-l-environnement-pourquoi-ne-

    Au cœur de l’été, les nouvelles normes européennes de sécurité des automobiles ont commencé à entrer en vigueur dans une grande indifférence, comme toutes ces mesures techniques qui semblent aller de soi. Après tout, l’amélioration de la sécurité routière est une cause assez consensuelle – nul ne souhaite tuer, ou être tué, dans un accident de la route –, et le renforcement des véhicules par l’innovation est un moyen qui échappe à toute forme de débat ou de discussion. Derrière des mesures en apparence indolores se dissimule pourtant tout un impensé politique : celui d’un certain rapport à la technologie, investie de toutes sortes de pouvoirs et envisagée comme unique pourvoyeuse de solutions à chaque problème – y compris à ceux dont elle est responsable.

    Ces nouvelles normes automobiles sont un cas d’espèce. Depuis le 7 juillet, tout véhicule (neuf) à quatre roues commercialisé dans l’Union européenne doit être équipé d’une myriade de #systèmes_électroniques et de #capteurs permettant l’aide au maintien de la trajectoire, le freinage d’urgence autonome, l’adaptation « intelligente » de la vitesse, l’alerte en cas de distraction ou de somnolence du conducteur, la détection d’obstacles à l’arrière du véhicule, etc.
    Voitures et camions devront aussi avoir passé l’épreuve de nouveaux crash-tests plus exigeants, ce qui va mécaniquement conduire à leur alourdissement, relève l’UFC-Que choisir. Il est impossible d’anticiper l’impact que ces mesures auront sur l’accidentologie, mais il est certain qu’elles contribueront non seulement à accroître la quantité d’énergie nécessaire à faire rouler nos voitures, mais aussi à aggraver leur empreinte environnementale, avec à leur bord plus d’électronique et plus d’écrans, donc plus d’eau et d’énergie nécessaires à leur fabrication, plus de métaux, de terres rares, de plastiques, etc. L’ampleur des bénéfices est incertaine, les inconvénients sont assurés.

    Réductionnisme technique

    On touche ici au paradoxe le plus cocasse de la fabrique des politiques publiques européennes, dont chacune semble dotée de son gouvernail propre. Tandis qu’à un étage du Berlaymont on pédale fort pour aller vers le nord, on manœuvre âprement à l’étage du dessous pour mettre le cap au sud (d’où l’importance cardinale des porte-parole de la Commission, dont la tâche est ensuite d’échafauder des déclarations capables de nous convaincre que le nord et le sud se trouvent en réalité, plus ou moins, dans la même direction).

    L’Union européenne s’est ainsi dotée d’objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % à l’horizon 2030, mais contraint dans le même temps son industrie #automobile à alourdir l’empreinte environnementale et climatique de ses voitures. On rétorquera que le mouvement en cours, fortement poussé par l’UE, est à l’électrification du parc. C’est juste. Mais l’énergie issue des renouvelables ou des centrales nucléaires n’est pas inépuisable : d’importants efforts de sobriété seront nécessaires dans tous les secteurs si l’on veut se passer des fossiles. Dans tous les secteurs, donc, sauf l’automobile – notons au passage qu’ une petite Renault Zoe ou une Peugeot 208 électrique pèse 1,5 tonne, c’est-à-dire environ trois fois plus qu’une 2CV.

    Présenté ainsi, le problème semble revenir à un arbitrage entre la protection de l’environnement et la sécurité des personnes. Mais ce faux dilemme est en réalité le fruit d’un réductionnisme technique. Quand on a un marteau dans la tête, tout prend la forme d’un clou. En réalité, les immenses progrès accomplis en matière de sécurité routière au cours du demi-siècle écoulé (de 18 000 morts par an en France en 1973 à un peu plus de 3 000 aujourd’hui) ont pour leur plus grande part été rendus possibles par des mesures socio-économiques (port de la ceinture obligatoire, limitations de vitesse, lutte contre l’alcool au volant, etc.) plutôt que par des miracles de la technique. Gageons aussi que la gratuité des autoroutes réduirait de manière significative la mortalité routière.

    Les véhicules lourds tuent plus

    Bien sûr, les voitures les plus modernes et les plus lourdes sont aussi plus sûres que jamais. C’est juste, mais là encore tout dépend du point de vue. Les choses ne sont pas exactement les mêmes selon que vous êtes à l’intérieur, ou à l’extérieur, de ces monstres d’acier. Dans une minutieuse analyse des données de l’#accidentologie américaine, l’hebdomadaire The Economist – peu suspect de luddisme ou de menées écologistes – montre, dans son édition du 7 septembre, qu’à l’échelle de la population les véhicules les plus lourds en circulation coûtent environ dix fois plus de vies humaines qu’ils n’en sauvent.

    Osons une suggestion au régulateur : en lieu et place d’une inflation technique coûteuse pour l’environnement et marginalement utile pour la sécurité, pourquoi ne pas tout simplement réglementer le poids des automobiles ? Une telle mesure aurait pour elle de réconcilier les objectifs de sécurité routière de l’Europe avec ses ambitions environnementales. Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Quitte à les réguler, pourquoi autoriser la mise sur le marché d’automobiles de plus de 2 tonnes capables d’atteindre 100 km/h en moins de quatre secondes et de filer à plus de 200 km/h, lorsque la vitesse la plus élevée autorisée n’excède pas 130 km/h ?

    En définitive, nous consommons des ressources et développons des trésors de technologie pour rendre plus sûres des automobiles que nous rendons de plus en plus dangereuses par la #surconsommation de ressources et le développement d’autres trésors de technologie. On ne sait trop comment peut finir cette escalade. Tourner en rond en détruisant au passage le climat et l’environnement : n’y a-t-il pas mieux à faire de la science et de la technique ?

  • « La survie du nouveau gouvernement sera désormais entre les mains du Rassemblement national »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/06/la-survie-du-nouveau-gouvernement-sera-desormais-entre-les-mains-du-rassembl

    Après avoir rejeté sans ménagement, dès le mois de juillet, la candidature de Lucie Castets, proposée par les partis composant le Nouveau Front populaire (#NFP), puis avoir tenté en vain, au cours des deux dernières semaines, de détacher le Parti socialiste (PS) de cette alliance, il ne restait plus à Emmanuel Macron qu’à se tourner sur sa droite pour trouver un locataire à Matignon, mais aussi vers l’#extrême_droite pour s’assurer que celui-ci puisse compter sur une potentielle majorité. Il est trop tôt pour savoir si le choix de Michel Barnier sera de nature à sceller une alliance durable entre la droite républicaine et le camp présidentiel. Il est clair, en revanche, que même en comptant sur les vingt-deux députés du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, voire sur les sept non-inscrits, la survie du nouveau gouvernement sera désormais entre les mains du Rassemblement national (#RN), puisque, en comptant très large, Michel Barnier ne peut a priori tabler que sur le soutien d’au maximum 242 députés, très loin de la majorité absolue de 289 élus sur les 577 qui composent l’Assemblée nationale.

    La nomination de Michel Barnier ne tourne donc pas seulement le dos à la force politique arrivée en tête des élections législatives, mais elle acte la fin du front républicain que, tant bien que mal, le président de la République a accepté lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet après en avoir déjà largement bénéficié en 2017 et 2022. Elle ouvre de facto la voie à un gouvernement soutenu par l’extrême droite, comme c’est par exemple le cas en Suède depuis 2022.

    En imputer la responsabilité au PS, comme se sont empressés de le faire les macronistes, n’est guère convaincant. Le refus d’Emmanuel Macron de se plier à la logique parlementaire, qui impliquait de nommer un premier ministre issu de la coalition arrivée en tête des élections, s’explique avant tout par son refus d’accepter toute remise en cause de sa politique économique et sociale. Elle a eu pour conséquence de déresponsabiliser les partis et les groupes parlementaires et à les pousser à camper sur leurs positions.

    La stratégie des concessions

    Se mettre sous la coupe du RN plutôt que sous celle du NFP peut bien sûr se comprendre d’un point de vue idéologique : les revendications économiques et sociales portées par le RN apparaissent très en retrait par rapport à celles du NFP ; si certaines mesures de son programme, telles que la baisse de la TVA sur les carburants ou l’indexation des pensions sur l’inflation, sont très onéreuses, Jordan Bardella n’a eu de cesse, durant la campagne des législatives, de rappeler que le RN saurait tenir compte des contraintes budgétaires. Surtout, le RN, qui compte dans ses rangs de nombreux chefs d’entreprise, artisans et commerçants, est bien peu critique à l’égard de la politique de l’offre ; il n’hésite d’ailleurs pas à soutenir de nouvelles déductions de cotisations sociales ou d’impôts pour les entreprises.

    De leur côté, Emmanuel Macron et Gabriel Attal n’ont eu de cesse d’adopter des orientations de plus en plus anti-« immigrationnistes » (selon les mots du chef de l’Etat, qu’il a lui-même empruntés à l’extrême droite, le 18 juin, pour qualifier le programme du NFP). Rappelons que la loi Darmanin de février, partiellement censurée par le Conseil constitutionnel, a été présentée par Marine Le Pen comme une « victoire idéologique » en matière d’immigration et de sécurité. On y ajoutera l’adoption de mesures conservatrices conformes aux attentes du RN, comme l’expérimentation du port de l’uniforme ou l’interdiction de l’abaya à l’école. Faire des concessions sur l’immigration, les valeurs traditionnelles et les politiques répressives pour préserver sa politique économique et sociale, telle est au fond la stratégie politique du président depuis au moins 2022 pour contrecarrer la montée de l’extrême droite.

    La décision du président de la République n’en fragilise pas moins gravement les fondements de notre démocratie représentative. Rien ne garantit, à ce jour, que le président et « son » nouveau premier ministre ne soient pas tombés dans un piège tendu par Marine Le Pen et que les députés RN, jugeant les concessions en leur direction insuffisantes, ne choisiront pas, au bout du compte, de censurer le gouvernement. Si le soutien sans participation du RN devait se confirmer, il se monnayera cher. On peut douter que le RN se contente de l’adoption du mode de scrutin proportionnel.

    Présidence démonétisée

    Si Michel Barnier a pu surmonter le veto du RN, c’est d’ailleurs en raison de ses prises de position en matière d’#immigration. On se souvient qu’il avait pris tout le monde à contrepied lors de la primaire des Républicains de 2021, en affirmant que le droit français devrait primer sur les décisions des juges européens en matière d’immigration et en prônant des mesures fermes pour faciliter les expulsions des personnes en situation irrégulière du territoire national. Sera-t-il prêt à aller plus loin encore ? Sera-t-il suivi par l’ensemble des députés du camp macroniste ? Il est trop tôt pour en juger, mais la porte à une surenchère permanente de la part du RN est bel et bien ouverte.

    On mesure ce faisant l’ampleur du risque démocratique pris par Emmanuel Macron. Alors que deux tiers des électeurs, dans un scrutin législatif au taux de participation record, ont clairement rejeté le programme du RN, celui-ci serait donc en partie appliqué et, dans tous les cas, légitimé. Pire encore, la nomination de Michel Barnier revient à concéder au RN la maîtrise des horloges, le soin de provoquer, à son heure et à sa guise, une crise de régime en en imputant la responsabilité aux autres forces politiques et au chef de l’Etat. En se comportant comme un chef de parti cherchant désespérément à sauver un bilan désavoué par les électeurs, quitte à confier le gouvernement au représentant minoritaire d’un parti minoritaire, le président a démonétisé son rôle d’arbitre. Comment pourra-t-il dans un avenir proche, si le gouvernement Barnier était censuré, conserver une quelconque crédibilité ?

    Frédéric Sawicki est professeur de science politique à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique (Cessp-CNRS). Il a notamment écrit, avec Igor Martinache, « La Fin des partis ? » (PUF, 2020).

  • « Accueillir les Palestiniens de Gaza qui ne peuvent pas recevoir de soins dont ils ont besoin est un impératif humanitaire pour la France »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/07/accueillir-les-palestiniens-de-gaza-qui-ne-peuvent-pas-recevoir-de-soins-don

    « Accueillir les Palestiniens de Gaza qui ne peuvent pas recevoir de soins dont ils ont besoin est un impératif humanitaire pour la France » Tribune
    Belkis Wille, Directrice adjointe de la division Crises, conflits et armes de Human Rights Watch
    En juin, je me suis rendue à Doha, au Qatar, pour m’entretenir avec des patients palestiniens et des membres de leur famille évacués de Gaza. Les professionnels de santé qui les soignaient nous ont dit qu’il s’agissait des cas de traumatismes les plus complexes qu’ils aient jamais vus. D’autres pays dotés, comme la France, de systèmes de santé solides et sophistiqués et des capacités nécessaires, devraient accueillir les Palestiniens de Gaza qui ne peuvent pas recevoir les soins dont ils ont besoin à Gaza ou en Egypte. Il s’agit d’un impératif humanitaire.
    Depuis plus de dix mois que dure la campagne militaire israélienne à Gaza, plus de 40 000 Palestiniens ont été tués et plus de 93 000 ont été blessés, selon le ministère de la santé de Gaza. Le système de santé de Gaza est au bord de l’effondrement, avec seulement 16 des 36 hôpitaux fonctionnant encore partiellement, un grave manque de médicaments et de carburant et 500 travailleurs de santé tués.
    Malgré les allégations de l’armée israélienne selon lesquelles le Hamas aurait installé des bases dans les hôpitaux, aucune preuve avancée ne justifie de priver ces structures de soins et les ambulances de leur statut de protection en vertu du droit international humanitaire. A Doha, j’ai rencontré Malak Shahin, une Palestinienne de Gaza, qui m’a raconté comment une explosion a frappé l’immeuble voisin de celui où elle s’abritait avec sa famille, le 11 octobre 2023. Il a fallu quarante minutes aux secouristes pour retrouver sa fille Shahad, âgée de 17 ans, qui était inconsciente. Le fils de Malak Shahin, médecin, lui a fait un massage cardiaque « pendant au moins dix minutes, mais cela n’a servi à rien », selon les dires de Malak.
    « Les ambulanciers ont enveloppé son corps pour le préparer pour les obsèques et nous l’avons emmenée pour l’enterrer. J’ai ouvert la housse pour la voir une dernière fois et j’ai alors vu ses yeux s’ouvrir et je l’ai entendue faire un bruit. » Shahad a été réanimée et évacuée vers le Qatar, où elle est soignée pour de graves pertes de mémoire et d’importantes lésions cérébrales.
    Shahad est l’une des 470 personnes blessées à Gaza qui sont à Doha pour recevoir des soins spécialisés de haut niveau. J’ai également rencontré Jehad Arafat, un artiste de 29 ans, qui s’était réfugié dans une école près de l’hôpital Nasser à Gaza en février. Il était sorti chercher de l’eau quand un sniper lui a tiré dessus depuis une hauteur. « Je me suis soudain rendu compte que ma jambe droite était passée par-dessus mon épaule gauche. » Il raconte que le tireur a continué à viser les personnes qui tentaient de le secourir. Finalement, un ami lui a lancé une corde et l’a traîné jusqu’à ce qu’il soit en sécurité puis l’a transporté jusqu’à l’hôpital Nasser.
    Jehad a été opéré trois fois. Mais le 15 février, une munition a percé le toit de l’hôpital, blessant à nouveau ses deux jambes et lui arrachant deux doigts. Il a été évacué vers Doha le 22 mars et a subi de multiples interventions chirurgicales à la jambe.
    Depuis octobre 2023, les autorités israéliennes n’ont autorisé qu’une petite partie des personnes ayant besoin d’un traitement médical à quitter Gaza. Fin juillet, moins de 5 000 mille personnes avaient été évacuées vers l’Egypte, dont très peu d’hommes de moins de 60 ans. Les forces israéliennes ont fermé le point de passage de Rafah le 7 mai, empêchant presque tous les autres Palestiniens ayant besoin de soins vitaux de quitter Gaza.
    Cependant, même si les arrivées de blessés ont de fait été stoppées, le système de santé égyptien est mis à rude épreuve par le nombre de cas pris en charge. En avril, nous avons visité des hôpitaux dans le nord du Sinaï et constaté que des milliers de patients de Gaza ne pouvaient obtenir les soins dont ils avaient besoin en Egypte.
    Si certains gouvernements ont tenté de renforcer l’assistance médicale à l’intérieur de Gaza, seuls quelques pays, dont le Qatar, les Emirats arabes unis, l’Espagne, la Turquie, la Jordanie, l’Italie, la Belgique et la Norvège accueillent des patients de Gaza.
    Les commissaires européens à la santé et à la gestion des crises ont appelé les Etats membres de l’Union européenne (UE) à évacuer de Gaza davantage de personnes ayant besoin de soins. En comparaison, en janvier 2024, plus de 3 000 patients ukrainiens avaient été transférés dans des hôpitaux européens.
    Les évacuations médicales ne portent que sur les conséquences des hostilités en cours. Pour agir sur les causes, il est indispensable que les gouvernements fassent pression sur le gouvernement israélien pour qu’il mette fin à toutes ses attaques illégales contre les civils et les structures de santé, et pour qu’il cesse de bloquer délibérément l’acheminement de l’aide. Ils devraient aussi pousser Israël à évacuer les Palestiniens de Gaza qui ne peuvent pas obtenir les soins dont ils ont besoin vers l’Egypte – en garantissant qu’ils pourront rentrer chez eux s’ils le souhaitent. La France a déployé un navire militaire au large des côtes égyptiennes pour y soigner des blessés pendant deux mois et a accueilli sur son sol quatorze enfants de Gaza pour les soigner, mais il faut faire plus. Le gouvernement français devrait travailler d’urgence avec les autorités palestiniennes et avec son ambassade en Egypte pour identifier d’autres Palestiniens de Gaza gravement blessés ayant besoin de soins et faire le nécessaire pour qu’ils puissent être soignés en France. Belkis Wille (Directrice adjointe de la division Crises, conflits et armes de Human Rights Watch)

    #Covid-19#miigrant#migration#palestine#gaza#israel#morbidité#sante#humanitaire#france#qatar#EAU#espagne#turquie#jordanie#Italie#belgique#norvege

  • Aux Etats-Unis, les décès de 1 300 nouveaux-nés directement imputables à un usage accru de pesticides
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/09/05/aux-etats-unis-la-disparition-des-chauves-souris-a-accru-l-usage-des-pestici


    Un pulvérisateur de pesticide sur un champ de maïs près de Belle Glade, au nord du parc national des Everglades. DAMON WINTER/NYT-REDUX-REA

    Une étude publiée jeudi dans « Science » estime que la mortalité infantile dans plusieurs comtés entre 2006 et 2017 a été causée par la surutilisation d’insecticides, employés pour compenser la raréfaction des chauve-souris.
    Par Stéphane Foucart

    La notion de « santé planétaire » – c’est-à-dire les liens étroits qui unissent la santé des écosystèmes à celle des sociétés humaines – est notoirement difficile à quantifier. Difficile, mais pas impossible. C’est le sens de travaux novateurs que la revue Science met à l’honneur de son édition de vendredi 6 septembre : l’économiste de l’environnement Eyal Franck (université de Chicago) y montre que l’effondrement des populations de chauves-souris insectivores américaines a été marqué par une baisse de production agricole et compensé par une augmentation considérable des usages d’#insecticides. Assez, en tout cas, pour que les conséquences en soient localement mesurables sur la mortalité infantile. https://www.science.org/doi/10.1126/science.adg0344?adobe_mc=MCMID%3D16003541573781823461974944205576538878%7CM

    Les estimations sont spectaculaires. Les pertes de revenus et de production pour les agriculteurs se montent à un total de près de 2,7 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) par an entre 2006 et 2017 dans 245 des comtés inclus dans l’étude. Quant à l’excès de mortalité des nouveau-nés directement imputable à la surutilisation de pesticides, il est estimé à environ 1 300 morts sur l’ensemble des comtés concernés, au cours de cette même période.

    Pour mener son analyse, M. Franck a tiré parti d’une redoutable épizootie, apparue en 2006 dans le nord-est des Etats-Unis, qui frappe les chiroptères. Provoqué par un champignon pathogène, le « syndrome du nez blanc » précipite des déclins abrupts chez ces animaux : dès que la maladie est détectée sur un territoire, leurs populations peuvent chuter de plus de 70 % en quelques mois. Après son apparition en 2006, explique l’économiste américain, « la maladie a continué à se propager de manière échelonnée, de sorte que chaque année, de plus en plus de comtés sont passés du statut “non affecté”, à celui d’“affecté” par la maladie ».

    Chute du revenu agricole

    Ainsi, le chercheur a pu comparer les données des zones touchées à celle des zones vierges du pathogène. « Un résultat important de l’analyse est que les deux types de comtés, affectés et non affectés, voient leurs résultats en matière d’utilisation d’insecticides et de mortalité infantile évoluer de manière parallèle dans les années précédant l’apparition de la maladie, explique M. Franck. Mais les données commencent à diverger dès lors que les chauves-souris commencent à mourir dans les comtés où la maladie s’installe. » En moyenne, les comtés touchés voient l’utilisation d’insecticides augmenter de 31 %, les agriculteurs compensant ainsi le service de prédation des parasites, offert par les chiroptères. Localement, le revenu agricole moyen par kilomètre carré chute pour sa part de 28,9 %. « Une telle baisse du revenu des exploitations rappelle que la “crise agricole” actuelle trouve en partie son origine dans la mauvaise gestion des écosystèmes et que les agriculteurs [et avant tout leurs employeurs de fait banques et agro-alimentaire] y sont pour quelque chose, commente le biologiste Kris Wyckhuys (Université du Queensland à Brisbane, Académie des sciences agricoles de Chine). En particulier en recourant à des intrants chimiques coûteux et à des biocides, pour contrer la perte progressive des fonctions de l’écosystème. »

    Un recours dont le prix se paie aussi en matière de santé publique. « L’usage des insecticides est l’une des pollutions agrochimiques associée à des conséquences sanitaires délétères (…), écrit M. Frank. Globalement, la présence d’insecticides dans les échantillons d’eau à travers les Etats-Unis, y compris loin des exploitations agricoles, est plus forte pendant la saison de production agricole d’avril à septembre, ce qui reflète une exposition potentielle aux insecticides en dehors des champs. »

    « Preuves concrètes et rigoureuses »

    Donnée très sensible à la pollution, la mortalité infantile « interne » (non causée par un accident ou un homicide) est fréquemment utilisée par les épidémiologistes comme indice de la contamination des milieux : en l’espèce, elle augmente de 8 % en moyenne dans les comtés d’où les chauves-souris ont presque disparu. Soit un total de plus de 1 300 nouveaux-nés morts en excès au cours de la période 2006-2017 sur les 245 comtés frappés par l’épizootie.

    « Cette recherche s’ajoute à un nombre croissant d’études d’inférence causale suggérant que la pollution environnementale en général, et les pesticides en particulier, ont des conséquences négatives sur les nouveau-nés », écrivent Ashley E. Larsen (université de Californie à Santa Barbara), Dennis Engist et Frederik Noack (université de Colombie-Britannique), dans un commentaire publié par Science.

    Pour établir le lien causal entre l’effondrement des chiroptères, la hausse des usages d’insecticides et l’élévation de la #mortalité_infantile, Eyal Franck a non seulement pris en compte de possibles facteurs de confusion (météorologie, etc.), mais il a aussi exploité les données utilisées grâce à des techniques statistiques permettant de contrôler virtuellement cette « expérience naturelle », comme on pourrait le faire au laboratoire.
    « Il s’agit d’une approche novatrice, dit le biologiste Francisco Sanchez-Bayo (université de Sydney), qui n’a pas participé à ces travaux. C’est une façon très élégante de démontrer le lien entre la perturbation des services écosystémiques, dans ce cas la prédation des parasites assurée par les chauves-souris, et des effets sanitaires, illustrés ici par la mortalité infantile. » M. Wyckhuys salue, de son côté, « un travail extraordinaire, fournissant des preuves concrètes et rigoureuses de l’impact négatif sur la santé humaine du déclin de la #biodiversité dans les exploitations agricoles ».

    L’étude de M. Frank ne s’attarde pas sur les raisons de la percée fulgurante en Amérique du Nord, à partir de 2006, du syndrome du nez blanc. L’état actuel de la connaissance indique que l’arrivée dans le Nouveau Monde d’un champignon pathogène, présent de longue date en Europe, mais auquel les #chauves-souris américaines n’avaient jamais été exposées, est la cause majeure de la maladie.
    Cependant, des chercheurs ont publié en 2013 des travaux suggérant que la massification des usages des insecticides néonicotinoïdes, à partir de 2004 en Amérique du Nord, pourrait avoir joué un rôle dans la propagation rapide et la virulence de la maladie. « Les #néonicotinoïdes pourraient avoir contribué à la propagation de ce champignon en affaiblissant le système immunitaire des chauves-souris », dit M. Sanchez-Bayo.

    De tels effets des néonicotinoïdes sur l’immunité ont été démontrés en laboratoire sur de nombreuses espèces animales. « Les chauves-souris consomment chaque jour d’énormes quantités d’insectes et sont donc certainement exposées à des quantités sublétales de “néonics” [non mortelles, mais affectant certaines fonctions biologiques] si elles prospectent leurs proies dans les zones agricoles », note-t-il. Un rapport de 2018 de la Canadian Wildlife Federation forme également cette hypothèse, qui compléterait l’enchaînement de causes et de conséquences mis en évidence par les travaux d’Eyal Frank, en un cercle vicieux presque parfait.
    Stéphane Foucart

    #pesticides

  • En Bulgarie, les gardes-frontières de Frontex contraints de fermer les yeux face aux abus
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/09/06/en-bulgarie-les-gardes-frontieres-de-frontex-contraints-de-fermer-les-yeux-f

    En Bulgarie, les gardes-frontières de Frontex contraints de fermer les yeux face aux abus
    Par Maria Cheresheva et Ludek Stavinoha
    Des documents internes de l’agence européenne des frontières, Frontex, révèlent les pressions exercées par les gardes-frontières bulgares sur leurs homologues européens pour ne pas signaler des violences et des expulsions illégales de migrants à la frontière turque. « Il m’a regardé dans les yeux et a tiré. Je n’ai pas pu voir son visage, car il portait un masque noir. » Moustapha (son prénom a été modifié) se souvient avec effroi de sa rencontre avec un policier bulgare, au début du mois de mai. Après six jours d’errance dans les forêts turques, ce jeune Syrien de quinze ans avait enfin réussi à franchir la frontière bulgare. Mais l’espoir a été de courte durée : au bout de quelques heures de marche, le groupe d’une vingtaine de migrants avec lequel il voyageait a été intercepté par une patrouille de gardes-frontières.

    « Ils ont commencé à tirer partout. Pas en l’air, mais sur nos pieds », se souvient le jeune homme, originaire de Deir ez-Zor, lui-même visé par trois balles non létales alors qu’il était à terre – « une fois, intentionnellement, dans ma jambe, et deux fois, près de mes jambes ». Son récit, recueilli par Le Monde dans le cadre d’une enquête entreprise par le réseau Balkan Investigative Reporting Network (BIRN), est confirmé par son dossier médical.
    Sollicitée, la police aux frontières bulgare confirme qu’un policier a bien tiré ce jour-là « une balle non létale dans la région de la jambe droite » d’un migrant irrégulier, mais affirme que l’officier a agi « en état de légitime défense », après que le jeune homme a « tenté de [le] frapper avec une pierre » et de partir en courant. L’institution assure avoir mené une enquête interne sur l’incident, dont les conclusions ont été communiquées à la police militaire, sans préciser si des suites ont été données. Après quelques jours à l’hôpital et un passage en centre de détention, Moustapha a été emmené à Harmanli, dans le plus grand centre d’accueil de réfugiés du pays. « Je veux porter plainte contre la police, a-t-il alors déclaré à Yahia Homsi, psychiatre au sein de l’ONG bulgare Mission Wings, l’une des rares à travailler en première ligne avec les migrants. Ils m’ont tiré dessus, et je ne veux pas rester silencieux. » Il a pourtant fini par y renoncer pour poursuivre son chemin d’exil vers l’Europe.
    Le silence est en effet la réponse la plus fréquente aux abus commis par les forces de l’ordre bulgares le long des 259 kilomètres de sa frontière terrestre avec la Turquie. Et ce, malgré la présence massive sur place d’agents de Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières, chargée depuis plusieurs années d’aider la Bulgarie à appréhender les migrants qui tentent d’entrer irrégulièrement dans l’Union européenne (UE). Leur présence devait permettre d’accroître le respect des droits fondamentaux – comme le non-refoulement, le droit à la sécurité ou le respect de la dignité humaine – et le signalement des actes répréhensibles.
    Des documents obtenus par le BIRN grâce aux lois de transparence européennes révèlent pourtant que les agents de Frontex sont régulièrement les témoins d’abus commis par les forces de l’ordre bulgares, qui font pression sur eux pour qu’ils gardent le silence.
    Le « harcèlement » et les menaces de représailles subis par les gardes-frontières européens sont détaillés dans huit « rapports d’incidents graves », qui constituent le principal outil de l’agence pour enregistrer et enquêter sur les allégations de violations des droits dans le cadre de ses opérations. Basés sur les comptes rendus de six agents issus de trois équipes différentes déployées entre septembre et décembre 2023, ces rapports décrivent avec force détails les abus – passages à tabac, menaces avec des armes à feu… – commis lors des patrouilles conjointes avec les gardes-frontières bulgares le long de la frontière où Moustapha a été pris pour cible.
    Extrait traduit d’un rapport d’incident de Frontex.
    Lors d’une mission en septembre 2023, les agents de Frontex ont ainsi vu un groupe, constitué d’environ 25 migrants qu’ils avaient précédemment appréhendés, « s’agenouiller en présence de deux agents bulgares » près de la clôture de la frontière. Cinq d’entre eux ont été contraints de se déshabiller, « leurs effets personnels ont été confisqués et brûlés ». A la fin de la mission, « l’équipe [de] Frontex a été abordée par un chef d’équipe bulgare qui a (…) indiqué qu’il serait préférable de ne rien signaler ».
    Les agents ont obtempéré et n’ont rapporté l’incident au Bureau des droits fondamentaux (FRO), l’organe de surveillance interne de Frontex, qu’après la fin de leur déploiement en Bulgarie, plusieurs semaines plus tard. Les règles opérationnelles leur commandent pourtant de signaler « immédiatement » toute violation présumée des droits de l’homme. En se rendant sur place trois mois après, les enquêteurs ont conclu que les 25 migrants avaient « probablement » fait l’objet d’une « expulsion collective » illégale.
    En décembre, une autre équipe d’agents de Frontex a assisté, lors d’une patrouille de nuit, au refoulement de cinq migrants appréhendés près de la frontière. L’agent bulgare qui les accompagnait a confisqué les effets personnels et les vêtements de ces migrants avant de leur ordonner de ramper à travers un trou dans la clôture pour retourner en Turquie. Les quatre hommes ont obtempéré, mais une « jeune femme [qui] s’était cachée dans les bois (…) suppliait, appelait à la pitié et demandait directement de l’aide ». « Ne me mettez pas en colère », a répondu le policier bulgare.
    Un peu plus tard, dans la voiture, le garde-frontière a confié qu’il était désolé pour la femme, mais qu’il avait reçu l’ordre de son supérieur de repousser tous les « talibans » – un terme répandu au sein de la police aux frontières bulgare pour désigner les migrants et les réfugiés. Malgré la demande de leur collègue de « ne rien signaler », les agents de Frontex ont fait remonter l’incident au FRO. Mais ils ont exprimé des « craintes pour leur sécurité », en raison de la « mentalité de chasseur » de leurs collègues bulgares, désireux de confondre les délateurs. La situation est devenue si « dangereuse » que Frontex a dû retirer les agents de la zone opérationnelle, « pour leur propre protection ».
    Le FRO a estimé que « leur signalement n’enlève rien au fait qu’ils ne sont pas intervenus au moment où ils ont été confrontés à des actes répréhensibles ». Tous les agents de Frontex sont « obligés d’agir ou de refuser un ordre » qui met en danger les droits de l’homme des migrants, mais « ils ne sont pas suffisamment préparés par l’agence à de tels cas », conclut le FRO, qui regrette que « la présence ou l’implication d’agents de Frontex dans un événement » ne soit « pas nécessairement une garantie de respect des droits fondamentaux ».Sollicitée, la direction de la police aux frontières bulgare assure avoir mené « des contrôles sur tous les rapports d’incidents graves reçus » de Frontex. « Aucun agent de la police des frontières bulgare n’a été sanctionné dans le cadre de ces rapports, car il n’y a pas eu d’excès de pouvoir avéré », assure l’institution, qui ajoute que, « depuis le 1er janvier 2024, il n’y a pas eu d’incidents graves liés à des violations des droits de l’homme par la police des frontières bulgare ».
    La sous-déclaration participe de la stratégie bulgare de dénégation des allégations d’actes répréhensibles à la frontière. « Nous avons une tolérance zéro pour les personnes qui ne respectent pas les droits de l’homme », a ainsi déclaré en avril Anton Zlatanov, le chef de la police aux frontières bulgare, devant le Parlement européen. Lorsqu’ils sont interrogés, les dirigeants bulgares soulignent souvent le fait qu’il n’existe aucune trace de ces incidents dans les bases de données officielles de la Bulgarie ou de Frontex.
    Extrait traduit d’un rapport d’incident de Frontex. La traduction et les exergues en jaune ont été réalisés par « Le Monde », les occultations par Frontex avant la transmission du document.
    Extrait traduit d’un rapport d’incident de Frontex. La traduction et les exergues en jaune ont été réalisés par « Le Monde », les occultations par Frontex avant la transmission du document. BIRN / FRONTEX
    Jonas Grimheden, le chef du FRO, a pourtant expliqué à Anton Zlatanov en décembre 2023 avoir recueilli « de nombreux témoignages crédibles concernant les pressions exercées par les gardes-frontières bulgares sur les agents déployés par Frontex pour qu’ils ne signalent pas leurs observations » de telles violations, selon une lettre obtenue par le BIRN. Jonas Grimheden s’attache également depuis plus d’un an à alerter les institutions européennes sur la « pratique tacite de non-signalement d’actions mettant gravement en danger les droits fondamentaux des migrants » à laquelle se livre la Bulgarie. En février 2024, dans un mémo confidentiel adressé au directeur exécutif de Frontex, le Néerlandais Hans Leijtens, il a détaillé les instructions données par les autorités bulgares à ses agents pour ne pas signaler les refoulements systématiques de migrants.
    Le règlement de Frontex prévoit que l’agence suspende ses opérations en cas de « violations graves des droits fondamentaux ». C’est pourtant le contraire qu’a décidé de faire Hans Leijtens en annonçant, quelques jours plus tard, un triplement des effectifs déployés par l’agence dans le pays. « Nous ne gardons pas seulement les frontières, mais aussi les valeurs de l’UE », a déclaré le haut fonctionnaire lors d’un déplacement dans le village bulgare de Kapitan Andreevo, le plus grand point de passage frontalier d’Europe. Hans Leijtens, qui a placé la fin des refoulements illégaux au cœur de son mandat, a exprimé son soutien total à l’adhésion à l’espace Schengen de la Bulgarie, « un partenaire très important ».
    « Nous pensons qu’en restant engagés nous pouvons apporter des améliorations significatives et soutenir nos partenaires dans le maintien de la sécurité et des droits fondamentaux, déclare au Monde Chris Borowski, un porte-parole de Frontex. « Notre approche consiste à faire face aux défis et à travailler en collaboration pour trouver des solutions, plutôt qu’à abandonner notre mission commune au premier signe d’adversité. »
    En 2022, le prédécesseur d’Hans Leijtens, Fabrice Leggeri, avait démissionné peu après avoir été mis en cause par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), pour avoir encouragé et couvert des refoulements de bateaux de migrants par les garde-côtes en mer Egée. Deux ans plus tard, l’agence est donc toujours confrontée à une sous-déclaration des violations des droits de l’homme dans le cadre de ses opérations.Au cours de l’année écoulée, les défaillances du mécanisme de remontée des incidents, les pressions exercées sur les personnes qui signalent des incidents et le manque de coopération de certaines autorités nationales avec les enquêtes indépendantes du FRO ont fait l’objet d’intenses délibérations au sein du conseil d’administration de Frontex.
    En mars, Jonas Grimheden a dit au conseil d’administration de l’agence qu’il « reçoit régulièrement des rapports faisant état de craintes de répercussions pour les agents de Frontex qui prévoient de signaler des incidents graves ». Une note confidentielle qui a circulé en janvier au sein de la Commission européenne reconnaît qu’« un mécanisme de signalement crédible est au cœur de la crédibilité de l’agence elle-même [et] de l’argument selon lequel une présence accrue de Frontex peut améliorer la situation sur le terrain ».

    #Covid-19#migrant#migration#bulagrie#UE#FRONTEX#frontiere#droit#politiquemigratoire#sante

  • Migrants : « Le gouvernement doit faire la lumière sur les pratiques à l’œuvre à la frontière franco-britannique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/06/migrants-le-gouvernement-doit-faire-la-lumiere-sur-les-pratiques-a-l-uvre-a-

    Migrants : « Le gouvernement doit faire la lumière sur les pratiques à l’œuvre à la frontière franco-britannique »
    Collectif
    Après le naufrage le 3 septembre dans la Manche d’un bateau emmenant des migrants vers le Royaume-Uni, entraînant la mort de douze personnes, un collectif rassemblant des députés de gauche, des artistes, dont la romancière Annie Ernaux, le chanteur JoeyStarr ou l’actrice Corinne Masiero, ainsi que des intellectuels demande la création d’une politique d’accueil inconditionnel.
    Il faut venir à Calais pour s’en rendre compte. Murs, barbelés, grillages, blocs de béton ont remplacé les terrains forestiers dans cette ville où la pauvreté sévit durement et où les habitants vivent dans une prison à ciel ouvert. Bienvenue en absurdie, où l’arsenal répressif est poussé à l’extrême pour décourager les personnes en situation de migration à s’installer. A Calais, les pires dispositifs sont à l’œuvre pour lutter obstinément contre les « points de fixation » : destruction et vol de biens, détournement des procédures judiciaires, entrave à l’accès à l’eau et à l’aide alimentaire, construction de clôtures, installation de rochers, harcèlement et intimidations.
    Depuis la signature des accords du Touquet en 2003, visant à partager la gestion du contrôle des flux migratoires entre la France et le Royaume-Uni, la frontière britannique s’est déplacée à Calais où la police française est devenue le bras armé de la politique migratoire britannique. Cette technique visant à rendre les territoires situés sur le littoral de la Manche aussi inhospitaliers que possible n’a eu pour effet que de militariser encore plus la frontière. Non seulement cette militarisation n’a pas empêché la hausse des traversées, mais elle les rend plus dangereuses. Pressurisées à Calais, de plus en plus de personnes en situation d’exil tentent à la hâte la traversée en partant du bas du littoral, ce qui augmente la durée de la traversée et les risques de naufrage.
    Les conséquences sont dramatiques. Le 3 septembre, douze personnes sont mortes dans la Manche et deux autres sont portées disparues au large de Wimereux, près de Boulogne-sur-Mer. Ainsi, 2024 devient l’année la plus meurtrière à la frontière, selon Utopia 56. Depuis le début de l’année, trente-cinq personnes sont mortes en mer (noyades, chocs thermiques, piétinements…).
    Cette situation humanitaire désastreuse nourrit à la fois les réseaux mafieux qui tirent parti de cette misère humaine, mais également les partis d’extrême droite qui voient dans cette désertion de la puissance publique, une occasion d’engranger des voix. Les voix de celles et ceux qui se sentent abandonnés face à la gestion de cette misère humaine, sommés de gérer à leur petite échelle les conséquences des dérèglements du monde.
    Cette réalité quotidienne ne fait malheureusement plus la une des journaux, malgré les alertes répétées des associations installées à Calais comme Utopia 56, qui font face à l’horreur sur le terrain et à la surdité au sommet de l’Etat. Tout comme la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui ont condamné à plusieurs reprises la France, ces associations dénoncent des atteintes intolérables aux droits fondamentaux dont sont victimes les personnes exilées aux frontières françaises.
    Le 23 mars, le collectif de journalistes d’investigation Lighthouse Reports, dans une enquête publiée dans les grands quotidiens Le Monde, The Guardian et Die Welt, a révélé les techniques inhumaines opérées par les forces de police et de gendarmerie françaises en mer en dehors de tout cadre juridique pour empêcher les traversées, quitte à mettre en danger la vie d’autrui : perçage de la coque des bateaux, lancement de filet pour paralyser l’hélice, manœuvre pour faire chavirer les embarcations…
    L’enfer vécu par les exilés n’a eu d’égal que l’absence de réactions publiques. Nous sommes-nous habitués à l’innommable ? Quand les représentants de la loi deviennent illégalité, peut-on encore parler d’Etat de droit en France ?
    Face aux violences répétées par les forces de l’ordre à l’encontre des personnes exilées, face aux violences engendrées pour toutes les personnes vivant sur le littoral, nous devons, aujourd’hui, regarder la réalité en face. Les accords du Touquet, qui auraient dû être révisés, ne permettent pas le respect de l’Etat de droit à la frontière franco-britannique.Ce sont essentiellement les associations sur place, impressionnantes de solidarité, qui luttent contre ces conditions d’existence indignes en donnant aux personnes exilées des moyens de subsistance auxquels toute personne a droit : de l’eau, de la nourriture, un toit, même s’il s’agit de tentes systématiquement lacérées lors des opérations d’évacuation.
    A cette crise de l’humanité s’ajoute un déni de réalité. Ce n’est pas en construisant des murs plus hauts, en armant mieux la police, en pratiquant la politique dite « du zéro point de fixation » que les personnes en situation d’exil cesseront de fuir leur pays pour des raisons politiques, économiques, climatiques. Le repli sur soi ne fermera pas nos frontières. Mais le non-accueil, lui, aggrave la situation. En mettant tout le monde en situation de vulnérabilité : personnes exilées, associations et habitants.
    Nous, citoyens, élus de la nation, appelons le gouvernement à organiser une politique de l’accueil inconditionnel, à garantir le respect de la dignité de la personne humaine, et à faire la lumière sur les pratiques à l’œuvre à la frontière franco-britannique. Réaffirmons les valeurs de solidarité et de fraternité qui sont les marques de notre histoire.Sont signataires de cette tribune : Ariane Ascaride, actrice ; Arthur Delaporte, député (Parti socialiste) du Calvados ; Annie Ernaux, écrivaine, Prix Nobel de littérature 2022 ; Jean-François Coulomme, député (La France insoumise) de Savoie ; Elsa Faucillon, députée (Parti communiste français) des Hauts-de-Seine ; Charles Fournier, député (Les Ecologistes) d’Indre-et-Loire ; Robert Guédiguian, réalisateur de cinéma et producteur ; Corinne Masiero, actrice ; Danielle Simonnet, députée (groupe Ecologiste et social) de Paris ; JoeyStarr, chanteur et acteur.

    #Covid-19#migrant#migration#france#politiquemigratoire#frontiere#calais#accueil#sante

  • La Manche, une frontière toujours aussi meurtrière pour les migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/06/la-manche-une-frontiere-toujours-aussi-meurtriere-pour-les-migrants_6305695_

    La Manche, une frontière toujours aussi meurtrière pour les migrants
    Par Service infographie
    Depuis le début de l’année, les naufrages et les drames se succèdent dans la Manche : cinq personnes, dont deux adolescents, mortes en janvier ; une petite fille noyée dans un canal alors que l’embarcation sur laquelle elle se trouvait remontait vers la mer, en mars ; cinq migrants morts après avoir essayé de traverser la Manche à bord d’une embarcation chargée de 112 personnes, en avril ; six personnes mortes dans trois accidents distincts, en juillet…
    Le 3 septembre, dix femmes et deux hommes, principalement érythréens, sont morts dans le naufrage de leur embarcation au large du cap Gris-Nez, portant à trente-sept le nombre de migrants ayant perdu la vie dans la traversée de la Manche depuis janvier. 2024 est ainsi devenue l’année la plus meurtrière depuis le début des traversées de ce bras de mer de 40 kilomètres à bord d’embarcations de fortune.
    Comme le montrent les statistiques collectées par l’Organisation internationale pour les migrations, dans le cadre du Projet migrants disparus, les drames de la migration ne sont pas nouveaux dans ce secteur.Depuis 2014, au moins 280 migrants sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre les côtes britanniques depuis l’Europe continentale, et notamment depuis Calais. Un pic des morts avait été atteint en 2019, année précédant le Brexit, les passeurs faisant croire aux migrants qu’il serait impossible d’arriver au Royaume-Uni après sa sortie de l’Union européenne (UE), prévue le 31 janvier 2020.
    Initialement, les décès étaient principalement imputables à des accidents : migrants tombés des camions dans lesquels ils cherchaient à se dissimuler ou encore percutés par des voitures sur la voie rapide menant au port des ferrys (d’où partent pour l’Angleterre au moins cinquante bateaux par jour, soit un transit quotidien de 5 000 à 6 000 camions) ou pour accéder au tunnel sous la Manche (vaste espace de 650 hectares, difficile à contrôler).
    Le verrouillage croissant mis en place par les autorités françaises et britanniques pour empêcher l’accès à ces deux sites frontaliers a eu pour effet de dissuader les tentatives d’intrusion, passées de plus de 15 000 en 2016 à 127 en 2023.
    Mais il a aussi poussé les exilés à tenter de plus en plus la traversée par voie maritime, à bord de petites embarcations : près de 136 000 personnes ont traversé la Manche sur des small boats à partir de la France, depuis que le Royaume-Uni a commencé à comptabiliser ces arrivées, en 2018.Des traversées particulièrement périlleuses qui, comme l’a rappelé le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, à la suite du naufrage du 3 septembre, se déroulent dans l’une des zones maritimes « les plus fréquentées au monde, avec plus de 600 navires de commerce » par jour, « particulièrement dangereux y compris quand la mer semble belle » et où les conditions météorologiques sont d’ailleurs « souvent difficiles ».
    La géographie des morts aux frontières a donc changé, se déplaçant en mer. Avant le naufrage du 3 septembre, l’accident le plus meurtrier s’était produit le 24 novembre 2021 : au moins vingt-sept migrants avaient péri dans le chavirement de leur embarcation, après de nombreux appels à l’aide ignorés par les secours français, qui n’étaient pas intervenus, attendant que le bateau passe dans les eaux britanniques.
    Entre Londres et Paris, la question migratoire reste sensible, particulièrement depuis la sortie du Royaume-Uni de l’UE. En déplacement à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), le 3 septembre, Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur démissionnaire, a fustigé l’attrait pour le Royaume-Uni, « où on peut travailler sans des papiers et où on a peu de chance d’être expulsé » et réclamé un traité migratoire entre Londres et l’UE pour freiner les départs clandestins. Depuis le protocole de Sangatte de 1991, qui a mis en place les prémices d’une politique d’externalisation de la frontière britannique, et les accords du Touquet de 2003 et de Sandhurst de 2018, qui ont créé des bureaux de contrôles conjoints, la coopération entre Paris et Londres se concentre sur le volet sécuritaire, avec le transfert d’argent britannique à la France pour renforcer les contrôles à Calais. Conclu en novembre 2022, le dernier accord prévoit une augmentation de 40 % des agents français patrouillant la côte de la Manche en échange de près de 72 millions d’euros. Des travaux supplémentaires sont aussi en cours, financés par Londres, pour empêcher l’accès en amont du port de Calais et du tunnel dans une zone déjà largement verrouillée. Une politique qui n’a, jusqu’à présent, pas arrêté les morts à cette frontière.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#routemigratoire#mortalite#migrationirreguliere#externalisation#frontiere#sante#manche

  • « La défense des violeurs de Mazan est un échantillon chimiquement pur de la violence patriarcale », Hélène Devynck
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/06/helene-devynck-la-defense-des-violeurs-de-mazan-est-un-echantillon-chimiquem

    Chère #Gisèle_Pélicot, vous êtes entrée dans nos vies comme au tribunal d’Avignon, par la grande porte. Vous ne voulez pas vous dérober. Vous marchez droit, tête haute. Votre mise est soignée, silhouette menue, robe d’été, coiffure impeccable. Votre regard est caché par des lunettes noires que vous allez bientôt retirer. Un peu perdue, un peu flottante au centre d’une attention trop grande pour vous. Autour, c’est un cirque. La meute de journalistes est tenue à distance par vos avocats.

    Vous l’avez défendu, cet homme avec qui vous avez fait votre vie et vos enfants avant d’apprendre qu’il vous droguait et invitait tous ceux qui le voulaient à vous violer. Un bon père, un type bien, un super mec même, disiez-vous. Votre fille Caroline a cessé de l’appeler « papa » comme elle l’a écrit sur la couverture de son livre. Elle raconte l’explosion, les ravages du mensonge sur la famille, l’angoisse qui terrasse, la colère qui brûle, le passé en cendres et la douleur qui tabasse. Elle est là avec ses frères et ses questions sans réponse. Leur amour vous escorte.

    Le jour de l’ouverture du procès de vos violeurs a aussi été celui de l’officialisation de votre divorce. Une autre meute vous attend dans la salle d’audience : celle des 50 hommes qui sont jugés pour viol en réunion. Il y en aurait des dizaines d’autres qu’on n’a pas pu identifier. Vous faites face. Rien ne vous préparait à être dans cette salle d’audience. Un des accusés est arrivé en retard parce que, dit-il, il devait accompagner son fils à l’école pour la rentrée. Je me suis demandé qui avait accompagné vos petits-enfants, qui faisaient, eux aussi, leur rentrée scolaire. Je sais que vous avez pensé à eux à ce moment précis.

    Réalité difficile à accepter

    Vous les voyez tous pour la première fois sauf ce voisin que vous croisiez parfois dans la vie d’avant, celle qui ne reviendra jamais, celle de la maison du Vaucluse et de l’ignorance préservée. Vous les regardez. Ils regardent leurs pieds. Ils n’avaient jamais vu vos yeux, Jean, Didier, Jean-Luc, Romain, Redouan, Cédric, Grégory, Karim, Jean-Marc, Philippe, Quentin, Nicolas, Vincent, Patrick, Paul et les autres… On ploie sous la longueur de la liste et la banalité des profils. Les trois quarts d’entre eux ne reconnaissent pas les viols, comme tous ceux qui font les gros titres de l’actualité, les PPDA, Nicolas Hulot, Salim Berrada, Gérard Miller, Olivier Duhamel, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, Gérard Depardieu…

    Leurs arguments sont toujours les mêmes. Ils font tourner l’infect disque rayé du mensonge complaisant. Ils n’ont pas compris ce qu’ils faisaient. Ils sont sûrs d’être, eux aussi, des types bien, pas des monstres, même quand on leur montre les vidéos des crimes. Ils sont pompier, journaliste, étudiant, chauffeur routier, gardien de prison, infirmier, retraité, conseiller municipal, nos amis, nos amants, nos pères, nos frères. Une réalité difficile à accepter.

    Un seul s’est adressé à vous pour vous présenter des excuses. Leur défense est un échantillon chimiquement pur de la #violence_patriarcale et des masques derrière lesquels elle s’abrite pour prospérer. « Le patriarcat est dans la maison ce que le fascisme est dans le monde », écrivait Virginia Woolf dans Trois guinées (1938).

    Certains évoquent le poncif éculé de la pulsion, d’autres la frustration sexuelle due à l’absence prolongée d’une compagne officielle. Il y a celui qui trouve « bizarre » d’avoir fait ça. On trouve aussi des traces de « libertinage incompris ». Il y a celui qui ose l’ahurissant « viol involontaire ».

    « Consentement par délégation »

    Puisque vous étiez comateuse, il est difficile de prétendre que vous étiez partante. Difficile, mais quelques-uns tentent quand même le « j’ai pu croire qu’elle faisait semblant de dormir ». Les plus audacieux essayent le « consentement par délégation » ; le mari était d’accord, « il fait ce qu’il veut avec sa femme ». Une femme est soumise à son compagnon. L’ordre immémorial de la hiérarchie masculine est respecté.

    Ce qui est certain, c’est qu’ils ont tous bandé à l’idée de pénétrer un corps inerte. Le viol et l’ordinaire de la sexualité semblent avoir beaucoup de points communs dans leur esprit. Ils ont bien le droit. Ils ont le pouvoir de le faire. Ils n’allaient pas passer à côté d’un viol gratuit près de chez eux. Ils ont été biberonnés à la haine des femmes, au mépris qui s’excite de l’impuissance de l’autre. Le #sexisme féroce transpire de leur discours. La pornographie violente dont certains collectionnaient les images les plus répugnantes y est sans doute pour quelque chose. La domination absolue les a fait jouir. Ils ne voient pas le problème. Même au tribunal. Même devant vous.

    Ils font ce que font la plupart des hommes accusés : ils se victimisent et rajoutent une couche de mépris sur celle qu’ils ont déjà humiliée. Ils sont tombés dans un traquenard. On les a piégés. Vous êtes restée là, à les écouter sans ciller, droite sur le ring. Vous décrivez désormais votre vie comme un combat de boxe. Le combat est déloyal. L’adversaire a les armes du terrorisme patriarcal. Que vous soyez à terre ou debout, cassée ou le poing levé, votre droiture fait craqueler la carapace d’impunité qui les a longtemps protégés.

    Ce n’est pas seulement vous, Gisèle, qu’ils ont traitée comme une chose. Ils nous disent, à toutes, notre insignifiance. Votre force nous rend la nôtre. Merci pour ce cadeau immense.

    #viol #couple #famille

  • L’ex-ministre Michèle Alliot-Marie condamnée à six mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêts
    https://www.nouvelobs.com/justice/20240906.OBS93263/l-ex-ministre-michele-alliot-marie-condamnee-a-six-mois-de-prison-avec-su

    La suspicion de prise illégale d’intérêts au cœur de cette affaire repose sur « le fait d’avoir pu voter des subventions (municipales) dont certaines étaient susceptibles d’être ensuite répercutées vers l’Association pour l’organisation des festivals (AOF) », présidée par le père de Michèle Alliot-Marie, Bernard Marie, avait résumé lors du procès la présidente.

    Michèle Alliot-Marie participait à l’époque aux votes des subventions municipales en tant qu’adjointe au maire.

    Dans le viseur de la justice plus précisément, la subvention destinée à l’Office de tourisme de Saint-Jean-de-Luz, qui payait par le biais d’une convention reconduite année après année l’AOF sous forme de prestations pour l’organisation d’un festival de cinéma.

    Selon des éléments recueillis par les enquêteurs, cette association aurait perçu sur son compte bancaire, entre janvier 2010 et octobre 2012, plus de 260 000 euros provenant notamment de l’Office de tourisme.

    Sinon en septembre 2023 :
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/11/le-parlement-europeen-s-apprete-a-reclamer-600-000-euros-a-michele-alliot-ma

    L’affaire des emplois fictifs du Parlement européen n’en finit pas de faire des vagues. Le dernier rebondissement, révélé par le quotidien Libération, lundi 11 septembre, concerne Michèle Alliot-Marie, qui fut ministre de la défense de Jacques Chirac avant d’occuper plusieurs postes de ministres – à l’intérieur, à la justice puis aux affaires étrangères – sous Nicolas Sarkozy. Le Parlement européen devrait, en effet, réclamer près de 600 000 euros à cette ancienne eurodéputée, qui, entre 2014 et 2019, aurait employé comme assistant parlementaire son neveu, Florimond Olive, sans qu’il effectue les missions attachées à son emploi.

    Et je ne sais pas où en est l’affaire des casinos : La nouvelle affaire Alliot-Marie [janvier 2016]
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070116/la-nouvelle-affaire-alliot-marie

    Alors qu’elle était ministre de l’intérieur, où elle a pris toute une série de mesures en faveur des casinotiers, Michèle Alliot-Marie et ses proches boursicotaient sur des titres directement liés au secteur des casinos. Cinq ans après le scandale de la Tunisie qui avait poussé MAM (aujourd’hui eurodéputée) à la démission du gouvernement, Mediapart révèle les dessous d’une nouvelle affaire mêlant associations familiales, combines financières et décisions politiques.

    Sans oublier l’affaire tunisienne qui l’avait poussée à la démission [2010] :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Mich%C3%A8le_Alliot-Marie#:~:text=Mich%C3%A8le%20Alliot%2DMarie%20en%2.

    Fin janvier, Le Canard enchaîné96 révèle que Michèle Alliot-Marie a passé ses vacances de fin d’année 2010 en Tunisie, alors que les manifestations étaient en cours depuis plusieurs semaines. L’hebdomadaire dévoile ensuite, dans ses éditions successives, une série de détails sur ces vacances qui alimentent une controverse : Michèle Alliot-Marie, son compagnon Patrick Ollier, et ses parents ont effectué deux trajetsNote 3 dans le jet privé d’Aziz MiledNote 4, un homme en affaires avec des proches de Ben Ali ; les parents de Michèle Alliot-Marie ont conclu avec lui une acquisition immobilière97. Ces faits, ainsi que les explications partielles et contradictoires de la ministre, sont compris par certains observateurs comme révélateurs de sa proximité avec l’ancien régime tunisien98. Mediapart révèle que MAM a bien eu, au cours de ses vacances, une brève conversation téléphonique avec le président Ben Ali99. Le 4 février à Paris le nouveau ministre tunisien des Affaires étrangères, Ahmed Ounaies, prononce un discours élogieux à propos de sa collègue française, mais cela lui est si vivement reproché en Tunisie par les fonctionnaires de son ministère qu’il est contraint de démissionner le 7 février100.

    • Cette personne a tout de même été présidente du RPR, ministre de la Défense, ministre de l’intérieur, ministre de la justice et ministre des Affaire étrangères.

      La justice, l’armée, la police… un bien bel exemple pour la jeunesse.

  • « Oui, en Israël en 2024, on a parfois l’impression qu’il y a eu un enlèvement de l’avenir »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/06/oui-en-israel-en-2024-on-a-parfois-l-impression-qu-il-y-a-eu-un-enlevement-d

    i l’accord sur un cessez-le-feu à Gaza et sur la libération des otages évolue de façon positive, les chances d’une accalmie au nord du côté du Hezbollah se feront plus probables et il sera possible de concrétiser, sous la conduite des Etats-Unis, une alliance régionale entre pays modérés contre l’« axe du Mal » représenté par l’Iran et ses « proxys ». Cette alliance, l’Etat d’Israël en a besoin comme de l’oxygène. Elle pourrait constituer la réponse la plus efficace à cet « axe du Mal » qui entend prendre le contrôle du Moyen-Orient d’abord, de l’Europe ensuite, afin de les soumettre à sa version intégriste de l’islam.

    Comme si on pouvait considérer Israël comme un pays modéré, avec un gouvernement dominé par l’extrême-droite depuis près de 25 ans

    • Outre Israël, il me semble que cette personne désigne notamment comme « pays modérés » l’Égypte du très démocrate al-Sissi, et l’Arabie saoudite de MBS, qui découpe les journalistes un peu trop critiques à la scie de boucher dans ses ambassades. Dans le genre « axe du Bien », c’est assez charmant.

    • Sinon, dans le Monde, du moment qu’on est Israélien·ne, on a le droit d’écrire des choses factuellement fausses au motif que c’est une « tribune » :

      Et sa cruauté sadique n’a pas seulement sévi sur les citoyens israéliens, mais aussi sur les Palestiniens de Gaza, sur son propre peuple. Délibérément et en toute connaissance de cause, il a utilisé les civils comme boucliers humains pendant que ses hommes lançaient des missiles sur Israël depuis les hôpitaux, les écoles et les centres d’hébergement, cela, au lieu de proposer à sa population de se mettre à l’abri dans les tunnels afin de sauver des vies. Aujourd’hui encore, quand les habitants de la bande de Gaza réclament un cessez-le-feu urgent et une reconstruction, le Hamas empêche la conclusion d’un accord sur les otages, démontrant par là qu’il se contrefiche du bien-être des siens.

    • Zeruya Shalev est née au kibboutz Kinneret où est également née la poétesse Rahel. Elle grandit à Bet Berl, près de Kfar Saba, avant de venir étudier la Bible à l’université hébraïque de Jérusalem. Elle a baigné dans une atmosphère où l’écrit et la littérature étaient valorisés au plus haut point[réf. souhaitée], sa famille compte plusieurs écrivains : son oncle est le poète Itshak Shalev et son cousin l’écrivain Meir Shalev. Son père, Mordehai Shalev, est un critique littéraire renommé ; elle est mariée avec l’écrivain Eyal Megged, fils de l’écrivain Aharon Megged1. Le 29 janvier 2004, alors qu’elle est sur la rédaction du roman Thèra, elle est victime d’un attentat suicide : dix personnes meurent dans l’explosion d’un bus à Jérusalem, Zeruya Shalev en réchappe mais est grièvement blessée et doit rester immobilisée plusieurs mois2,3.

      Dans une interview, elle dit en parlant de son écriture : « J’ai l’impression d’écrire comme un poète, en refusant de trop planifier, en portant une grande attention au rythme, aux métaphores, à la musique de la phrase… »4

      En janvier 2018, elle est signataire avec 34 autres personnalités littéraires dont Etgar Keret, David Grossman, Orly Castel Bloom et Amos Oz d’une lettre adressée au premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lui demandant le non renvoi des personnes réfugiées originaires de l’Érythrée et du Soudan5.

      Zeruya Shalev est mariée à l’écrivain Eyal Megged et est mère de trois enfants6.

  • Guerre Israël-Hamas : Un enseignant appelle au boycott d’Israël, son école le suspend
    https://www.20minutes.fr/societe/4108485-20240905-guerre-israel-hamas-enseignant-appelle-boycott-israel-eco

    En introduction de son cours, Benoît Huou s’est ému de la situation à Gaza. « La revue scientifique The Lancet évalue à près 200.000, début juillet, le nombre de morts côté palestinien […]. Tout le monde y passe, des enfants aux personnes âgés […]. C’est dramatique », a commenté l’enseignant en mathématiques devant les élèves de la Toulouse School of Economics.

    Ses propos ont été relayés sur X par le compte Sword of Salomon, qui dénonce « une diatribe israélienne truffée de désinformations » en publiant un enregistrement vocal de l’intervention du professeur.

    Suspendu pour avoir manqué « à son obligation de réserve »
    Après cette intervention de l’enseignant de 35 ans, l’école a réagi en publiant mercredi un communiqué. La Toulouse School of Economics suspend ce professeur contractuel pour « une durée de quatre mois », après qu’il a manqué « à son obligation de réserve ».

    « TSE est un lieu ouvert de partage des savoirs en sciences sociales quantitatives. Sa direction rappelle l’obligation de neutralité et de réserve des agents publics », indique également le communiqué, tout en rappelant que l’institution « ne prendra pas de position politique et souhaite lutter contre toute forme d’incitation à la haine ».

    « Ce dossier sera instruit sur le fond dans les semaines à venir dans le cadre des processus disciplinaires en vigueur », a commenté sur X Christian Gollier, directeur de l’école.

    Cette affaire a entraîné la réaction de Sylvie Retailleau. La ministre démissionnaire de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a jugé sur X les propos de l’enseignant « inadmissibles » tout en demandant que des sanctions soient prises.

    #censure #Gaza #génocide

    • Le tweet délateur de SwordsofSalamon, officine au service du gouvernement israélien est ici, et on peut écouter les propos de Benoit Huon
      https://x.com/SwordOfSalomon/status/1831232948441358391 où il exprime son indignation en s’appuyant sur une étude qui loin d’être une fakenews même si ce n’est pas une étude validée par les pairs repose sur des éléments objectifs et précis, que The Lancet n’a pas accepté de publier par hasard.
      Par ailleurs, ces propos dérogent ils ils à une obligation de réserve et de neutralité ?

    • Dans Le Monde https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/09/04/un-enseignant-de-la-toulouse-school-of-economics-suspendu-apres-avoir-appele

      Le 11 juillet, le média France 24 avait consacré un article à cette publication « largement accusée d’être partiale, car elle s’appuie sur une méthode de calcul douteuse et des estimations hypothétiques » ou, au contraire, « bien accueillie par d’autres et largement partagée pour exprimer son soutien à la population de Gaza ». « Par exemple, Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens, l’a partagée sur son compte X comme preuve de ce qu’elle a décrit comme “neuf mois de génocide” se déroulant à Gaza », soulignait l’article.

      Jean-François Corty, médecin humanitaire et président de l’ONG Médecins du monde, interrogé par France 24, avait estimé que « le bilan de 186 000 morts évoqué par The Lancet est cohérent avec la situation sanitaire, militaire et géopolitique due au blocus maritime, aérien et terrestre imposé à la bande de Gaza ».

      Les chiffres du ministère de la santé de Gaza s’appuient sur les morts identifiés, expliquait-il, « sans prendre en compte tous les morts laissés sous les décombres des bombardements ni les victimes indirectes décédées par manque de soins ou d’accès aux soins, ou du fait d’avoir été transportées vers un centre de santé ».

      Pour Yann Bisiou, maître de conférences en droit, « ni l’appel au boycott ni la référence au Lancet ne sont en eux-mêmes intolérables ». Sur X, il a estimé qu’« on peut contester les propos de ce collègue, critiquer le manque de fiabilité de ses sources ou l’absence de critique du Hamas, mais pas le sanctionner pour ces propos ».

    • Soutien de Sud Education à Benoit Huon
      https://solidaires31.fr/nouvelles-du-jeudi-05-septembre-2024

      il n’a jamais été aussi difficile de défendre les droits du peuple palestinien et de dénoncer les massacres commis par l’armée israélienne dans la bande de Gaza contre les civil·es palestinien·nes.

      La vague de harcèlement haineux qui vise notre camarade s’inscrit dans ce contexte. L’amalgame fait entre soutien à la Palestine et antisémitisme, notamment par la ministre démissionnaire de l’enseignement supérieur Sylvie Retailleau, sert de prétexte à ce tour-de-vis autoritaire menaçant la liberté d’expression. Ce sont les partisan·es de la politique coloniale et guerrière israélienne qui alimentent l’antisémitisme systémique en France en entretenant la confusion entre le fait d’être juif·ve et le soutien à la politique menée par le gouvernement israélien.

      Nous osons penser que la suspension à titre conservatoire de notre camarade n’est pas une sanction mais bien une mesure de protection, suite aux nombreuses menaces, mentionnant par exemple une « décapitation », et au harcèlement par mail et téléphone subis depuis la diffusion illégale d’un enregistrement capté sans autorisation et assorti de son nom et de ses coordonnées professionnelles (doxing). Nous espérons d’ailleurs que les autorités académiques seront aussi diligentes dans la recherche des personnes ayant diffusé cet enregistrement et incité à la haine contre notre camarade qu’elles ont été à le suspendre.

      Toutefois, nous réfutons les arguments utilisés pour justifier cette suspension et notamment un soi-disant manquement au devoir de réserve. Le devoir de réserve a volontairement été exclu du statut des fonctionnaires afin de ne pas limiter la liberté d’opinion garantie aux fonctionnaires.

      Nous soutenons notre camarade face aux attaques qui le visent pour avoir simplement exprimé son indignation face aux massacres en cours dans la bande de Gaza.

      Nous exigeons que notre camarade soit réintégré le plus rapidement possible sans qu’aucune sanction ne soit prise à son encontre et dans des conditions qui garantissent sa sécurité.

    • Sur ce thread twitter les réactions de Yann Bisiou, MCF en droit, qui considère que le devoir de réserve n’est pas jusitifé ici :
      https://x.com/yannbisiou/status/1831349697413349443

      Il cite une source, le Lancet, il évoque le boycott, la ministre peut contester les sources et le point de vue du collègue, pas le juger, encore moins en diffusant un tweet d’une association militante. La liberté d’expression est la garantie d’existence du #Sup et de la recherche
      ...
      Mais tout à fait d’accord pour dire que la référence est peu fiable, qu’il s’agit d’un courrier publié par le Lancet. Contredire un chercheur c’est normal, le sanctionner pour ses propos non, sauf infraction pénale ou disciplinaire que je ne vois pas en l’espèce.

      IL réagit aussi de manière virulente et justifiée à la reprise par la ministre des propos de SwordsofSalamon

      Vous pouvez expliquer précisément ce que vous visez en parlant de fake news ? De ce que j’ai entendu, et contrairement à ce que prétend l’association que vous RT, ce collègue cite exactement un article du Lancet.

      https://x.com/yannbisiou/status/1831353702583595149

    • […] nous réfutons les arguments utilisés pour justifier cette suspension et notamment un soi-disant manquement au devoir de réserve. Le devoir de réserve a volontairement été exclu du statut des fonctionnaires afin de ne pas limiter la liberté d’opinion garantie aux fonctionnaires.

    • Les universitaires sont-ils soumis à l’obligation de neutralité et au devoir de réserve ?
      Pas tout à fait. Les universitaires français, que les textes qualifient d’« enseignants-chercheurs », sont des fonctionnaires d’État. Pour autant, ils ne sont pas soumis aux devoirs de neutralité et de réserve de la même façon que les autres fonctionnaires. En ce sens, ils sont des agents publics « pas tout à fait comme les autres ».

      Lorsqu’ils exercent leurs missions d’enseignement et de recherche, la liberté d’expression des enseignants-chercheurs est « entière », « sous les réserves que leur imposent […] les principes de tolérance et d’objectivité » (article L. 952-2 du code de l’éducation). Il s’agit là de la traduction juridique, en droit français, de la liberté d’expression académique, l’une des composantes de la liberté académique. Dès lors que les missions académiques impliquent, par essence, que les universitaires puissent s’exprimer librement, il est évident qu’aucune neutralité ne saurait leur être imposée lorsqu’ils enseignent et recherchent.

      Dans une réponse ministérielle datant de 1953, il a ainsi été précisé qu’à leur égard, « la règle de neutralité doit être interprétée d’une façon extrêmement large et se réduit en dernière analyse à une obligation d’objectivité et de mesure dans l’expression des idées ». L’objectivité interdit par exemple toute forme de propagande dans le cadre des enseignements.

      La singularité de la liberté d’expression des enseignants-chercheurs est en revanche plus délicate à justifier en dehors de leurs fonctions : qu’est-ce qui permettrait, dans ce cas, de ne pas leur appliquer l’obligation de réserve ?

      En réalité, comme cela a été expliqué, le devoir de réserve s’applique différemment selon la nature des fonctions exercées par les agents publics. Or les fonctions académiques sont singulières à plusieurs titres. D’une part, comme l’a reconnu expressément le Conseil constitutionnel, non seulement elles « permettent mais demandent, dans l’intérêt même du service », que la libre expression et l’indépendance des universitaires soient garanties (Conseil constitutionnel, décision n° 83-165 DC du 20 janvier 1984, Loi sur l’enseignement supérieur). D’autre part, elles excluent toute logique d’obéissance et de loyauté : étant indépendants, les enseignants-chercheurs ne sont pas soumis au principe hiérarchique au sens strict du terme. C’est d’ailleurs cette indépendance qui explique qu’ils puissent embrasser un mandat parlementaire tout en continuant à exercer leurs missions académiques (voir infra). Ainsi, en dehors du service, les universitaires demeurent relativement libres de la façon dont ils manifestent leurs opinions. Les seules véritables contraintes qui pèsent sur eux résultent de la « déontologie universitaire » (voir infra).

      https://theconversation.com/lexpression-dopinions-politiques-par-les-universitaires-quelles-lib

    • L’Agence Anadolu fait le boulot (publié le 6/9/2024)
      https://www.aa.com.tr/fr/monde/france-la-suspension-dun-professeur-apr%C3%A8s-des-propos-sur-gaza-cr%C3%A9%C3%A9-la-pol%C3%A9mique/3323224

      - Une suspension conservatoire décidée par l’administration de la TSE

      Joel Echevarria, directeur de cabinet du Recteur de la TSE, a confirmé la suspension de Benoît Huou lors d’une interview accordée ce 4 septembre à Anadolu. Selon lui, l’enseignant aurait consacré près de vingt minutes de son cours d’introduction à des sujets sans lien avec le programme de mathématiques. Il a abordé la situation au Proche-Orient et incité les étudiants à « prendre position, boycotter et manifester ».

      Echevarria a expliqué que cette décision de suspendre Huou était une mesure conservatoire prise en concertation avec le ministère de l’Enseignement supérieur. « Ce n’est pas une sanction disciplinaire, mais une suspension visant à protéger les étudiants et l’enseignant lui-même, qui a reçu des menaces de mort après la diffusion de ses propos », a-t-il déclaré. Le numéro de bureau de Benoît Huou a en effet été partagé sur les réseaux sociaux, ce qui a conduit à cette décision de précaution pour des raisons de sécurité, selon TSE.

      La suspension conservatoire est une mesure temporaire dans l’attente d’une enquête disciplinaire. Echevarria a précisé que l’objectif principal était de garantir un climat serein pour la suite des cours et d’éviter que les étudiants ne soient exposés à des polémiques extérieures, soulignant par ailleurs que le professeur continue de percevoir son salaire.
      [...]
      – Une enquête ouverte pour apologie du terrorisme

      Après l’interview d’Anadolu avec les responsables de TSE, le parquet de Toulouse a confirmé l’ouverture d’une enquête pour « apologie du terrorisme » concernant les propos tenus par Benoît Huou lors de son cours. Les accusations portent sur certaines de ses déclarations, notamment celles concernant la responsabilité du Hamas dans le conflit et la critique ouverte des actions militaires israéliennes. Bien que cette enquête soit en cours, aucune accusation formelle n’a encore été portée contre l’enseignant.

    • Pour mémoire, deux articles de La Dépêche, le premier qui reprend les mêmes informations initiales que Le Monde et 20 mn https://www.ladepeche.fr/2024/09/05/info-la-depeche-une-enquete-ouverte-pour-apologie-du-terrorisme-apres-les-
      puis le lendemain, un autre sous #paywall mais l’on apprend que toute la classe locale (Delga, Moudenc...) ne s’embarrasse pas de prudence pour parler d’apologie du terrorisme https://www.ladepeche.fr/2024/09/06/toulouse-lembarras-de-la-prestigieuse-ecole-deconomie-tse-apres-les-propos

  • Etats-Unis : un ancien conseiller de Donald Trump poursuivi pour avoir travaillé avec des médias russes
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/06/etats-unis-un-ancien-conseiller-de-donald-trump-poursuivi-pour-avoir-travail

    Dimitri Simes, citoyen américain né en Russie, et son épouse ont reçu plus d’un million de dollars ainsi qu’une voiture personnelle et un chauffeur en échange du travail qu’ils ont effectué pour la chaîne Channel One, sanctionnée par Washington à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

    Nouvelle tentative, donc, de réactiver le russia gate ?

  • Retrouver l’honneur du travail, de Michel Barnier (2021 ; avait fait l’objet d’une reprise dans Valeurs réacs).
    https://web.archive.org/web/20240228223707/https://www.michel-barnier.fr/retrouver-lhonneur-du-travail

    La France doit redevenir elle-même : un pays qui ne se résigne pas à ce que tant de ses territoires deviennent des déserts industriels et d’activité, un pays où chacun doit voir son effort reconnu et peut s’élever grâce au travail bien fait.

    Le travail, pour les Français, a toujours représenté davantage qu’un moyen de subsistance. La France a été longtemps une terre d’excellence : le monde la voyait ainsi et n’en attendait pas moins d’elle. Notre patrimoine architectural, industriel, agroalimentaire, paysager, mais aussi immatériel, porte la marque de cette passion séculaire de l’œuvre achevée. « Un chantier était un lieu où les hommes étaient heureux », a écrit Charles Péguy, qui ajoutait qu’il exista longtemps chez nous un « honneur incroyable de travailler ». De multiples coups de boutoir ont été portés au #travail, de la surtaxation des salaires à l’instauration d’une véritable culture de l’#assistanat. Les trente-cinq heures, mais aussi les chimères d’un monde sans travail » où chacun vivrait d’un revenu universel ne sont pas seulement un boulet pour l’économie : ils sont antinomiques avec la culture française [autant dire qu’ils sont juifs, avec l’esprit de lucre, ou arabes, qui chez nous attendent le versement CAF du 5 du mois]

    Entravés par ces politiques et les pensées qui les ont inspirées, nous nous sommes appauvris, nous avons perdu nos repères. Que chacun se sente et se rende utile, que tous nos concitoyens retrouvent l’honneur du travail : voilà un enjeu de survie ! La France doit redevenir elle-même : un pays qui ne se résigne pas à ce que tant de ses territoires deviennent des déserts industriels et d’activité, un pays où chacun doit voir son effort reconnu et peut s’élever grâce au travail bien fait. Alors que tant de Français travaillent beaucoup et parfois pour de faibles rémunérations, nous avons plus d’inactifs qu’ailleurs en Europe. Notre taux de #chômage est le double de celui de l’Allemagne. Nous partons à la #retraite plus tôt que la plupart des autres. Cette situation bloque notre croissance. Elle met en danger notre protection sociale. Elle menace des politiques essentielles – la sécurité, l’éducation, la santé, la recherche-, qui exigent des investissements que nous pouvons de moins en moins assumer. Elle mine la cohésion de notre société en dressant les Français les uns contre les autres, les « assistés » contre les travailleurs, les actifs contre les inactifs, les protégés contre les exposés.

    Après tant d’années d’inaction, il est urgent de changer de modèle. Notre système social doit afficher la couleur : il doit inciter au travail. Le #RSA et tant d’aides sociales enferment trop souvent au contraire dans une sorte de marginalité sociale. Pour tous ceux que la maladie, le handicap ou l’âge n’empêchent pas de travailler, je veux les remplacer par une #allocation_unique qui rapporte toujours moins que le travail [au SMIC horaire], qui aide et encourage à reprendre un travail. Pour en conserver le bénéfice, il faudra être disponible à temps plein pour effectuer des activités utiles à la collectivité ou en entreprise, pour se former en vue de reprendre rapidement un emploi et accepter un travail là où il y a des emplois vacants.

    Notre assurance chômage doit aussi profondément se transformer. Elle doit vraiment orienter vers les secteurs qui recrutent. Les allocations doivent être systématiquement supprimées après deux refus d’offres d’emploi raisonnables. Je ne veux plus de passager clandestin dans notre système social : il est fait pour protéger les Français, pas pour permettre à certains [qui ne le sont pas ou si ils le sont ont perdu tout honneur] de vivre à ses crochets. Je veux une tolérance 0 pour la fraude sociale, comme pour la fraude fiscale [sauf à Megève, dans le 92 et là où cela peut contribuer à l’indispensable ruissellement qui doit à nouveau irriguer la France] et nous nous en donnerons les moyens. Il n’est pas normal que _nos employeurs s’épuisent à trouver des candidats quand tant de personnes aptes à travailler vivent aux #marges du monde du travail. Il y a plus de fierté à vivre de son travail que d’une #assistance anonyme. Ces aberrations seront corrigées.

    La France doit aussi, d’urgence, augmenter le nombre d’heures travaillées pour créer davantage de richesses et reconquérir son rang. Cela concerne aussi bien le secteur public que le privé. Les jeunes doivent bénéficier d’un vrai coup de main pour bien intégrer la vie active. Le collège unique est un échec : il faut ouvrir l’apprentissage dès 14 ans et tendre ainsi à former 800 000 apprentis par an [ et pas seulement dans l’enseignement supérieur privé !]-. La pandémie a eu des conséquences terribles pour tant de jeunes actifs et d’étudiants qui payaient leurs études en travaillant : la collectivité devra faire l’effort nécessaire pour faciliter leur embauche. Il faudra _travailler plus longtemps : relever l’âge du départ légal à la retraite est inéluctable et ce n’est pas une mauvaise nouvelle. L’emploi des seniors devra être beaucoup plus encouragé qu’aujourd’hui : une société forte sait valoriser l’expérience [ quand on sait promener son chien, on sait distribuer des prospectus !]. Mais cela ne saurait suffire.

    Retrouver l’honneur du travail, c’est aussi le revaloriser. L’expérience du confinement l’aura démontré s’il en était besoin : tant de travailleurs dont l’activité est essentielle ne voient pas leurs efforts justement récompensés. D’une manière générale, il faudra réduire l’écart entre salaire brut et salaire net en diminuant nos cotisations sociales, les plus élevées d’Europe. Gaulliste depuis les débuts de mon engagement, je suis convaincu qu’il faudra donner une ambition nouvelle au projet social de la participation. Et nous réduirons plus encore la part des cotisations dans le financement de la protection sociale [ et ce même si il faut dépouiller la Française des jeux ! même si l’hypothèse demande encore à être testée].

    Le stratège Sun Tzu expliquait il y a vingt-cinq siècles que pour gagner les guerres, il ne fallait pas livrer bataille mais saper le moral des cités en discréditant le travail. Rassemblons-nous autour d’un grand projet : retrouver l’honneur du travail. En quelques années, nous pourrons refaire de la France la première puissance économique, écologique et agricole d’Europe.

    Ce site est développé par Le Droit Chemin, association politique fondée par Michel Barnier, déclarée le 10 février 2021 et publiée au JO le 16 février 2021.
    Michel BARNIER - 238, rue de Vaugirard, 75015 Paris
    contact@michel-barnier.fr
    Faire un don [cacatov et plus si affinités]

    Comme Trotsky de la photo du CC, ce post de 2021 a été supprimé du blog de Barnier dès sa nomination comme 1er sinistre.

    sur
    https://www.facebook.com/michelbarnier/photos/a.10158608869839107/10158738769269107/?type=3&locale=fr_FR&_rdr

    "L’ALLOCATION SOCIALE UNIQUE Nous souhaitons accroitre l’incitation à travailler en créant une allocation sociale unique plafonnée. Que ceux que le handicap ou la maladie n’empêche pas de travailler soit encouragés à reprendre une activité. Le travail rend fier.

    "L’APPRENTISSAGE DÈS 14 ANS Trop d’emplois sont non pourvus en France. Nous souhaitons améliorer l’orientation des plus jeunes en lançant l’apprentissage dès 14ans et l’augmentation de l’aide à l’embauche des apprentis.

    "LE TEMPS DE TRAVAIL RALLONGÉ Il faudra travailler plus longtemps et lever les barrières à l’activité des seniors grâce au relèvement de l’âge légal de départ à la retraite (la suite n’est accessible qu’au cheptel FB)

    On notera que c’est depuis 1995 que M.B. pratique le dialogue courtois avec les fafs
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/09/05/le-rassemblement-national-laisse-sa-chance-michel-barnier-nous-jugerons-sur-

    (...) « Il n’a jamais ostracisé personne, c’est un homme bien élevé et sans a priori », juge Thierry Mariani, député européen du RN et ancien collègue du Savoyard à l’UMP. Au sein du gouvernement Juppé, en 1995, M. Barnier, alors ministre des affaires européennes, avait pris l’habitude de recevoir chaque mois les représentants des partis d’opposition, y compris le Front national, pourtant pas représenté à l’Assemblée nationale. « Il s’est toujours montré d’une grande courtoisie », se souvient, sur X, Jean-Yves Le Gallou, qui représentait le parti de Jean-Marie Le Pen dans ces réunions.
    En ne censurant pas d’office Michel Barnier, le #RN passe outre une tribune publiée dans Le Figaro, en avril 2022, dans l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, dans laquelle il mettait en garde contre « un grand rétrécissement national » en cas d’application du programme international de Marine Le Pen. « Le programme de Marine Le Pen n’est bon ni pour la France ni pour les Français », écrivait-il. Compliment pour compliment, Marine Le Pen tançait de son côté l’ancien négociateur du Brexit pour avoir voulu « punir » les Britanniques de leur vote.

    Dans les rangs lepénistes, on se demande toutefois quel Michel Barnier croire. Celui qui fut un défenseur zélé de la Commission européenne de José Barroso, eut des accents fédéralistes et intransigeants quant au populisme d’extrême droite ? Ou celui qui, durant la primaire LR pour l’élection présidentielle de 2022, adopta sur l’immigration une bonne partie du programme du RN ? « Avec le Barnier européiste convaincu, il y aura peu de coopération possible, estime Thierry Mariani. Mais si c’est le Barnier candidat à la primaire… »

    Référendum sur l’immigration
    A l’époque, Michel Barnier dit comprendre « la tentation identitaire », cible « l’immigration subie » comme une cause du présumé « mal français » et fait le lien avec un essor de la délinquance. Il propose des mesures administratives immédiates pour interrompre, durant trois à cinq ans, les régularisations automatiques, durcir les règles du regroupement familial, restreindre les visas de long séjour. D’autres obsessions lepénistes apparaissent, comme le retour de la double peine, la réforme de l’aide médicale d’Etat ou « la lutte contre le détournement des cartes Vitale ». Encore mieux, vu du RN : alors que le début de la campagne présidentielle, à l’automne 2021, est marqué par l’émergence d’Eric Zemmour et une radicalisation de la droite, Michel Barnier propose alors – comme Marine Le Pen – un référendum sur l’#immigration. Qui permettrait, en cas d’accord des électeurs, d’inscrire dans la Constitution un « bouclier » afin de passer outre le droit communautaire sur les questions migratoires.

    l’ascenseur pour les fachos reste à désorbiter...

  • Gérald Darmanin déclasse un poste préfectoral dans le Nord pour y nommer son chef de cabinet
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/09/05/gerald-darmanin-declasse-un-poste-prefectoral-dans-le-nord-pour-y-nommer-son

    Le poste de directeur de cabinet de la préfecture du premier département de France était jusqu’alors réservé aux agents pouvant justifier de huit ans d’expérience.

    Apparemment, celui-là aussi, mettre un costume et traverser la rue pour trouver du travail, c’était trop compliqué.

  • Matignon : le Rassemblement national en arbitre du choix d’Emmanuel Macron
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/09/05/emmanuel-macron-erige-le-rassemblement-national-en-arbitre-entre-les-candida

    Avec ses 126 députés, auxquels s’ajoutent les seize élus emmenés par Eric Ciotti, le parti d’extrême droite pèse plus que les autres aux yeux du chef de l’Etat, désireux d’assurer la stabilité du futur gouvernement.

    Ces derniers jours, le téléphone de Marine Le Pen ne cesse de vibrer. Emmanuel Macron s’enquiert de l’avis de la leader d’extrême droite. Que pense-t-elle de Xavier Bertrand à Matignon ? Rien de bien. 

    Donc en fait, grâce au comportement de Macron, c’est quand même le Front national qui a gagné les élections…

  • Un enseignant de la Toulouse School of Economics suspendu après avoir appelé au boycott d’Israël
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/09/04/un-enseignant-de-la-toulouse-school-of-economics-suspendu-apres-avoir-appele

    Benoît Huou a évoqué en introduction de son cours un courrier de lecteurs de la revue « The Lancet » qui évaluait, début juillet, à 186 000 le nombre de Palestiniens morts sous les coups de l’armée israélienne.
    Par Soazig Le Nevé

    Un enseignant contractuel de la Toulouse School of Economics (TSE) a été suspendu à titre conservatoire après s’être exprimé sur la situation au Proche-Orient dans un cours de mathématiques, mardi 3 septembre.
    En introduction de son cours, Benoît Huou a évoqué durant plusieurs minutes un texte publié dans « la revue de référence internationale en termes de santé », The Lancet, qui, le 5 juillet, avait évalué à « près de 200 000 morts » le nombre de décès parmi les Palestiniens face aux attaques de l’armée israéliennes depuis la fin 2023.
    « Tout le monde y passe, des enfants aux personnes âgées, de mon vivant, j’ai 35 ans, j’ai jamais vécu une telle boucherie, une telle guerre à sens unique », a notamment déclaré l’enseignant devant 200 étudiants, selon un enregistrement diffusé sur le réseau X par le compte pro-Israël Sword of Salomon, qui en avait fait un « signalement ».

    « La situation n’a pas commencé le 7-Octobre, et il est malhonnête de dire que le responsable de ce qui se passe actuellement c’est le Hamas », a poursuivi Benoît Huou, appelant au boycott d’Israël. « Je ne veux pas parler de ce qui s’est passé le 7-Octobre, mais rien, absolument rien ne justifie de massacrer une population civile comme c’est en train de se passer », a ajouté l’enseignant tout en dénonçant « le soutien tacite » du gouvernement français.

    « Amalgames nauséabonds »
    Le directeur de l’école, l’économiste Christian Gollier, a annoncé la suspension de Benoît Huou au lendemain des faits, sur X. « Tenus dans un cadre professionnel par un agent public sans relation avec la matière enseignée, ces propos contreviennent à l’obligation de réserve en vigueur dans le service public, explique-t-il. TSE est un lieu ouvert de partage des savoirs en sciences sociales. Ce dossier sera instruit sur le fond dans les semaines à venir dans le cadre des processus disciplinaires en vigueur. »

    La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, a rappelé pour sa part, toujours sur X, que « le rôle de l’enseignement supérieur est de bâtir une société meilleure », « de combattre l’antisémitisme et toutes les discriminations », « de lutter contre les fake news et les amalgames nauséabonds », et « d’agir contre les haines et de soutenir toutes ses victimes ».
    Sur le fond, le texte publié dans The Lancet ne correspond pas à un article journalistique mais à une « lettre », c’est-à-dire une contribution de lecteurs. La revue explique qu’il s’agit de « réflexions » de lecteurs sur « le contenu publié dans “The Lancet” ou sur d’autres sujets d’intérêt pour nos lecteurs » qui « ne sont généralement pas évaluées par des pairs ».

    En l’occurrence, ce texte intitulé « Compter les morts à Gaza : difficile mais essentiel », a été corédigé par Rasha Khatib, chercheuse à l’Institut de recherche Advocate Aurora, basé aux Etats-Unis, et à l’Institut de santé publique et communautaire de l’Université de Birzeit en Cisjordanie occupée ; Martin McKee, professeur de santé publique européenne à la London School of Hygiene & Tropical Medicine et membre du Comité consultatif international de l’Institut national israélien de recherche sur les politiques de santé et les services de santé ; et Salim Yusuf, professeur émérite de médecine à l’Université McMaster et à Hamilton Health Sciences, au Canada.

    « Bilan cohérent »
    Les auteurs y indiquent qu’« il n’est pas invraisemblable d’estimer que jusqu’à 186 000 décès, voire plus, pourraient être imputables au conflit actuel à Gaza ». Pour parvenir à ce chiffre, ils ont considéré que « les conflits armés ont des conséquences sanitaires indirectes au-delà des dommages directs causés par la violence » et appliqué une « estimation prudente » de quatre morts indirectes pour un mort direct, en se basant sur le chiffre de 37 396 morts enregistré le 19 juin par le ministère de la Santé de Gaza.
    Le 11 juillet, le média #France 24 avait consacré un article à cette publication « largement accusée d’être partiale, car elle s’appuie sur une méthode de calcul douteuse et des estimations hypothétiques » ou au contraire « bien accueillie par d’autres et largement partagée pour exprimer son soutien à la population de Gaza ». « Par exemple, Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens, l’a partagée sur son compte X comme preuve de ce qu’elle a décrit comme “neuf mois de génocide” se déroulant à Gaza », soulignait l’article.
    Jean-François Corty, médecin humanitaire et président de l’ONG Médecins du Monde, interrogé par France 24, avait estimé que « le bilan de 186 000 morts évoqué par “The Lancet” est cohérent avec la situation sanitaire, militaire et géopolitique due au blocus maritime, aérien et terrestre imposé à la bande de Gaza ».
    Les chiffres du ministère de la santé de Gaza sont basés sur les morts identifiés, expliquait-il, « sans prendre en compte tous les morts laissés sous les décombres des bombardements, ni les victimes indirectes décédées par manque de soins ou d’accès aux soins, ou du fait d’avoir été transportées vers un centre de santé ».

    Pour Yann Bisiou, maître de conférences en droit, « ni l’appel au boycott ni la référence au “Lancet” ne sont en eux-mêmes intolérables ». Sur X, il a estimé qu’« on peut contester les propos de ce collègue, critiquer le manque de fiabilité de ses sources ou l’absence de critique du Hamas, mais pas le sanctionner pour ces propos ».

    C’est il me semble grâce à ce contractuel que L’imMonde évoque l’évaluation du nombre de décès à #Gaza en raison de la guerre menée par #Israël.

  • Incendie d’une église à Saint-Omer : le suspect, récidiviste, mis en examen
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/09/04/incendie-d-une-eglise-a-saint-omer-le-suspect-recidiviste-mis-en-examen_6304

    Lors de son procès pour l’incendie des quatre églises du Pas-de-Calais en janvier 2022, l’homme avait expliqué avoir agi « à cause de [son] passé » : abandonné par ses parents et confié à une famille d’accueil, il avait raconté avoir été « violé » par son père adoptif « de 5 ans à 6 ans et demi ». « A chaque fois que j’écoute la télé et tout ça, les curés sont des pointeurs [pédophiles]. Voilà pourquoi je m’en prends aux églises », avait-il déclaré. Selon le psychiatre qui l’avait alors examiné, le prévenu présentait une « réelle souffrance psychique » et « cherchait à être en prison car il s’y sent plus en sécurité qu’à l’extérieur ». Selon le procureur Guirec Le Bras, le mis en cause n’a pas reproduit de déclarations de cette nature après son interpellation pour l’église de Saint-Omer.

    [...]

    L’incendie de cette église a suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux. Le patron de X et Tesla, Elon Musk, a lui-même relayé lundi sur le réseau social un message complotiste accompagné d’une vidéo du clocher en feu, s’interrogeant sur le caractère criminel du sinistre. Toujours sur X, le maire de Saint-Omer, François Decoster, lui a envoyé en retour le lien vers la cagnotte.

    #Église #VSS #incendie

  • Au moins 20 644 traversées de migrants dans la Manche depuis janvier 2024
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/09/04/au-moins-20-644-traversees-de-migrants-dans-la-manche-depuis-janvier-2024_63

    Au moins 20 644 traversées de migrants dans la Manche depuis janvier 2024
    Par Pierre Breteau
    Au moins douze personnes, dont dix femmes, se sont noyées, mardi 3 septembre, et cinquante et une ont été secourues à quelques kilomètres des côtes de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), alors qu’elles tentaient de traverser la Manche. Deux personnes sont toujours portées disparues. C’est le bilan le plus lourd enregistré dans la région depuis le naufrage du 24 novembre 2021, qui avait fait 21 morts.
    Ces victimes s’ajoutent à la liste de ceux qui ont déjà perdu la vie en tentant de franchir la Manche. Selon les données du Home Office, le ministère de l’intérieur britannique, au moins 20 644 personnes ont déjà effectué la traversée en 2024 pour rejoindre le Royaume-Uni en partant de la France à bord de petits bateaux (small boats, en anglais). En 2023, ils avaient été 29 393 à faire le voyage. En 2022, année record, 45 755 personnes avaient tenté leur chance, malgré les périls encourus dans le Pas-de-Calais. Un pic avait été observé lors de la semaine du 29 août au 4 septembre, avec 3 721 migrants appréhendés. Ces pics correspondent généralement à des périodes présentant les conditions météorologiques optimales pour la saison, mais les franchissements sont désormais entrepris toute l’année, y compris durant les mois les plus froids.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#traversee#manche#mortalite#sante

  • Selon Human Rights Watch, de plus en plus de demandeurs d’asile syriens se font refouler aux portes de l’Europe
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/04/selon-human-rights-watch-de-plus-en-plus-de-demandeurs-d-asile-syriens-se-fo

    Selon Human Rights Watch, de plus en plus de demandeurs d’asile syriens se font refouler aux portes de l’Europe
    Par Philippe Jacqué (Bruxelles, bureau européen) et Hélène Sallon
    Entre la Syrie, un pays qu’ils ont fui en pleine guerre en 2013, le Liban où ils ont vécu pendant dix ans, et Chypre, qu’ils ont tenté de rejoindre pour échapper à un statut de plus en plus précaire au pays du Cèdre, avant d’être renvoyés au Liban puis expulsés en Syrie, l’histoire de Nawal, de son mari et de leurs cinq enfants illustre les politiques de plus en plus répressives mises en œuvre à l’encontre des réfugiés syriens sur les deux rives de la mer Méditerranée.
    Dans un rapport publié mercredi 4 septembre, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a documenté le cas de 16 réfugiés et demandeurs d’asile syriens, qui ont tenté de quitter illégalement le Liban par la mer entre août 2021 et septembre 2023, et ont fait l’objet de mesures de renvoi et de refoulement par les autorités de Chypre et du Liban, pour certains jusqu’en Syrie, en violation des conventions internationales, et notamment européennes.
    Aucune justification ne leur a été donnée concernant le refus de leur accorder la protection internationale. Certains réfugiés ont été victimes d’abus de la part des autorités libanaises ou chypriotes, comme la détention arbitraire, l’usage excessif de la force et la confiscation de documents d’identité et de téléphones. « Notre rapport se fonde sur des cas confirmés jusqu’en 2023, mais nous savons que cela se poursuit encore aujourd’hui », relève Nadia Hardman, l’une des rédactrices du rapport.
    HRW relève la responsabilité du Liban, de Chypre et de l’Union européenne (UE), qui mènent une politique d’endiguement des flux migratoires. Entre 2020 et 2023, l’UE et des pays européens ont financé, à hauteur de 16,7 millions d’euros, des programmes pour former et équiper les forces de sécurité libanaises, afin d’améliorer la gestion des frontières et d’empêcher l’immigration illégale. En mai, la Commission européenne a annoncé une nouvelle aide financière d’un milliard d’euros au Liban sur quatre ans, dont une partie est destinée à la poursuite de ces programmes.(...)
    Concernant la situation entre Chypre et le Liban, la Commission européenne assure « suivre le sujet de près, tout comme le HCR [le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés] » et estime prendre très au sérieux « les allégations d’actes répréhensibles ». Néanmoins, au sujet des refoulements ou des expulsions ordonnés par Chypre vers le Liban, elle assure qu’« il incombe aux Etats membres d’enquêter de manière complète et indépendante sur toute allégation de violation des droits fondamentaux et de poursuivre tout acte répréhensible établi ». Selon elle, « tous les États membres de l’UE doivent respecter pleinement leurs obligations en vertu du droit d’asile et du droit international, notamment en garantissant l’accès à la procédure d’asile. »
    Enregistrée avec le statut de réfugiée auprès du HCR depuis son arrivée au Liban en 2013, la famille de Nawal a repris, dix ans plus tard, la route de l’exil. Depuis que le pays du Cèdre aux 6 millions d’habitants a sombré dans la crise économique, en 2019, le climat est devenu délétère pour les 1,5 million de réfugiés syriens, dont 75 % sont dans une situation d’extrême pauvreté, selon l’ONU.
    En 2024, seuls 20 % des réfugiés syriens au Liban se trouvent en situation régulière. En 2015, le HCR a suspendu l’enregistrement des réfugiés syriens sur l’injonction des autorités de Beyrouth. Les mesures de renouvellement des titres de séjour sont devenues très restrictives. Par ailleurs, le nombre de cas de refoulement vers la Syrie a augmenté depuis un décret, pris en 2019 par le Conseil supérieur de la défense, et jugé inconstitutionnel par les organisations de défense des droits de l’homme, qui facilite le renvoi des Syriens entrés illégalement au Liban, sans décision de justice. Sans véritable statut légal, et cibles d’attaques de plus en plus fréquentes sur fond de ressentiment antisyrien, de plus en plus de réfugiés cherchent à quitter clandestinement le Liban pour l’Europe, via Chypre. Selon le HCR, 65 embarcations ont tenté la traversée en 2023 au départ du Liban, avec près de 4 000 personnes à leur bord, dont une majorité de Syriens – 29 ont échoué à partir ou ont été interceptées par la marine libanaise et trois autres ont été renvoyées par Chypre au Liban. En 2024, 75 cas ont déjà été rapportés, impliquant là aussi près de 4 000 personnes. Sept embarcations avaient été renvoyées au Liban et 15 interceptées avant même d’atteindre l’île.
    (...) Chypre procède à des renvois de réfugiés syriens depuis 2020 vers le Liban, en accord avec les autorités de Beyrouth. Le gouvernement chypriote a annoncé, en avril, suspendre l’enregistrement de toutes les demandes d’asile pour les Syriens sur l’île. Depuis mai, le pays milite, avec d’autres pays, comme l’Autriche, la République tchèque, ou l’Italie, pour que l’UE revoit sa politique de refus de collaboration avec Damas afin d’y renvoyer, dans certaines zones jugées désormais « sûres », des réfugiés syriens. (...) En 2023, plus de 13 700 expulsions de ressortissants syriens du Liban ou refoulements à la frontière syrienne par l’armée libanaise ont été rapportés, ce qui constitue une nette augmentation par rapport à l’année 2022, durant laquelle plus de 1 500 cas avaient été documentés. En 2024, au moins 430 Syriens ont été expulsés par la sûreté générale, tandis que 2 800 autres ont été expulsés ou refoulés à la frontière syrienne par l’armée libanaise, selon une source bien informée. « Le HCR prend très au sérieux les signalements d’expulsions de réfugiés syriens et, lorsque de tels cas surviennent, nous en informons nos homologues concernés. Comme dans tous les pays, au Liban le HCR plaide pour que les personnes concernées aient la possibilité d’exprimer toute inquiétude qu’elles pourraient avoir concernant leur retour dans leur pays d’origine et pour que leur cas soit dûment examiné », commente l’agence onusienne. (...)

    #Covid-19#migrant#migration#UE#liban#syrie#chypre#asile#politiquemigratoire#refoulement#frontiere#sante#droit