• J – 18 : Retrouvailles avec Laurence, revenue de Down Under Mate .

    Moment d’une rare complicité entre nous, tandis que je me plains d’avoir mal au cou depuis quelques jours, elle me propose de mettre à profit ses récents apprentissages de massage. Assis au bas d’un fauteuil, elle assise sur le fauteuil, je suis très touché, c’est le cas de le dire par toute cette science, cette énergie et cette forme de gentillesse dont elle me fait cadeau, voyant bien par ailleurs que sa dextérité en la matière a fait un bond depuis l’automne dernier, graduellement je sens comme elle resserre son étau autour du point névralgique jusqu’à l’atteindre et ce dernier cède progressivement de cette tension qui me faisait tant souffrir depuis quelques temps. De temps à autre, Laurence fait céder d’autres points de tension notamment dans le milieu du dos, pour la faire sourire, je lui dis qu’elle me touche à des endroits qui n’ont jamais été atteints par la psychanalyse. Et nous rions également de concert à l’évocation rétrospective de l’évolution de nos rapports, et à qui d’autre pourrais-je, un jour, faire pareillement confiance et me laisser tirer sur une épaule, désaxé, tout le poids de Laurence sur son coude planté dans mon omoplate.

    D’ailleurs il paraît que j’ai de toutes petites omoplates, on dirait pas comme ça, on ne pourrait pas dire, comme ça, en me voyant, mais j’ai de toutes petites omoplates, un peu comme mon ami Franck, dentiste de son état, qui me fait toujours la remarque que je suis un gros monsieur avec de toutes petites dents.

    Pendant que je suis enveloppé par cette science de Laurence dont je vois bien qu’elle pénètre en moi selon des parcours et des canaux dont je ne dirais qu’ils furent jamais mis à jour, mais il y a un peu de ça quand même, je pense au visage de Laurence, ce qu’il porte en lui de la très voyageuse qu’elle est, de tous ces paysages qu’elle a traversés, de cette connaissance désormais intime qu’elle a d’une région immense, le Pacifique, je pense au cadeau qu’elle est en train de me faire en injectant de cette connaissance rapportée du bout du monde à l’intérieur même de moi, endroits de notre monde dans lesquels il est très peu probable qu’un jour j’aille me promener et pourtant en moi, désormais un de ces lieux.

    Et tout comme je le décrivais dans Arthrose ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose/laurence.htm ) à propos de cette amie, je repense à cette première fois où j’ai pris mon courage à deux mains pour m’asseoir à côté d’elle et engager timidement la conversation, et ce jour-là j’accomplissais quelque chose, sans le savoir, sans pouvoir le savoir qui serait déterminant pour le reste de mon existence. Et nul doute dans mon esprit désormais que ce n’est pas entièrement un hasard que je me sois trouvé en sa compagnie le soir du 13 novembre 2015 auquel nous avons entièrement échappé, mais la force du lien qui nous unit désormais !

    Et c’est à tout cela que je pensais et dont nous discutions, sans avoir beaucoup besoin de préciser les choses, notre compréhension est mutuelle, tandis que Laurence me massait, et me guérissait.

    #qui_ca