• Création d’un Comité national pour la reconstruction de Beyrouth
    https://www.facebook.com/jad.tabet.37/posts/1181063828941765

    Lors d’une conférence de presse tenue sur les lieux de l’explosion du 4 aout a été annoncée la création d’un Comité national pour la reconstruction de Beyrouth regroupant la Fédération des Ingénieurs et Architectes , l’Ordre des Avocats, l’Association des Entrepreneurs, l’association des Industriels et l’Ordre des experts comptables. Ce Comité national vise à coordonner les efforts de la société civile, des organismes publics concernés et des donneurs locaux et internationaux afin d’assurer la reconstruction des quartiers touchés par la catastrophe du 4 août et venir en aide aux victimes.

    #Liban #reconstruction

  • La réhabilitation de Beyrouth vue par l’architecte libanais Jad Tabet
    COURRIER INTERNATIONAL - PARIS
    Publié le 10/08/2020 -
    Interview du président de la Fédération libanaise des ingénieurs et architectes, l’architecte Jad Tabet
    https://www.facebook.com/jad.tabet.37/posts/1174953446219470

    Nombre de bâtiments totalement détruits : 20-30
    Effondrement majeur des murs structurels et des toits de bâtiments rendus inhabitables : 800-900
    Démolition partielle de logements rendus inhabitables : 2 300-2 500
    Dommages graves subis par les structures des logements : 3 000
    Dommages limités : 15 000-18 000
    Nombre d’édifices concernés par des ruptures de vitres : 18 000-20 000
    Nombre total de bâtiments touchés : 39 000-40 000
    Nombre estimé de logements touchés : 200 000

    #Beirutblas #sources #urbanisme #dégats #reconstruction

    • Mise à jour : https://www.facebook.com/jad.tabet.37/posts/1178791785835636

      Nous avons maintenant un décompte plus précis des bâtiments dans la zone la plus touchée par l’explosion : Medawar, Quarantina, Beddawi, Mar Mikhael, Geaitawi, Roum, Sagesse, Mar Nicolas, Gemmayzeh et Rmeil.
      En tout près de 6000 bâtiments dans l’ensemble de cette zone. A ce jour 111 batiments ayant un caractère "patrimonial » ont été inspectés. Une dizaine de bâtiments se sont effondrés et une quarantaine présentent des risques d’effondrement quasi total si des mesures d’étaiement provisoire ne sont pas mises en oeuvre rapidement, la majorité de ces bâtiments appartenant à la catégorie "patrimoniale". La Direction Générale de l’Archéologie en collaboration avec le centre de réhabilitation de l’Université libanaise et l’ordre des Ingénieurs et architectes s’occupent de ces bâtiments à caractère patrimonial et les promesses de dons tant du Liban que de l’étranger semblent affluer pour assurer leur réhabilitation. La sensibilisation de l’opinion publique libanaise et internationale, la pression des associations et des jeunes permettent d’espérer que la protection de ces bâtiments pourra cette fois être assurée.
      Deux questions restent néanmoins problématiques :
      1. Au delà de la protection d’une centaine de bâtiments patrimoniaux, c’est tout le tissu urbain de ces quartiers qu’il faut préserver et revitaliser pour empêcher la construction d’immeubles de grande hauteur comme les quelques immeubles qui ont été construits au cours des dernières années. Pour cela et sur proposition de l’Ordre des Ingénieurs et Architectes, le Conseil Supérieur de l’Urbanisme doit examiner la mise sous étude de toute cette zone afin de geler les opérations immobilières et les remembrements des parcelles pour une période d’un an le temps de préparer un plan général de protection et de mise en valeur de ces quartiers.
      2. Protéger le tissu urbain implique également la protection du tissu social des quartiers. Ce qui pose problème, ce sont les bâtiments "ordinaires" qui n’appartiennent pas à la catégorie "patrimoine". Ces bâtiments, construits en béton armé, ne présentent en général pas des dégâts structurels mais les logements y sont inhabitables à cause de la destruction des menuiseries extérieures, des vitrages en façade, des portes, de certaines cloisons intérieures, des ascenseurs, des réservoirs d’eau, etc... Ces bâtiments abritent la majorité écrasante des habitants et il est urgent de prendre les mesures de réparation afin de permettre le retour des habitants avant l’hiver. Or la majorité des habitants sont soit de petits propriétaires soit des locataires aux revenus modestes qui ne peuvent pas avancer les frais de réfection de leurs logements et qui craignent d’être expulsés par certains propriétaires désireux de hausser les loyers. L’établissement d’un constat exhaustif des dégâts dans ces logements afin de définir le montant des indemnités risque d’être très long (6 mois environ selon les premières estimations) et il n’y a aujourd’hui aucune source claire de financement pour la réfection des bâtiments "ordinaires" compte tenu de l’état calamiteux des finances publiques.
      Il faut absolument trouver au plus tôt des mécanismes qui permettent d’assurer le financement de la réfection de ces bâtiments sans attendre, afin d’assurer le retour rapide des habitants et éviter un massacre social similaire à celui provoqué par Solidere dans le centre ville de Beyrouth !

  • Il y a dix ans déjà ... 2 juin 2006 à Paris. En commémoration du premier anniversaire de l’assassinat de Samir Kassir
    https://www.facebook.com/jad.tabet.37/posts/236349126746578
    Jad Tabet #Liban

    Il y a dix ans déjà ... 2 juin 2006 à Paris. En commémoration du premier anniversaire de l’assassinat de Samir Kassir.

    « Nous voilà donc rassemblés à nouveau, en ce 2 juin 2006, pour commémorer cette fois ci le premier anniversaire de l’assassinat de Samir Kassir.

    Commémorer…Que ce terme paraît étrange dans ces circonstances…

    Je me souviens d’une discussion avec Samir, il y a de cela quelques années déjà, dans l’une de ces séances que nous nous plaisions à appeler les séances « roues libres » qui duraient parfois des heures, attablés dans un café du bord de mer ou du centre-ville de Beyrouth. Ce jour là, je ne sais à l’initiative de lequel d’entre nous deux, la discussion portait sur les notions d’espace et de temps que nous abordions, lui à travers sa formation d’historien et moi à travers ma pratique d’architecte.

    Je soutenais que la notion d’espace était étrangère à la culture arabe, et j’en voulais pour preuve qu’il n’existe pas de terme spécifique dans notre langue pour désigner cette notion, qu’on devait se contenter d’approcher à travers des détours approximatifs : le terme de fada’a par exemple, qui désigne le vide, ou celui de mada qui désigne l’étendue, ou encore celui de majal qui désigne le domaine. Je soutenais aussi que la notion d’espace avait été phagocytée par la notion de temps, le temps de l’histoire bien entendu, mais aussi celui de la vie quotidienne, le temps des cinq prières journalières, le temps du cycle lunaire qui règle le jeûne et sa rupture, le temps du pèlerinage et des transhumances, qui existait déjà bien avant l’islam.

    Samir n’était pas d’accord. Le drame des sociétés arabes contemporaines disait-il, résidait tout d’abord dans leur rapport au temps. Prisonnières d’une lecture fétichiste de leur histoire, elles se sont enfermées dans l’idolâtrie d’un supposé âge d’or, après lequel il n’y aurait plus eu qu’échecs et malheurs. La victimisation qui caractérise le regard que les arabes portent sur eux même aujourd’hui procède de cette lecture an-historique et constitue l’une des composantes de ce qu’il appellera plus tard « le malheur arabe ». Et il ajoutait que l’un des signes les plus évidents de ce regard tronqué sur l’histoire se manifeste dans la propension maladive des sociétés arabes contemporaines à se complaire dans les commémorations rituelles.

    Anniversaires de coups d’état ou de prise du pouvoir par tel ou tel dictateur, élevés au rang d’évènements historiques, mais aussi commémoration des défaites : celle de la partition de la Palestine tout d’abord, puis celle de la débâcle de 1967, celle de la chute de Jérusalem et peut-être demain disait-il, celle de la chute de Bagdad.

    C’est à travers ces commémorations rituelles, me disait-il alors, que s’exprime peut-être le mieux ce mal endémique dont souffrent les sociétés arabes contemporaines dans leur incapacité à générer un processus d’accumulation historique.

    Que dirait Samir aujourd’hui s’il était parmi nous ?

    Peut-être prendrait-il son air ironique, pour nous prévenir que nous risquons de succomber à notre tour au mimétisme des commémorations rituelles.

    Ou peut-être nous rappellerait-il que le temps des commémorations n’est pas encore venu, que la dynamique du 14 mars s’est heurtée aux compromissions des politiques et à la barbarie des tueurs, et qu’il reste devant nous un long chemin à parcourir, pour que la promesse d’une nouvelle modernité arabe, qui a éclos à Beyrouth il y a un an, puisse surmonter les blocages de nos sociétés, coincées entre la tyrannie des régimes autoritaires et le rigorisme du fondamentalisme religieux.

    D’ici là, il nous faudra continuer à résister de toutes nos forces.

    Il faudra continuer à nous rassembler à nouveau comme aujourd’hui, non pour commémorer, mais pour témoigner que, malgré la profondeur de la nuit arabe, la promesse de l’aube reste toujours intacte. »