La fusion fait flop
Car les craintes restées tapies dans l’ombre n’étaient pas infondées. Dans un article paru quelques jours avant le second tour, le 11 mai, Anne Feitz, la journaliste des Echos citée plus haut, raconte le désarroi des salariés français de Technip qui ne peuvent que constater la prise de pouvoir par les Américains. Toutes les décisions se prennent dorénavant à Houston, et les postes clés sont pourvus par les anciens de FMC. Depuis janvier, c’est la débandade : sur les 290 salariés du siège parisien, il n’en reste plus que 208. Les départs se succèdent, les jeunes désertent la boîte, les arrêts maladie s’enchaînent, et la journaliste a eu vent de deux suicides depuis la fusion (sans que l’on sache encore s’ils sont liés ou non à la situation de l’entreprise). Un des cadres interrogés semble furieux : « Technip a été vendu aux Américains avec la bénédiction des administrateurs, et notamment des deux représentants de l’État ». Et d’ajouter : « je m’étonne que, politiquement, personne n’ait fait exploser tout ça ! Seul Arnaud Montebourg s’en est offusqué ».
On peut également s’étonner que, médiatiquement, le fiasco de cette fusion soit passé complétement sous les radars. Sollicitée par @si, la journaliste des Echos ne l’explique pas non plus. Elle ajoute être tombée sur cette débandade par hasard : alors qu’elle cherchait à établir les résultats trimestriels des entreprises de son secteur (l’énergie), après un coup de fil passé à Technip-FMC, les langues se sont vite déliées. « D’habitude il faut une à deux semaines pour ce genre d’enquête, là j’ai eu la matière très rapidement » raconte-t-elle. Mais pourquoi si peu de reprises ? Après tout, ce fiasco au bilan de Macron n’est guère reluisant. Réponse : c’est une grosse entreprise, certes, mais inconnue du grand public. La journaliste ne désespère pas : « peut-être que les confrères de Challenges vont s’y intéresser ». Peut-être.