• L’immense enjeu du petit coin | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/limmense-enjeu-du-petit-coin-1916759

    Bill Gates en a fait l’un de ses combats centraux. L’ONU, elle, les a inscrites au catalogue de ses objectifs de développement durable. De nombreuses ONG, et pas des moindres, se sont emparées de ce sujet, central pour la dignité humaine mais aussi pour la croissance économique. Un seul chiffre pour en mesurer l’importance : 3,6 milliards de personnes dans le monde ne disposeraient pas d’installations convenables pour satisfaire leurs besoins naturels. Et la population mondiale possédant un abonnement au téléphone serait désormais plus importante que celle raccordée à un réseau d’eau potable ou d’assainissement. « Se préoccuper des toilettes publiques revient à s’inquiéter du monde », écrit Julien Damon.

    C’est la raison pour laquelle l’auteur, grand spécialiste des questions urbaines et de pauvreté, par ailleurs éminent chroniqueur aux « Echos », a choisi de consacrer un livre au sujet. Une gageure dans un pays - le nôtre - où la question des toilettes publiques prête davantage le flanc à la gaudriole qu’à la réflexion. Lire le livre de Damon, c’est constater à quel point le monde anglo-saxon traite, lui, le problème avec sérieux et pragmatisme quand l’opinion, en France, reste peu informée des vrais enjeux que constituent les lieux d’aisances.

    Besoins urbains
    Mais commençons par le commencement. Dans un début savoureux consacré à l’histoire, Julien Damon rappelle que le problème est né de la densité urbaine. A l’époque d’un monde peu peuplé, où les hommes vivaient à la campagne, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter outre mesure du fait qu’un être humain produit chaque jour en moyenne 1 litre d’urine et 200 grammes de matières fécales. Puis, la démographie aidant, le monde a dû passer de l’âge du pot à celui de la chasse d’eau comme il est passé du bronze au fer. Depuis les latrines communes romaines jusqu’aux vespasiennes du préfet Rambuteau à Paris, Julien Damon détaille avec force précision les multiples tentatives d’endiguer le flot toujours plus nourri de déjections humaines, à la fois dans la sphère privée et dans la sphère publique. Il faudra tout de même attendre la fin du XVIIIe siècle pour commencer à passer du « tout-à-la-rue au tout-à-l’égout », rappelle Damon. Qui rappelle qu’à l’abord du siècle des Lumières, en France, les rues, les jardins ou les parcs regorgent de déchets humains, faisant régner dans les villes une pestilence insoutenable pour nos narines contemporaines.

    Heureusement, l’innovation, là comme ailleurs, apporte des solutions radicales. Chacun garde en mémoire l’apport décisif, dans notre pays, des sanisettes de Decaux dans l’espace public, aussi appelées sanitaires publics à entretien automatique (SPEA) qui rempliront tellement bien leur office que l’enjeu sanitaire passera au second plan derrière les préoccupations financières et électorales. Le modèle sera en tout cas copié jusqu’à New York et San Francisco. Sur le plan de la réglementation aussi, les temps changent. Elle obligera bientôt les promoteurs et constructeurs à équiper les logements en lieux d’aisances privés. Un changement décisif. Alors qu’en 1946, 80 % des habitations ne disposent pas de W-C intérieurs, ce ratio tombe à 43 % en 1968 à 20 % en 1978 et à 3 % en 1999. De même, nos villes améliorent grandement leur équipement en matière de toilettes publiques : on en compte 1 pour 3.000 habitants à Paris, 1 pour 5.300 dans les 17 plus grandes villes françaises et 1 pour… 48.000 à Marseille. Les W-C sont bel et bien un indicateur majeur de développement.

    Inégalités massives
    Ils sont aussi le creuset d’inégalités massives, rappelle Julien Damon. Outre la fracture Nord-Sud évoquée plus haut, les toilettes interrogent aussi les rapports hommes-femmes. Longtemps, les lieux d’aisances publics n’ont été réservés qu’aux hommes. Puis l’équilibre s’est progressivement rétabli sous le régime de la distinction des sexes. Insuffisant cependant pour résoudre le problème des files d’attente bien plus considérables devant les toilettes des femmes que les toilettes des hommes. La raison ? Pour des raisons évidentes et pratiques, le comportement des femmes n’est pas le même que celui des hommes dans les lieux d’aisances. Dès lors que faire ? Plusieurs solutions ont été explorées jusqu’à une forme de discrimination positive qui reviendrait à construire dans un même lieu davantage de toilettes pour femmes que pour hommes. Mais c’est compter sans les nouveaux débats qui traversent nos sociétés, amenant certains groupes féministes à revendiquer des « toilettes non genrées ».

    Peut-être le salut viendra-t-il de la technologie. Car en la matière, les toilettes n’échappent pas à l’inflation des inventions, soigneusement répertoriées par l’auteur dans son vaste tour du monde. Au firmament de la high-tech, voici donc les futures toilettes connectées, bourrées de capteurs, analysant en temps réel de multiples données en faveur d’un apport décisif à la médecine préventive. Car en matière de toilettes, « une offre déficiente dégrade la dignité humaine. Une offre ajustée révèle le génie humain », écrit Julien Damon. On ne saurait mieux conclure un livre passionnant de bout en bout.

    Toilettes publiques. Essai sur les commodités urbaines, Julien Damon.
    Editions Presses de Sciences Po, 210 p., 16 euros.

  • Chercher l’information, cela s’apprend | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/chercher-linformation-cela-sapprend-1872866

    Comment éduquer les internautes à évaluer les sites Web en fonction de leur crédibilité ? Une universitaire propose une démarche scientifique pour atteindre cet objectif, indispensable à la survie de la démocratie.

    Par Jacques Henno
    Publié le 25 oct. 2022 à 18:14

    Le propos. Plus de cinq milliards de personnes, à travers le monde, sont désormais connectées à Internet. Elles y mènent, chaque jour, plus de sept milliards de requêtes. Le Web constitue désormais la première source d’information pour beaucoup d’internautes, alors même qu’ils n’ont jamais été préparés à utiliser cet outil, truffé de fake news et de sites aux sources douteuses. Comme l’explique Mônica Macedo-Rouet, professeure des universités en psychologie à CY Cergy Paris Université, au début de son enquête : « L’objectif de ce livre est de proposer une réflexion sur cette question primordiale pour l’éducation de demain : comment former tous les usagers d’Internet (enfants, adolescents, adultes) à la recherche et l’évaluation de l’information, tout en développant leur autonomie et leur libre arbitre ? »

    L’intérêt. Fidèle à une démarche universitaire, Mônica Macedo-Rouet s’intéresse à tous les aspects de la recherche d’information sur Internet. Ce qui débouche sur quelques découvertes inattendues, comme le fait que « la lecture sur écran reste moins aisée que l’imprimé ».

    La citation. « Aujourd’hui, des méta-analyses suggèrent que l’utilisation des hypertextes dans des situations pédagogiques (par exemple, pour la lecture d’un chapitre de manuel scolaire) devrait être réévaluée au vu des pertes de compréhension induites par la lecture d’hypertextes. »
    Savoir chercher. Pour une éducation à l’évaluation de l’information

    de Mônica Macedo-Rouet. Préface d’Alexandre Serres. C&F Editions, 244 pages, 22 euros.

    #Savoir_chercher #Mônica_Macedo_Rouet

  • Quand nos données nous manipulent
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/quand-nos-donnees-nous-manipulent-1260655

    Les géants d’Internet ne se contentent pas d’amasser des quantités phénoménales de données : ils modélisent nos comportements pour les prédire et, de plus en plus, les influencer. Pour la sociologue américaine Shoshana Zuboff, ce « capitalisme de surveillance » met en danger nos démocraties. L’expérience est assez banale : vous achetez un nouveau thermostat, connecté , avec la promesse de dépenser moins et de passer l’hiver dans une maison plus confortable. Pour l’installer, vous devrez accepter des « (...)

    #BigData #bénéfices #surveillance #Google #Amazon #Facebook #InternetOfThings #manipulation #conditions (...)

    ##GAFAM

  • Richard Baldwin : « Cette fois-ci, ce sont les cols blancs qui passeront à la trappe »
    https://www.crashdebug.fr/loisirss/73-livres/15629-richard-baldwin-cette-fois-ci-ce-sont-les-cols-blancs-qui-passeront

    *DEMAIN TOUT NUMERIQUE* :...robotisation, numérisation, mondialisation vont éliminer les cols blancs = confirmation de mon analyse, multi mini-jobs

    https://www.letemps.ch/economie/richard-baldwin-cette-foisci-cols-blancs-passeront-trappe

    https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/0600655488597-lia-ne-menace-pas-le-travail-mais-le-salariat-2243278.php

    1... « Je ne parle pas du travail à domicile qui est lui-même une révolution, mais d’une armée mondiale de « télé-migrants » compétents et compétitifs capables de fournir des services à l’appel. »

    2... Demain, tous les monopoles et toutes les législations des professions réglementées seront abolis avec la totalité de la directive Bolkestien dont les effets seront amplifiés par la robotisation, la numérisation et la mondialisation. (...)

  • Richard Baldwin : « Cette fois-ci, ce sont les cols blancs qui passeront à la trappe »
    https://www.crashdebug.fr/high-teck/15629-richard-baldwin-cette-fois-ci-ce-sont-les-cols-blancs-qui-passeront

    *DEMAIN TOUT NUMERIQUE* :...robotisation, numérisation, mondialisation vont éliminer les cols blancs = confirmation de mon analyse, multi mini-jobs

    https://www.letemps.ch/economie/richard-baldwin-cette-foisci-cols-blancs-passeront-trappe

    https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/0600655488597-lia-ne-menace-pas-le-travail-mais-le-salariat-2243278.php

    1... « Je ne parle pas du travail à domicile qui est lui-même une révolution, mais d’une armée mondiale de « télé-migrants » compétents et compétitifs capables de fournir des services à l’appel. »

    2... Demain, tous les monopoles et toutes les législations des professions réglementées seront abolis avec la totalité de la directive Bolkestien dont les effets seront amplifiés par la robotisation, la numérisation et la mondialisation. (...)

  • Données, ô données, dites-moi mon avenir !
    https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/0212019744497-donnees-o-donnees-dites-moi-mon-avenir-2083220.php

    En fait, des trois ouvrages émerge un même constat, déjà vrai du temps des Mésopotamiens, mais encore plus effrayant aujourd’hui : qu’il s’agisse d’une entreprise, d’un Etat ou d’un individu, celui qui non seulement possède les données mais qui a appris à s’en servir (ou prétend le savoir) pour prédire l’avenir, détient un pouvoir extraordinaire.

    Il est donc urgent de mettre des garde-fous à l’utilisation de ces données numériques avec lesquelles nous sommes désormais « mariés pour le meilleur et pour le pire », selon l’expression de Serge Abiteboul et Valérie Peugeot. Laurence Devillers propose onze « commandements » (le religieux n’est décidément jamais loin...) pour les applications numériques et les robots : « Tu ne divulgueras pas mes données à n’importe qui » ; « Tu oublieras tout si je te le demande ! » ; « Tu seras loyal »... Serge Abiteboul et Valérie Peugeot pourraient tout à fait reprendre ces règles à leur compte pour les PIMS (« Personal Information Management Systems »), les serveurs personnels sur lesquels ils nous engagent à sauvegarder dès aujourd’hui nos données personnelles pour les protéger de tout futur abus.

    #big_data