Les responsables d’un projet de cette industrie dans le sud du pays, potentiellement l’un des plus grands au monde en matière d’extraction de cuivre, avaient notamment mis en avant, pour critiquer la ministre, le fait que 1,2 million d’ouvriers dépendent de l’activité minière dans l’archipel.
En mars, la chambre de commerce des mines des Philippines avait soumis une pétition au Congrès contre la secrétaire à l’environnement, affirmant que les décisions de cette dernière étaient « illégales et sans fondement .
Gina Lopez est un personnage hors norme : fille d’un milliardaire de Manille, elle a grandi dans l’élite avant de devenir professeure de yoga. Durant une vingtaine d’années, elle fut une sorte de missionnaire de cette pratique, vivant au Portugal, en Inde, en Afrique. Après avoir gagné la présidentielle de mai 2016, Rodrigo Duterte avait rencontré Gina Lopez à Davao, ville du sud des Philippines dont il a été le maire pendant une vingtaine d’années. La passion de la fougueuse militante pour la protection de la nature avait convaincu le nouveau chef de l’Etat, qui l’avait nommée peu après ministre de l’environnement.
M. Duterte, dont la présidence a été entachée, en à peine un an, par une lutte impitoyable contre la drogue qui a fait plusieurs milliers de morts chez revendeurs et usagers, entendait mener aussi une bataille pour la défense de l’environnement. Il avait ainsi agité, en mars, la menace d’interdire les opérations de l’ensemble de l’industrie minière de son pays, l’accusant notamment de « déstabiliser » son gouvernement. Il avait ajouté, sans autre précision : « Quand il s’agit de la préservation de mon pays, je fais ce qui est nécessaire. » Déclaration dont il est difficile de décrypter le message tant se sont multipliées les sorties verbales et contradictoires d’un président fantasque et provocateur.
Les groupes de défense de l’environnement n’ont pas tardé à critiquer le gouvernement, l’associant aux intérêts industriels : « On voit clairement pour qui bat le coeur de l’administration Duterte », a réagi la Green Thumb Association, qui regroupe des dizaines d’organisations écologistes.
Le président a de son côté regretté le refus du Congrès de confirmer le poste de Gina Lopez : « C’est dommage, j’aime vraiment le caractère passionné de Gina », a-t-il dit, ajoutant : « Mais que voulez-vous, nous sommes en démocratie et les lobbys de l’argent sont les plus forts. Je ne contrôle pas tout. »