Dans l’esprit, le candidat Macron travaille main dans la main avec les dirigeants du monde bancaire et financier, des multinationales, du MEDEF, et de toute la sphère politico-[médiatico]industrielle qui a construit à grands coups de boutoirs l’espace glaçant du monde dérégulé du libéralisme moderne. Les paradis fiscaux sont leur refuge secret et leur arme de prédilection, mais créer un paradis fiscal à l’échelle de la France est l’objectif assumé.
L’idée même que les impôts, les taxes, tout ce qui finance le bien public est un frein à l’expression de la liberté de créer de la richesse prônée par ces « disrupteurs » est une sorte de vol généralisé, assumé et mensonger qu’ils aimeraient beaucoup faire passer pour une forme de modernité incontournable. Ce qu’ils oublient, c’est que toute la richesse créée par les entreprises les plus performantes qu’ils souhaitent « libérer » ne peut se générer que par le maintien d’infrastructures et de biens publics au meilleur niveau : réseaux routiers, télécommunications, éducation, administrations, aides publiques, maintien du tissu associatif, gestion du patrimoine, culture, etc…
Que la gestion de l’argent public soit mauvaise, mal répartie, soumises à des pressions, des conflits d’intérêt, c’est une certitude. Mais faire croire qu’il faudrait en dépenser moins, et dans le même temps qu’il faudrait en collecter moins, et surtout laisser les clés de la gestion économique globale à des acteurs économiques privés de type vautours, est un plan marketing politique assez étonnant. Le formidable engouement pour Uber, vaillante startup libérant les pauvres banlieusards de leur carcan du chômage forcé, en leur permettant de devenir leur « propre patron » comme VTC, a vite démontré l’inanité de la dérégulation libérale du capitalisme de plateforme. Aujourd’hui, les chauffeurs Uber protestent en masse, étranglés par les crédits inremboursables, soumis à des horaires monstrueux et, cerise sur le gâteau, pouvant prétendre gagner moins que le Smic en fin de mois en étant leur propre « patron ». Un patron totalement soumis et subordonné à l’entreprise disruptive Uber qui a augmenté ses profits en passant sa « commission » sur les courses de 20 à 25%. Pas de règles, Uber est libre d’étrangler ses chauffeurs, eux-même déclarés libres de travailler comme ils le souhaitent, puisque « entrepreneurs ».
Le rêve d’une société où chacun peut « entreprendre », avec des règles minimales, qui « fluidifieraient » les échanges, l’emploi, est celui des prédateurs de l’économie néo-libérale, l’économie financière. Les startups n’en sont qu’une partie émergée, puisqu’au final, le projet de Macron n’est rien d’autre que la création [déjà en cours de constitution] d’un grand espace commercial, où les Français pourront aller consommer 24/24, et travailler le maximum avec le moins de règles possibles, tout en étant sommé de ne pas profiter de l’argent public des organismes paritaires sociaux, le tout dans un rapport de force entre détenteurs du capital et les autres, totalement distendu au profit des premiers.
Un article assez objectif.