Paul Ariès : un « socialisme gourmand » pour en finir avec la gauche triste
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Paul Ariès [1] : Il est de plus en plus difficile d’exister réellement dans cet univers voué à la marchandise et à l’accumulation sans fin. Nous peinons à donner un sens réel à nos existences et nous sommes devenus sourds aux appels à la vie. La gauche sous-estime la critique du capitalisme. Le capitalisme, c’est en effet trois choses. C’est un système d’exploitation du travail et de pillage de la nature. Cela, les gauches le critiquent assez bien. Le capitalisme, c’est aussi l’imposition de modes de vie particuliers et de produits qui lui sont spécifiques. Les gauches ont largement perdu la critique des styles de vie capitalistes. Le capitalisme, c’est enfin une réponse à nos angoisses existentielles, au sentiment de finitude, à la peur de mourir. La réponse capitaliste est le toujours plus, plus de richesses économiques et de pouvoir. Ne nous leurrons pas : le capitalisme nous donne à jouir. C’est certes une mauvaise jouissance, une jouissance d’emprise, une jouissance d’avoir. Nous ne pourrons cependant qu’être dans des combats défensifs tant que nous n’inventerons pas nos propres dissolvants d’angoisse existentiels. Je pense bien sûr à des aspects classiques comme l’invention de « communs » (services publics notamment), mais je songe aussi à la place de la fête et de la fantaisie, à l’amour et à l’amitié, à la question de la beauté…