« sans alliance avec Mélenchon, il y a un risque de disparition de la gauche » – EURACTIV.fr

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  • Guillaume Balas : « sans alliance avec Mélenchon, il y a un risque de disparition de la gauche »

    Le député européen reproche à Emmanuel Macron, qu’il trouve d’une « complaisance inquiétante » avec l’Allemagne, de manquer d’ambition sur l’Europe. Il souhaite que Jean-Luc Mélenchon propose une alliance globale à la gauche.

    Guillaume Balas est député européen et membre du Parti socialiste. Pendant la campagne présidentielle, il a été coordinateur du projet du candidat Benoît Hamon.

    Qu’avez-vous pensé du débat de l’entre-deux tour qui a opposé Marine Le Pen et Emmanuel Macron ?

    Marine Le Pen s’est effondrée. Elle n’a su montrer qu’une capacité à dénoncer, mais à aucun moment elle n’a montré de cohérence. Elle a perdu beaucoup dans ce débat. Emmanuel Macron a gardé son calme et a affiché une maitrise des dossiers.

    Cependant, je suis en désaccord avec la philosophie générale de son programme, qui est inspiré du vieux libéralisme avec des idées comme davantage de flexibilité, plus d’autonomie au niveau local, etc. Et ne répondant jamais aux enjeux centraux comme la mutation du travail ou l’écologie, dont on n’a pas réussi à faire une question centrale durant la campagne.

    En 2002, Jacques Chirac avait refusé ce débat de l’entre-deux tour face à Jean-Marie Le Pen. Pensez-vous qu’aujourd’hui face à l’extrême droite le débat était nécessaire ?

    Oui. Je ne comprends pas du tout ce débat-là. J’avais d’ailleurs regretté que Jacques Chirac ne le fasse pas en son temps. Le Front national, c’est comme un vampire, il meurt sous l’effet de la lumière dessus. Je pense que ce débat aura montré, et de manière surprenante, la désinvolture complète de Marine Le Pen sur les questions fondamentales qui se posent au pays. Elle a démontré que la dédiabolisation du FN était une escroquerie. Donc c’était un débat utile.

    Le sujet de l’Europe a occupé une partie non négligeable du débat, notamment concernant la sortie de l’euro défendue par Marine Le Pen. Pensez-vous que Macron puisse être celui qui relance le projet européen ?

    Pendant la campagne présidentielle, à chaque fois que la sortie de l’euro a été abordée par des candidats, ils se sont retrouvés empêtrés dans leurs contradictions. Cela a été assez vrai avec Jean-Luc Mélenchon, mais encore plus manifeste hier avec Marine Le Pen qui est incapable d’expliquer quelle serait sa politique par rapport à l’euro.

    La contradiction, c’est que les Français ne veulent pas sortir de l’euro. Même ceux qui sont critiques envers l’Union européenne ne voient pas forcément la sortie de l’euro comme une solution.

    De son côté, Macron c’est le « mainstream » européen. Il n’a pas dit grand-chose sur des dossiers comme la gouvernance de la zone euro. Quel est le chemin qui est tracé par Macron pour l’Europe ? Aujourd’hui on ne sait pas. On voit qu’il est attaché à l’Europe et à l’euro, mais c’est tout.

    Il y a deux manières de sortir de l’Europe : celle que propose Madame Le Pen, le Frexit. La deuxième est de ne rien faire. Et les divergences profondes entre les pays européens continueront de s’accroitre jusqu’à l’implosion. Et Emmanuel Macron ne me rassure pas aujourd’hui dans la manière dont il aborde les questions européennes. Il n’a aucune ambition. Je ne crois pas qu’on puisse encore passer un mandat sans qu’il se passe rien, l’UE ne s’en remettra pas.

    Emmanuel Macron n’est donc pas véritablement pro-européen ?
    Emmanuel Macron dit qu’il veut faire avancer l’Europe, mais on ne sait pas sur quoi. Il a le plan de la dissertation, mais pas le contenu. Il reprend les grands principes de sociaux-démocrates sur lesquels nous sommes tous d’accord : un cercle concentré autour de la zone euro, un gouvernement économique de la zone euro, un renforcement du contrôle démocratique, une politique d’investissement, etc.

    Mais regardez ce qu’il dit sur le CETA : mettre en place une commission pour réévaluer le traité commercial avec le Canada, ça n’a aucun sens. Jamais il n’aura l’assentiment pour amender ce texte. Il fallait s’y opposer avant sa ratification par le Parlement européen, qui valide 90% du traité. Ce qu’il faut, c’est renégocier la politique commerciale de l’UE.

    Il a en tout cas réussi à faire l’unanimité en Allemagne, à droite comme à gauche…

    Je trouve Emmanuel Macron d’une complaisance inquiétante avec l’Allemagne. S’il entame le débat de cette manière, je ne vois pas pourquoi l’Allemagne aurait un quelconque effort à faire par rapport à la France dans la foulée de cette élection, notamment concernant l’orientation macro-économique au niveau européen.

    C’est inquiétant, cette unanimité en Allemagne autour de Macron. À force de ne vouloir heurter personne, Emmanuel Macron s’est mis dans la situation d’avoir le soutien de Wolfgang Schauble comme de Sigmar Gabriel. De ce point de vue, il n’a pas été courageux. Cette campagne était le moment de donner sa vision de l’Europe, quitte à déplaire à certains de ses soutiens outre-Rhin.

    Que pensez-vous du bilan européen de François Hollande ?

    Je pense que le quinquennat de François Hollande a été celui de l’espérance fantôme. Il y avait un vrai espoir qu’un homme pro-européen comme lui, insoupçonnable sur le sujet, rouvre le débat. Il incarnait pour des pays comme l’Italie, la Belgique, le chef d’État français qui allait poser le débat d’une réorientation de l’UE sur la table de Merkel. Or, de ce point de vue-là, à part quelques sujets comme l’Union bancaire, La France a été complètement absente pendant 5 ans des propositions politiques.

    En Europe, il y a avait une vraie attente que Hollande devienne le maitre d’œuvre d’une réorientation douce de l’Europe. Il a créé une déception très forte. C’est pour ça que je suis un peu inquiet quand je vois Emmanuel Macron être si prudent et si peu ambitieux.

    Le résultat de Benoît Hamon a été extrêmement décevant au premier tour. Cela va-t-il remettre en cause l’alliance entre les socialistes et les écologistes pour les prochaines élections législatives ?

    C’est très difficile à dire, car la psychologie des électeurs pour ces élections est insaisissable. Je crois qu’il est très important qu’il y ait un nombre important de députés de gauche. D’ailleurs si Jean-Luc Mélenchon tirait les leçons de son propre score, il proposerait une alliance globale avec l’ensemble des forces de gauche pour garantir une position forte à l’Assemblée nationale.

    Si ça n’est pas le cas, un tiers de la population ne serait pas représenté et on se retrouverait dans un déséquilibre démocratique majeur.

    Comment la gauche française peut-elle se recomposer après ces résultats ?

    Le score de Benoit a été très faible, c’est aussi de notre responsabilité et pas seulement l’effet du double vote utile. Mais l’espace politique de ce qu’il a porté va bien au-delà des 6% de voix qui l’ont choisi.

    Aujourd’hui, il y a d’un côté la France Insoumise, qui se vit comme une contre-société qui n’a pas de vocation majoritaire, et de l’autre côté ceux qui ont décidé d’abdiquer toute forme de lecture critique du capitalisme pour rejoindre Macron. C’est ça qui nous a tué pendant le premier tour.

    Si l’on disjoint la radicalité nécessaire et l’utopie de transformation sociale de la capacité de gestion gouvernementale, il y a un risque de disparition de la gauche. Il faut donc s’atteler à créer une nouvelle synthèse pour recréer une nouvelle gauche du réel. Après est-ce que ça se fait avec le Parti socialiste ou pas ?

    https://www.euractiv.fr/section/elections/interview/guillaume-balas-sans-alliance-avec-melenchon-il-y-a-un-risque-de-disparitio

  • Le socialiste Guillaume Balas: «Il faut créer un nouvel espace politique»
    https://www.mediapart.fr/journal/france/080517/le-socialiste-guillaume-balas-il-faut-creer-un-nouvel-espace-politique

    Le député européen, proche de #Benoît_Hamon, appelle à la création d’un « nouvel espace politique » avec les écologistes. Entre socialistes, pro- et anti-Macron, il juge que « la clarification aura lieu », sans doute après les #législatives. Il analyse les raisons de la défaite historique du #PS et du succès de la #France insoumise.

    #EELV #France_insoumise #Jean-Luc_Mélenchon