Louise Pennington : Le féminisme radical et l’accusation d’essentialisme.

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  • #Louise_Pennington : Le féminisme radical et l’accusation d’essentialisme.
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    La critique la plus courante adressée à la théorie féministe radicale veut que nous soyons « essentialistes » parce que nous croyons que l’oppression des femmes, en tant que classe, se fonde sur les réalités biologiques de nos corps. L’hypothèse selon laquelle les féministes radicales seraient essentialistes est basée sur une incompréhension de la théorie féministe radicale, issue de la définition du mot « radicale » lui-même. Le terme « radicale » désigne la racine ou l’origine. Notre féminisme est radical dans la mesure où il situe la racine de l’oppression des femmes dans les réalités biologiques de nos corps (le sexe) et vise à libérer les femmes en éradiquant les structures sociales, les pratiques culturelles et les lois basées sur l’infériorité des femmes aux hommes. Le féminisme radical conteste toutes les relations de pouvoir qui existent dans le patriarcat, y compris le capitalisme, l’impérialisme, le racisme, l’oppression de classe, l’homophobie et même l’institution de la mode et de la beauté.

    Les féministes radicales ne croient pas en l’existence de caractéristiques qui soient exclusivement masculines ou exclusivement féminines. Les femmes ne sont pas naturellement plus nourrissantes que les hommes, et eux ne sont pas meilleurs en mathématiques. Le genre n’est pas fonction de notre biologie. C’est une construction sociale créée pour maintenir des hiérarchies de pouvoir inégal. L’amalgame entre le sexe et le genre est un autre malentendu commun au sujet de la théorie féministe radicale. Le sexe est la réalité de votre corps sans qu’y soient liées des caractéristiques négatives ou positives. Le genre est une construction sociale qui privilégie les hommes/la masculinité en regard des femmes/de la féminité. Le féminisme radical est accusé d’essentialisme parce que nous reconnaissons ces hiérarchies de pouvoir et cherchons à les détruire. Nous ne croyons pas, comme on le suggère souvent, que ces hiérarchies sont naturelles. Il faut voir là une tactique de censure à notre égard.

    L’oppression des femmes en tant que classe repose sur deux construits reliés : la capacité de reproduction et la capacité sexuelle. Le genre est créé pour accorder aux hommes le contrôle du travail reproductif et sexuel des femmes pour que les hommes puissent profiter de ce travail, qu’il soit effectué à la maison, dans les espaces publics ou via la procréation et l’éducation des enfants. Ou, pour reprendre les mots de Gerda Lerner dans The Creation of Patriarchy (Oxford University Press, 1986), la marchandisation des capacités sexuelles et reproductives des femmes est ce qui a fondé la création de la propriété privée et d’une société de classes. Sans la matière première exploitée du travail des femmes, on n’assisterait pas à la hiérarchie inégale de pouvoir entre les hommes et les femmes qui s’est avérée fondamentale à la création et au maintien du patriarcat capitaliste.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://elegantgatheringofwhitesnows.com/?p=2895
    Autrice, militante, analyste médiatique et éditrice, Louise Pennington tient un blogue au http://elegantgatheringofwhitesnows.com et collabore à http://everydayvictimblaming.com
    #féminisme_radical #essentialisme #reproduction #exploitation #violences_masculines