« 1er-Mai, alerte l’imposture ! »

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  • « 1er-Mai, alerte à l’imposture ! »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/28/1er-mai-alerte-a-l-imposture_1692705_3232.html

    Quel travail, où le travail, quand des usines licencient, ferment du jour au lendemain, que les files d’attente s’allongent à Pôle emploi ? Pour qui le travail, à la couleur de la peau, à l’âge ou au diplôme ? Comment le travail, dans une atmosphère de harcèlement, dans les déplacements quotidiens au bout du RER ou les trajets de 50 km à l’aube ? Combien le travail, 1 000, 1 500 euros dont il faut déduire le loyer de 500 euros ? Rien de tout cela n’importe à un candidat qui, depuis cinq ans, n’a cherché qu’à déréglementer le travail, à l’imposer le dimanche, à détruire le service public d’éducation et de santé, à « rassurer les investisseurs ».

    #1mai #travail #élections

  • « 1er-Mai, alerte à l’imposture ! » | Annie Ernaux (Le Monde)
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/28/1er-mai-alerte-a-l-imposture_1692705_3232.html

    Gouverner, c’est diviser, tel est le système Sarkozy. Mais diviser en stigmatisant, en dressant une partie de la population contre l’autre. Depuis 2007, il n’a eu de cesse de créer, d’inventer, par son discours, deux catégories de citoyens, dont l’une est désignée comme responsable des problèmes de l’autre, qu’elle menace sourdement. Ces catégories sont mouvantes, mais toujours tranchées, Français/immigrés, travailleurs/assistés, gens honnêtes/délinquants, victimes... Le discours sarkozien les a si bien installées dans nos habitudes de pensée, ces catégories, qu’il n’est plus besoin qu’elles soient expressément désignées, l’allusion suffit, instantanément décodée par tout le monde, avec les connotations négatives qui leur sont associées (...) Image : Claire Debru Source : Le Monde

  • « 1er-Mai, alerte à l’imposture ! »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/28/1er-mai-alerte-a-l-imposture_1692705_3232.html

    Gouverner, c’est diviser, tel est le système Sarkozy. Mais diviser en stigmatisant, en dressant une partie de la population contre l’autre. Depuis 2007, il n’a eu de cesse de créer, d’inventer, par son discours, deux catégories de citoyens, dont l’une est désignée comme responsable des problèmes de l’autre, qu’elle menace sourdement. Ces catégories sont mouvantes, mais toujours tranchées, Français/immigrés, travailleurs/assistés, gens honnêtes/délinquants, victimes...

    Le discours sarkozien les a si bien installées dans nos habitudes de pensée, ces catégories, qu’il n’est plus besoin qu’elles soient expressément désignées, l’allusion suffit, instantanément décodée par tout le monde, avec les connotations négatives qui leur sont associées. Ce qui est bien sûr le cas ici avec l’expression « vrai travail », qui sous-entend non l’existence absurde d’un faux travail ni même de faux travailleurs (sauf peut-être sans-papiers, clandestins) mais celle de « faux chômeurs », qui ne cherchent aucun travail, des « assistés », terme en vogue depuis cinq ans, donc une catégorie de profiteurs paresseux, naguère soupçonnés de faire la grasse matinée, quand d’autres « se lèvent tôt ».

    Dans ce système binaire qui violente la réalité complexe du pays, sa diversité sociale et culturelle, qui attise les haines, il y a, d’un côté, une France méritante, courageuse, respectueuse des lois, la « vraie » France, légitime sur son sol ancestral, et de l’autre, une population indigne qui n’a pas vocation à incarner cette vraie France, constituée qu’elle est de « communautés » - terme d’exclusion dans le répertoire du chef de l’Etat, repris par les médias sans discussion - d’origine étrangère, d’individus parasites. Un ensemble flou, menaçant, auquel, selon les moments et les circonstances, sont adjoints les grévistes, les profs, voire les juges, censés relâcher tous les délinquants, et « les élites ». La vraie France a droit à des flots de compassion, parce qu’elle « souffre », leitmotiv de la campagne de Sarkozy, l’autre, souvent la plus pauvre et la plus fragile, est vilipendée, livrée en pâture à la première comme source de ses malheurs.

    #Annie_Ernaux