• Alors-là je suis sur le cul. Ce matin, en arrivant péniblement au travail, je constate que l’embouteillage qui remonte presque jusqu’à la place de la Croix de chavaux, est en fait provoqué par la file d’attente d’accès à la station-service que surplombe mon open space . Il y aurait donc une pénurie d’essence. En arrivant au travail, je me connecte au site du Monde et bien croyez-le si vous voulez, je n’ai pas trouvé un seul lien depuis leur pléthorique portail vers la moindr epetite manchette de rien du tout qui parlerait d’un conflit social en cours avec blocage des approvisionnements d’essence. Donc pendant que Le Monde est fort occupé à lécher le cul de Macron (Le néophyte Macron fait un sans-faute sur la scène internationale ), pas la moindre note discordante, le conflit social en cours passe entièrement à la trappe !

    L’année dernière, plus ou moins à la même époque, j’avais décrit les choses de cette manière, depuis les mêmes fenêtres de mon open space, dans un texte en cours

    Dans mon dos, mon collègue Julien regardait en contrebas au travers des grandes baies vitrées de notre open space. Une queue de plus en plus longue se formait en amont de l’accès à la station-service que nous surplombions depuis nos bureaux, mon collègue Julien s’en félicitait, s’amusant que ce comportement, à la fois sans recul et très autocentré, allait provoquer, plus rapidement que prévu encore, la pénurie de carburant redoutée par le gouvernement et que les syndicats cherchaient à créer et, grâce à elle, forcer le retrait de la récente loi relative aux conditions de travail, dans laquelle nombreux étaient les articles, force était de le constater, qui paraissaient avoir été écrits sous la dictée d’un patronat devenu hystérique depuis quelques années, autant de nouvelles dispositions dont je voyais bien qu’elles n’étaient pas sans rapport avec ma petite situation personnelle, constatant, sans surprise, que Maman savait parfaitement anticiper là même où elle pourrait espérer quelques bénéfices conjoncturels, dans le cas présent, une plus grande facilité au licenciement. Il était frappant de constater que j’avais, littéralement sous les yeux, une manifestation réelle et avérée de l’actualité, vue du cinquième étage de cet immeuble de bureaux qui en comptait six, ce qui habituellement revêtait de l’irréalité, c’est-à-dire l’actualité, à la fois parce que cette dernière était souvent lointaine ou très abstraite, pour laquelle il n’était pas toujours aisé de tisser des liens vraiment agissant vers soi ou, mieux encore, partant de soi, cette actualité connaissait, ici, des atours à la fois concrets et indéniable d’un très sympathique désordre, des klaxons signalaient l’impatience des unes et des autres, le flux des véhicules paraissait à la fois dense et immobile, un réseau sanguin sur le point de causer un infarctus. À vrai dire tout était à la fois sale et sans ordre, ce qui était en contraste fracassant d’avec le visage de la classe politique, du pouvoir, du gouvernement qui vitupéraient contre ces dérangements et ces obstacles à la fluidité, depuis des parquets lambrissés, en minimisaient la portée, le Premier Ministre depuis l’état d’Israël ― les parquets en Israël sont-ils lambrissés ? j’avoue être mal documenté sur le sujet ―, le Président depuis le Japon ― même question à propos du lambrissage au Japon, même réponse ignorante et embarrassée de ma part ―, au point que non seulement les discours martiaux étaient contredits dans les faits-mêmes mais qu’en plus, les visages autoritaires qui les proféraient ne paraissaient même plus se rendre compte de ce décalage pourtant alarmant entre l’image et le son, entre le récit et le réel.